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sur 977 notes
Amoureuse des livres, j'écoute avec intérêt les chroniques matinales d'Olivia de Lamberterie depuis une quinzaine d'années. Grâce à elle j'ai découvert de nouveaux auteurs, pour moi elle a déniché quelques pépites. J'ai eu aussi le plaisir de la rencontrer à deux reprises, lors de la remise du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2013, et lors du cinquantième anniversaire du Prix au Théâtre de l'Odéon en juin 2019. Entre temps, Olivia avait perdu son frère Alex, et écrit Avec toutes mes Sympathies

Olivia de Lamberterie s'habille volontiers « casual » (jean, marinière, perfecto), mais sa diction est parfaite et son port altier. Olivia de Lamberterie a de la « classe », Olivia se Lamberterie c'est « le feu sous la glace ». Je l'admirais énormément lorsque je ne faisais qu'écouter ses chroniques, au point de suggérer à mes filles encore petites « plus tard, comme métier, tu ne voudrais pas faire comme Olivia de Lamberterie ? » ; je l'admire encore plus depuis que je l'ai lue.

Avec toutes mes Sympathies est un cri d'amour, un témoignage poignant. Les souvenirs sont beaux, les anecdotes touchantes, les mots justes car le récit d'Olivia est empreint d'amour et de sincérité. Elle révèle ce frère qui lui manque douloureusement, et le récit nous révèle Olivia, la femme sensible, lisse et fantasque, docile mais rebelle, la combattante, la fille, la soeur, la mère, l'amie.

Merci Olivia d'avoir partagé ce vécu avec vos lecteurs. J'espère que nous pouvons à travers notre soutien, vous aider (un peu) à porter ce chagrin qui vous a poussée à écrire. En tout cas vous avez réussi à rendre Alexandre immortel, et cet hommage est certainement aussi beau que ne l'est votre frère.

À lire. Absolument.
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Ce livre est le journal d'une perte: celle d'un frère «éblouissant au coeur sombre », fracassé par la dépression jusqu'au geste ultime.

La peine est immense et le besoin de l'écrire nécessaire. La pudique introspection dévoile une enfance, une famille, un métier, des passions et bien sur un frère tant aimé. Olivia de Lamberterie. a le ton juste et plein compassion, parfois sarcastique ou révolté, intime et généreux, minutieusement descriptif de ce que la maladie dépressive fait vivre au malade et à son entourage. Sa peine et le manque de l'autre nous interroge sur le drame du suicide et sur cette formule convenue de «faire son deuil».

Que cette Dame des Lettres écrit bien! Passer du clavier journalistique au statut d'auteur est parfois un piège, car on vous attend à l'affût. L'auteure s'en tire haut la main, prouvant qu'on peut être une influenceuse dans son coeur de métier et avoir aussi le talent des mots sur le papier.

Au-delà de la catharsis par l'écriture, comme un dernier fil entre son frère perdu et sa propre solitude fraternelle, elle nous offre en filigrane son addiction de la lecture et ses goûts littéraires.

Pourtant fort peu friande des sujets personnels en thérapie littéraire, ce livre intime m'a interpellée, sans doute par une étrange proximité de caractère et de souvenirs familiaux
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Je lis ses papiers depuis de nombreuses années, je suis tombée quelquefois sur ses chroniques sur France 2, je l'ai écouté dans L'émission le masque et la plume, alors c'est la voix d'Olivia de Lamberterie qui m'a lu Avec toutes mes sympathies. Ce livre sera associé à jamais à St Malo, à cette chambre comme une alcôve dans une location de vacances, aux cris des goélands par la fenêtre et à l'impression que l'auteur était dans la même pièce que moi.


C'est une tarte à la crème d'écrire que les livres ont une grande importance pour Olivia de Lamberterie, pourtant jusqu'à présent elle n'était que d'un seul côté, celui du lecteur. Est ce paralysant de prendre la plume quand son métier est de lire les plus grands auteurs ? Ou est ce qu'il faut avoir vécu un « drame » pour que la nécessité d'écrire soit si impérieuse qu'on ne puisse faire autrement ?

Je me souviens de Paul Auster dans l'émission La grande librairie racontant combien il a été marqué par ce camarade de classe foudroyé devant lui, je me souviens de l'interview très riche de John Irving dans America expliquant pourquoi certains thèmes sont centraux dans son oeuvre. Olivia de Lamberterie, elle, à la mort de son frère Alex, a vu son rapport au livre changer : incapable soudain de lire quoique ce soit, elle a été saisie du besoin d'écrire. Pour tenir une promesse comme elle explique, pour continuer à faire vivre celui dont elle était si proche, Avec toutes mes sympathies a vu le jour.

Je n'ai pas de frère, je n'ai pas perdu de soeur pourtant en lisant "Avec toutes mes sympathies" , j'avais un frère et il est mort. Je suis peut être un peu plus empathique que d'autres personnes mais un livre réussi n'est ce pas avant tout savoir rendre universel un drame pourtant très personnel ?

Olivia de Lamberterie exprime avec justesse cette impuissance face à une maladie assez proche de la bipolarité (j'ai pensé forcément à L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset d'où mon titre). Ce frère brillant a « objectivement » tout pour être heureux mais il sombre dans la dépression dont les racines semblent être familiales (plusieurs cas de suicides sur plusieurs générations) et l'amour de ses proches, aussi grand soit-il, ne suffit pas à lui maintenir la tête hors de l'eau.

Olivia de Lamberterie met aussi le doigt sur quelque chose que j'ai ressenti lors d'un événement triste dans ma vie (même si beaucoup moins grave que la perte d'un être cher) : je trouvais insupportable les mots des gens qui se voulaient réconfortants avec des phrases toutes prêtes (le fameux « c'est la vie » et son cortège). Je n'acceptais d'entendre que celles qui étaient passées par la même épreuve que moi et elles, seules pouvaient , à mes yeux, me comprendre.

Dans Avec toutes mes sympathies, Olivia de Lamberterie parle de son milieu bourgeois (avec humour et en l'égratignant parfois ), de ses souvenirs d'enfance, de son quotidien en tant que responsable de la rubrique livres de Elle (elle évoque aussi ses débuts de manière touchante), de son amour des livres, de Montréal (cela donne franchement envie d'y aller …en évitant d'y être malade). J'ai aimé pousser chaque porte de son univers et ce beau portrait d'un frère surdoué, drôle, sensible, créatif, torturé, chéri et admiré.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Livre très personnel que le livre de Olivia de Lamberterie Avec toute mes sympathies.
Le 14 Octobre 2015 le frère d'Olivia de Lamberterie se suicidait en se jetant du pont Jacques Cartier à  Montréal.
Alex avait 46 ans et souffrait de dysthymie, maladie chronique impliquant un spectre dépressif, une mélancolie persistante.
Par des chapitres courts, passant de Montréal à Paris, Olivia de Lamberterie va nous émouvoir par petites touches successives. Petites touches pour nous parler de son enfance et de sa famille  venue de l'aristocratie.  Petites touches pour nous dire les années d'enfance avec son frère Alex et ses soeurs Chloé et Caro. Petites touches encore pour entrevoir des familles recomposées.
Et en filigrane,  ce frère qui tient tant de place. Ce frère qui sombre dans cette mélancolie chronique
La première partie du livre oscille entre tous ces flashs.
Tout est mis à nu. Aucun compromis. Rien de caché. L'émotion fraternelle d'Olivia de Lamberterie affleure et peu à peu imprègne et irrigue toutes les pages du livre.
Cette émotion va emporter la deuxième partie du livre quand Olivia de Lamberterie va être confronté à la  mort de son frère
Sa disparition, son absence vont donner des pages admirables,sans pathos. Un oiseau noir , bleu prendra Olivia de Lamberterie par la main pour l'emmener loin dans le monde fraternel.

"Tu ne nous as pas abandonnés.  Tu t'es arrangé  pour laisser une empreinte si forte dans nos existence qu'elle nous a empêchés de sombrer et qu'elle a fini par nous transcender. Ton existence est indélébile. Tu n'as pas fini de respirer en nous. Ta mort nous a rendus vivants."

Comme le dit Olivia de Lamberterie en quatrième de couverture : "Je désirais inventer une manière joyeuse d'être  triste"
Cet essai est plus que cela. Il est lumineux
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Olivia de Lamberterie nous livre ici un essai bouleversant après le suicide de son frère tant aimé - un frère à qui tout réussissait, qui avait tout pour être heureux selon la formule consacrée, mais qui s'est pourtant laissé vaincre par le mal de vivre.

Bien que l'écrit soit le terrain de jeu habituel d'Olivia de Lamberterie puisque son métier consiste à juger les livres des autres, il n'était pas gagné qu'elle-même, dans cette première oeuvre ô combien personnelle, saurait révéler de vraies qualités d'écriture. Il y a un monde entre le travail de critique littéraire et celui d'auteur. N'entend-on pas même souvent dire des critiques que ce sont des ratés dans leur art (musique, cinéma, danse, littérature...) ? Olivia de Lamberterie est un parfait contre-exemple de cette affirmation : son livre est non seulement un magnifique témoignage, mais également une belle réussite littéraire.

Dans cet ouvrage où elle se met à nu, se révélant telle qu'elle est jusque dans ses faiblesses les moins avouables, osant souvent jeter aux orties le carcan de la bien-pensance, elle entraîne le lecteur dans un trip de montagnes russes qui le secoue émotionnellement en le faisant passer du rire aux larmes. Par de constants changements d'époque, naviguant incessamment entre la complicité joyeuse de l'enfance et la douleur des instants ultimes du drame, en passant par les petits événements du quotidien -dérisoires mais qui prennent tellement d'importance quand il ne reste plus que le souvenir- elle fait renaître son frère. Et on se prend à aimer nous aussi cet être à la fois lumineux et sombre que l'on n'a jamais connu et qui nous est pourtant devenu si familier. Nous pleurons nous aussi un ami cher.

Avec des mots forts, puissants, toujours percutants, Olivia de Lamberterie a su trouver le ton juste. En dépit du thème d'une tristesse absolue, c'est parfois drôle (à commencer par le choix du titre pp. 217-218. L. de Poche). Bien sûr, on sent bien que l'humour n'est qu'une arme pour dédramatiser la situation , de la même façon qu'un fou-rire survient à un moment inopportun simplement parce que la charge émotionnelle est trop pesante. A d'autres instants, lorsque la douleur devient insupportable, les paroles de révolte et d'incompréhension se font violentes et nous arrachent le coeur.

Ma première réaction a été d'admiration devant la force de cette femme fracassée qui parvenait à reprendre pied par l'écriture. Puis, j'ai compris que je faisais fausse route, le mot juste était "besoin" et non "courage". Olivia de Lamberterie DEVAIT écrire ce livre pour réussir à survivre tout simplement. Comprendre. Trouver un sens à cette mort, comme elle le dit elle-même dans les dernières lignes du livre directement adressées à son frère:

"Tu ne nous as pas abandonnés. Tu t'es arrangé pour laisser une empreinte si forte dans nos existences qu'elle nous a empêchés de sombrer et qu'elle a fini par nous transcender. Ton existence est indélébile. Tu n'as pas fini de respirer en nous. Ta mort nous a rendus vivants" .


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Depuis que je tiens ce blog, je me suis toujours tenue à être honnête avec moi-même, donner en toute franchise mon ressenti à chaque lecture, allant parfois à contre courant des autres avis. 

C'est un roman dont tout le monde a parlé lors de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018 pour plusieurs raisons je pense. Première par son auteure : une chroniqueuse connue dans le milieu littéraire (mais que je ne connais pas spécialement) mais aussi par le sujet dont il traite, très personnel et difficile : le suicide d'un frère.

Je ne vous cache pas que dans un premier temps je n'ai pas eu envie de le découvrir. Pourquoi : parce qu'il y avait un côté douloureux, voyeurisme, intime qui me dérangeait d'aborder. Lisant beaucoup d'avis très positifs au fil des semaines et après son passage à La Grande Librairie et divers interviews, j'ai pensé qu'il fallait que je franchisse le pas et me faire ma propre opinion.

Olivia de Lamberterie a fait le choix de remonter dans ses souvenirs, à travers principalement deux périodes : l'été 2015 où déjà une tentative avait eu lieu et ensuite l'automne 2015 où Alex avait décidé cette fois-ci qu'il en finirait avec une vie où il ne se sentait pas à sa place. Pourtant c'est un homme qui avait tout : la beauté, la réussite, une femme et des enfants aimants, mais sourdait en lui une mélancolie, un désespoir qui l'ont mené à essayer de trouver un ailleurs meilleur.

Et c'est l'une des questions principales de l'auteure : où est son frère ? Elle le voit, elle le sent en oiseau, libre mais toujours présent dans sa vie. Plutôt que de se taire, elle préfère mettre des mots sur sa douleur, sur l'absence et aussi l'incompréhension parfois.

On ressent fortement l'imprégnation du milieu littéraire dans lequel l'auteure vit :

La lecture est l'endroit où je me sens à ma place. Lire répare les vivants et réveille les morts. Lire promet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d'y puiser une vérité. L'essentiel pour moi est qu'un texte sonne juste, que je puisse y discerner une voix, une folie ; je n'aime pas les histoires pour les histoires, encore moins les gens qui s'en racontent (....) Et puis lire, autorise à être là sans être là. (p10)
Pour Olivia de Lamberterie c'est un travail d'écriture sur un sujet personnel, douloureux, où elle mêle les souvenirs heureux et malheureux. Elle exorcise sa douleur en la couchant sur le papier.

Alex, je ne veux pas voir mourir sa mort. Je veux en éprouver toutes les particules, les revendiquer, y puiser des ressources insoupçonnées, explorer cet inconnu, porter un brassard noir, hurler au scandale, scruter les cieux, comprendre. (p157)
Elle la décortique, elle la dissèque, elle tente de comprendre, de retrouver des indices annonciateurs, des signes, d'aller au-delà des événements et de comprendre l'impact qu'ils ont eu sur elle, sur sa vie.

Pendant ma lecture, j'ai trouvé qu'il y a avait beaucoup de phrases "faciles", toutes faites du style :

"- Mes nuits n'étaient pas plus belles que mes jours
- pleurer des rivières (mentionné à plusieurs reprises)
- de battre mon coeur s'est-il arrêté
- j'ai l'impression d'être une chienne dans un jeu de quilles
- Tous pleurnicher les papattes en rond ?"

Je ne mets quelques exemples mais il y en a beaucoup et cela m'a gênée dans le sens où à l'avance, dès que je voyais un mot je connaissais déjà la phrase qui allait suivre. Des phrases toutes faites sur un sujet pourtant tellement personnel.

Bien sûr c'est un premier roman, écrit dans la souffrance par une personne qui vit dans le monde des livres, de la littérature et de la culture et son activité influence sa plume mais cela, pour moi, à retirer un peu de la spontanéité.

C'est un récit sur la perte, l'absence, l'incompréhension même si le mal être de son frère était connu, sur l'impuissance à l'aider, à le sortir, un regard sur la famille, les amis,  sur le monde psychiatrique, sa misère. On a la gorge nouée tellement la sincérité des sentiments de Olivia de Lamberterie est là, sa détresse, les émotions affluent et on ne lâche pas le livre même si on connaît malheureusement l'issue.

On peut reconnaître à Olivia de Lamberterie le courage de partager cette perte, sa sincérité, incluant des touches d'humour qui allègent le récit, le rendent plus "léger et supportable", un regard sur elle-même parfois sans complaisance, mais aussi l'incompréhension de l'absence, de la vie qui continue malgré tout, sans l'être aimé, sans l'être cher mais qui reste présent, malgré tout et c'est plus cette partie là que j'ai aimée.

Comme pour Les Rêveurs d'Isabelle Carré, je me pose la question de savoir si l'auteure n'était pas célèbre, connue, parlerait-on autant de son livre ? Je risque de choquer certain(e)s mais même si j'ai apprécié ma lecture il y a pour moi dans chaque lecture plusieurs facteurs :  le récit, sa construction, l'écriture et dans le cas présent je pense que l'on est fortement influencé par le thème du récit, le deuil, l'absence, l'émotion, la douleur. 

C'est une lecture sur un thème difficile, très personnelle, tellement les sentiments sont forts, l'émotion et la douleur présentes mais je suis toujours un peu mal à l'aise avec ce type de sujet venant de personnes du monde des médias. 

Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Que dire après tout cela ?
Qu'écrire ?
J'ai entendu dire qu'un critique littéraire était un écrivain raté.
En lisant ce livre magistral, de cette critique célèbre, je me dis que cette réflexion est bien imbécile, et même abjecte.
Car Madame de Lamberterie, est sans nul doute un grand écrivain.
Je l'ai probablement connue, nous habitions le même quartier, le chic XVI e arrondissement de Paris, elle boulevard Beauséjour, moi rue Vital, petite rue qui part de la place de Passy. Nous avons fréquenté les mêmes établissements scolaires, La Providence et plus tard, L'institut de la Tour. Mon premier amour a fait ses études à Franklin, le même lycée privé que son frère.
Vous allez me dire, et alors ?
Et alors, je me sens bien proche de cette grande dame toute desséchée de souffrance inouïe, poisseuse, inimaginable pour quelqu'un qui n'a pas perdu un Amour de sa vie.
Ce livre est un hurlement, un cri sans fin de douleur et de perte.
Elle aimait son frère comme une folle, ce petit frère qui s'est suicidé le 14 octobre 2015.
Un suicide, double peine comme elle dit.
Car il n'y a rien de plus violent qu'un suicide pour les proches.
J'aurai voulu tout citer dans ce livre magnifique, tout écrire, tout retranscrire, tout hurler tant sa prose est si belle, si juste.
Cat elle hurle sa souffrance, elle la porte comme un enfant mort-né, elle est admirable de courage et de désespoir.
Oui, j'ai dû la croiser au détour d'une rue, lui aussi, Alex, j'ai pu le connaître, tout le monde se connaît dans ce milieu dit "privilégié". Mais dans le deuil, dans la perte, il n'y a pas de privilégié, tout le monde souffre à la même enseigne.
J'ai pleuré, bien sûr, j'ai pleuré ce gâchis, cette maladie psychique, cet acharnement à mourir, cette certitude du suicide. J'ai pleuré la douleur de cette soeur orpheline.
Très touchée également par la crainte de l'auteure, ayant trois fils, qu'il y ait une sorte de malédiction qui toucherait tous les hommes de sa famille, se traduisant par un suicide.
Cela m'a fait penser à Charlotte Salomon dont toutes les femmes d'une même famille se sont défénestrées.
Et puis, à la fin, la fulgurance ; "Ta mort nous a rendu vivants".
Magistral je vous dis.


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Je ne connais l'auteur que de nom, n'ayant jamais vu l'une de ces chroniques mais j'entendais beaucoup de bien de ce livre et je l'ai trouvé dans une boite à livre, l'occasion s'est donc présenté à moi pour lire ce récit.

Olivia de Lambertie nous narre le récit de sa vie avec son frère de Paris à Montréal, la plume de l'auteur est très fluide et nous parle de l'ensemble de ce drame sans tomber dans le patos malgré la dureté des choses vécues. Nous découvrons aussi la famille d'Alex et d'Olivia et le spectre de cette maladie qui semble touché les hommes de la famille qui souffre tous de cette mélancolie.

Le récit est court cependant j'ai ressenti le besoin de faire une pause à la moitié du récit, tant certains événements narrés sont difficiles, l'ensemble des médecins qui ne parviennent pas à poser un diagnostique, les institutions ou sont placées Alex et ce frère semblant être composé d'ombre et de lumière.



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« Ce truc qui nous cloue, tu devrais l'écrire, raconte-le, toi, d'où on vient. Si tu le fais, quelque chose pourra changer. » Ce truc c'est la dysthymie, un trouble de l'humeur chronique qui sévit dans la famille d'Olivia de Lamberterie et dont a toujours souffert son frère Alex, devenu adulte.
Ce récit autobiographique est poignant à bien des égards. Subir et accepter le suicide d'un proche requiert une force considérable, et d'oser aborder la question lancinante de savoir si on peut ou si on doit intervenir avant l'irréparable, lorsque la décision de la personne souffrante est irrévocable, demande un certain courage. Comme un baume sur les blessures, l'écriture frontale et magnifique de l'auteure aide à encaisser le coup d'une lecture qui bouleverse nos certitudes. Un compte-rendu sensible d'une horrible année 2015, oscillant entre été et automne, jusqu'à l'hiver 2016 où l'on sent poindre malgré tout un peu d'espoir et la force de continuer à vivre.
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"Avec toutes mes sympathies", un livre qui n'aurait jamais dû exister car Alex n'aurait pas dû disparaître, pas à 45 ans nous dit Olivia de Lamberterie en parlant de son frère.

Un livre magnifique pour que la mort vive, qu'Alex soit toujours présent. C'est un très bel hommage à son frère, une déclaration d'amour pour ce frère qui à jamais fait partie de sa vie.

Olivia de Lamberterie est critique littéraire pour Télématin, le Masque et La Plume mais est également "rédacteur en chef" pour "Elle". Elle n'avait pas l'intention de franchir la ligne entre la critique et l'écriture car elle n'avait rien à dire.

Cependant son frère avant de partir lui a demandé d'écrire, et après sa mort, elle a retrouvé un message sur Facebook d'Alex lui demandant d'écrire son propre livre.

Ce livre, Olivia le portait en elle car elle voulait rendre à son frère, l'image de l'homme flamboyant qu'il était, sa joie, leur bonheur, lui pour qui "vivre l'a tué", celui qui a décidé le 14 octobre 2015 de franchir le parapet de sécurité du pont Jacques Cartier à Montréal.

Ce récit, c'est pour tromper la mort, garder la joie qu'elle l'a écrit. Elle nous fait découvrir sa vie, sa famille, son enfance. Une famille d'un certain milieu social où l'on exprimait peu ou pas ses sentiments, une certaine rigueur, une distance (le vouvoiement), pudeur et réserve étant de mise.

Elle nous fait découvrir cet amour inconditionnel, le lien très fort qui l'unit à jamais à son frère, cela même si des kilomètres les séparaient.

Elle nous pose question sur ce mal de vivre, sur le diagnostic assez tardif "dysthimie", nommé tardivement, mal soigné, sur les moyens inhumains des services psychiatriques qui abrutissent plutôt que de soigner.

Elle s'interroge sur l'aspect génétique de la question, leur famille étant lourdement touchée, mais tout ceci n'est jamais noir, jamais pathos. le ton peut être léger, l'humour étant bien présent provoquant le rire à certains passages.

L'auteure nous parle aussi beaucoup de l'amour des mots, des livres. Les références sont nombreuses et c'est un pur moment de bonheur de lire cette plume.

Pour son mari, ses enfants, sa famille elle crée de la gaieté dans son quotidien non pas pour "faire son deuil", expression horrible mais pour que la mort vive et que les liens soient toujours présents, faire vivre Alex à travers eux.

La tristesse, le manque, la perte, le mal de vivre sont abordés mais c'est lumineux. L'écriture est prenante, émouvante, élégante, emplie de pudeur et d'amour. La sincérité et l'honnêteté de cette plume vraie m'a beaucoup touchée.

Un très beau récit que je vous conseille vivement.

Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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