Même si certains passages étaient joliment écrits et poétiques, j'ai trouvé ce livre moralisateur et assez soporifique. Il contient moins d'une centaine de pages et j'ai quand même eu du mal à le finir. Dommage car les thèmes abordés sont intéressants.
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Un acte une fois posé ne se reprend pas. Ses orbes et ses ressacs se prolongent en des lointains inaccessibles. Nous créons du définitif et c'est ce prolongement dans l'éternité de nos moindres actions qui fait notre grandeur d'homme.
Je me suis promené à travers le monde comme dans un jardin clos de murs. J'ai mené l'aventure d'un bord à l'autre des cinq continents et j'ai réalisé les uns après les autres tous les rêves de mon enfance. Le parc de la vieille demeure périgourdine où je fis mes premiers pas s'est élargi aux limites de la terre et j'ai joué sur la mappemonde le beau jeu de ma vie. Pourtant les murs du jardin n'ont fait que reculer et je suis toujours en cage. Mais un jour viendra où je pourrai chanter mon chant d'amour et de joie. Toutes les barrières se briseront. Et je posséderai l'Infini.
A la pomme du grand mât sur un voilier, lorsque plus aucune terre n'est en vue, on possède pour soi seul le cercle d'horizon. On voudrait pourtant pouvoir repousser encore plus loin cette ligne, faire éclater cette limite, qui malgré tout nous emprisonne parce que nous sommes faits pour des lointains plus vastes que les étendues rabougries de nos horizons terrestres.
Il ne faut pas nous désoler d'être seulement ce que nous sommes. L'aventure la plus prodigieuse est notre propre vie et celle-là est à notre taille. Aventure brève : trente, cinquante, quatre-vingts ans peut-être qu'il faut franchir durement , gréé comme un voilier cinglant vers cette étoile au grand large qui est notre repaire unique et notre unique espérance. Qu'importent coups de chien, tempêtes ou clame plat, puisqu'il y a cette étoile. Sans elle, il n'y aurait plus qu'à cracher son âme et à se détruire de désespérance. Mais sa lumière et là et sa recherche et sa poursuite font d'une vie humaine une aventure plus merveilleuse que la conquête d'un monde ou la course d'une nébuleuse. Cette aventure-là ne dépasse pas notre carrure. Il nous suffit de marcher vers notre Dieu pour être à la taille de l'Infini, et cela légitime tous nos rêves.
Il nous faut réapprendre la flânerie. Non pas celle où l'on promène un cœur vide et une âme sans pensée. Mais la flanerie féconde qui est comme une retraite en soi-même. Au hasard de mille promenades solitaires, on découvre plus de trésors que n'en contiendront jamais tous les lagons secrets des îles de corail.
Guy de Larigaudie raconte son voyage.