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4,06

sur 1200 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« La beauté n'est que simulacre, la jeunesse n'est qu'un leurre » disait Gotlib. Eh bien voilà qui définit parfaitement ce roman d'un autre genre !

Nous voilà en période de Guerre, face à deux petits rejetons que leur maman dépose chez leur grand-mère, à la campagne, pour fuir les désastres de la Ville. Par deux petits rejetons, entendez deux petites têtes blondes, deux jumeaux, à l'air angélique et hagard.

Vous y êtes ? Bien…

Eh bien vous n'y êtes pas du tout en fait ! Déjà, Mamie est une Sorcière, tout le village l'accuse d'avoir empoisonné son mari, et lorsque sa fille lui confie la douce prunelle de ces yeux, ses petits coeurs tous jolis jolis, elle leur donne le tout mignon sobriquet de « Fils de Chienne ».

Voilà, maintenant nous y sommes ! Et asseyez-vous, parce que ça va décoiffer !

Nos deux jumeaux se retrouvent confrontés au désamour, à l'analphabétisme et à la violence de leur grand-mère. Très vite, ils vont devoir se forger une carapace afin de se protéger de la cruauté (physique et psychologique) de leur nouveau quotidien ; et pour les accompagner, ce « grand cahier » qui recensera toutes leurs péripéties. Et là, c'est la folie totale ! Zoologie, viol, pédophilie, chantage, masochisme, argent facile, pillage ; nos petits anges se transforment en terribles diablotins qui n'ont qu'une seule devise : « L'union fait la force ». Jusqu'à la liberté, même si elle implique le sacrifice.

Avec un humour des plus noirs, Agota Kristof décrit une société en guerre qui va à la dérive, livrée à elle-même et dont la dé-civilisation (pardonnez le néologisme) se mesure à l'aune des incivilités grandissantes.

Voilà un livre bouleversant ; Kristof fait fi des bonnes manières et de la bienséance en dépeignant une société qui vole leur innocence à ses enfants, qui maltraite ses vieux, qui fait chanter ses prêtres et qui fait de ses filles des vulgaires putains.
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Une écriture qui cisaille....des enfants qui mettent leur intelligence au service d'une survie sans concessions !
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C'est la guerre. Une mère laisse ses jumeaux chez leur grand-mère, à l'abri. Mais cette grand-mère ne prodigue aucune tendresse et est bien décidé à leur faire la vie dure.
Ses jumeaux livrés à eux mêmes érigent leur propre moral, créent leur cadre de vie, s'entraînent à résister, à s'endurcir.
Les ravages psychologiques de la guerre
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Quel livre étrange !
Je ne sais même plus comment il m'est tombé entre les mains ! J'avais dû lire quelque chose à propos de l'auteur, je crois.
Enfin, je l'ai lu dans la journée, il est très petit à peine 170 pages. de courts chapitres de deux ou trois pages, toujours écrits à quatre mains, le « nous » est toujours le sujet.
Bien sûr je vais en dire quelques mots même s'il est extrêmement difficile de l'évoquer sans en dévoiler le contenu.
Alors si vous ne voulez pas en savoir plus, même s'il n'y a pas de suspens, laissez là votre lecture.
C'est un genre de conte, macabre, certes, horrible, peut-être, noir à coup sûr, mais un conte quand même.
Comment s'en sortir en temps de guerre, (nous sommes ici quelque part entre Hongrie, Slovaquie et Pologne, ce n'est pas dit) comment supporter l'insupportable quand on a dix ans ? Une enfance perdue, écrasée par la folie des hommes. Des enfants pas si chérubins que çà…
Des gosses livrés à eux-mêmes ou presque avec pour seul exemple la cupidité, l'avarice, la luxure, la perversion, la dépravation.
Et encore j'édulcore !
Ils sont ce que sont les adultes en temps de guerre. Ici, cela nous tombe dessus alors qu'on pensait suivre les aventures de deux Tom Sawyer de l'Est.
Comment l'auteure fait-elle pour qu'on ne puisse lâcher la lecture des aventures de ces deux horribles jumeaux, je ne sais.
Ils sont froids, cruels et amoraux , ne sont pas sympathiques, ni attendrissants, ni amusants, et encore moins attirants.
Mais l'époque non plus.
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Voilà un sacré roman pour celles et ceux qui considèrent les enfants comme de petits chérubins, des angelots guimauvesques, faits de bonté et d'innocence. Surtout en temps de guerre.

A ma droite, Les Enfants de la Résistance. Jolis bambins, altruistes, engagés pour la liberté. A ma gauche, Claus et Lucas. Maîtres-chanteurs. Assassins. Suborneurs. J'en passe et des meilleures. Clairement, j'adore les Enfants de la Résistance, série mythique et réjouissante. Mais ce que donne à voir Agota Kristof m'interpelle davantage. Que peuvent devenir des enfants livrés à eux-mêmes dans la tourmente d'une guerre totale?

On dira que "bon sang ne saurait mentir", quand on voit le pédigrée de ces deux enfants largués par leur mère chez une grand-mère qu'ils n'ont jamais vue. Et on devine aisément pourquoi très vite. Ils vont apprendre à se débrouiller. Et (en tout cas, c'est mon cas) on va arriver à éprouver une tendresse certaine (de la compassion pour les lecteurs les plus frileux) pour ces deux "sales gosses". Pas si sales que cela, parfois, d'ailleurs. Privés de modèles décents, en rupture avec les codes renversés de la société en guerre, ils vont se réinventer les leurs. Ils vont se faire un code de conduite. Cruels. Intraitables. Mais solidaires l'un envers l'autre...

Le découpage d'Agota Kristof est intelligent. On a de petites scènes, très courtes, mais ô combien édifiantes sur la vie en temps de guerre. Sur la survie, plutôt. Cela se lit donc très vite. Avec un final de toute beauté, je n'en dis pas plus... Ce roman est plein de surprises. Et plein d'humour noir, vitriolé. J'adore cela. Cynisme à tous les étages... Miam.

Le premier hic, de mon point de vue, c'est qu'elle boucle la guerre en un seul tome de moins de 200 pages. J'en voulais davantage... le second hic, plus problématique, c'est que ce roman m'a rappelé le Tambour par bien des aspects... et rien n'arrive au niveau du roman de Gunther Grass. J'ai trop souvent pensé au Tambour et à son "petit" héros pour profiter pleinement du cynisme et de la plume d'Agota Kristof. Mais celles et ceux qui débuteront par le Grand Cahier n'auront pas cette ombre qui perturbera leur lecture.
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Il est difficile d'en dire plus à propos de cette oeuvre déjà grandement commentée. Je fais partie de ceux qui ont pris beaucoup d'intérêt à cette lecture.
Du plaisir souvent, mais pas tout le temps, car effectivement le texte est parfois très dur.
Je regrette aussi d'avoir lu la trilogie en continu car les trois tomes ont tout de même quelques différences en terme de scénario. Il ne faut pas s'attendre à des suites parfaites. Certains événements de l'histoire ne se déroulent pas de la même manière d'un tome à l'autre.
Le cadre évolue aussi : unité de lieu pour le premier tome, la ville dans le deuxième, le pays dans le troisième. La narration change elle aussi : linéaire tout d'abord, beaucoup plus labyrinthique dans le dernier (flashback, longues ellipses) La tonalité est d'abord marquée par une forme de légèreté tragico-comique avec de la cruauté, puis elle évolue vers une gravité et une émotion plus humaines, plus "lisibles".
Si le thème de la gémellité paraît être le fil rouge des trois tomes, il ne faut pas s'imaginer qu'on en reste là. La concision de l'écriture masque la complexité des rapports humains, le questionnement autour de la décrépitude d'une société doublement agressée (guerre, puis dictature), les drames humains au coeur de la grande histoire.
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Le Grand Cahier est un livre dérangeant, horrible, original, unique et sans commune mesure avec aucun livre que j'ai lu jusqu'à présent. Pourtant, il est aussi comme une véritable drogue. Je n'arrivais plus à arrêter de lire, même si je savais qu'à chaque page je risquerais d'être dégoûtée. Il y a certains détails que je n'aurais pas voulu savoir, des bouts de l'histoire que j'aurais préféré ne pas lire. Pourtant, dès que j'en ai terminé la lecture, je me suis précipitée à la bibliothèque pour emprunter les tomes suivants... Allez donc savoir pourquoi. Je suis troublée. Mais je veux à tout prix lire la suite.
Les chapitres sont très courts, et écrits à la première personne du pluriel. Il s'agit en fait du grand cahier dans lequel les jumeaux racontent leurs méfaits. Ceux-ci, pourtant très jeunes, écrivent de façon très objective. Ils n'écrivent que des observations, sans jamais y apporter le moindre jugement. Je crois que c'est ce qui rend le roman si troublant. On a l'impression que les enfants que sont ces jumeaux sont froids, cruels, et qu'ils n'éprouvent aucun sentiment. Il doit y avoir un côté sombre de moi-même que je ne connais pas pour vouloir continuer à lire de telles horreurs... Je suis sans mots.

Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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En fait, je croyais lire le premier opus de la trilogie, et c'est la trilogie entière que j'ai avalé en 3 jours.
Que dire ? Troublant, puis beau et enfin déroutant.
Le premier volume est écrit si simplement, sans ambiguïté que la moindre singularité gicle de violence et de cruauté. C'est à la fois brutal et authentique.
Le deuxième volume est plus empathique, mêlant réflexion et partage.
Mais le troisième....je n'ai rien compris....suis je le seul ?
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Klaus et Lucas sont jumeaux. Ils sont envoyé en campagne chez leur acariâtre grand-mère alors que la guerre frappe la Bulgarie.
"Le grand cahier", c'est exactement ce que c'est: leur grand cahier, celui dans lequel ils s'exercent à écrire en y consignant ce qu'ils voient, ce qu'ils font. Mais à travers leur regard d'enfant de dix ans, ce qu'ils voient, même rapporté sobrement dans leur cahier, est souvent horrible et malaisant. C,est peut-être justement parce que c'est froidement décrit que ça en devient malaisant. Une chose est sure, ce petit récit est particulier et on s'en sort ni joyeux ni indemne.
Premier de la trilogie des jumeaux, c'est roman sur l'identité, sur la guerre, sur la campagne et la laideur des gens. Pour info, les deux autres romans ne sont pas construits de la même manière et je dirais même que celui-ci n'est pas le plus "lourd" des trois.

Ce n'est pas un livre à lire pour trouver la joie. C'est une lecture crève-coeur, déchirante, qui fait limite mal à l'âme. Après tout, c,est un livre sur la déchirure, sur les conséquences de la guerre, de la perte et d'une quête identitaire impossible.

C'est une lecture intelligente. Pour l'apprécier, il faut accepter de ce faire un peu mélanger, puis déranger, malmener. Sans doute plus que les deux livres subséquent. Au final, la trilogie et son drame prennent alors tout leur sens.
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La quatrième de couverture de ce court roman annonce tout de suite la couleur : "Claus et Lucas font l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté". le lecteur sait alors, se prépare, se blinde ... il n'est pas né de la dernière pluie. Et pourtant. Les mots, les lignes, les pages s'enchaînent et il se voit happé par ce monde si dangereusement réaliste.
C'est l'histoire de deux enfants en temps de guerre. Ils se voient confiés par leur mère à leur grand-mère dont ils ne connaissaient même pas l'existence quelques minutes auparavant. Cette dernière, être âpre et primitif, les accueille avec un rageur "fils de chienne". Tout est dit, le ton est donné.
A son contact, ils vont s'endurcir, s'adapter à ce monde de fous, de violence, de mesquineries et d'injustices. Ils construisent alors leur propre monde avec leurs propres valeurs : un microcosme paradoxal, mélange de savoirs et de sauvagerie, de pourriture, de déchéance. L'instinct de survie leur sert de guide, de baromètre : oubliés si nécessaire les liens familiaux, l'amitié. Ils décident seuls à qui accorder clémence et empathie. Ils suivent leurs propres lois : "Quand notre travail est terminé, nous suspendons le squelette de notre mère à une poutre du galetas et accrochons celui du bébé à son cou".
Le lecteur se contente de tourner les pages nauséeux, spectateur horrifié devant les monstrueuses conséquences de la folie des hommes. En quête de rédemption ... peut-être.
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