"Appelé à comparaître devant diverses commissions, j'avais pu fournir, par dizaines, les motifs qui m'avaient amené au communisme, mais ce qui, dans le mouvement, m'avait par-dessus tout fasciné, ensorcelé même, ç'avait été le volant de l'Histoire près duquel je me suis trouvé (ou ai cru me trouver). En effet, nous décidions alors réellement du sort des gens et des choses; et cela justement dans les universités: comme en ces temps les membres du Parti au sein des assemblées professorales se comptaient sur les doigts d'une seule main, les étudiants communistes, au cours des premières années, assumaient à peu près seuls la direction des facultés, décidant des nominations de professeurs, de la réforme de l'enseignement comme des programmes. L'énivrement que nous goûtions est appelé d'ordinaire griserie du pouvoir, cependant (avec un grain de bonne volonté) je pourrais choisir des mots moins sévères: nous étions envoûtés par l'Histoire; nous étions ivres d'avoir senti son corps sous nos fesses; dans la plupart des cas, ça finissait par tourner par une vilaine soif de puissance, mais (de même que toutes les affaires humaines sont ambiguës) il y avait en même temps là-dedans la belle illusion que nous inaugurions, nous, cette époque où l'homme (chacun des hommes) ne serait plus en dehors de l'Histoire ni sous le talon de l'Histoire, mais la conduirait et la façonnerait."
L’optimisme est l’opium du genre humain ! L’esprit sain pue la connerie. Vive Trotski !
Ce ne sont pas les ennemis, mais les amis qui condamnent l'homme à la solitude.
[...] lire des vers, pour moi ce n'est pas seulement comme si je parlais de mes sentiments, mais comme si, ce faisant, je me tenais en équilibre sur un pied ; quelque chose de compassé, dans le principe même du rythme et de la rime, m'embarrasserait si je devais m'y abandonner autrement qu'étant seul.
Nous vivions Lucie et moi dans un monde dévasté ; et faute d'avoir sur le prendre en pitié, nous nous en étions détournés, aggravant ainsi et son malheur et le nôtre.
Le maniement de la pensée féminine a ses règles inflexibles ; celui qui se met en tête de persuader une femme, de réfuter son point de vue à coups de bonnes raisons, a peu de chances d'aboutir. Il est bien plus judicieux de repérer l'image qu'elle veut donner d'elle-même (ses principes, idéaux, convictions), puis d'essayer d'établir (par sophismes) un rapport harmonieux entre ladite image et la conduite que nous souhaitons lui voir tenir.
il s'agissait d'une plaisanterie, que ce n'étaient que des mots sans signification derrière lesquels se cachait simplement mon état d'âme [p. 61]
L'optimisme est l'opium du genre humain. L'esprit sain pue la connerie. Vive Trotski!
L'optimisme est l'opium du genre humain! L'esprit sain pue la connerie. Vive Trotski!
Je n'aime pas y penser, je n'aime pas en parler et, soit dit en passant, je n'apprécie pas quand, aujourd'hui, des gens rejetés comme moi par le mouvement auquel ils croyaient, se vantent de leur destin. Oui, c'est vrai, moi aussi j'ai héroïsé mon destin de banni, mais c'était du faux orgueil. Avec le temps, j'ai dû sans indulgence me rappeler que je ne m'étais pas retrouvé au nombre des noirs pour avoir été courageux, pour avoir lutté, pour avoir envoyé mon idée se battre contre d'autres idées ; non, ma chute n'avait été précédée d'aucun vrai drame, j'étais l'objet plus que le sujet de mon histoire et, par conséquent, je n'ai (ne reconnaissant pas la valeur à la souffrance, à l'affliction, à l'échec) pas la moindre raison d'en tirer vanité.