Nous sommes en période de l'esclave où en Louisiane existe un maître d'esclave de grande bonté, monsieur Saint-Elme, dont l'intégrité et la fidélité font de lui un homme respectable, alors que sa femme, elle, entretient une secrète vie de débauche sécurisée par sa femme de chambre Vénus et sa fille Lina, aussi quand elle tombera enceinte, elle ne saura jamais qui est le véritable père de l'enfant...
Un jour, alors que monsieur Saint-Elme est dans un café avec son ami M. Growlson, un mulâtre vient leur proposer des rencontres secrètes avec des femmes de la haute société. Il soumet à leurs yeux un album photo des femmes dites des grandes beautés créoles, contre toute attente, monsieur Saint-Elme y découvre la photo de sa femme, que d'ailleurs son ami admire et lui demande "regardez... si cette image n'est point trompeuse. Jamais je ne vis beauté plus splendide.''... hé ben ça... tout va chavirer autour de M. Saint-Elme...
Une petite histoire bien écrite..; mais après une forte intensité dans la première partie du livre, on se perd un peu dans la deuxième partie il y a comme un relâchement, n'empêche que je vous souhaite une agréable lecture!!!
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Brusquement, il voyait clair, le petit Jacques ne lui ressemblait en rien avec son front bas, ses cheveux d’un jaune sale et cette mâchoire énorme dont les muscles puissants indiquaient un besoin d’assouvissement bestial et ce nez écrasé aux trous ronds et ces oreilles larges et détachées du crâne, rien de cela ne rappelait le profil noble et délicat de la race.
Ses plaisirs étaient nocturnes et silencieux ; il se plaisait à errer dans les quartiers mal famés, y trouvant des maîtresses qu’il gardait quelques jours et qu’il renvoyait brutalement, dès leur premier mensonge, dès leur première tromperie, si puérils et si innocents qu’ils fussent.
On le voyait fréquenter les auberges où l’on parque les émigrants allemands et faire son choix parmi des fillettes aux cheveux de filasse, aux yeux bleus étonnés et bêtes, dont les mains couvertes d’engelures étaient gercées par les corvées du labour ou de l’usine.
M. Tom, comme l’appelaient respectueusement les noirs du voisinage, était d’ailleurs des plus faciles à vivre ; ne riant jamais, ne se fâchant jamais, il résolvait toutes les questions par un oui ou par un non – ou par un chiffre. Voulait-on lui parler, essayait-on d’insister, il tirait sa montre, mettait son chapeau et s’en allait. L’insulte et la flatterie le trouvaient également indifférent ; l’une et l’autre lui faisaient perdre du temps, et voilà tout.
Sentimental et naïf, un peu poète à sa façon, M. de Saint-Elme n’était pas la brute puissante, l’étalon humain qui eût comblé la furieuse soif d’amour dont était brûlée la jeune femme.
C’est alors qu’elle s’éprit d’une ardente amitié pour une petite négresse nommée Lina, dont les grosses lèvres rouges et les yeux étincelants lui avaient plu.
Le créole, faible et bon, enthousiaste et crédule, était de cette race de vieux gentilshommes français qui sont amoureux de toutes les femmes et qui déploient envers toutes une galanterie délicate et raffinée.
Il fit à la belle Léonore une cour en règle. Les bouquets, les petits soins, les cadeaux occupèrent trois mois entiers.