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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chavirer, c'est le mot ! Ce roman a totalement fait chavirer mon coeur, l'a mis sens dessous dessus, emporté par la magnifique plume de Lola Lafon. A peine commencé, je me suis laissée submergée par l'émotion du récit de Cléo, sa passion pour la danse moderne jazz, ses rêves de devenir une danseuse pro, puis la rencontre qui va changer sa vie…

C'est là que tout bascule, la vie de Cléo chancèle, son destin chavire. Bien sûr, elle ne s'en doute pas un instant, la naïveté, l'innocence de ses treize ans l'empêche de voir le piège qui est en train de se refermer sur elle. Mais elle n'est pas la seule à s'être laissée charmer, manipuler, berner… Les adultes aussi, ses parents, son prof de danse. Personne ne pose les questions qui dérangent, c'est la loi du silence. Mais le lecteur lui sait et c'est sans doute se qui rend l'attente encore plus terrible.

Sur fond d'enquête criminelle, ce roman choral prend presque des allures de thriller et se lit avec la même frénésie. Les coupables ? Nous les connaissons depuis le départ. La question est de savoir s'ils paieront pour leur crime ? Si leurs victimes trouveront la force de briser le silence, d'embrasser le passé plutôt que de lui tourner le dos ? Lola Lafon interroge la culpabilité de ces victimes, de celles qui se sont retrouvées bien malgré elles complices, de celles qui ont cru en l'amour sincère de leur bienfaiteur et « fiancé » de 30 ans leur ainé, de celles qui ont choisi le déni en clamant haut et fort que c'était leur choix, de celles qui ont vécu dans le remord de ne pas avoir su dire « non ! »…
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Un roman social et bouleversant qui vous prend aux tripes et qui surfe sur la vague du mouvement #metoo.

Cléo a 13 ans, vit dans une famille modeste et se sent à l'étroit dans cette vie sans ambition. Son truc à elle, c'est la danse. Après s'être essayée à un cours de danse privé, entourée de jeunes filles de familles bourgeoises, Cléo intègre un cours de moderne jazz dans une MJC. C'est là qu'elle est repérée par Cathy. Cathy explique à Cléo et à sa famille qu'elle repère des jeunes filles pouvant prétendre à une bourse leur permettant de réaliser leurs rêves artistiques. Cette bourse est gérée par la fondation Galatée. Cette rencontre va complètement bouleverser la vie de Cléo. Cathy transforme Cléo en femme. Elle doit être « mature » pour espérer décrocher cette bourse. Couverte de cadeaux de valeur par Cathy, Cléo devient une star à l'école. Rendez-vous après rendez-vous, Cléo comprend que la bourse n'existe pas, qu'elle devra se débrouiller seule pour financer ses cours de danse. Mais trop tard. Cléo est tombée dans le piège. En effet, pas de bourse pour réaliser ses rêves mais un trafic bien organisé de prostitution. Après avoir subi pendant quelques temps, Cléo « monte en grade » et devient l'assistante de Cathy. C'est désormais elle qui va recruter les nouvelles victimes. Sans comprendre vraiment pourquoi, vraisemblablement pour ne pas décevoir Cathy, Cléo est un bon petit soldat qui fait tout ce qu'on attend d'elle, avec tout de même un sentiment de honte. Elle sait dans quoi elle embarque ces jeunes filles, pour l'avoir subi elle-même. Et puis, un jour, Cléo est remerciée et remplacée par une autre jeune fille qu'elle a recrutée, Betty.

Lola Lafon nous emmène dans un réseau de prostitution parfaitement orchestré. A chaque fois, on « propose » aux jeunes filles, on n'impose pas. Il leur est donc difficile de se considérer, de se déclarer comme victime. Et puis, pour plusieurs d'entre elles, elles sont devenues bourreaux à leur tour, en recrutant d'autres filles. Ce sentiment de honte, de culpabilité fait qu'elles ne parleront pas, qu'elles ne porteront pas plainte. Et même lorsque l'appel à témoin est lancé, elles n'osent pas y aller de peur de retrouver leurs victimes. La technique est tellement pernicieuse que ce sont les filles qui s'en veulent de ce qu'on leur a fait subir et ne veulent pas que Cathy qui est si gentille soit inquiétée. le roman aborde également le silence des familles de victimes qui, très certainement se doutait de ce qu'il se passait mais que ça arrangeait de ne rien voir. Il aborde aussi la vie difficile des danseurs avec des conditions de travail insupportables pour qui n'a pas cette passion. Et enfin, Lola Laffon parle de l'ostracisme envers les danseurs noirs dans le milieu du ballet.

Le thème est traité de façon élégante, jamais brutale, sans voyeurisme. C'est très bien écrit. Des chapitres très courts créent un bon rythme au roman.
Mais, après un démarrage rapide et efficace, on est un peu perdu par le rythme et l'alternance que choisit l'auteure. On alterne la vie des unes et des autres, à diverses périodes, avec un grand nombre de personnages annexes. le thème aurait mérité d'être traité plus en détail, autrement. Ceci il reste un grand roman pour moi.
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Cléo, jeune danseuse, est repérée pour bénéficier d'une bourse d'étude, réservée aux jeunes des milieux populaires ayant un rêve et l'envie et les capacités de le mettre en oeuvre. le piège va se refermer sur elle. Et de victime, Cléo va penser être devenue bourreau.
Chaque chapitre prend la voix d'une personne qui a croisé le chemin de Cléo, de son ami au lycée, à l'habilleuse du cabaret, sa co-locataire/amoureuse,... chacun d'eux va frôler le secret qui l'habite, sans jamais le mettre au jour. Tout au long du roman l'autrice distille les indices, révèle, même si nous comprenons dès le début ce qui a bouleversé la vie de Cleo.
Et tout le temps ces "pourquoi ?", ceux qu'on pose quand on n'a pas soi-même été victime. Ceux auxquels il est impossible de répondre.
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L'enfer du décor ! de façon saccadée, on suit ici le parcours de Chléo, une danseuse de revue genre 'folies bergères' qui a débuté la danse dans une mjc de banlieue au début des années 80. Avec elle, on fait connaissance de Cathy, une parisienne BCBG qui arpente les cours de danse pour dénicher la perle rare qui pourrait décrocher une bourse d'une fondation inconnue et, ainsi, vivre une destinée hors du commun. On comprend ensuite que Cathy n'est en fait que la rabatteuse d'un réseau de pedo-proxenetisme. L'a-t-elle compris, elle Chléo, quand le piège s'est refermé sur elle, quand elle a incité des copines à postuler, quand il a fallu faire sa vie et que le rêve était détruit.
Un roman magnifique qui s'inscrit dans le mouvement #metoo, bien sûr, mais qui parle surtout de la construction d'une ado, de ses espoirs, de ses aspirations, de ses rêves, des inconnues et des inconsciences qui traversent son parcours.
Un coup de coeur, un coup au ventre quand la perversion fauche l'innocence. Un livre écrit avec pudeur et réserve qui s'insinue dans l'enfer des ballets roses dont la rumeur nous parle depuis des décennies.
A lire.
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Une des auteures préférées de ma complice @goodbooks_goodfriends je ne pouvais refuser une lecture commune à laquelle s'ajoute aussi ma chère @readreadbird !
Et heureusement, heureusement que j'ai suivi pour découvrir cette oeuvre bouleversante. Lola Lafon m'a complètement soumise à sa plume, immergée dans un univers et son exigence mais aussi ses dérives : la danse, ici modern jazz.
En 1984, Cléo, 13 ans, pense avoir fait LA bonne rencontre qui va lui permettre d'exploiter ses talents de danseuse et voir payer ses efforts. Elle est appâtée par cette grande dame, ses cadeaux, ces dîners sans regarder la dépense, elle qui vient d'un milieu modeste de banlieue parisienne. Mais derrière cette gentillesse et ces promesses c'est un piège qui se referme sur elle.
On suit Cléo de ses 13 ans à ses 48 ans mais également de nombreux personnages, un de ses meilleurs amis, sa colocataire-amante, d'autres victimes. Et on revient toujours à Cléo qui sera danseuse pour Michel Drucker puis pour des revues et elle traînera le poids du souvenir durant toutes ces années jusqu'au lancement d'une enquête avec recherche de témoignages.
On est complètement pris dans ce monde, au rythme effréné de la plume de Lola Lafon, submergé par l'horreur qu'elle nous laisse deviner car c'est décrit avec beaucoup de pudeur.
On sympathise avec Cléo tous ses sacrifices, on y croit, on se dit n'y va pas, on se dit ce n'est pas de ta faute et on se laisse prendre par les sentiments.
Il y a de la douceur, de l'horreur, de l'espoir, de la révolte, de la tristesse. Un tourbillon d'émotions que nous offre Lola Lafon.
Par les détails, l'auteure en fait également un roman de société en décrivant les années 90, les conditions de travail, les luttes sociales puis les années 2000 jusqu'à nos jours avec notamment le # meetoo.
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Dans les années 80, Cleo a treize ans et elle rêve d'échapper grâce à la danse à la banalité déprimante de la vie familiale. S'en sortir, vivre une autre vie : c'est justement ce que vient lui proposer Cathy, une femme d'un milieu manifestement plus chic qui l'a repérée à son cours de modern jazz...
Sur fond d'abus sexuels et de consentement (avec des mécanismes d'emprise et de culpabilité très bien décrits), Lola Lafon dresse ici un tableau convaincant sur les inégalités sociales. Il y a aussi cette petite musique du corps, ce corps féminin qui depuis des années échappe à bien des femmes, qui devrait être le synonyme du mouvement et qui en réalité bien souvent nous enferme. En ce sens, je crois qu'avoir pris la danse pour décor n'est pas anodin.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Cléo a treize ans, Cléo est introvertie, Cléo s'ennuie, Cléo rêve de strass et de popularité, Cléo est naïve et influençable...
En ce milieu des années 80, Cléo ne sait pas dire non à Cathy, cette femme parfumée et étourdissante qui l'entraine à la sortie de la MJC, l'apprivoise et l'achète.
De dîners très spéciaux en castings deuxième classe, Cléo, danseuse de variété s'émancipe et construit sa vie mais garde au fond d'elle le poids ambigu du consentement et de la culpabilité. Autour du monde de la danse, Lola Lafon brode un roman fragmenté mais très bien construit, d'une belle écriture incisive et précise, sachant comme toujours fort bien recréer les atmosphères des lieux et des époques. le sujet est universel, il n'était pas nécessaire d'en faire un roman socialement militant. L'auteur montre par exemple une aigreur mal-placée à l'égard des " Béatrice", "Eugénie", "Domitille", des cours de danse classique, BCBG épargnées et interchangeables à ses yeux, coupables d'avoir eu des mères plus attentives et plus disponibles. Elle fait des émissions de variétés et des spectacles de cabaret l'objet du mépris des classes supérieures alors même que ces divertissements ont à cette époque, comme le cirque, toujours semblé rassembleurs et appréciés de catégories sociales très diverses (sauf d'une certaine presse se voulant intellectuelle). Seule cette analyse "sociale" réductrice du problème de l'exploitation des jeunes filles et des femmes en général tempère un peu mon avis sur ce roman par ailleurs très juste.
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Lola Lafon est une autrice, chanteuse, compositrice, féministe et libertaire française. Pour fuir le régime de Ceausescu, en Roumanie, Lola Lafon se réfugie en France. Après avoir étudié l'anglais à la Sorbonne, elle part comme jeune fille au pair à New-York où elle suit des cours de danse. de retour dans l'Hexagone, elle séjourne dans des squats.
Son dernier roman « Chavirer », paru en août 2020 a reçu :
- le prix du roman des étudiants France Culture – Télérama
- le prix Landerneau.
En 1984, Cléo, 13 ans rêve de faire carrière dans la danse. Malheureusement son existence modeste en banlieue parisienne ne lui permet pas d'accéder à ses rêves. Un jour, Cathy vient à son cours de danse et lui promet de réussir à faire financer ses études par la Fondation Galatée. Mais c'est un piège qui va se refermer sur elle et dans lequel elle va entraîner d'autres amies. Comment peut-on vivre avec ce souvenir ?
Même si ce récit a été imaginé par Lola Lafon, nous savons tous que les trafics sexuels avec de jeunes filles existent dans l'art et dans le sport. Cléo doit trouver sa place entre son statut de victime et son sentiment de culpabilité. On découvre la vie de Cléo à travers le regard de plusieurs personnes de son entourage.
L'éclatement de la narration et de la temporalité m'a un peu gênée. Ce roman est bouleversant et nous fait nous poser plein de questions en tant que parents.
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Ce roman est dans la lignée du livre « le Consentement » de Vanessa Springora qui fut pour moi un livre coup de poing.
Ici, l'histoire est imaginée par Lola Lafon, mais traite le même thème.
Lola Lafon a imaginé une fondation qui aurait pour but de distribuer des bourses à des jeunes filles méritantes pour les aider à réaliser leurs rêves ; une fois attirées et ferrées ces jeunes filles deviennent des proies. Enfermées dans un piège sexuel et sous emprise psychologique, la jeune fille victime va devenir à son tour complice en tant que rabatteuse. Puis viennent la honte, la culpabilité et le silence …
Victime ou coupable, oubli ou pardon ?
Ce livre à plusieurs voix retrace l'histoire de quelques-unes de ces jeunes et de leur entourage, du silence à la parole qui se libère enfin.
J'ai trouvé la fin très belle, ce n'est pas vraiment une fin mais plutôt une esquisse d'un pardon enfin donné et reçu, une main qui se tend, une voix qui s'élève. C'est une fin qui ressemble à une aurore.
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Il y a des livres qui surprennent, qui prennent au dépourvu, qui vous giflent et vous réveillent en attaquant juste là où vous ne l'attendiez pas. Chavirer m'a fait cet effet-là. Il était dans ma PAL depuis un bon bout de temps mais il a fallu une sorte de déclic pour me conduire à l'ouvrir. J'avais lu « banlieue », j'imaginais des barres de cités à la Kechiche. J'avais lu « viol » et « prostitution », je visualisais des tournantes dans des caves.
Dès les premières pages, j'ai compris que ce n'était pas ça du tout. Chavirer est un roman qui parle de ma génération, de mon univers. Ce que c'est d'être ado dans les années 80-90, d'avoir des rêves de grandeur qu'on veut réaliser à tout prix, d'être dégoûtée par l'inertie de ses parents dont la vie n'est ni totalement réussie ni totalement ratée. Les murs qu'on se prend par naïveté, par innocence, par incompréhension, parce que personne ne se soucie vraiment de nous protéger. La vitesse à laquelle tout bascule, la culpabilité, la honte que rien ne viendra soigner avant des décennies. le piège des classes moyennes qui prônent réussite et individualisme alors même que ça les conduit à leur perte face aux plus puissants qu'eux. le piège de la famille dont on assimile et reproduit les codes sans même en avoir conscience.

A 13 ans, Cléo rêve de devenir danseuse. Lorsque la belle et chic Cathy la « repère » pour candidater à une bourse des jeunes talents, elle est persuadée d'avoir enfin sa chance et plonge dans hésiter. Enfin vue, entendue, écoutée, prise en compte. Charmée par le regard de celles et ceux qui lui disent qu'elle est exceptionnelle, qu'elle a du talent, de la maturité, un avenir.
Évidemment, la fondation Galatée n'existe pas vraiment. Au fond d'elle, Cléo le comprend le jour où un homme de 50 ans lui impose des attouchements lors d'un « déjeuner ». Mais elle est déjà piégée. Dans l'espoir de ranimer ce rêve perdu, elle accepte de recruter d'autres jeunes filles pour la « fondation ».

La suite du roman prend la forme d'un puzzle, des morceaux éparpillés à l'image de Cléo que quelques minutes ont brisée à jamais, qui aura 13 ans toute sa vie. On la voit grandir à travers les yeux de ses amis, ses amants et amantes. Après #metoo les paroles se libèrent, l'espoir d'une rédemption pointe, fragile. Mais n'est-il pas trop tard pour Cléo ?

Chavirer est un roman puissant, intime. La danse y tient une place importante, avec ses paillettes, ses douleurs, ses jeux d'apparence et ses hiérarchies. La danse comme métaphore du sacrifice d'une vie et d'une génération, sur l'autel du spectacle et du plaisir des autres.
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