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Voici un livre aussi étrange que fantasque. Au sortir, je ne sais pas si j'ai aimé ou non. Plutôt oui, pour le côté inventif. Plutôt non, pour le côté recherche intellectuelle qui ne m'attire pas forcément. Il n'en reste pas moins que le propos est intéressant : pourquoi ne pas détruire tous ces écrits, n'y en a-t-il pas déjà trop, si bien que certains écrivains décident de la fin des lettres.

Sans doute un peu hermétique, mais vivifiant quand même.
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Sigismund Krzyzanowski est un auteur dont il est agréable de découvrir l'oeuvre. On a l'impression de participer à une exploration. Encore ici, hors du temps, on pénètre dans l'antre d'une mystérieuse secte, ce club des tueurs de lettres qui réunit dans un jardin des idées des auteurs qui ont renoncé à l'écriture, mais pas à la création d'histoires et de récits. Chaque semaine l'un des leurs récite qui une pièce de théâtre, qui un conte, qui un chapitre d'un roman qui ne sera pas écrit, qui demeurera une idée émise dans un endroit clos un certain samedi. le cadre et les contes témoignent de l'univers fascinant de cet auteur russe des années vingt, période fertile qui a aussi livré le roman Nous d'Evguéni Zamiatine duquel certains des récits des participants du Club des tueurs de lettres peuvent se rapprocher.


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C'est à partir du silence des mots, ou plutôt de l'absence des livres que Krzyzanowski construit son incroyable roman intitulé le club des tueurs de lettres. Borgésien avant Borgès (ce qui n'est pas sans rappeler l'écrivain fictionnel Hugo Vernier du court roman de Perec, qui comportait dans ses écrits, et à l'avance, ceux de Germain Nouveau, Tristan Corbière ou encore Rimbaud - à part que Krzyzanowski a lui bien existé!), le génial auteur polonais, né à Kiev et qui écrivit en russe dans les années vingt du siècle dernier, signe ici un texte complexe sur la littérature qui pourrait donner le vertige s'il n'était ponctué d'un humour pince-lèvre subtil, et qui nous ramène, après une errance dans le labyrinthe de l'écrit, vers la vie (réelle). Extraordinaire.
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J'ai eu envie de découvrir cet auteur après avoir vu que la traductrice, Anne-Marie Tatsis-Botton, du dernier titre de cet auteur paru chez Verdier, Souvenir du futur, avait reçu le prix de la Russophonie 2012.

C'est une bonne découverte même si je n'ai pas eu l'impression d'avoir saisi tout ce que l'auteur a voulu dire.

Ce qui m'a plu, c'est bien sûr le thème des livres. le maître des rencontres de cette "secte" a une histoire particulière avec le livre (voir l'extrait) et a réussi sa carrière en se rappelant des phrases qu'il avait lu et qu'il a ré-agencé pour faire ses propres livres. À partir du moment où il a eu trop de livre à portée de main, il n'a plus pu écrire. C'est déjà très intéressant puisque cela revient à se poser une question courante : pour écrire, doit-on avoir beaucoup lu ? À mon avis, oui mais ce n'est que mon avis.

Là-dessus arrive les histoires racontées au fil des semaines par les membres de la secte. Chaque histoire est fascinante car elle semble raconter une phase des romans, d'une manière d'écrire les livres. Cela m'a rappelé Trahisons de Charles Palliser. Là ou je n'ai pas compris, c'est que j'ai attendu le lien et quand il est apparu, il m'a semblé ténu. Ce n'est pas que la fin m'a déçu mais elle m'a paru cocasse par rapport à ce que j'attendais.

La très belle surprise est sans aucun doute le style. Dans une phrase, l'auteur arrive à passer deux, trois images. Il y a une concision impressionnante ainsi qu'une écriture qui rend tout sensible.

Ce qui est bien, c'est qu'il paraît que ce n'est pas son meilleur livre.
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Comme dans mes précédentes lectures de cet auteur, l'originalité, voire l'étrangeté du propos est une des réussites du Club des Tueurs de Lettres. Également, l'écriture précise et d'une grande qualité – peu importe ce que chacun rattache à cet attribut – tourbillonne l'esprit y compris lorsque le sens de l'histoire se perd un peu dans des méandres disparates et un tantinet trop « intellectuel » - dans un sens péjoratif. Pourtant, le plaisir qui se prolonge de découvrir un écrivain comme j'en ai rarement lu prime sur le reste et comme le conclue très justement Pirouette0001, (un peu) hermétique mais (très) vivifiant.
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Un étrange club. Dans lequel les écrivains n'écrivent pas, et professent la haine du mot écrit. Mais se réunissent pour raconter des histoires qui ne doivent pas être écrites. Selon des règles imposées. Un nouveau est introduit dans les lieux, il observe et un jour va vouloir écrire ce qu'il voit et entend.

Une déception pour moi, après les deux autres livres de l'auteur que j'ai lus. L'idée de départ est intéressante, l'introduction dans laquelle l'hôte du club raconte comment il est venu à bannir le mot écrit vertigineuse, mais après cela retombe comme un soufflé. Ce sont les histoires racontée au club que pour la plupart je n'ai pas trouvées très intéressantes, et les relations entre les membres m'ont parues artificielles et pas très claires, alors qu'une tension était sensée monter.

Pour moi le moins abouti des trois livres de l'auteur que j'ai lu, mais je vais quand même encore explorer cette oeuvre, si originale.
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Sigismund Krzyzanowski né en 1887 à Kiev, est une des figures méconnues de la littérature russe des années 1920-1950. S'il vit dans le milieu intellectuel, par des conférences, des séminaires, des articles, ses textes subissent la censure du régime et ne seront publiés qu'en 1989, trente-neuf ans après sa mort, en 1950. Cinq livres ont été traduits en français aux éditions Verdier, entre 1991 et 2002, puis à nouveau le silence.
Pour prendre une image d'un de ses romans, il est semblable aux jardins de saint François, qu'on entoure de murs pour que les fleurs poussent librement, et sans un regard. Liberté totale de création, c'est ce que l'on ressent dans ces oeuvres atypiques, qui ne se laissent contaminer par aucune mode, mais auxquelles, parfois, il manque le regard du lecteur. Il y a la fois une inventivité débridée, une errance capricieuse du récit, où s'emboîtent des récits en abyme dont les auditeurs interrompent le cours ou modifient le dénouement, et une rigueur scientifique à pousser les raisonnements les plus captieux dans leurs conséquences logiques.
Entre le conte philosophique et la science fiction, ses romans et nouvelles s'ancrent dans les failles du réel, où l'on prend soudain conscience du néant qui lui sert de soubassement. Les six "tueurs de lettres" et leur témoin se réunissent, chaque samedi, dans une bibliothèque aux rayons vides dont les livres inexistants sont devenus palpables. Décor idéal pour une entreprise folle : tuer les lettres pour laisser vivre l'idée pure. Les récits qu'ils se racontent évoquent les pièges de l'apparence, l'impossibilité du silence, l'hypocrisie de la question... Les histoires, mouvantes, bifurquent brusquement, le dénouement est mis aux enchères. Elles constituent en fait les véritables personnages du roman, dont les protagonistes s'effacent derrière leur récit, jusqu'au suicide. Une logique souterraine se révèle brutalement, meurtrière. Et le témoin qu'ils ont piégé reçoit le lourd héritage des mots décidés à prendre leur revanche.
Il a été pour moi, à l'époque où je rédigeais le mysticisme athée, un de mes maîtres de néant. Un de ses personnage avoue, confus comme d'un secret honteux, qu'il avait eu l'impression, dans son enfance, que le monde tout entier, durant un moment infime, s'absentait à ses yeux. En trois lignes, nous nous étions reconnus. de la même expérience, nous avions conclu à la même nécessité, celle du silence, et à la même aporie : celle de devoir le rompre pour le signifier.
Un des personnages d'un de ses personnages, ayant acheté par hasard une bible du XVIIe siècle, remarque qu'un précédent lecteur (nous sommes déjà au troisième niveau de narration !) a coché en marge tous les passages où le Christ se tait. « Une chose était claire désormais : la Bonne Nouvelle qui s'annonçait, à côté des quatre autres, dans les marges jaunies du vieux grimoire, n'avait pas besoin de mots, et c'était un cinquième Évangile qui se révélait dans les marges vides : l'Évangile du silence. » Quand ce texte est paru en français, je venais de publier le troisième Testament, où apparaît la nécessité de détruire tout texte qui va à l'essentiel, et le cinquième Évangile de Krzyzanowski en semblait sorti.
Un apologue, au détour du Marque-page, nous fait comprendre ce qu'est ce livre perdu. Une petite fille rattrape en courant la diligence qui vient de partir, mais à chaque fois qu'elle saute sur le marchepied, elle perd son panier et doit descendre le ramasser. « La diligence littéraire n'attend pas, et, dans la situation actuelle, il est impossible de se hisser sur le marchepied glissant, avec la poésie sur les bras : tantôt c'est le poète qui, d'un bond, saute dans la littérature — mais on s'aperçoit alors que la poésie est restée en arrière, en dehors de la littérature ; tantôt c'est la poésie qui atteint le marchepied, un haut niveau de littérature, mais alors le poète, exclu, rejeté, se trouve dans un dehors absolu. Bien sûr, vous n'êtes pas d'accord. »
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