Grace à Masse Critique, Solanhets Éditeur m'a fait parvenir le livre «
Soldat ? Jamais » de
Gérard Leretour , réédition de l'édition originale de 1933. Je les en remercie.
C'est le témoignage de ce jeune homme de 20 ans, né dans une famille ouvrière normande et manoeuvre dans une usine, appelé au service militaire en 1929, qui écrit au ministère de la guerre. Il refuse de rejoindre son régiment parce que sa conscience lui interdit de porter des armes.
Gérard Leretour ne reconnait pas l'autorité militaire qu'il juge immorale.
En note préliminaire, celui-ci en explique les raisons : le pacifisme pour supprimer l'obligation légale d'assassiner et de se faire tuer, lutter contre une minorité d'hommes et de puissances d'argent et entre autres, contrer la gloire militaire qui utilise l'armement et la violence pour expliquer la défense nationale.
Arrêté à son domicile 53 jours après l'envoi de la lettre, il est condamné pour insoumission à laquelle il répond par une grève de la faim. On lui refuse la réforme et est menacé d'être poursuivi pour mutilation volontaire. Il part s'exiler à Bruxelles et le tribunal militaire le condamne à 3 ans de prison pour désertion à l'étranger en temps de paix.
Le livre détaille toute son évolution, ses réflexions et ses démarches avant d'obtenir sa réforme en 33 au péril de sa vie : un internement en asile psychiatrique, son évasion de prison, son exil à Bruxelles et ses grèves de la faim.
Il y a beaucoup d'humour dans ce récit mais il montre également la propagande, l'acharnement, les vexations, les tortures mentales et physiques auxquelles il a dû faire face.
Gérard Leretour a fondé, en 1936, la Ligue des Objecteurs de Conscience mais il ne parviendra malheureusement pas, surtout avec les menaces du fascisme sur l'Europe, à entraîner la jeunesse dans sa résistance antimilitariste.
Il faudra attendre 1963 pour obtenir la reconnaissance officielle du statut d'objecteur de conscience et l'introduction du service civil alternatif.