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EAN : 9782373091397
128 pages
L'Echappée (05/05/2023)
3.59/5   16 notes
Résumé :
Si je m’adresse aux ingénieurs, c’est parce que je les connais bien. Je suis – ou j’étais ? – l’un d’entre eux. Artisans d’un devenir technologique qui façonne nos existences et structure nos sociétés, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à ressentir de la dissonance cognitive. Quelque chose en eux sait que leur travail creuse le sillon de trajectoires insoutenables pour nos vies et pour la Terre. Pourquoi alors n’y a-t-il pas plus d’ingén... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Nous vivons une époque où les sociétés n'arrivent pas à dévier de la trajectoire qui les conduit à leur perte, embarquant avec elles une partie du vivant". le parcours professionnel de l'ingénieur Olivier Lefebvre, dont le malaise (y compris physique) induit par une rupture de la dissonance cognitive, le fait quitter le métier et son entreprise de robotique où il occupe un "bullshit job" selon la formule de David Graeber : chef de projet dans son cas. Voici un ouvrage très didactique sur la "pensée calculatoire" des ingénieurs, métier peu médiatisé quoiqu'auréolé de prestige, sur le processus industriel (auquel nous sommes tous peu ou prou soumis, la technique et le penser-machine envahissant nos vies), truffé de citations philosophiques, dont un éclairage sur la pensée de Guy Debord dans La société du spectacle pour celles et ceux qui la trouvent un peu brumeuse. Steve Jobs, cofondateur d'Apple, ne résumait-il pas son attente envers ses salariés par cette simple phrase : "Nous ne recrutons pas des personnes intelligentes pour leur dire quoi faire. Nous recrutons des personnes intelligentes pour qu'elles nous disent quoi faire". le salarié endosse un rôle dans l'entreprise, produisant son propre spectacle, devenant ainsi l'artisan de sa propre aliénation.
Devenus incapables de penser les effets de l'action humaine, notamment au moyen d'objets techniques de plus en plus envahissants, omniprésents, omniscients, et addictifs, face à la catastrophe "nous ne croyons pas ce que nous savons" Jean-Pierre Dupuy, philosophe. Une lecture indispensable.
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« La dissonance est une impossibilité de faire tenir ensemble deux idées : la catastrophe et un travail qui ignore la catastrophe ».. La dissonance cognitive serait le divorce entre la pratique professionnelle de l'ingénieur et la conscience des méfaits qu'elle engendre dans notre monde.
En se fondant sur sa propre expérience, l'auteur témoigne : il s'est tendu compte que son travail n'avait pas de sens. Pire, en tant qu'homme de la technologie, il s'aperçoit que la catastrophe environnementale, depuis longtemps annoncée, mais très visible ces derniers temps, résulte de l'activité humaine à laquelle il participe.
Certes les élites technologiques trouvent des justifications ou des excuses : on a intégré des façons de penser : l'idéologie dominante, et la croyance que le bonheur, au moins matériel, est le but de notre action. Et puis des arguments de mauvaise foi : l'ingénieur a un statut social, un bon niveau de vie, des loisirs, un goût pour résoudre les problèmes, donc une activité intellectuelle jouissive et valorisante.
L'auteur n'en rajoute pas sur la « catastrophe écologique ». Mais il démonte certaines idées reçues, comme la technologie, conçue comme neutre : elle pourrait être un mal ou un bien; Pas du tout ! Ainsi la voiture transforme notre environnement et influe sur notre vie individuelle et collective. La technologie est donc politique, et les états d'âme individuels de ceux qui doutent de l'intérêt de leur travail, au sein de grandes sociétés capitalistes, cessent d'être des variantes individuelles, le phénomène est répandu, donc un problème politique.
On laissera l'auteur proposer des choix de « reconversion », encore qu'il se garde donner dogmatiquement des leçons et d'indiquer des voies. Mais son livre interpelle, et c'est là son « utilité ».
Un débat à la radio sur « "Ingénieurs qui doutent" : comment repenser une formation responsable ?" disponible ici : https://cutt.ly/xwOu8juj
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L'auteur nous propose une réflexion autour de l'ingénieur. La première partie est une mise au point et permet de baliser le périmètre du métier d'ingénieur en rendant compte de la diversité des métiers occupés par ces profils, des différentes fonctions et niveaux de responsabilité exercés.

Ensuite, au coeur de l'ouvrage, l'auteur-ingénieur décrit sa dissonance entre ce qu'il est attendu de l'ingénieur (trouver une réponse technique au problème soumis) et ce qu'il pense en tant qu'individu (s'interroger sur le cadre général du problème). Ce livre est construit autour de la tension entre le comment et le pourquoi, entre la satisfaction de trouver la meilleure réponse technique possible à un problème donné et les conséquences socio-économiques et environnementales de la finalité de son travail.

Ainsi, après avoir vécu cette dissonance et basculé de la ligne de crête comment/pourquoi, l'auteur prend du recul et analyse avec beaucoup de clarté la situation telle qu'elle est vécue par nombres d'ingénieurs. C'est un ouvrage concis et très réussi ; l'auteur à travers son expérience invite les destinataires de cette lettre à questionner leurs situations.

Le texte est également saupoudré de nombreuses références, souvent philosophiques. Elles donnent du relief et offrent une consistance que j'ai particulièrement apprécié. Il a suffi de me rappeler qu'un certain penseur du XVIIème avait comme souhait de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature » pour me donner envie de relire son Discours de la méthode. Imparable.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le spectacle au travail a pour conséquence une déresponsabilisation sans pareille des personnes. Il produit une mise à distance entre l'individu et sa fonction qui induit une forme de "déréalisation" des effets de son travail. Le fonctionnement bureaucratique et la division du travail contribuent à diluer les responsabilités au sein des organisations et le spectacle vient encore renforcer ce phénomène : ce que les individus prennent au sérieux c'est essentiellement leur rôle dans le spectacle -au point d'en souffrir- et non pas la finalité de leur travail. Comment, dans ces conditions, pourrait-on sérieusement se préoccuper des conséquences de son travail et avoir quelque considération éthique ?
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Vidéo de Olivier Lefebvre
En cette période de rentrée, François Saltiel et ses invités s'intéressent à la formation du métier d'ingénieur dans la tech. L'urgence écologique, les problématiques éthiques suscitent de plus en plus de doutes chez ces futurs ingénieurs qui se retrouvent face à un conflit interne. Comment continuer à croire aux vertus du progrès, à l'innovation à tout crin, à la beauté de la performance lorsque la planète se délite ? Comment entreprendre avec conviction un métier, certes confortable financièrement, mais qui provoque une dissonance cognitive complexe à négocier ?
Pour en parler, François Saltiel reçoit : - Olivier Lefebvre, ancien ingénieur, auteur du livre "Lettre aux ingénieurs qui doutent" - Frédéric Fontane, directeur de l'enseignement à l'Ecole des Mines de Paris (PSL) - Lou Méchin, étudiante, coordinatrice du collectif Pour un réveil écologique
"Le Meilleur des mondes", c'est notre émission hebdo sur le numérique et sa place dans la société, à suivre en direct sur Twitch tous les jeudis de 16h à 18h ! Venez poser vos questions, discuter avec l'équipe et partager vos idées en direct !
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