Le grand cahier

Ma mère m'avait souvent parler de cette auteure qui a vécu presque l'entier de sa vie à Neuchâtel. Les mots sont simples mais violents. On apprend tout ce qui se passe de manière factuelle comme l'écrivent les jumeaux dans leur grand cahier. Sans émotions, il y a de la violence verbale ou physique, des viols, de la zoophilie, de la pédophilie, etc. mais très intéressant car surement que ceci s'est passé pendant la guerre. Il me tarde de lire les deux prochains tomes des jumeaux pour savoir ce qu'il advient d'eux.

Prix littéraire européen de l'Association des écrivains de langue française en 1986.
En pleine Seconde Guerre mondiale, Klaus et Lucas, jumeaux, sont déposés à la campagne, chez leur grand-mère – "la Sorcière" – pour une période indéterminée. Les deux pré-adolescents, quasiment livrés à eux-mêmes, apprennent à s'endurcir. Courageux et intelligents, ils manifestent une immense soif d'apprendre et de comprendre. Et percent, dans le plancher du grenier, des trous pour savoir ce qui se trame, en leur absence, dans la maison.
Le Grand Cahier est une fable cruelle, parfois assez perturbante – en 2000, dans la Somme, un professeur de lettres a été momentanément arrêté par la police suite à la plainte de parents choqués qu'il ait mis cet ouvrage au programme –, dont le style brut accroît la force.

Roman très particulier par son style et son propos, on y retrouve beaucoup de thèmes durs, de la violence, du langage cru. Toutefois, c'est sans doute cela qui fait la force et l'originalité du roman.

[Livre audio lu par Eric Herson Macarel]

C'est un texte difficile que celui de ce grand cahier. Pas dans sa forme, qui est simple et agréable, mais dans son propos. Il est d'une crudité et d'une lucidité froide et coupante, comme de la glace.

Les jumeaux de l'histoire sont avides de réalité :

« Nous ne prions jamais, vous le savez bien, nous voulons comprendre. »

Intelligents, débrouillards, pleins de maturité, ils se transforment peu à peu en enfants témoins, jauge d'une humanité douloureuse, à l'image des capucines que l'on plante dans le potager pour canaliser les pucerons.

Mais sagesse sans compassion est dangereuse, comme diraient nos amis vajrayanistes.

Fascinant. J'ai hâte d'écouter le deuxième tome.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..

Le grand cahier, un chef-d'oeuvre
Le premier tome d'une trilogie qui cesse à impressionner les lecteurs par Agota Kristof. Elle a écrit des pièces de théâtre avant cette prodigieuse trilogie dans une usine où elle travaillait en Suisse.
C'est l'histoire de deux jumeaux d'une dizaine d'années qui doivent aller vivre avec leur grand-mère qui habite à la campagne, car leur père est soldat et leur mère n'a pas les moyens de les protéger et de les nourrir. Leur grand-mère est méchante, salle, vulgaire et violente va se retrouver face à deux enfants sages qui deviendront très débrouillards et vicieux. Ils devront apprendre à travailler pour pouvoir manger et gagner des sous. Ils vont également apprendre à lire et à écrire seulement avec des crayons et du papier. Durant l'histoire ils rencontreront des personnes qui vont être déterminants dans l'apprentissage des enfants.
Cette histoire est pendant la guerre, mais il n'y a pas plus de détails que tout le monde connaît par coeur et les scènes sexuelles sont très diversifiées. On ressent facilement les émotions des personnages à cause de la simplicité et clarté de la formulation des phrases et la chronologie des événements. Elle décrit les passages les plus horribles avec facilité, on peut déduire qu'elle devait vivre des malheurs. Malheureusement ce n'est pas pour tous les lecteurs, car on ne pourra pas oublier la cruauté à travers ce roman.
Ce livre pour adultes peut être divertissant et une très bonne lecture, mais on pourrait être traumatisé durant le roman. Je donne ce livre trois étoile et demie sur cinq.
ksalehi

Ouf, quel livre bizzzzz. C'est un sujet assez cru, les deux garçons n'ont pas eu la vie facile durant la guerre mais sont hyper intelligents, y 'a un bout en particulier assez dégueulasse, désolée mais je n'ai pas d'autre mot qui me vient en tête... mais malgré tout cela, j'ai apprécié ma lecture.

Le récit de jumeaux qui sont confiés à leur grand-mère par leur mère pendant la guerre, alors que celle-ci ne peut plus s'occuper d'eux pendant que le mari est au front. le style est très efficace, concis, presque militaire. Les enfants et les personnages qui gravitent autour d'eux sont sans cesse confrontés à toutes sortes de difficultés, de souffrances liées à la guerre et la misère qu'elle engendre. Au travers de ces deux frères déracinés, écorchés vifs, on voit comment peu à peu, ils changent, cherchant à s'endurcir, à se blinder, et comment rapidement ils dévient jusqu'à se fondre dans cette horreur, où les limites et les repères, bougent, s'effacent. J'ai hâte de lire la suite.

Nous suivons ici deux jeunes garçons livrés à eux mêmes alors que la guerre fait rage. Ils apprendront seuls, à surmonter les épreuves, à survivre, à se débrouiller...
J'ai vraiment aimé le style de ce roman, écrit sous forme de journal écrit par ces enfants. Tout y est décrit sans faux semblant, dénués de sentiments. Des passages parfois très crus, souvent cruels.
A quoi peuvent ils être amenés à faire pour survivre malgré tout.

On m'avait prévenu que ce livre était dur, c'est d'ailleurs ce qui m'avait intriguée, mais je ne pensais pas que ce serait le plus dur que j'ai eu à lire de ma vie. L'auteure semble pointer ici toutes les déviances humaines, les plus ignobles, elle a condensé ce qu'il y a de pire en l'Homme : pédophilie, zoophilie, urophilie, violences/maltraitance physique et psychologie, lâcheté... et j'en passe. Tous les adultes de ce roman en font les frais, pas un seul n'est fiable, les deux jumeaux que l'on "suit" n'ont aucun modèle de personne éthique ou morale. Parlons-en d'ailleurs de ces jumeaux... Deux petits garçons qu'il est impossible de distinguer l'un de l'autre, des enfants froids, d'une grande intelligence qui ne semblent former qu'un tout au long du récit. On les voit devenir au fil du roman le fruit de cette perversion, ils s'éduquent eux-mêmes, développent leurs propres codes moraux pour le moins douteux, mais comment se construire sainement quand on a personne pour nous montrer le bon chemin ?
Tout ceci sur fond de guerre, ce qui permet évidemment de mettre en exergue les atrocités humaines que l'autrice s'emploie à dénoncer. Cette lecture retourne, met mal à l'aise. Elle est servie par une écriture dépouillée, incisive, qui se veut volontairement froide. Les chapitres sont courts, ordonnés par "thématiques". On a l'impression que toutes les atrocités que subissent, font ou auxquelles assistent les jumeaux sont banalisées, elles sont racontées avec un tel sang froid, une telle distance que le lecteur se voit obligé de réfléchir à sa lecture, d'y réagir. Cela rend encore plus dérangeant la lecture, le lecteur se place presque comme un "voyeur", le récit étant en fait la retranscription que les jumeaux font de leur vie dans un grand cahier. À la fin de la lecture on se demande comment on a fait pour tenir jusqu'au bout, et pourtant on ne peut s'empêcher de vouloir lire la suite pour savoir comment ces enfants vont évoluer.

"Les mots qui décrivent les sentiments sont trompeurs car insuffisamment précis pour qu'on puisse les exprimer complètement". C'est pourquoi les deux enfants se sont interdit de les utiliser pour décrire la Vérité dans leur cahier. L'autrice applique cette éthique et on entre dans une description brute de la vie des deux frères. Ils s'adaptent ensemble à la violence quotidienne de la guerre et d'un régime autoritaire en développant leur propre sens moral.
Le premier tome de la trilogie des jumeaux secoue par sa rudesse de ton et des événements racontés sous forme de journal par les enfants.