Une fois encore, Emmanuel Lepage nous emporte dans une aventure où la nature est le principal personnage. Avec l'histoire de la construction mouvementée du plus mythique des phares,
Ar-Men au milieu de la mer bretonne, au large de l'île de Sein, nous accompagnons différents personnages pour qui, ce long combat contre les éléments, aura constitué, plus que leur vie, mais avant tout le lien les rattachant à cette dernière.
Dans la nuit du 30 au 31 août 1881, le phare va enfin s'allumer. Il aura fallu quinze ans de travail, deux cent quatre vingt quinze accostages, mille quatre cent vingt et une heures de travail... et un mort.
Premier homme pour qui le projet sera sa bouée, le sens de sa vie, Moïzez; cet enfant venu de la mer lors d'un naufrage, sera le premier volontaire pour la construction de ce géant des mers et en fera son royaume.
Puis des années plus tard, nous retrouverons deux hommes, deux gardiens, qui voient dans cet exil, la solution pour fuir leur histoire, s'isoler de tout, d'un passé trop lourd.
Germain qui a vu, qui a du, laisser sa fille se noyer à l'occasion d'une tempête.
Louis, qui en revenant de la seconde guerre, a perdu sa fiancée, son espoir d'un bonheur futur. Il périra en 1964 emporté par une vague alors qu'il pêchait.
10 avril 1990, les derniers gardiens Daniel Trenton et Michel le Ru seront hélitreuillés pour la dernière fois.
L'enfer des enfers, après neuf cent ans de service, est désormais automatisé.
Ar-men veille seul, il n'a plus besoin de l'homme.
Grâce à une mise en couleur différente en fonction des périodes, nous cheminons de façon assez agréable à travers les différentes époques. la puissance des éléments ressort d'une façon magistrale dans le dessin de Lepage. La tension est bien là lors des grandes tempêtes.
Oui, un album plein de force et d'émotions pour les amoureux de la mer, qu'elle soit synonyme de rêve, d'évasion ou de morts tragiques.