Je m'étais toujours posé la question suivante : "Pourquoi entend-on parler des ethnies des autres pays, mais jamais des ethnies en France ?" Les Corses, les Basques, les Bretons, les Normands, les Savoyards forment-ils des ethnies au même sens que les Peuls au Mali ou les Daos au Vietnam ? La réalité, c'est qu'en France, c'est questions-là ne se posent pas : nous avons l'habitude de minimiser (voire nier) les différences pour conserver notre sacro-sainte unité nationale.
Cet atlas des éditions "Le Monde / La Vie" montre que cette "tradition", inscrite si souvent dans la loi, n'est pas la seule voie possible. Au contraire, même, de nombreux états (y compris en Europe) reconnaissent leurs minorités ethniques, sans aucun racisme sous-jacent, sans aucune menace sur leur "identité". A nous de trouver le juste milieu entre reconnaissance de chacun et construction d'un "vivre heureux ensemble".
A noter, le dernier chapitre "Tous minoritaires" a ceci d'intéressant qu'il sort du cliché de minorité ethnique/linguistique/religieuse. Il montre que tout un chacun peut, à son tour, être considéré comme faisant partie d'une minorité selon les critères choisis : les hyper-riches, les homosexuels, ceux qui mangent bio, les handicapés, les paysans, les familles nombreuses, voire, dans le dernier article, les dictateurs dans le monde !
Commenter  J’apprécie         10
Universalisme à l'extérieur, unité à l'intérieur. Longtemps, nos principes ont semblé clairs, lisibles, légitimes. Longtemps aussi, il faut bien le reconnaitre, nous avons voulu ignorer que les minorités existaient et demandaient à être respectées. La France une et indivisible, avec son monolinguisme officiel, son organisation centralisée, ses valeurs laïques, ne format-elle pas un modèle insurpassable, à prendre ou à laisser ? Ce modèle, porté à son plus haut degré par la IIIe République, est aujourd'hui à l'épreuve.
(Note de l'éditeur, p. 3)
La définition des minorités dépend des stratégies de la minorité elle-même.
Une minorité est une catégorie sociale naturalisée par la discrimination.
Il existe une tension entre le "droit à l'indifférence" et le "droit à la différence".
Certaines minorités linguistiques sont plus minorisées que d'autres.