AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782709670845
304 pages
J.-C. Lattès (10/01/2024)
4.29/5   17 notes
Résumé :
Une enquête sur la naissance du mythe de l'amour romantique et sur l'injonction sociale à vivre en couple. La journaliste a rencontré des personnes qui sont sorties de ce moule et raconte leur vie, leurs bonheurs mais aussi leurs difficultés. Elle démontre que l'obsession pour le couple amoureux est une décision politique et invite à imaginer d'autres manières de faire famille ou société.
Que lire après Post-romantiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un grand oui pour cet ouvrage qui décortique l'amour dit “romantique” et explore les autres formes d'amour qui s'offrent à ceux qui construisent (de manière choisie ou non) leur vie en dehors du couple.
Aline Laurent Mayard se définit comme aromantique et asexuelle, elle raconte comment, après avoir attendu de ressentir l'émoi et d'enfin se “mettre en couple”, elle a découvert que ce modèle n'était pas fait pour elle. Elle tente alors, en questionnant son entourage et en lisant sur le sujet, d'apporter une définition précise de ce “sentiment amoureux” qu'elle n'a jamais ressenti. Sa réponse large et nuancée s'intéresse aux dynamiques sociétales et de construction sociale qui sont indissociables de la vision actuelle du couple.
Dans un chapitre qui peut être confrontant, elle fait le constat que le couple moderne hétérosexuels repose sur des fondations inégalitaires et sexistes.

Mais la question principale de cet ouvrage est de savoir s'il est possible, dans une société biberonnée à la romance, de concevoir son existence en dehors du couple romantique ? L'autrice va alors développer d'autres possibilités : l'amitié, la famille (biologique ou choisie), ou encore la coparentalité.
Pour tous ces sujets elle va définir leur évolution au fil de l'histoire, et au travers d'exemples personnels ou de témoignages décrire les obstacles et les avantages de ces manières d'aimer et de s'épanouir.

Le dernier chapitre (assez succinct) va aborder un sujet qui me tient particulièrement à coeur, celui de l'amour de soi et de la nécessité d'apprendre à apprécier sa propre compagnie. L'autrice cite alors la phrase si juste de bell hooks “lorsqu'on apprécie sa solitude on apprécie la compagnie des autres sans les utiliser pour s'échapper à soi-même ”A mon sens, le couple sert trop souvent de fuite à des gens apeurés par la solitude.

Enfin la conclusion donne tout son sens au sous-titre du livre. C'est une ouverture à tous les possibles qui donne chaud au coeur et foi en un monde où l'amour existe en dehors d'un modèle unique. N'a-t-on pas tout intérêt à explorer d'autres options de vie? Parfois plus riches de relations et encore plus remplies d'amour.

L'essai est très bien documenté (comme souvent quand il s'agit d'essais féministes ou LGBTQ+ ,si sujets aux critiques. Contraints à un à un argumentaire soigné et parfaitement sourcé. Mais ceci est un autre sujet …)
Commenter  J’apprécie          50
Le point de départ, c'est que l'amour au sens de l'amour romantique, celui qui fonde le couple, le plus souvent selon les normes et les représentations hétéro cisgenre et exclusif, sacralisé par l'institution du mariage, n'est pas un donné immuable et universel, mais une construction sociale relativement récente, datant du XIXe siècle. Bien sûr, les gens n'ont pas attendu cette époque pour tomber amoureux, éprouver des sentiments ou se marier. Simplement, le courant culturel romantique s'est mis à exalter le type de sentiments qui pouvait unir un homme et une femme et les pousser à contractualiser un engagement à long terme, qui ne soit plus perçu comme un mariage de raison ou arrangé. le romantisme, comme l'explique l'autrice, est devenu la pierre angulaire de la construction d'une famille nucléaire très largement valorisée par le système capitaliste, s'appuyant sur le concept d'amatonormativité (que l'on doit à la chercheuse étasunienne Elizabeth Brake). C'est-à-dire l'idée qu'il est souhaitable de vivre une relation exclusive d'amour romantique, et que celle-ci doit être recherchée comme finalité.

Forcément, en tant que personne aromantique et asexuelle, l'autrice s'est retrouvée elle-même hors de la norme sans l'avoir choisi. La conscience apparue progressivement de sa singularité a été le vecteur d'une réflexion plus large sur la place de l'amour romantique dans nos sociétés et sur les autres façons dont il est possible de nouer des liens et de mener sa vie. Ainsi, le texte met très largement en avant d'autres types de relations humaines que le couple romantique, à commencer par la famille, nucléaire ou élargie. Puis l'amitié, qu'elle soit conçue comme un large cercle ou une toile d'araignée de relations ou comme un partenariat de vie platonique pouvant aller jusqu'à la coparentalité. Dans sa volonté de donner plus de place à d'autres types de relations, l'essai se retrouve proche de celui d'Alice Raybaud, Nos puissantes amitiés, allant même jusqu'à reprendre un exemple identique, celui d'un binôme d'amies ayant choisi de cohabiter et se pacser. Les deux textes ont en commun de s'appuyer sur des témoignages de personnes ayant trouvé des modes de vie perçus comme alternatifs, de largement évoquer la communauté queer comme précurseure dans ce domaine et d'envisager les possibilités matérielles favorables à une plus grande place des relations amicales, notamment autour de la question de l'habitat partagé. Davantage qu'Alice Raybaud, Aline Laurent-Mayard s'appuie sur sa propre expérience et le texte fait des allers-retours réguliers entre des situations qu'elle a vécues, des réflexions intimes, le récit de ses relations avec ses proches mais aussi d'autres témoignages et de nombreuses références littéraires et culturelles, dont évidemment l'incontournable bell hooks, dont « l'éthique de l'amour » nourrit largement le texte.

En dépit d'un côté très vivant dans le style, d'un certain humour et d'un sens de la formule (on retiendra notamment l'expression « amicaliser l'amour », employée dans le cadre d'un passage intéressant sur le polyamour), cette lecture pèche un peu dans le fait que les pistes de réflexion soient reléguées à une courte partie à la fin alors qu'elles auraient pu être davantage creusées pour faire du texte un essai plus engagé et politique, mais aussi par un souci de travail éditorial qui a malheureusement laissé d'importantes coquilles dans le texte (il est difficilement pardonnable de citer le Barbie de Greta Gerwig en écorchant régulièrement le nom de la cinéaste). Dommage car l'essai s'inscrit dans la toute récente collection « Nouveaux Jours » de sa maison d'édition, une initiative prometteuse.
Lien : https://lilylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          00
Lu dans le cadre de Masse Critique

J'attendais impatiemment cet essai d'Aline Laurent-Mayard, que je « suis » depuis un moment (même si, oups, son livre sur la masculinité m'attend encore sur une étagère) et dont j'ai écouté tous les podcasts sur le genre, l'asexualité, la parentalité ou la PMA…

Concernant la thématique de sa dernière publication, je savais que cela me parlerait et que j'aurais des choses à dire. Je n'ai pas été déçue ! En tant que mère célibataire en garde alternée, je me pose beaucoup la question du célibat (choisi ou non), mais aussi des autres liens que l'on néglige parfois dans notre quête de l'amour romantique. Comme l'autrice, je me prends parfois à rêver d'un habitat collectif avec d'autres mamans dans mon cas, de soutien, de sororité… et ce n'est pas impossible !

Histoire du sentiment romantique, témoignages, pistes concrètes pour mettre l'amitié au centre de sa vie, prise en compte du vécu LGBTQIA+ : les chapitres sont variés et j'ai en grande majorité aimé ce livre. J'ai malheureusement été assez énervée par un passage qui met en doute certaines relations, comme par exemple Rosa Bonheur et Anna Klumpke : si je comprends le but de l'autrice, qui souhaite appuyer son propos sur les amitiés « fusionnelles » ou « ferventes », elle utilise au final les mêmes arguments que les personnes hétéros qui souhaitent invisibiliser les relations homosexuelles. C'est le fameux cliché des « gal pal », c'est-à-dire des femmes en couple qui sont vues comme de « bonnes amies ».

Quant à l'éditeur, si je salue le fait de publier sur ce sujet, je ne peux que lui conseiller d'augmenter son budget « relecture et correction », car j'ai été gênée par plusieurs coquilles, fautes ou encore notes de bas de page en double.

Malgré tout, il est important que ce genre d'ouvrage existe et je suis ravie d'avoir pu m'y plonger !
Commenter  J’apprécie          00
Après des années à lutter pour suivre le schéma évident, celui de tomber enfin amoureuse, sans succès, Aline Laurent-Mayard découvre qu'elle est aromantique et asexuelle, et comme bien souvent quand on se comprend un peu mieux soi-même, on se sent plus libre. Mais la société et ses limites ne disparaissent malheureusement pas en même temps qu'on tente de s'en affranchir.

Elle a des ami.es, une soeur qu'elle adore, elle veut être mère mais elle se rend compte qu'en dehors du couple, faire valoir socialement, juridiquement toutes ces grandes, belles et fortes relations est très difficile. Alors dans cet essai, elle s'intéresse à notre obsession pour la romance, comment toutes les personnes célibataires, par choix ou non, sont de fait souvent invisibilisées, moquées, prises en pitié, a fortiori quand ce sont des femmes. Et comment certaines personnes veulent réinventer leurs familles, leurs amitiés, en dehors du couple traditionnel.

Moi qui suis une incorrigible romantique, j'ai été frappée par la sincérité de ce texte, par l'aveu des échecs, des difficultés qu'on a à conserver nos amitiés à l'âge adulte quand les cocons des couples, des familles nous absorbent complètement, mais par l'envie d'y arriver, des faire société ensemble et de ne laisser personne sur le côté. Que le désir d'enfant ne soit pas forcément corrélé à la vie de couple.

C'est passionnant et plein de témoignages inspirants, merci encore à Babelio et à l'éditeur pour cette lecture !
Commenter  J’apprécie          00
Etude très instructive et très inspirante. J'ai particulièrement aimé la recherche sur l'évolution du terme de la romance, du couple, de l'amitié etc.

Ce que j'en retiens ? Que le monde se porterait tellement mieux si chacun était libre de construire sa vie comme il l'entend. On remarque grâce à ce livre qu'il y a des injonctions partout dont la plupart sont tellement encrées en nous qu'on ne se rend pas compte de la souffrance que ça nous procure.

Je recommande pour sa nature formatrice.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
MadmoizellePresse
19 janvier 2024
Dans ce nouvel essai, la journaliste Aline Laurent-Mayard déconstruit les origines de l’amour romantique et propose de nouvelles pistes pour s’aimer et faire foyer autrement.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En fait, si nous sommes si nombreux·ses à nous mettre en couple, c’est en partie parce que nous le voulons. Et si nous le voulons, c’est que tout nous y pousse. Les paroles de chansons, les films et séries, les commentaires de nos ami·es, les blagues de notre oncle, les questions insistantes de nos grands-mères, les textes de loi, le marché immobilier, l’industrie du mariage, les applis de rencontres… Le couple est omniprésent. Pas n’importe lequel, évidemment : le couple amoureux et monogame, qui emménage ensemble après un ou deux ans de relation et élève deux marmots jusqu’à ce que la mort les sépare. Un couple qui s’aime inconditionnellement et accepte de souffrir pour se maintenir.
Commenter  J’apprécie          40
En questionnant le modèle du couple moderne, nous sommes en train de clore une parenthèse, une anomalie à l'échelle de l'histoire de l'humanité. Nous sommes en train de tourner le dos à l'isolement de la famille nucléaire et de chercher à nouveau un esprit de collectivité. Il n'est, bien sûr, pas question de retourner vers des modèles passés dans lesquels la collectivité se faisait au détriment de l'individualité. Tout le défi des prochaines décennies va être de créer de nouveaux modèles de vie. Utopique ? Oui, absolument. Dans le sens où l'utopie n'est pas ce qui est impossible, mais ce qui n'est pas encore. L'utopie, c'est vouloir un monde meilleur, plus juste. Et c'est bien la seule façon dont nous devrions penser le futur.

Page 241-242
Commenter  J’apprécie          10
Dès leurs premières années, les enfants apprennent l'importance de se mettre en couple. A leur naissance, les parents et leurs ami.es plaisantent : avec un peu de chance, leurs enfants se marieront ensemble. À la crèche, on décrète que deux enfants du sexe opposé sont amoureux dès lors qu'ils jouent ensemble. En maternelle, on encourage les filles à s'imaginer en princesses sauvées par un preux chevalier. On leur dit qu'elles sont belles avec leur jupe, qu'elles vont faire craquer tous les garçons. On leur fait comprendre que leur valeur dépend de la validation d'un homme. En primaire, on attend des enfants qu'ils vivent leurs premiers émois. Les adultes commencent à leur demander s'ils ont un amoureux-se.

Page 30
Commenter  J’apprécie          10
Quand on a toujours vécu dans la norme, on ne sait rien de ce qui se passe au-delà de la famille nucléaire bourgeoise, on en connaît que les clichés. On s’imagine que les sœurs qui vivent ensemble sont passées à côté de leur existence, que les parents de jeunes enfants n’ont pas de vie sociale, que les vieilles filles sont malheureuses et que les mecs célibataires sont déprimants.

Page 9
Commenter  J’apprécie          10
En s’entraidant et en s’unissant, les femmes ont obtenu des droits. Bref, le succès du féminisme a reposé et continue de reposer sur le pouvoir de l’amitié.

Page 151
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : aromantismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Aline Laurent-Mayard (1) Voir plus

Lecteurs (131) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..