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EAN : 9782070735525
256 pages
Gallimard (06/07/1993)
3.5/5   1 notes
Résumé :
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Image de la rieuse



La brume de partout sur les champs - vitres, linge battu.
Les chiens de l’orage, queues empêtrées, qui se jetaient.
La brume de très loin – la revenante, et sur les murs
les cils bleus du moisi, petite laine. L’égout qui sent.
Tant de pluie et ce qui reste de la tourmente,
la foule des maïs bras en écharpe, ce qui est passé,
les feuilles des arbres qui n’étaient pas tombées
et bientôt, dans l’éclaircie, les bêtes à l’entrée des prés
ou, là-haut sous le bois, serrées – est-ce qu’elles tremblaient
ou se léchaient. Les bêtes mouillées, les bêtes amouillantes.
La grande peur dans les yeux, la peur qu’on lit, les aiguisures
et les mots qui disaient l’orage. Le ciel ventre épais,
ses poches d’humeur bleues -visage et, déjà,
le serpent du soleil là-bas glissant sous la nuée.
Quelque part, lourdes, les graminées qui penchent,
l’herbe folle qui ploie – toute l’herbe s’affole.
Lumière dans le ciel encore – torchon rouge.
Le vin de l’air trop doux, le linge de la terre
saignant dans la grand’nuit – et la terre tremblait,
qui se souvient du grand soleil d’avant l’orage,
comme, dans les lointains déjà, la nappe est mise
pour la moisson qui s’annonçait. Les grandes roulées de l’orage
lentes blessures – le linge boit. Mais dans la nuit,
qui sortent lesquels de nous, visages mosaïques rouges
er de qui, le sait-on, était le sang qu’on lave.
Depuis longtemps, parmi nous dispersés – visages éteints,
dans le gros bleu tabac des mots qui baguenaudaient,
lentement ont pris place dans l’accalmie.
Les yeux piquants comme des tiques,
derrière la brume lentement, absents de leurs blessures
– joues, épaisses mains bleues, au cou le mouchoir.
Matou – rose chafouine, image de la rieuse.


// Pascal Commère (1951 -)
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Silence dans la cuisine


Bêtes dans les collines, comme une bave
là-haut qui bouge – et si peu, la sauvage
rose des troupeaux, dans les yeux les reflets piqués,
la robe claire des rivières. Collines
comme un sac épais sur le ventre du monde, ici
la terre pas plus qu’ailleurs collante mais comment dire,
parler sans rien nommer, la rouge la terre qui parle
d’elle-même toujours et l’arme du soleil parfois.
Le hâle, le marteau de la nuque
et le silence en bas dans la cuisine, le silence
des mains sur les carreaux de la toile sur la table
qi cherchent à sortir, la scierie par-derrière,
le vin bu hier et, sur chaque meuble le fils
qui rit, le fils absent – et pour longtemps.
Les choses du regard coupantes qu’il touchait
de ses gestes débiles, l’enfant si près de tout
dans le rectangle juste des journées, les faisceaux
des lignes – villages sous le bleu des murs,
comme le travail est bleu, la peine, ce qui revient :
les larmes de la vigne. Un homme
derrière les chevrons en tas – l’ocre des bois traités -,
visage eau fatiguée, depuis quand
et où parti son fils – le fallait-il, collines.
Lentement le soir, le sang – son linge gris.

(Rencontre dans les collines)


//Pascal Commère (1951 -)
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Gare de l’Est



extrait 2

Le temps manque, à son habitude, pour détailler
plus avant la scène, figée depuis l’an mille
neuf cent vingt-six : il reste à se mette en quête
de la voix six, remonter jusqu’aux wagons de tête,
faire l’emplette de la bouteille d’eau et d’une pomme
golden, de celles que l’on sert en dessert dans les hôpitaux
avant, enfin démarrés, de pouvoir s’abandonner bientôt
au sourd et glissant réconfort des trajets en train
les soirs d’été, quand toitures et campagnes bleuissent
lentement au-dehors, et qu’un air moins tièdes s’engouffre
par la fenêtre entrouverte en martyrisant les rideaux.
Seul, on ne l’est pas vraiment (et l’a-t-on jamais été ?) :
i y a les voisins de compartiment qui se laissent
observer sans presque se lasser, les habitués de la ligne
se souvenant d’allumer la liseuse avant les tunnels,
le gosse qui s’éveille à peine, la joue encore grainée
par la banquette, et se réjouit bruyamment de voir couler
sous un pont, en une seule syllabe, l’eau qu’il sait
déjà nommer. La pensée va et vient cependant, muette
le long des travées, tire doucement sur sa laisse
puis, estimant sans doute en avoir vu assez, veut bien
se coucher au pied. Elle n’y demeure pas longtemps :
tout près de la frontière, des éclairs de chaleur
-ou bien s’agit-il d’étincelles sur les caténaires ? –
font relever la tête et, reconnaissant les abords
d’une nuit accoutumée et rivetée par les lumières,
il n’est plus permis de douter de l’arrivée prochaine,
même si l’on sait pouvoir encore compter sur un répit
dans un monde très précisément taillé à nos mesures
et dont, lancée dans sa course, l’immobilité rassure.


//Gilles Ortlieb (France 20/05/1953 -)
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Les Reculées



OUVRABLE

Quand arrive le bout du jour ouvrable
des ménagères coupent par les vignes
pour devancer le feu avant les hommes
leur fagot de sarments au-dessus d’elles
sur le chemin qui ranime les pauvres
le corps utile se voit aux pierres
il a plu la fumée monte dans les arbres
mais le soir sera beau
si le feu réussit
à pénétrer dans les lieux vides
et à flamber
avant que les hommes ne soient là.


// Claude Albarède (1937 -)
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Les Reculées



PRINTEMPS

Il y a toujours malgré la sève
des lambeaux d’herbe sèche
qui ratent le printemps

Avant que le jour n’ait vidé son verre
l’homme est parti le long des vignes
il marche avec une épaule déjà loin
celle qui porte le brillant de la bêche

Autour de lui la terre est meuble
elle s’entoure de murets
dont les plus vrais font voir les pierres.


// Claude Albarède (1937 -)
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« Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art. »
Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance.
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