La science politique est peut-être la plus déroulante, tant il semble difficile d'y prévoir ou d'y fixer quelque loi. Elle a trop de dépendances pour permettre une méthode régulière et la plupart des bases qu'on lui donne sont, en réalité, factices. Tout en apparaissant quelquefois semblable à travers ses variations, l'histoire est toujours différente et ne se répète pas, — du moins, de la même manière ; les décors, les gestes, les hommes, les circonstances, la rendent neuve ; elle crée un perpétuel mirage ; et les observations sur le passé ne servent guère au présent ; elles aident à conduire l'actualité avec plus ou moins d'ordre, elles ne la créent point ; celte création s'effectue avec nous, par nous, — et au-dessus de nous. Grâce à l'éternelle jeunesse du hasard, la science politique échappe au plus perspicace, ruse avec lui et, par cela même, apparaît le plus fort des jeux humains, l'art suprême, le plus difficile et le plus tentant.