Tout était devenu inutile pour moi. Je ne pouvais rien faire. Je me réveillai vers onze heures et je me mettais au salon à ne rien faire. Je ne me lavais que sur ordre de mes enfants. Tout était devenu inutile et sans importance ; j’étais pratiquement à la marge de la société. Il y avait des moments où je ne pouvais fermer l’œil de la nuit. Si on ne me demandait pas d’aller dormir, je pouvais rester au salon jusqu’à des heures très tardives. La dépression me rongeait.
Les titres ne rendent pas un homme utile à la société. J’ai eu à beaucoup travailler pour me faire cet argent mais mes enfants ont fait tout pour me mettre à l’écart prétextant que j’ai vieilli et que je n’avais plus de capacité pour gérer.
Maman ta situation va passer. Il suffit seulement d’être forte et apprendre à tourner les différentes pages de la vie.
Maman ! Mon professeur de philosophie m’avait appris que « la vie est un cahier sur lequel nous écrivons tous les jours. A tout moment, nous devons apprendre à tourner les pages surtout sur celles que nous avons mal écrites, celles où les gens ont écrit sans notre permission. Ces sont des pages de notre vie que nous devons à tout prix tourner ».
Ce qui me poussa à beaucoup pleurer, ce n’était pas le fait de penser encore à Arthur mais plutôt mon incapacité à résister devant ma fille qui me grondait comme un enfant. C’était au fait le retournement de la situation.
La vie n’avait plus de sens pour moi. Ma vie était, comme le disait Charles Aznavour : « faite de jours insipides, où tout était vain et tout était vide, privé d'espoir et d'avenir ».