Interloqué tout d'abord par l'objet même du livre, j'ai été plutôt séduit par l'approche de l'auteur, mêlant approche théorique, conseils, et illustrations de situations. Et même si je n'ai pas forcément été convaincu par tous les arguments présentés dans l'oeuvre, le tout se tient, l'auteur nous entraine d'une manière cohérente dans son rapprochement entre la façon de vivre sa foi et l'art oratoire.
Parmi les arguments que je partage il y a tout d'abord la rencontre et le don de soi. La prise de parole c'est accepter d'aller à la rencontre de l'autre pour partager un moment, des idées, du temps. Et la rencontre est au coeur de la foi chrétienne, tout comme l'empathie. La prise de parole demande aussi de donner de sa personne, on s'ouvre à l'autre comme on se met à nu, sans artifice. Là encore on peut le vivre comme un geste d'amour envers l'autre, de partage, tel que le prônent les Evangiles.
La prise de parole est un art, vocal, mais il ne s'agit pas de faire du bruit pour se faire entendre, c'est plus subtil. le silence apporte une force car il en impose, pas son absence de bruit, et il permet à chacun, locuteur et interlocuteur, de se recentrer sur le présent, se concentrer sur sa présence en un lieu, un temps donné. La prière, dans la foi chrétienne, se fait en silence, en partie pour les même raisons qu'au-dessus.
Un des rapprochements que j'ai le plus apprécié c'est le lien entre la rhétorique et la façon dont on vit sa foi. A travers le Logos (la parole, le verbe > les Evangiles dans la foi chrétienne) on touche à la raison, à la logique de l'interlocuteur, au fond du message à faire passer. A travers le Pathos (l'empathie, les sentiments > le message d'amour de la foi chrétienne) on touche à l'émotion et aux convictions. A travers l'Ethos (la confiance, la morale > les valeurs de la foi chrétienne) on touche au désir, c'est aussi ce qu'on ressent dans ses « tripes ».
Tout comme la foi peut se vivre à travers ces différents prismes, à des degrés différents pour chacun, la prise de parole ayant pour but de convaincre, de persuader, use de la rhétorique pour atteindre son but.
J'apporterai un bémol à cette critique. Parfois on a l'impression que l'auteur fait davantage l'apologie de la qualité d'orateur de Jésus, (le christ personnifié donc, selon la religion chrétienne), plus que chercher à rapprocher l'art oratoire et la place de la prise de parole dans la religion chrétienne. de ce qu'on sait de Jésus, en tous cas de ce qu'en raconte les Evangiles et les autres textes sur l'histoire de la religion chrétienne, on peut aisément imaginer effectivement que cet homme a su user de l'art oratoire pour persuader un très grand nombre d'autres hommes. On pourrait dire que c'est un fait … mais j'ai l'impression qu'en allant sur ce chemin, on s'écarte de l'objet initial de l'oeuvre…
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Tous mes remerciements à Babelio et à Masse Critique pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
Prendre la parole n'est pas toujours une tache facile, tantôt l'on peut souffrir de timidité, tantôt l'on manque de confiance en soi... le résultat est le même : dès que l'on doit prendre la parole, on ne sait pas comment s'y prendre.
L'auteur ici nous apporte une vision et une méthode chrétiennes pour nous aider dans la prise de parole, nous apportant des exemples concrets (le Christ Verbe fait chair, et aussi l'expérience personnel d'orateur de l'auteur).
L'approche très religieuse de la prise de parole pourrait en dérouter plus d'un, mais cette approche est applicable par tous, du moment que l'on est ouvert d'esprit et qu'on oublie certains "préchi-précha" trop "catholiques" à mon goût.
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Cultiver la délicatesse à l'encontre de ceux avec qui l'on n'est pas d'accord ne doit pas pour autant empêcher de parler avec autorité et fermeté. Il faut en fait être convaincu qu'aborder la partie sur la réfutation est une marque de respect envers l'adversaire : tenir compte de ses arguments et de ses objections signifie que l'on reconnaît son existence et son droit à avoir une opinion divergente. Par la réfutation, on permet à son adversaire d'exister en tant que personne humaine et on le reconnaît en tant que tel. (p. 69)
Le silence n'est pas une absence. Au contraire, il est la manifestation d'une présence, la plus intense des présences ; [faire silence] c'est avoir une attitude mentale et physique d'ouverture, d'empathie, recevoir tout ce qui se dit.
Ecouter, comprendre et entendre : tout un programme qui évoque bien le travail spirituel du chrétien. Ecouter, se mettre en état d'accueillir le message, créer de l'espace en soi. Comprendre, mettre en route son intelligence, celle de sa tête et celle du coeur. Entendre, accepter que ce message entre en soi et transforme le coeur.
Prendre Jésus comme modèle d'orateur, c'est s'attacher à sa personne. Il ne s'agit pas de mettre en avant une imitation pointilleuse du Christ [...] mais de rechercher une conformation originale et personnelle à l'attitude, à l'état d'esprit, à l'appréhension de la prise de parole par Jésus enseignant, prêcheur.
Se lancer avec confiance, c'est aussi accepter la part d'imprévu, accueillir ce qui est authentiquement inscrit dans la spécificité de l'instant : cela incite à être prêt à improviser. (p. 44)
Apprendre aux chrétiens à parler en public.