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Chris Brunner (Illustrateur)
EAN : 9781534302150
128 pages
Image Comics (11/07/2018)
4.5/5   1 notes
Résumé :
No one seemed to notice Sonny Gibson as he stepped back into “The Hideaway,” a dusty little honky-tonk nestled off the Carolina highway. But before the night was over, Sonny would be on the run—from the law, from the criminals, even from himself. LOOSE ENDS is a gritty, slow-cooked, Southern crime romance that follows a winding trail down Tobacco Road, through the war-torn streets of Baghdad, and into the bright lights and bloody gutters of South Florida. From JASON... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017, écrits par Jason Latour, dessinés et encrés par Chris Brunner, avec une mise en couleurs de Rico Renzi. Il comprend également une postface rédigée par Latour dans un style très direct et tranché, ainsi que les 4 couvertures originales et les 3 couvertures variantes, et 6 pages d'études graphiques et chromatiques.

Sonny Gibson sort de l'autoroute pour s'arrêter dans un restoroute appelé Bobby's Hideaway, quelque part à la frontière entre la Caroline du Nord et la Caroline du Sud. Sur le siège passager, il y a une carte routière, des lunettes de soleil un flingue, des clopes et un CD, et par terre de nombreuses canettes de soda, ainsi que des gobelets vides aussi. Il vérifie où il se trouve sur la carte et va répondre au téléphone de la cabine qui est en train de sonner. Il rassure son interlocuteur sur sa progression, tout en lui indiquant qu'il a une affaire personnelle à régler. Cheri Sanchez, la serveuse, sort du diner et se rend à la fenêtre de sa voiture pour savoir s'il veut quelque chose. Il lui demande une bière et si Kim Dunn travaille ce soir. Elle répond par l'affirmative et va chercher sa bière. Il y a quelques jours, Rej était passé voir Sonny Gibson dans sa caravane pour lui dire que quelqu'un souhaitait louer ses services pour emmener de la dope jusqu'en Floride.

À l'intérieur du diner Tucker est en train d'harceler Kim, et Cheri le remet à sa place avec un avertissement bien senti. Rex Fisher (un grand blond baraqué) est en train de papoter avec Kim Dunn. Cette dernière souhaite savoir avec qui Cheri était en train de parler à l'extérieur. Kim a décidé d'apporter les bières au mystérieux conducteur et elle découvre qu'il s'agit de son ex-mari. À l'intérieur du diner, Tucker est en train de tourner en dérision les différents habitués et employés, en les traitant de gens à problème, tout juste bon pour le pire de la téléréalité. À l'extérieur, Sonny Gibson remet une grosse liasse de billets à Kim, comme preuve de son sérieux, et pour l'éducation de leur fille. Elle lui envoie un coup de poing dans le visage. À l'intérieur, Tucker et Rex Fisher ont décidé de faire sa fête à Cheri Sanchez, dans les toilettes, pour l'avoir ouverte une fois de trop.

La couverture tape dans l'oeil du lecteur avec sa mise en couleurs non conventionnelle, et sa composition étrange, avec une jeune femme callipyge, laissant choir un revolver, une grosse limousine, un impact de balle, un jeune homme noir. S'il a de la mémoire, le lecteur se souvient qu'il a déjà rencontré le duo Latour & Brunner, dans la série Southern Bastards, plus précisément dans l'épisode 12 (compris dans Southern Bastards Volume 3: Homecoming), et dans l'épisode 18 (compris dans Southern Bastards Volume 4: Gut Check), également en tant que scénariste & dessinateur. Il est donc a priori intrigué par une histoire réalisée par ce duo qui a réussi 2 épisodes de la série, aussi bon que ceux écrits par Jason Aaron. Dans la postface, Latour explique qu'il a porté cette histoire pendant 10 ans, d'abord en l'imaginant puis en la construisant patiemment et en trouvant enfin le dessinateur capable d'y faire honneur. Effectivement, le lecteur se rend vite compte que le scénariste raconte une histoire qui lui tient à coeur, avec une construction narrative sophistiquée, et une évocation du Sud aussi particulière que personnelle.

L'histoire se déroule dans l'Amérique des perdants. Tucker évoque l'émission de télévision de Maury Povich, transformant le malheur des individus sur le plateau, en un spectacle voyeuriste, avec une dose écoeurante de mauvaise foi et de sympathie factice et intéressée, pire que Jerry Springer, pourtant une référence en la matière. le lecteur peut donc trouver des situations personnelles pathétiques, telles que la femme abandonnée avec sa fille par un père irresponsable et délinquant, la serveuse de diner habillée comme une professionnelle et sexuellement harcelée et agressée, les vétérans de la guerre d'Afghanistan qui étaient des petits criminels dans leur quartier et qui ont vu dans leur service de militaire l'occasion de passer au trafic de drogue, les flics ripoux, les individus qui ne savent passer du bon temps qu'en se défonçant à l'alcool ou à la drogue, etc. Il ne faut pas oublier, bien sûr, la possession et l'usage d'armes à feu, ainsi que des conflits réglés à coups de poing.

Pour plonger le lecteur dans cette ambiance, il fallait un parti pris artistique qui rende compte de ces chemins de vie chaotique et brutaux. le lecteur constate rapidement que Chris Brunner et Rico Renzi savent faire en sorte que les différentes époques et lieux ressortent les uns par rapport aux autres. La première scène du passé se déroule quelques jours avant le temps présent et baigne dans une couleur bleu-gris, avec une sorte de trame mécanographiée en surimpression. La seconde se déroule en Floride et baigne dans une teinte brune avec également l'effet de trame mécanographiée. Brunner & Renzi utilisent également des procédés pour tirer certaines séquences vers l'impressionnisme. Cela commence avec la première fusillade où les effets sonores occupent tout l'arrière-plan et la couleur rouge s'impose dans toutes les cases, en différentes nuances. Cela continue avec Cheri et Sonny complètement défoncés, avec l'arrière-plan qui montre comment leur perception déforme la réalité en amalgamant plusieurs éléments, en parant la réalité de couleurs pop ou psychédéliques. Lors du règlement de compte dans le dernier épisode, Rico Renzi change de palette de couleurs en fonction des personnages pour faire comprendre qu'il s'agit de la perception de l'un ou de l'autre. Ces outils graphiques font comprendre au lecteur l'altération d'état d'un personnage ou d'un autre, en reflétant la manière dont leurs sens sont perturbés. le lecteur ressent ainsi l'impression qu'ils éprouvent face à leur environnement.

Chris Brunner joue également sur le découpage des pages pour rendre compte des particularités de la perception d'un personnage face à une situation à risque ou violente. Ainsi lors de la tentative de viol dans les toilettes, il utilise un découpage en 5 bandes de 3 cases, pour rendre compte de la simultanéité des actions, de la perception fragmentée de l'individu qui fait irruption, de la réaction émotionnelle viscérale de la victime et des agresseurs. Il représente les personnages avec un trait un peu lâche et un peu gras, comme s'ils n'étaient pas maîtres de leur mouvement, comme s'il y avait une forme de laisser-aller dans leur comportement, une forme de négligence, d'insouciance et d'irresponsabilité. Si la séquence le justifie, il exagère l'expression d'un visage pour montrer l'absence d'inhibition provoquée par l'usage de produits stupéfiants, ou une réaction émotionnelle crue et directe, sans les filtres mis en place par un individu adulte. Dans les situations chargées en émotion ou en violence, le lecteur contemple donc des individus qui se lâchent, une humanité crue et sans fard, pas toujours agréable à regarder, qui le renvoie à sa propre vulgarité, à ses fonctions corporelles pas toujours maîtrisables. Sous des dehors de dessins un peu bruts, avec des traits de contour qui n'ont pas été peaufinés, les cases de Chris Brunner présentent en fait un bon niveau descriptif, avec des détails précis et concrets. le lecteur peut aussi bien se projeter dans ce diner sans personnalité, que dans la voiture jonchée de déchets de Sonny Gibson, ou s'asseoir à une table dans un établissement avec danseuses nues, s'éclater sur une piste de danse à Miami, patrouiller les rues de Kaboul, ou encore essayer de se cacher dans parties communes d'un motel.

Grâce à Chris Brunner & Rico Renzo, cette histoire constitue une expérience de lecture intense sur le plan visuel. Jason Latour raconte donc une histoire mettant en scène une demi-douzaine de personnages ayant des liens entre eux, et ballotés par leurs émotions et leur participation dans un trafic de drogue. Lui aussi chahute un peu le lecteur en utilisant une savante recomposition chronologique qui revient de temps à autre en arrière pour dévoiler un lien entre 2 personnages à l'occasion d'une mission ou d'un crime passé. Pour pouvoir apprécier le récit, le lecteur doit donc se prêter au jeu de réordonner les pièces du puzzle. Cela ne s'avère pas trop fastidieux parce que le récit ne comprend que 4 épisodes. Il observe alors les faits et gestes d'individus dont le comportement est entièrement dicté par leur milieu socioculturel, sans espoir de pouvoir s'en extraire. Il utilise les conventions du genre pour rendre son récit divertissant, telles que la violence, es armes à feu, la défonce. le lecteur voit les personnages effectuer les mauvais choix, devenir la victime d'un coup foireux ou d'une balle perdue. Latour maîtrise les codes du polar urbain en mode petites frappes et paumés malchanceux, jusqu'à une résolution en bonne et due forme. le lecteur apprécie mieux ce récit s'il est capable de s'amuser devant des comportements nihilistes d'individus pas très futés tout en prenant un peu de recul pour y voir un commentaire sur une société dégénérée, engendrant des individus toxiques pour elle.

Jason Latour tient les promesses de la postface, avec un polar glauque et halluciné, raconté d'une manière personnelle. Il a su trouver les bons collaborateurs qui donnent à voir le monde tel que le perçoivent les personnages. Entre 4 et 5 étoiles en fonction du goût du lecteur pour une narration un peu aventureuse, et pour les petits criminels paumés.
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Vidéo de Jason Latour
LA NOUVELLE TUERIE DE JASON AARON & JASON LATOUR
http://www.urban-comics.com/southern-bastards-tome-1/
De retour à Craw County, Earl Tubb n?a qu?une chose en tête : vider la maison du vieil oncle Buhl et repartir au plus vite de cette petite ville d?Alabama qu?il a quittée voilà 40 ans. Il suffira d?une altercation avec quelques locaux au diner du coin pour transformer ce séjour en descente aux enfers. Un enfer taillé sur mesure par Euless Boss, coach de l?équipe de football local et ennemi juré de feu le shérif Tubb, paternel d?Earl.
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