La voie de l'invocation, parfois désignée comme prière jaculatoire ou voie du Nom -nâmma-japa ou japa-yoga en Inde- peut se définir comme l'invocation méthodique, confiante, et virtuellement- ou effectivement- permanente d'un Nom divin ou d'une formule sacrée. Les modalités de la pratique varient grandement, allant du chant à haute voix à la concentration silencieuse dans le coeur. Cette voie est pratiquée et vécue dans le contexte d'une tradition religieuse- avec ses diverses exigences rituelles, morales, et légales- dont elle constitue la perfection, au moins quand à sa fin ultime, à savoir, en tant que parfaite conformité et union avec le Divin. Dans le cadre de cette tradition, la pratique méthodique de l'invocation exige normalement une autorisation sous la forme d'une initiation à une règle spirituelle ou à un ordre contemplatif sous la direction d'un guide spirituel. Comme dans le cas d'un engagement monastique, elle peut également prendre la forme d'un voeu.
Devant le mystère de l'Absolu l'homme ne peut être qu'un "mendiant". Mais le mystère le plus profond de la prière se situe au-delà de toute demande particulière. Il réside dans l'amour, ou dans le désir irrépressible d'être un avec l'Aimé, et -dépassant même ce niveau-, il se rapporte à un besoin de Réalité et de Connaissance de Soi. La véritable finalité de la prière n'est pas l'exaucement d'une demande -ce qui a conduit certains auteurs mystiques comme Simone Weil à rejeter celle-ci, sans aucun doute de façon hyperbolique, parce qu'incompatible avec le "pur amour"- mais la réalisation d'une modification intérieure au contact du pouvoir transformant du Divin. C'est dans ce contexte que la voie de l'invocation apparaît comme l'essence et la perfection de toutes les prières, et comme l'action la plus puissamment transformatrice de toutes.
Que la prière soit considérée comme un mode de connaissance peut sans doute surprendre ceux qui ont été conditionnés à limiter la connaissance à sa dimension mentale, ignorant ainsi le fait que la connaissance la plus profonde et la plus vraie réside dans le coeur, le véritable centre spirituel de l'être humain.
Il est largement admis dans tous les domaines religieux que rien n'est plus important que la prière, dès lors qu'elle implique une relation directe entre le Divin et l'humain. Rien ne peut être plus nécessaire spirituellement que la prière, car, parmi toutes les actions possibles, aucune n'établit une communication aussi directe avec le Grand Mystère. (...)