Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer

Premier roman de l'écrivain haïtien-devenu-québécois-devenu-français-devenu-académicien Dany Laferrière.

Notre protagoniste est un Noir à Montréal dans les années 80 qui tente d'écrire un roman. Il vit dans un appartement pourri et infesté qu'il partage avec un coloc paresseux qui se prend pour un philosophe. Les deux ont au moins en commun leur amour du sexe et des femmes blanches.

On y parle racisme, philosophie, religion, littérature et Montréal.

Le livre en soi se lit bien, même si 40 ans d'autofictions depuis ont un peu usé la recette.

« Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer », c'est la description joyeuse, colorée et crue de la vie de bohème version black.

L'histoire se déroule dans le Montréal des années 1980, plus précisément dans le quartier de la rue Saint-Denis aux abords du carré Saint-Louis. Bouba et Vieux (le narrateur) sont deux jeunes Noirs qui cohabitent dans un minuscule deux-pièces, assez miteux. le premier passe ses journées sur le canapé à boire, manger, dormir, méditer, faire l'amour, le tout en écoutant le plus souvent du jazz. Vieux, quant à lui, tente péniblement d'écrire un roman basé sur les relations homme/femme, relations surtout sexuelles et surtout reliant un homme noir et une femme blanche. Les deux acolytes passent donc leurs journées ainsi, partagées entre projet d'écriture pour l'un, délectation de jazz pour l'autre, sexe et oisiveté ponctuée de discussions philosophiques assez « olé olé ». de nombreuses filles défilent dans ce petit appartement, toutes blanches et toutes surnommées « Miz quelque chose ». Une de ces Miz d'ailleurs, Miz Littérature, occupe une place particulière dans le coeur de Vieux. Etudiante en littérature à l'université McGill, elle forme avec le narrateur un couple improbable étant donné leurs origines très différentes.

Dany Laferrière, à travers cette satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes, propose donc une réflexion sur les relations entre les noirs et les blancs, à travers le sexe notamment, et plus particulièrement entre les hommes noirs et les femmes blanches. Constitué de très courts chapitres aux titres des plus évocateurs, ce roman au style sec et très rythmé nous offre un mélange d'érudition, d'humour, d'observations crues et libidineuses.
Au milieu de l'été chaud et humide de Montréal, préparez-vous à tomber dans une lecture jubilatoire.

Possiblement autobiographique, un rien ou pas mal déjanté et phantasmé, le roman est plaisant.
Il a cette décontraction littéraire des bons livres de John Fante avec cette obsession textuelle et sexuelle des Bukowski ou des Miller et un style qui lorgne franchement du côté de Chester Himes.
Sexe donc, alcool et jazz et Remington au programme, agrémentés de quelques sourates coraniques.
Sans se prendre au sérieux mais avec malice et intelligence, Laferrière dépeint les strates de la soumission et du désir dans une société policée et hypocrite en jouant allègrement sur les poncifs.

Pénétrer le milieu des éditeurs reconnus restait et reste impossible sans une bonne dose de provocation et un soupçon de scandale, Laferrière l'avait parfaitement compris et cela a fonctionné.
Aujourd'hui à l'inverse, il suffit de proposer ses daubes « feel good et sentimentales » pour accrocher le public et les réseaux d'influenceurs bas du plafond. Autres temps…

Après qu'une professeure de l'Université d'Ottawa ait été suspendue parce qu'elle avait prononcé le mot nègre à des fins pédagogiques dans le cadre d'un de ses cours, il me fallait reprendre la lecture du premier roman de Dany Laferrière, lu il y a une trentaine d'années. Laferrière s'est d'ailleurs exprimé sur cette controverse récemment, réaffirmant que ledit mot, du fait de sa propre historicité, ne devait pas passer sous le couperet de la censure morale, a fortiori dans l'enceinte d'une université, haut lieu du savoir.
Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer : déjà, le titre est provocateur dans le contexte actuel de bien-pensance (lui a-t-on demandé de modifier son titre pour la réédition?) Et toutes les pages du roman sont tartinées du mot honni.
Bouba, « un malade du Verbe », contemplateur récitant des sourates du Coran, vit en colocation dans un appartement miteux de Montréal avec l'écrivain, surnommé Vieux, le narrateur. Tous deux draguent les filles blanches, étudiantes de l'Université McGill, dans les bars, dans les rues, dans les parcs, bref partout. C'est l'été humide et poisseux, tout comme le sexe qu'ils pratiquent avec frénésie. « La vengeance nègre et la mauvaise conscience blanche au lit, ça fait une de ces nuits! »
Au-delà des scènes tournant autour de la baise, le roman offre une perspective intéressante de la condition d'être Noir parmi les Blancs, de l'affirmation de son identité, tout cela pimenté d'humour féroce et d'énormités proférées sans complexe. Que les plus frileux s'abstiennent donc!
De ma première lecture du roman, j'avoue avoir peu retenu, d'où l'importance de relire. Dany Laferrière a évolué dans son écriture et ses thèmes pour devenir cet écrivain plus profond et plus sage que nous connaissons aujourd'hui. Une valeur sûre!

Voila un livre qu'on lit d'un trait, pas prise de tête, rigolo, parfois tres réaliste sur les relations entre les mecs noirs et les femmes occidentales. Si le livre heurte la sensibilité d'âmes "sensibles" alors vous n'aurez rien compris C'est génial!

Roman de Dany Laferrière.

Deux jeunes noirs expérimentent la vie de Bohême dans un quartier pauvre de Montréal. L'un d'eux tente d'écrire un roman qui sera le récit de son existence. L'autre vit couché sur un divan, partageant son attention entre Freud, le Coran et l'amour. Mais pas n'importe quel amour: il lui faut des filles blanches pour se venger des siècles d'esclavage endurés par les noirs.

Ce livre est plein d'humour féroce. La connaissant plutôt bien, j'ai senti la ville de Montréal au détour de chaque ligne. Je le recommande!

Un apprenti écrivain noir vit dans un squat avec un copain (noir lui aussi), plein de mouches et de cafards, à Montréal. Il écrit et se tape plein de nanas.
On peut soupçonner que ce récit n'est que l'histoire de l'écriture de son premier roman par Dany Laferrière, lui-même.
Dany Laferrière décrit le paradis du dragueur Nègre : les hommes blancs méprisent les noirs, mais les femmes blanches les adorent et en veulent pour amants. Pourquoi ? Car selon l'auteur, en amour, on est attiré que par quelqu'un d'inférieur. D'où le coté irrésistible du héro.
Ce n'est pas mon avis. Je ne tiens pas les noirs pour inférieurs. Et je ne pense pas que, quand ma partenaire me saute dessus, elle se considère supérieure à moi-même !

Ce roman démontre qu'on peut être académicien (Dany Laferrière est à l'académie française) et s'être fait sucer la bite dans sa jeunesse par plein de filles.

Cela me laisse donc peu d'espoir de me faire fréquemment sucer par des bouches nombreuses et différentes, car je suis ni noir et encore moins académicien.

Ce texte très particulier, au titre pour le moins provocateur de Dany Laferrière et que l'on devine rapidement d'inspiration fortement autobiographique, est une mise en abîme originale : le héros et narrateur écrit un livre et c'est précisément celui que nous lisons lorsque nous avons entre les mains « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer ».
L'histoire en elle-même n'apporte pas grand-chose. Lisez pour comprendre : huis-clos à Montréal où deux noirs vivent en colocation. L'un baise et écrit… ou écrit et baise. Cela dépend des jours. L'autre, sorte de « bouddha nègre » écoute du jazz, lit le Coran et dort… ou dort, écoute du jazz et lit le Coran. Et c'est tout.
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L'intérêt du roman réside donc plutôt dans l'analyse faite, à travers notamment les relations sexuelles du personnage principal, des préjugés et du racisme sévissant à l'époque et plus généralement des rapports entre les Noirs et les Blanches… Noirs quasi systématiquement appelés Nègres par notre auteur concerné, n'en déplaise à la polémique.
Et ce Nègre donc, de baiser des Blanches (Miz Littérature, étudiante en Lettres, Miz Sophisticated Lady et tant d'autres…) dont il est, selon son interprétation de l'idéologie en vigueur, l'inférieur. Noirs, par ailleurs fantasmes des Blanches, elles-mêmes inférieures à leurs mâles blancs… Laferrière pousse le bouchon en faisant donc de son personnage un fantasme absolu, personnification du mythe selon lequel le noir est un bon coup à l'appétit insatiable, rendant la femme blanche esclave, n'ayons pas peur du mot, du plaisir qu'il procure.
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Courts chapitres comme autant d'anecdotes du quotidien, il ne faut pas y chercher une intrigue mais simplement des bouts de réflexion illustrés. J'ai pu me perdre parmi les nombreuses références de jazz et de littérature qui m'échappaient et n'ai pas toujours été convaincue par ses démonstrations, ni séduite par le Serial Baiseur annoncé…
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En bref, une curiosité littéraire intéressante !
A noter que cette édition chez Zulma est une réédition du premier roman de Dany Laferrière, sorti avec succès pour la première fois en 1985.
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"Cette maison respire le calme, la tranquillité, l'ordre. L'Ordre de ceux qui ont pillé l'Afrique. L'Angleterre, maîtresse des mers… Tout est, ici, à sa place. SAUF MOI. Faut dire que je suis là, uniquement, pour baiser la fille. DONC, JE SUIS, EN QUELQUE SORTE, À MA PLACE, MOI AUSSI".

Ce passage resume le livre à mon avis.