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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chanson bretonne suivi de L'enfant et la guerre, deux contes de J. M. G. le Clézio, une lecture tout simplement magnifique. Un coup de coeur.
Aucun autre auteur ne parvient à me transmettre autant d'émotions dans la descriptions des paysages, des paysages qui sont des personnages essentiels de l'histoire tant J. M. G. le Clézio les anime avec toute la poésie de ses mots.
Chanson bretonne a été pour moi un véritable réconfort en ces temps d'angoisse. J. M. G. le Clézio y raconte ses souvenirs d'enfance en Bretagne, à Sainte-Marine plus précisément. Avec ses mots magnifiques pour décrire cette région si chère à mon coeur, l'auteur nous emmène en balade dans le Finistère avec quelques incursions en Morbihan sur les traces de ses ancêtres. Dans ce texte, résonne toute l'émotion liée à l'histoire de la Bretagne, à sa culture, à sa langue, en écho j'entends les propres souvenirs de mes grands-parents et même de mes parents. La lecture de ce texte a été une véritable parenthèse d'une douce mélancolie dans laquelle j'ai adoré me glisser.
A ses souvenirs plutôt heureux de vacances en Bretagne, J. M. G. le Clézio fait suivre L'enfant et la guerre, un texte en total contraste, où il évoque des souvenirs plus douloureux, ceux d'un enfant né en pleine Seconde guerre mondiale. L'auteur analyse ses émotions, son ressenti d'enfant face à la guerre sans avoir rien connu d'autre que cette terreur, sans avoir connu les temps de paix. Tout commence par le souvenir effroyable d'une déflagration qui a secoué l'immeuble niçois où l'auteur logeait avec sa mère, son frère et ses grands-parents. Des sensations ancrées en lui et qui prennent sens quand des mots, des faits rapportés bien plus tard y sont raccordés. L'auteur en évoquant ses souvenirs pense à tous les enfants qui naissent et grandissent dans la violence de la guerre, en tout temps et en tout lieu. Des enfants liés entre eux par les mêmes traumatismes et aussi par les mêmes échappatoires que seuls les enfants savent imaginer.
Avec ces deux contes, J. M. G. le Clézio rend hommage à l'enfance en partageant ses propres souvenirs, entre l'insouciance des étés sur la côte bretonne et l'effroi de la guerre au coeur des vallées provençales. Deux textes magnifiques. Deux textes touchants. Deux pépites.
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"Chanson bretonne" de JMG le Clézio, est tout simplement remarquable, j'en tombe de ma chaise. J'avoue que je ne sais pas ce qui se passe pour Le Clézio. Je disais plus haut, sait-on jamais d'ici qu'il commence une carrière littéraire à 80 balais ! Ce texte est poignant, touchant, prégnant, sincère, sublime. C'est ce que j'ai lu de plus beau comme texte français depuis bien des années. Le Clézio dont je rêvais -j'étais resté jusque là hermétique à son oeuvre, fatigué sans doute de ce langage ethnographique où tout est toujours mieux ailleurs, d'une altérité exquise, parfois même de mauvais goût-, je le vois enfin sous mes yeux, "artiste un être à la sensibilité exacerbée", chaque mot est juste, à sa place, chaque mot nous surprend comme effectivement une musique de virtuose.

L'exercice était pourtant risqué, ce pût être d'une affligeante banalité. je suis d'accord pour une fois avec Busnel quand il dit que c'est probablement ce que l'écrivain a fait de mieux. Quand l'auteur se défend en prévenant qu'il n'a pas fait le récit chronologique de ses jeunes années passées en Bretagne, c'est ce qu'il y a de plus difficile, sans garde fou littéraire, comme ça lui vient. Sa Bretagne, il la caresse de sa plume avec une sensualité et une poésie incomparables.

L'auteur dit que "les souvenirs sont ennuyeux", mais c'est un paradoxe, car il y a bien de la nostalgie dans son texte. Il nous bluffe en fait, car sa Bretagne il l'a, sans l'avoir dit jusqu'à présent, toujours portée, sauf que là elle apparaît avec un effet détonnant, car trois générations après tout a changé, alors cela provoque comme un blast littéraire, ravageur et inattendu. C'étaient les meilleures années de l'enfance, c'est le temps l'âge aidant pour l'écrivain de nous en prodiguer le meilleur cher Le Clézio.
"Sur le pont, on survole l'embouchure de l'Odet, à la hauteur d'un goéland.."
(Le grand pont de Cornouaille)
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Avec son dernier livre, « Chanson bretonne, suivi de L'enfant et la guerre », J.M.G. le Clézio retrouve le chemin de l'enfance et au travers de ces deux contes nous livre ce qui a forgé l'homme et l'écrivain qu'il est devenu.
Le premier récit décrit ses vacances en Bretagne dans les années 50, dans un petit village pas encore devenu une station balnéaire touristique, il évoque la langue bretonne et l'histoire de la région, avec émotion, et une écriture élégante et sensible.
« L'enfant et la guerre » période antérieure (mais les enfants ne savent rien de la chronologie... ) évoque des événements encore plus intimes et douloureux, ceux de la guerre et de l'occupation italienne puis allemande de Nice, où il est né en 1940. La violence de ces années pour un tout petit enfant laisse des traces indélébiles, le grand voyageur Le Clézio s'en souvient lorsqu'il évoque les guerres d'aujourd'hui et pense aux enfants de ces guerres.
Beaucoup d'émotion en lisant ces pages, c'est si rare une telle profondeur alliée à une telle écriture et une telle pudeur. Bouleversant. Magnifique. Le Clézio...
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Deux contes, deux courts récits très touchants au cours desquels JMG le Clézio convoque sa mémoire pour un retour aux sources lumineux, poétique et politique à la fois.

Dans le premier, il retourne sur les lieux de son enfance, en Bretagne, dans le village de Sainte-Marine où il passait ses étés. Il garde en lui les souvenirs d'un lieu encore préservé, petit village de pêcheurs pas encore devenu lieu de villégiature prisé par les Parisiens. Il dit son attachement à la terre de ses origines, aux hommes qui l'habitent, à la langue bretonne. «C'est le pays qui m'a apporté le plus d'émotions et de souvenirs.» L'odeur des moissons, le goût du cidre, la beauté des paysages, de la mer, les jeux de gosses insouciants sont là comme autant de souvenirs magiques d'une époque révolue.

Dans le second, il évoque sa prime enfance pendant la guerre. «Dans une guerre, les enfants ne savent rien de la réalité, ils écoutent des mots, ils construisent leurs histoires.» La vie avec la guerre toute proche puis l'exode, la séparation avec le père médecin parti en Afrique. Tout lui revient en mémoire, les bombardements, le repli des familles dans l'arrière-pays niçois, la peur, la solitude, les privations, la faim tenace «qui crée un vide dans le corps» mais aussi la force des liens avec la mère, le frère, les grands-parents. C'est tout le ressenti d'un enfant face à la guerre, c'est ce traumatisme qui a laissé une douleur ancrée au fond de lui et rappelle ce que peuvent vivre les enfants du monde entier dans les pays en guerre.

Un petit recueil émouvant, des fragments de vie qui nous renvoient à nos souvenirs de famille, aux histoires qu'on nous racontait lorsqu'on était enfant, avec beaucoup de douceur. Il n'y a aucune nostalgie, juste un peu de mélancolie face au temps qui passe, un peu de colère aussi. L'écho de ces années d'enfance dans la vie de l'adulte devenu montrent aussi la manière dont la mémoire et l'émotion s'arrangent parfois avec nos souvenirs.

C'est toujours un bonheur de retrouver l'écriture sensible, emplie d'humanité de J.M.G. le Clézio. Avec pudeur et élégance, il nous conte des réminiscences de souvenirs d'enfance qui se lisent en un souffle.
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Le Clezio nous conte des souvenirs d'enfance, joyeux et douloureux.
C'est juste, poétique nullement nostalgique.

Dans cette région bretonne entre landes & mer, j ai aussi passé toutes les vacances en colonie à arpenter ce chemins où on se piquait les jambes avec les ajoncs, avec pour repaire les clochers.

Les dimanches, à la messe, je revois les femmes magnifiquement habillées, le costume de Pont Aven est superbe. Et tous ses chants religieux en breton. sans parler des pardons interminables.

Et aussi un hymne à sa mère & grand'mère qui étaient seules durant cet exil dans l arrière pays nicois.



J'ai l impression d'avoir retrouvé la langue du premier roman de le Clézio que j ai lu il y a longtemps: Désert
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Notre prix Nobel de littérature français, JMG le Clézio nous apporte avec Chanson bretonne / L'enfant et la guerre une touche de douceur, de sensualité dans le confins de la France dans cette période de confinement.
Chanson bretonne nous conte l'impression de ses vacances durant son enfance à Sainte Marine, dans le Finistère sud. Né d'une mère bretonne, la famille a séjourné de nombreuses années en Bretagne durant les vacances. Il revient sur le hier et l'aujourd'hui, le passé de Combrit, de Sainte Marine et l'aujourd'hui occupé durant les vacances par les nombreux estivants, souvent la cause de la restructuration des villages et des villes comme les infrastructures.
Il revient sur les saveurs, les odeurs des lieux, sur la langue que les Bretons ont abandonnée au profit d'une modernité.
Chaque réminiscence apporte son lot de comparaison mais avec beaucoup de douceur et toujours une vision positive. Il retrouve le paradis perdu de son enfance à la pointe du Raz qui a su conserver son authenticité, ses paysages de bruyères, d'ajoncs.
Pour caractériser cette période, le verbe glaner est repris dans son sens le plus littéral. « Glaner c'est un geste très ancien ». Pourtant, JMG le Clézio glane à droite et à gauche des histoires savamment racontées par des Bretons de souche.
Dans L'enfant et la guerre, il amène le lecteur à s'interroger sur l'enfant qui vit la guerre aujourd'hui. Pour cela, il revient sur son enfance d'enfant de la guerre. JMG le Clézio est né en 1940. C'est avec beaucoup de sensibilité qu'il revient sur ce vide qu'il ressent enfant. Il ne peut nommer ou décrire la guerre mais seulement les sensations qui se sont ancrées en lui.
L'écriture est remarquable et chaque mot porte en lui une histoire, une douceur, une tolérance, une présence à soi. Ce livre est un bel hommage à la Bretagne, à la Bretagne de son enfance.
A lire !
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J'avoue que je découvre par ce roman l'immense écrivain qu'est J.M.G. le Clézio.
Dans ces deux textes, tout ce passe à hauteur d'enfant, mais c'est l'homme qu'il est qui raconte. Ce n'est pas un livre de souvenirs d'hier, ce sont des souvenirs vus d'aujourd'hui.
C'est impressionnant, le point de départ de la narration c'est l'aujourd'hui de l'auteur, ce sont ses émotions, les souvenirs sont des émotions.
Le résultat est que ce roman est tout à la fois entièrement personnel et universel.
Je me suis laissée bercer comme par une histoire de famille, tout en sachant que je n'avais rien à voir dans ce monde.
Pour le deuxième conte "L'enfant et la guerre" je crois que si je n'avais pas déjà été profondément pacifiste ce conte aurait terminé de me convaincre de l'absurdité de la guerre. Une guerre vue à hauteur d'enfant, l'auteur assume toutes les inexactitudes, toutes les questions, pour ne retenir que la marque laissée, le souvenir inscrit dans l'âme, vécu par un enfant et raconté par cet enfant qui a grandi. Un homme qui sait que ses souvenirs ne sont pas les seuls, et ne sont pas la vérité, mais ses émotions, et ce qui fait de lui ce qu'il est aujourd'hui.
Une très belle lecture. Un régal. Un moment hors de tout, les deux pieds dans l'histoire.
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Ah que c'est bien écrit ! Même si je reproche parfois à l'auteur sa façon de nous donner des leçons, je lui pardonne pour son écriture si agréable ! Un style soutenu et pourtant tout en légèreté. Je ne m'en lasse pas.

J'ai particulièrement apprécié ces deux récits car ils sont autobiographiques (et tellement bien écrits ! je sais, je me répète ;). le premier nous emmène en Bretagne, où l'auteur a passé ses vacances quand il était enfant. Toute la magie de l'enfance est là : ses perceptions, ses bonheurs, ses mystères. Tout cela sur fond de parler Breton, de mer à marée basse, de coutumes paysannes et de jeux d'enfants.
"Non, il ne faut pas regretter le temps de la paysannerie traditionnelle bretonne, même si cette mémoire laisse un goût doux-amer de ce qui ne pourra plus jamais revenir : les toits de chaume si bellement tressés, les poutres sculptées à l'herminette, les bois flottés récupérés pour les voliges, la terre battue mêlée au sang de mouton pour les sols durs et brillants comme le porphyre, les cheminées monumentales, et tous ces meubles extraordinaires, venus du fond des âges, armoires, lits-clos, tables, bancs, coffres de mariage, et la vaisselle de grès brun accrochée aux clous des vaisseliers, les marmites noires de suie, la bilig pour les galettes, la casserole pour le youd, le porridge d'avoine commun aux Bretons, aux Ecossais et aux Gallois."

Le deuxième récit "L'enfant et la guerre" est doublement poignant : pour les souvenirs familiaux qu'il éveille dans chaque européen impliqué de près ou de loin dans la guerre 40, mais aussi particulièrement aujourd'hui, en 2022, alors qu'à nouveau, des enfants innocents souffrent, en Ukraine, sous les bombardements. Car le récit se focalise uniquement sur l'enfant et sur ce qu'il perçoit de la guerre, en tout premier, la faim. Pas de mélo, mais des faits, et toujours cette belle écriture au service de la mémoire.

Je remercie l'auteur qui nous partage les sentiments de l'enfance avec autant de talent.
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"Le texte est bercé par une douceur pastorale qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes au petit village de Sainte-Marine ou la beauté d 'un champ de blé face à l'océan."

Il arrive que les quatrièmes de couverture soient particulièrement poétiques et à propos et je trouve que c'est le cas pour ce magnifique livre (encore!) de J.M.G le Clézio.

A travers ces deux textes très personnels l'auteur nous plonge délicatement dans ses souvenirs d'enfance. Jamais J.M.G le Clézio ne nous affirme que ce qu'il nous raconte est la stricte vérité factuelle, il s'agit bien d'un travail de mémoire avec toute la patine des temps et de l'oubli. C'est ce qui rend ce livre très touchant, très vrai et très doux. Cette lecture agit comme une berceuse et à travers les yeux du petit Jean Marie Gustave, on se remémore nous aussi nos souvenirs d'enfance.

Encore une fois Le Clézio nous montre son attachement au thème de l'enfance et du passage à l'adolescence, mais alors que ses personnages sont souvent confrontés au pire, la transition semble ici toute naturelle tel un été qui se finit.
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Lire "Chanson bretonne" en étant confiné au bord de la mer, c'est un grand bol d'oxygène. le mot chanson est parfaitement adapté, c'est en fait une chanson poétique qui vous emmène très loin dans les rêves et les émotions. Je ne suis pas Breton, mais à travers ce texte éblouissant je crois avoir capté (glané?) un peu de l'âme du pays breton.
J'ai eu la chance de séjourner quelques jours à Sainte Marine, de parcourir Benodet plus touristique et Loctudy. Saint Marine est un village où l'on se sent bien. le paysage de l'Odet, de l'embouchure sur l'océan, des arbres magnifiques, des fleurs dans la lande, tout cela vit sous la plume de JMG le Clézio. Des petites maisons sur le port, avec quelques petits bateaux, le calme et la sérénité! Merci Mr le Clézio pour une si belle et touchante chanson.
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