Lev Yachine

Le parti pris de présenter l'histoire russe par le prisme du football m'intéressait.

Laurent Lasne nous parle de la politique de Staline, du pacte avec le diable, et d'autres choses encore plus pointues de l'histoire de la Russie tandis que Lev Yachine qui deviendra le goal connu du monde entier n'a pas encore joué au football.
Il pratique le hockey sur glace, sport dans lequel il obtiendra le premier titre de sa carrière.
Les deux sports se livraient alors concurrence ou plutôt se répartissaient les saisons de l'année : le hockey l'hiver, le foot les autres mois.

Il faudra attendre 268 pages pour voir Lev jouer un premier match de football important et être recruté.
”L'araignée noire” modifia le rôle du gardien sur sa ligne en sortant de sa cage pour évoluer dans le champ.

Même s'il arrêta 150 pénalties, je n'ai pas eu mon comptant (content) de foot, ni de compréhension du régime soviétique par le biais du foot.

L'Euro vient de rendre à Lev un hommage indirect, tant les gardiens de but furent les véritables héros des épreuves de tirs au but.

Si Yachine avait été le sujet principal, le thème aurait été plus universel que cette tranche pointue de l'histoire de la Russie qui n'intéressera que les exégètes qui savent bien sûr que : “la télévision a sa voix, celle de Nicolaï Ozerov. Fils d'un chanteur d'opéra, acteur et joueur de tennis, il a succédé au célèbre Vadim Siniavski dans l'art du commentaire sportif, il est devenu aussi célèbre que les joueurs eux-mêmes”. Désolé, mais je laisse cette information dans l'enceinte de son pays d'origine.

Finalement, plutôt que Lev Yachine, un roman soviétique, le titre aurait dû être plutôt un roman soviétique, Lev Yachine.

Livre très intéressant sur le destin de l'un des plus grands gardiens de l'histoire du football international à travers l'histoire de l'URSS dans la première moitié du xxeme siècle.
LEV YACHINE un nom qui revient invariablement dans toutes les équipes types ou palmarès individuels du foot du siècle dernier,mais un joueur dont on ne maîtrise pas forcément et nécessairement tous les détails de carrière et d'existence.
Le foot russe dil y a soixante ans ce n'est pas le genre de sujet qui engendre des nuées de livres et d'ecrits par chez nous.
Ce livre ne raconte pas que la vie et la carrière de celui que l'on surnommera l'araignée noire c'est "UN ROMAN SOVIÉTIQUE" en cela il s'évertue avant tout à nous rappeler ou dépeindre le cadre politique, idéologique societal et sportif de l'URSS depuis la révolution bolchevique de 1917 jusque dans les années 60,l'exercice du pouvoir et à travers lui les conditions de vie du peuple soviétique, ses souffrances, ses désespérances.
Vivre en urss durant cette période n'avait rien de la partie de plaisir, Staline le bourreau y faisait régner le despotisme, la terreur et la misère.
Y faire carrière comme footballeur pas forcément un destin tout tracé pour un enfant d'une Russie bolchevique dans laquelle ce sport était de surcroît considéré comme un exercice bourgeois.
Rien non vraiment rien ne semblait pouvoir amener le petit Lev à une vie et une destinée aussi unique et fantastique.
La vie comme une sombre lame de fond n'aura de cesse de venir cingler cette destinée, du décès très tôt de sa mère au cancer de l'estomac qui l'emportera un jour de 1990 à soixante ans à peine quelques années après une gangrène de la jambe, en passant par l'invasion allemande de 1940,les privations, le travail à l'usine dès l'âge de dix ans et les nombreuses mises à l'écart et remises en cause sportives Yachine s'accrochera à la vie comme ses gants de gardien fermement à l'insolente balle de cuir.
À travers ce chemin de vie ici brillamment romancé aux allures souvent de tourbillon et de chemin de croix on replonge dans des décennies de communisme, d'exercices totalitaires du pouvoir, de doctrines, dexactions, de misère, de souffrances mais aussi d'exploits sportifs pour un gardien incroyable premier ballon d'or à son poste.
Car Yachine ne trouvera le salut et une porte de sortie inespérée à la monotonie ambiante qu'en endossant via l'armée le costume de gardien de but d'un Dynamo de Moscou auquel il restera fidèle toute sa vie.
Un soubresaut soudain de la vie qui changera tout et qui changera surtout le football et la réalité du poste de gardien.
Car si Yachine a marqué les mémoires et son sport c'est par sa vision novatrice, révolutionnaire du rôle de portier,sa "libéralisation" opportune à une époque où la vieille Russie de plus en plus à l'étroit dans son carcan idéologique aspirait de plus en plus à trouver un atmosphère de vie plus juste et respirable.
Devenu, au grand dam des dirigeants soviétiques, un spectacle à part entière le football engendrera bientôt ses premières idoles, Yachine fût depuis sa Russie lointaine l'un de ses premiers enfants chéris au sein d'une génération d'étoiles nommées Pele, Puskas, Charlton, Kopa, Garrincha...
Il s'offrira une carrière et un palmarès massif à l'image d'un physique et d'une amplitude de jeu hors norme.
Une étoile aux pieds pourtant solidement cimentes dans une terre de Russie à laquelle Yachine restera viscéralement attaché.
Enfant du peuple, homme sincère , juste et discret qui refusera toujours les appels... du pied du parti communiste, gardien d'exception LEV YACHINE aurait certainement rougi et maugree à l'idée de voir publié ce genre de roman épique et fort dédié à juste titre à un être exceptionnel.

Dans « Lev Yachine, un roman soviétique », essai mélé à une part de fiction, Laurent Lasne mêle l'histoire de l'URSS, du football soviétique et du légendaire gardien de but le seul gardien de l'histoire à avoir remporté le Ballon d'Or,

Laurent Lasne nous replonge dans l'histoire de l'URSS pour expliquer comment son plus grand sportif s'est construit un destin.

Dans ce texte, le football sert de métaphore pour raconter la Russie sous toutes ses coutures et ses paradoxes

À une époque où l'appareil du Parti communiste était pétrifié par l'idéologie, ce natif de Moscou, qui demeure révolutionna le jeu à son poste et s'est élevé au rang de légende.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Avec Lev Yachine, Laurent Lasne nous propose un livre au croisement de plusieurs genres : la biographie, l'essai et le roman. La vie du célèbre gardien de but, seul Ballon d'or à son poste, sert de fil rouge pour raconter l'Histoire de la vie en URSS et notamment celle, peu connue, de l'humble peuple russe durant cette période. Il y a aussi l'Histoire du football en Russie qui, comme de nombreux autres sports, sera un moyen utilisé par le régime soviétique pour affirmer la supériorité du système socialiste face aux modèles bourgeois de développement.
La vie de Lev Yachine est intéressante à plusieurs égards. Tout d'abord, fils d'un ouvrier spécialisé, il sera envoyé avec sa famille à l'arrière du front pour travailler dans une usine délocalisée afin d'alimenter en matériel les soldats de la Grande Guerre Patriotique. Ensuite, Lev Yachine est un révolutionnaire du football. Il contribuera fortement à moderniser le rôle du gardien de but ce qui, comme tout révolutionnaire, lui vaudra d'essuyer des plâtres. Enfin, Lev Yachine est une des incarnations de cette âme russe qui s'est construite au fil des siècles avec la confrontation à l'immensité des espaces naturels, l'endurance d'une vie dure et cruelle, la mystique orthodoxe,...

Si vous aimez L Histoire, la Russie et le Football, ce livre vous plaira énormément. Sans être exhaustif, ils vous donne des pistes à explorer pour approfondir certains des thèmes abordés.

Légende du football, seul gardien de but détenteur du Ballon d'or (sorte de prix Nobel du ballon rond), Lev Yachine (1929-1990) a surtout été le premier à repenser la fonction de gardien de but. C'est un moderne qui a ouvert une brèche qui eut de nombreux héritiers.
Et pourtant... le beau livre de Laurent Lasne ( à la fois biographie, essai et roman) n'est pas un ouvrage sur le foot, comme quoi les apparences sont trompeuses! A travers son héros légendaire, l'auteur nous embarque dans les quartiers de Moscou, nous immerge dans la société soviétique abrutie par la propagande du pouvoir et son "réalisme socialiste". Par une habile construction narrative qui tient du palimpseste, il superpose la vie des milieux ouvriers dont est issu Yachine à la grande histoire communiste russe répressive à l'ordinaire, légendaire dans son combat contre l'Allemagne, ce que saura reconnaître ce cher Wilson...
Ce livre, magnifique chanson de geste qui nous raconte ce pays de "l'illimité" (Kessel), nous fait mieux appréhender l'âme russe et nous donne à voir comment Yachine, plus tolstoïen que communiste, a bâti sa légende contre les vents contraires.