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2,56

sur 55 notes
Un ministre ne devrait pas dire ça !
Comment peut -on tomber si bas ?
Bruno le Maire se lance t-il dans le porno ?
Il faut , pour ça , avoir du talent
Nous sommes en plein dans les "trous du cul "
Affligeant
C'est à se demander s'il a co-écrit son livre avec Marlène Schiappa !
Nous touchons le "fion"
A boycotter
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Bruno le Maire aime la musique classique, joue du piano, est un grand admirateur de Beethoven et de Bach : voilà un bon point pour lui.
Son interprète favori est le grand pianiste décédé Horowitz, dont il a lu toutes les biographies du monde, et je suppose qu'il doit en posséder tous les enregistrements Sa passion pour ce pianiste romantique lui a ainsi donné l'envie d'écrire une autre histoire, c'est l'image de marque de notre écrivain, il veut échapper au réel, c'est son droit. Certes, nous lui connaissons sa névrose obsessionnelle de tout réinventer ou de déconstruire. Mais, comme écrivait notre cher Arthur RIMBAUD :
Ô saisons ! ô châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?

Une histoire - UN ROMAN - qui semblait être un récit merveilleux et exemplaire, rare à notre époque, mettant en valeur des virtuoses légendaires (Horowitz, Richter, Rubinstein) que chacun connaît (ou devrait connaître) et dont j'ai d'ailleurs de nombreux enregistrements. Parce que j'aime la musique classique et que je joue du piano.

J'étais ainsi candide en croyant me réjouir, et avais choisi de découvrir ce roman, non pas pour lire le Maire dont l'écriture faussement travaillée m'avait déjà fort éloignée de ses opus, mais parce qu'il s'agissait, en l'occurrence, tout simplement de Richter, d'Horowitz et des autres.

Néanmoins j'ai été tout de suite ennuyée par des accumulations de noms, d'histoires, de personnes, de détails (Bruno le Maire n'est pas FLAUBERT) sans importance, par des digressions mises pour étoffer un récit. Il y a beaucoup de points de ressemblances avec son ancien opus @Musique Absolue (maigre dithyrambe de quelque 143 pages, sur un fameux chef d'orchestre) notamment des réflexions et développements qui sont, d'ailleurs, de purs truismes, sur l'Allemagne nazi et sur la guerre et ses faits divers et variés

D'ailleurs on note aussi beaucoup de phrases écrites en allemand, de même qu'en espagnol. L'auteur s'est opposé à Gallimard qui souhaitait en donner la traduction. Certes nous savons que Monsieur le Maire parle cette langue couramment (pas moi, sauf quelque mots comme tout le monde)…Ainsi peut-on le voir s'exclamer :
« Je me suis battu avec Gallimard pour que les mots étrangers ne soient pas traduits. J'aime détruire ma langue par la présence de langues étrangères, comme un venin qui s'introduit dans le français et lui apporte une autre musique.» »

Détruisez détruisez, Monsieur le Maire, mais en détruisant votre langue natale, vous détruisez aussi votre bébé-livre. Vous le dénaturez, vous n'aimez pas les grands espaces clairs et limpides.

Ainsi vous avez déchaîné les Enfers avec votre petite phrase, non de Vinteuil, vous qui aimez tant Proust et la musique, hélas, votre petit paragraphe sur la jolie dame, a mis le feu aux poudres (d'escampette) et a déclenché les foudres de Zeus et de ses médias, oui, il faut que vous mettiez de l'indécence, même minuscule, dans un ouvrage qui incarnait la décence et l'innocence et peut-être la grandeur. C'est le propre du névrosé obsessionnel, nous enseigne la psychanalyse, le fameux stade sadique anal qui ne s'est pas réglé à l'âge de 5 ans, qui ne veut pas une oeuvre parfaite, et la barbouille et peut-être même l'annihile. Vous l'ignorez assurément et c'est dommage.

Mais je vais terminer mon laïus : alors, les deux frères vont assister à la représentation du grand pianiste… que va-t-il donc se passer ? Une fuite à l'anglaise ou une fugue à l'américaine ? J'aurais préféré une suite française. Je retourne à mon Bach.
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Il dit que c'est avec sa femme cette histoire de durillon, moi je n'en sais rien, je ne suis pas allé vérifier, même en me payant je ne serais pas allé voir de ce côté là. de cet homme là qu'on a affublé de la casquette de ministre, il faut avouer qu'il est bien retombé sur ses pattes tel le chat après sa branlée mémorable de 2017 où il culmina à 2 et des brouettes pour 100 chez LR, presque au niveau du plancher des vaches ! Je pense qu'il doit avoir une petite bite et un gros toupet pour infantiliser ainsi les gens misant sur leur crédulité : il a dû se tromper de bourses ! Si j'en crois mon petit doigt, je lis quoi : du Moltchaline plutôt que le démon de midi qui semblerait l'accuser ..

6 mai 2023
Je trouve qu'on a tort d'établir un parallèle entre les ministres Schiappa et le Maire à propos de l'érotisme dont ils se disputeraient le bout de gras dans les circonstances actuelles.

Schiappa, c'est Marlène, elle me fait plutôt penser - d'abord elle a un penchant sensuel en latence -, à ces japonais qui rompent par un jour de folie et de libations à leur régime sévère au travail et aux convenances, un peu comme on ferait un lâché de putes dans un monde privé de femmes. Elle se libère dans Paris Match en montrant ses charmes de femme qui entend s'assumer, qui sait certainement que la beauté est éphémère et je dois dire qu'elle m'a plutôt amusé à travers cette séquence. Peut-être aussi est-ce un pied de nez à la première ministre coincée pour dérider l'atmosphère ?

Pour le Maire l'indécent qui envoie du pruneau à l'Est et qui sollicite les bas instincts français, c'est tout autre chose, d'abord je récuse le mot érotisme pour lui, je dirais plutôt le mot vulgarité le concernant, et deuxièmement cette erreur de goût ne passe pas. Son dégazage inoppurtun et intempestif renvoie à la laideur intérieure de la personne. S'il nourrissait encore quelqu'ambition personnelle quant à la haute marche du pouvoir, c'est mort, il favorise ainsi le rejet !
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Fugue américaine déclenche polémiques et critiques en rafales, où je lis beaucoup d'outrance, de ridicule et de mauvaise foi. Que ceux qui n'aiment pas le Maire s'en tiennent éloignés : ils s'en trouveront mieux ; ils s'éviteront des aigreurs d'estomac et, dans leurs critiques, des acidités d'écriture. Tenons-nous en au roman. Et à la vocation de Babelio qui n'est pas d'imiter Tweeter.

Fugue américaine est un roman à la fois classique et vif, nerveux, traversé d'images électriques qui toutes (ou presque) font mouche. Sur la page, il faut savoir comme en peinture apporter de la matière, et comme en sculpture en retirer. de cet exercice du "portare" et du "levare", et de celui de développer un récit sur plusieurs décennies, BLM se tire avec les honneurs (même s'il aurait pu en retirer un peu plus ici ou là) (notamment certains passages dont la presse a parlé en abondance, et d'autres en langue étrangère qui n'apportent pas grand-chose, et lassent même à la fin, comme un toc).  

Fugue américaine est avant tout un livre qui vous prend. Je l'ai lu en même temps qu'un autre page turner, un policier celui-là, et j'ai fini en priorité Fugue américaine. J'ai prononcé le mot : page-turner. le fond de l'affaire, la musique et plus exactement la musique classique, l'Art, l'immense pianiste et homme tourmenté que fut Vladimir Horowitz, les années de guerre froide durant lesquelles il vécut, ce qu'elles ont emporté des mondes anciens et ce qu'elles nous disent des mondes nouveaux, le tout (qui est très bien rendu) est pris dans un récit enlevé et brillant, à plusieurs étages, totalement maîtrisé à l'anglo-saxonne, vivant et mélancolique, coloré et douloureux, qui nous promène de NY à La Havane avec quelques crochets par la Russie, avec une foule d'acteurs de premier ou de second plan, connus ou fictifs (ah l'apparition fugitive de Papa Hemingway à Cuba), tous parfaitement campés.

Bref lisez Fugue américaine, qui est remarquable, et oubliez son auteur, qui, au moins ici, n'a pas à être remarqué. 
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Après un démarrage poussif, on arrive à la vie de Horowitz, ce musicien du siècle aux épisodes de dépression chronique qui l'ont tenu éloigné de la scène. le récit est documenté et instructif tout comme l'argument sur tout ce qui touche la musique. Non ce qui ne va pas c'est la lourdeur du schéma narratif, le style pompeux avec des citations en anglais ou en allemand dont la fréquence confine au ridicule, les répétitions, les scènes d'amour grotesques…
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Critique réalisée en partenariat avec Gleeph :


Fugue Américaine est selon moi un ratage complet. le Maire écrit un livre boursouflé qui veut tout raconter mais qui finalement ne dépeint pas grand chose.

C'est cette densité paradoxale que j'aimerais évoquer premièrement. Je trouve que le livre s'attarde à toujours tout décrire de manière assez insupportable. On est constamment en train de lire des détails absolument passables avec un langage faussement relevé qui pénalise la lecture. Si on fait une analogie avec le cinéma, c'est comme si un metteur en scène aurait voulu filmer absolument toutes les composantes d'un cadre, mais en gros plan. le film n'aurait alors pas duré 2h mais 5, pour du vide.

Je suis vraiment d'avis que le Maire ne laisse absolument aucune place à la suggestion. On a une structure en tous parties, inégales en pages, que l'on aurait cru assez pertinentes. Je pensais que l'on allait avoir trois moments distincts de la vie d'un personnage, narrateur interne, qui comptait ce qu'il ressentait et voyait. Les parties sont à chaque fois placées dans un cadre spatio-temporel, de surcroît. Il est donc surprenant et complètement hors de propos de vouloir passer la moitié du livre à être un narrateur omniscient qui s'attarde une nouvelle fois sur des détails sans intérêts. On perd complètement la pertinence des trois parties en même temps que l'intensité d'un narrateur interne.

De plus, je trouve que certaines parties omniscientes sont absolument consternantes. Quand le Maire s'attelle à vouloir décrypter la politique internationale de la Guerre Froide, il est criant qu'il le fait gauchement et sans originalité. Il en est à faire un brûlot pro-américain, sans prise de recul. Il est clair que les méfaits soviétiques qui s'étalent sur des dizaines d'années doivent être racontées. Ils n'ont pas la place dans un roman évoquant un parcours de vie de personnages qui n'en sont que très peu impactés. Et honnêtement, je trouve que critiquer la dictature soviétique est au mieux d'une banalité confondante et au pire un geste d'une suffisance crasse.

Il y a en plus de grandes défaillances au niveau du discernement de la psyché des personnages. L'auteur tend à vouloir décrire se mettre à la place de personnages de balises spatio-temporelles qu'il n'a pas côtoyées. C'est une volonté hautement orgueilleuse dans un premier temps. Il faut aussi indiquer qu'il le fait sans talent, tant il est déconnecté de la réalité. Les scènes de sexe sont absolument éloquentes à ce niveau, les termes « renflement brun » et « dilatée comme jamais » ont été très largement conspués. Il y a également d'autres passages absolument sidérants. Bruno le Maire pense notamment qu'un médecin n'exprime pas d'autres émotions que le fait de décrire certaines situations médicalement. C'est une des grossières erreurs qu'il fait.

Pour aller plus loin, je trouve que les personnages sont assez faiblement caractérisés. Si l'on prend Vladimir Horowitz, on se rend compte qu'il est très peu original. Il s'agit d'une diva tourmentée comme on en a vu des centaines dans la littérature. Mais il est doté du génie. On a l'impression que c'est un élu. Les autres personnages n'ont de cesse de louer ses talents absolument grandioses si l'on en croit le livre. Les autres personnages sont finalement assez mediocres par rapport à lui. le livre traduit une vision extrêmement manichéenne de l'auteur, déployant des personnages soit géniaux, soit médiocres.

Je suis de plus extrêmement perplexe concernant l'usage des langues de la part de Bruno le Maire. Je trouve que ne pas traduire les passages en langues étrangères est assez mesquin pour le public qui n'a pas les codes et donc a besoin de chercher ou passe son chemin concernant ses phrases. C'est également une démarche très prétentieuse. L'auteur a comme une envie de montrer qu'il sait parler des langues que finalement peu de personnes manipulent en même temps. Cela témoigne du fait de sa condition de bourgeois qui a pu se payer cet apprentissage auquel le commun des mortels n'a pas accès. Enfin, quand on a des passages en anglais, c'est une pure incohérence. Les personnages sont Américains et donc parlent anglais. le livre est donc traduit de l'anglais. Mettre des passages anglais non traduits relève de la pure incohérence de rédaction.

Enfin, j'aimerais évoquer certains points qui pour moi me rendent le livre assez nauséabond en définitive. le livre fait preuve de relents assez réactionnaires par instants. Il dépeint notamment les Cubains avec du dédain et un pointe de racisme, tant ils sont montrés comme incompétents quand ce ne sont pas des idiots. L'homosexualité est également maltraitée. Elle n'est jamais montrée comme une mauvaise chose par rapport à l'époque traitée, mais comme une maladie en tant que telle, ce qui me dérange énormément. Enfin, le traitement des personnages féminins relève de la pure misogynie. Ils sont soit puérils, soit des engins sexuels réifiés, soit tout simplement des êtres ingrats qui torturent les personnages masculins.

Le livre passe donc de la place de gentiment idiot, à très mal écrit à tout simplement vomitif. le Maire n'est pas fait pour être un auteur. Il ne comprend pas l'humain, il est un piètre psychologue et un écrivain encore pire. le livre est une immondice dont la seule chose qu'on a envie de tirer est la satisfaction de le refermer à jamais.
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J'avoue, je n'ai rien compris à l'intention de l'auteur.
J'aurais plutôt appelé ce roman « cacophonie ».
Est-ce un roman sur deux frères mal assortis ?
Est-ce un essai sur la dépression ?
Est-ce la biographie de Vladimir Horowitz ?
Est-ce un « page turner » comme le prétend le prologue ? Certainement pas.
Bruno Lemaire m'a fait penser à cette situation inconfortable, où une personne un peu éméchée me raconte une histoire inintéressante, pleine de digressions qui n'en finissent pas, et je ne pense qu'à une chose : fuir, fuguer, oui, la fugue c'est le mouvement que j'ai eu envie d'amorcer pendant toute ma lecture.
Techniquement irréprochable, l'auteur élabore des phrases appliquées. On dirait un exercice pour élèves de cours moyen : « enrichissez ce texte d'adjectifs qualificatifs ».
Linguistiquement didactique, le lecteur fera l'effort de rechercher les traductions de toutes les phrases en anglais, allemand, italien, espagnol.
Stylistiquement pouf-pouf, chaque personnage se verra affublé de ses nom, prénoms et qualités à toutes ses apparitions. La mention « mon frère Franz » m'a particulièrement donné envie de lâcher l'affaire.
Sexuellement hors-sujet.
Que reste-t-il ? Des descriptions plutôt réussies mais redondantes : mon frère Franz passe sa main dans ses cheveux de façon chronique. Vladimir pointe sa langue de serpent et se mouche. L'air est poisseux. Et à Brooklyn l'aurore est en début de soirée, c'est intéressant de le souligner.
Merci @Gleeph de m'avoir proposé cette lecture.
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J'avais apprécié trois de ses livres : Une répétition avec Carlos Kleiber, Jours de pouvoir et Paul. Trois livres personnels venant du coeur et ou de la mémoire.
J'ai abandonné cette Fugue américaine en cours de route. Non pas pour une page de sexe. Quel auteur aujourd'hui n'en met pas une dose pour pimenter et faire vendre ?
Mais parce que j'ai trouvé cette fiction inintéressante et mal écrite. Quel besoin, par exemple, de parsemer le texte en permanence de pseudo textes anglais, allemands, espagnols ou latin ? Quel besoin de se noyer dans les détails pour accoucher de 500 pages ?
Ceci étant, j'admire cet homme, politique ou pas, capable d'écrire ce livre, même si, éditeur, je ne l'aurais pas édité...
Je comprends ce besoin de créer, comme je comprends tous les peintres du dimanche heureux de leurs croutes
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Fugue américaine, Bruno le Maire.
Je ne vous le cacherai pas, j'étais extrêmement sceptique quant à l'intérêt de lire ce livre. Alors je ne l'ai pas acheté. Oui, mais voilà qu'on me l'a offert, sous prétexte qu'un soir, j'écoutais son auteur nous parler d'inflation. On a voulu me faire plaisir que voulez-vous ! Or, j'ai un problème. Si on me donne un livre, il est impératif que je lise. Et de bout en bout qui plus est. Pas question de s'arrêter avant la fin. Cela prend le temps qu'il faut, mais j'avance, quitte à m'ennuyer un peu. Bon me direz-vous, tout cela est bien intéressant, mais venons-en au fait : ce livre, qu'en avez-vous pensé ?
Tout d'abord, laissons de côté les critiques stupides sur les pages « pornographiques» dans lesquelles se serait complu Bruno le Maire. En fait un tout petit passage sans intérêt ni conséquence que seuls les plus mauvais journalistes ont pris soin de relever.
Dans fugue américaine, il y a d'abord « fugue ». Pas étonnant, la fugue vous le savez est une forme musicale et la musique est un des principaux sujet de ce roman. Précisément les musiciens. Encore plus précisément les interprètes, en l'occurrence Wladimir Horowitz. Dans le titre il y a aussi « américaine » car l'essentiel de cette histoire se situe entre Cuba et à New York, à différentes époques.
Plutôt que roman, il faudrait plutôt dire évocation de Wladimir Horowitz. Un homme fragile, inquiet -on l'appelle parfois l'intranquille- à la carrière entrecoupée de plusieurs interruptions dues à une dépression quasi existentielle. Un homme qui aime le succès et se sait supérieur à beaucoup. L'auteur nous présente ainsi une personnalité aussi attachante par sa fragilité qu'elle est exaspérante par sa vanité. L'auteur décrit, imagine en partie je présume, une personnalité crédible, basée sur des témoignages et consolidée par la connaissance qu'il a lui-même du monde musical et du piano. La richesse proposée de cette personnalité, sa complexité, sont le reflet même de la musique. Horowitz devient une incarnation de la musique : « Il avait une attirance pour les jeunes hommes, il cédait à cette attirance et il la combattait, avec une duplicité morale que l'on ne peut comparer qu'à celle de la musique, dans son ambiguïté. Par ses lignes mélodiques doubles ou triples, dans la superposition des accords, avec ses silences, la musique était ce qui se rapprochait le plus de la complexion de Vladimir Horowitz ». Cette petite citation nous montre à voir, en quelques lignes, le talent d'écrivain de B.Le Maire. Pour comprendre Horowitz, il faut se laisser emmener par la musique. Belle image. du très beau travail que l'on retrouve à plusieurs moments. Par exemple les dernières pages du chapitre 30 où un Horowitz solitaire et halluciné laisse doucement aller ses penchants pour les jeunes gens tandis que gronde l'orage et blêmit la mer.
D'autres personnages interviennent aussi : Wenda Toscanini, l'épouse omniprésente de Wladimir Horowitz, tendre et attentive dans la supervision de son mari. Horowitz et elle forment une sorte de vieux couple émouvant. Elle connait les défauts de son mari, elle les accepte. Elle aime à l'évidence son mari et se contente de vivre à côté de lui. Simplement à côté. Pas avec, car on ne peut probablement pas vivre avec Horowitz.
Intéressants aussi le caractère de plusieurs personnages purement romanesques : par exemple Oskar Wertheimer, le narrateur de ce récit. Il veille avec bienveillance, exaspération et culpabilité sur son grand frère, Franz, excellent pianiste écrasé par son impossibilité à atteindre la perfection d'un Horowitz, et qui sombre, comme lui pour d'autres raisons, dans la dépression face à ses multiples échecs. Il est trompé par sa femme, une mondaine, dépensière acharnée, égoïste sans remord dont le comportement contribue à la dépression de Franz. Il est roulé par ses associés. Il se retrouve seul, sans femme, sans enfants. Il n'a plus que son frère Oskar, qui ne saura pas le raccrocher à la vie. Franz est un peu le reflet indirect et partiellement inversé d'Horowitz, qui lui aura connu le succès. Au début du roman, Franz dit à son frère Oskar : « Oskar, rien n'est parfait. Il y a toujours un défaut. Il faut passer sa vie à chercher le défaut ». La dépression qui l'emportera plusieurs années après est déjà en germe. Franz a trop conscience de sa médiocrité. Il aurait pu tout réussir et il a tout raté à l'image de son échec à assister au concert d'Horowitz dans le grand théâtre de la Havane. Horowitz son idole, celui pour qui il avait fait le déplacement jusqu'à Cuba. En retard, il trouve portes closes et erre dans le hall sous le regard des statues de marbre. « Franz avait beau frapper, personne ne lui ouvrait, le hall était désert, seules les femmes drapées dans du marbre blanc cassé lui jetaient des regards désolés »
B.Le Maire est très efficace dans la peinture de tous ses personnages dont il donne une image riche et par là souvent ambigüe, avec des facettes variées qui nous font osciller entre rejet et émotion. Pourtant c'est quand même lorsqu'est évoquée la personnalité d'Horowitz qu'il suscite le plus notre intérêt.
Et puis, hors les personnages, l'auteur a une très belle plume pour décrire les choses ou les sentiments. Des expressions, des images parfois pleine d'ironie, au bord de la suffisance comme la description de Muriel, la femme de Franz, le jour de son mariage : « Elle s'acquittait de son devoir de jeune mariée à la perfection, en minaudant ; elle dessinait avec ses lèvres carmin des mouvements de succion (..) au milieu de son visage ruisselant de fard, sa bouche accomplissait des mouvements de dilatation et de contraction comme une anémone de mer effleurée par les courants. Quel plancton verbal pouvait-elle avaler avec autant d'avidité ? »
Dans ce livre apparait également l'homme politique qu'est Bruno le Maire. Celui qui appartient pleinement aux cercles du pouvoir. le Maire glisse de nombreuses considérations géo politiques, de la crise de Cuba jusqu'aux plus récents évènements. Il fait (ou Oskar le narrateur fait) la constatation consternée de l'évolution du monde occidental, des menaces qui pèsent sur lui. de sa mort annoncée. Il dit la perte des valeurs morales et du soutien des religions. le monde moderne qu'il entrevoit fait peur.
Cela m'amènerait bien à penser que ce roman regroupe des textes distincts, écrits par Bruno le Maire à des périodes différentes. La musique et Horowtitz en est une. Les réflexions sur le sens de notre histoire en est une autre. Plusieurs journalistes ont récemment demandé à l'auteur comment, consacrant autant de temps à la vie politique française, il parvenait encore à écrire un roman de 550 pages. le Maire s'en était tiré avec des pirouettes. Je crois que ce livre est simplement l'amalgame de plusieurs écrits d'époques différentes. Il fallait du temps quand même bien sûr, mais pas autant qu'on pourrait le penser.
Ah, encore un détail : pourquoi avoir truffé le récit de phrases en allemand, en anglais, en espagnol... ? Quand même pas pour crâner ! Pour donner aux personnages un caractère exotique ? Je ne sais pas trop mais le lecteur se serait passé de ces envolées étrangères auxquelles souvent on ne comprend que peu de choses, sauf à consulter en permanence un dictionnaire ou la traduction sur sa liseuse. Quand finalement on ne renonce pas tout simplement à comprendre, par lassitude...
Finalement, mais après réflexion, j'ai bien aimé ce livre. Bien écrit, riche en plusieurs aspects. Un livre, s'il fallait résumer, certes sur la musique, mais aussi beaucoup sur l'échec. (Un avant-goût du futur monsieur le Maire ?)


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Au-delà du renflement brun d'un anus dilaté comme jamais, de quoi nous parle Bruno le Maire dans son dernier roman, Fugue américaine ? Pour répondre à cette question, par curiosité, par goût du risque, j'ai accepté la proposition de Gallimard de chroniquer ce livre.

Été 2019, Maxime Weirthemer reçoit par la poste une lettre de son oncle, Oskar, qui lui adresse un manuscrit d'une centaine de pages. Il s'agit du « roman de leur famille » auquel Maxime trouve d' « indéniables qualités de page-turner » malgré son ton perfide et dérangeant. Maxime décide donc de nous livrer ce roman expurgé de quelques chapitres abjects. Oskar nous y parle d'un séjour qu'il a passé à la Havane avec Franz, son aîné de dix ans. Ils y assistent à un concert de Vladimir Horowitz, célèbre pianiste. Coïncidence, celui-ci loge dans le même hôtel qu'eux. La rencontre avec ce géant de la musique s'avérera décisive pour l'un comme pour l'autre. Horowitz dégoûtera Franz du piano, alors qu'il rêve d'une carrière professionnelle, et Oskar deviendra son psychiatre.

Les destins de ces trois hommes tourmentés forment la trame de la suite du roman. Rythmée par des courts chapitres, l'intrigue avance tant bien que mal, entrelacée par de réflexions personnelles sur la musique, l'Occident, la religion… et bien sûr des scènes de sexe assez gratuites où le narrateur se vante d'être un bon coup et semble faire une sévère fixette sur les fesses, le cul, l'anal. Ce qui ne serait pas si dérangeant si les personnages féminins ne répondaient pas aussi parfaitement à des clichés sexistes.

Au bout de ces 470 pages, on ne trouve selon moi qu'un texte ennuyeux, ampoulé, truffé de platitudes. Mes passages préférés sont ceux où la matière est purement historique, comme le très bon début de la deuxième partie qui évoque l'espionnage et le traitement des musiciens durant la Guerre froide. En définitive, je recommande vivement aux autres curieux et curieuses d'éviter cette pénible lecture.
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