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3,71

sur 450 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet essai est une ode à la liberté, un renouveau nécessaire après l'éclatement du rêve de la parfaite famille. Cette prise de conscience de la fin du modèle qui inspire la vie de Deborah Levy ne se fait pas au détriment des autres et des hommes mais pour elle-même. C'est révélateur d'une grande sagesse d'écrivaine et de femme. Elle fait des rencontres marquantes qui, comme un courant d'arrachement, l'emporte au large au lieu de la ramener vers le rivage. C'est un surf de bonheur que la lecture de ce livre, qui donne le goût de s'acheter un vélo électrique, de finir le cabanon en espace douillet et de profiter de chaque minute de vie.
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Qu'est-ce qu'une femme qui se détache du rôle que lui impose la société patriarcale ? Qu'est-ce qu'une femme si elle n'est plus épouse, tout juste mère ? C'est ce que questionne ici Deborah Levy avec ce texte autobiographique où elle raconte son parcours vers la liberté, une liberté loin d'être idyllique, mais qui a au moins le mérite d'avoir été choisie. A cinquante ans, Deborah Levy choisit de quitter son mari, de laisser derrière elle son mariage qui bat de l'aile, ce « navire » qu'elle n'est pas sûre de pouvoir rejoindre ni d'avoir envie de le rejoindre. Elle part, avec ses filles sous le bras, s'installer dans un immeuble délabré en haut d'une colline et se force à écrire, beaucoup, pour subvenir aux besoins de sa petite famille tronquée. Ses vieux rêves d'amour durables avaient pris l'eau, et sa liberté avait un prix – en valait-elle le coût ?

Tout en nous proposant des réflexions sur le système patriarcal et la place de la femme dans la famille nucléaire traditionnelle, Deborah Levy nous parle également de son processus d'écriture, elle qui est dramaturge, poétesse et romancière. Elle montre comment l'écriture l'a aidée pendant cette période de transition compliquée, comme la maîtrise des mots et le confort de certains textes a été un refuge en ces temps incertains. Elle se trouve une petite place dans la cabane au fond du jardin d'une amie bienveillante, s'y créé un refuge pour mettre des mots sur son quotidien, et pour se retrouver en tête à tête avec cette page blanche dont dépend la subsistance de sa famille.

Je ne connaissais pas Deborah Levy mais ce texte m'a donné très envie de découvrir ses romans, de voir son style sensible appliqué à la fiction, de retrouver ses phrases pleines de sagesse et sa lucidité sur le monde et sur elle-même. Elle raconte son quotidien de mère, d'autrice, de femme de cinquante ans, et pourtant, moi qui ne suis rien de tout ça, je me retrouve dans ses mots, dans sa pensée et dans son appréhension de notre société. J'apprécie sa façon de voir ces petits rien qui font le sel de la vie, de chérir ses amitiés et de laisser libre court à ses fantaisies. J'apprécie la force qui se dégage d'elle, et des phrases qu'elle pose sur le papier pour lui donner corps. Un très beau livre, que je relirais.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Cette histoire est intemporelle, toujours là même qu'elle que soit l'époque : une femme quittée, déclassée, qui a vécu plus de la moitié de sa vie dans l'illusion que ce que l'on a construit pour que la famille soit un refuge, un lieu de retrouvaille, un endroit où l'on dépose ses problèmes sur la table de la cuisine pour que maman fasse le tri et trouve la solution, car elle a la solution !
Mais la femme de 50 ans qui se retrouve seule et par nécessité retrousse ses manches pour faire vivre ce qu'il reste du foyer, est assez peu valorisé.
Femme quittée, fille en deuil, mère esseulée, mais guerrière à la plume vivace, il y a chez ce personnage largement autobiographique la fougue du désespoir et la vie qu'elle sait ramener dans un foyer autre, un foyer où des éclopés sont là, solidaires et soutenant.
Il y a de l'humour et une écriture forte et sans pathos.
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Prix Fémina étranger pour ce petit essai moitié autobiographie moitié réflexion.
Ces mémoires sont très personnelles et l'écriture pudique.
L'auteure, âgée d'environ 50 ans, nous laisse entrer dans sa vie, à un moment où elle s'est récemment séparée de son mari et qu'elle est en pleine phase de reconstruction.
Quelques passages sont poignants comme l'agonie de sa mère et sa volonté chaque jour de lui apporter une glace à l'eau ; un moment de la vie où les enfants partent de la maison et où les parents partent tout court.
Il y a des anecdotes pétillantes ; la nécessité d'écrire dans un petite cabanon, le meilleur ami qui se marie pour la troisième fois, le nouvel ami rencontré lors d'un enterrement.
Il y a aussi de l'humour parfois. Sa relation avec son vélo électrique qui lui donne un sentiment de liberté est joyeux, l'épisode avec sa voisine caustique.
Telles sont les réflexions d'une femme qui a cessé de se définir en fonction des attentes des autres, et qui est déterminée à devenir l'auteur de sa propre vie.
L'écriture est sensible, Il est question d'amitié, d'introspection, d'envie de légèreté, de vivre pleinement.
Elle se livre sans se prendre au sérieux. J'ai apprécié cette lecture

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle
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Un peu déçue sans vraiment comprendre pourquoi. Cette autobiographie est pourtant délicate; elle a vécu en Afrique du Sud puis en Europe; elle a divorcé et a deux filles. Sa réflexion tourne autour de la liberté, de la difficulté à être soi, de sa relation à sa mère et de l'écriture.
J'avais préféré le premier.
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🌟 « Je me suis aperçue que ce dont j'avais besoin, c'était une quantité suffisante de bonnes choses. La lumière, le ciel et le balcon étaient de bonnes choses. »

🌟 le roman s'ouvre ainsi : l'auteure est témoin, dans un bar, d'une scène somme toute assez commune, banale. Un homme, la cinquantaine, que la narratrice appellera « le bel argenté », attire une jeune fille, qui lisait paisiblement, à sa table. Il commence alors un monologue et [monopolise la parole] jusqu'à ce que son interlocutrice l'interrompe pour lui raconter un récit personnel qui n'est pas sans faire écho à la situation dans laquelle se trouve ce duo atypique.

« Vous êtes bavarde, non? ». le ton est donné.

Le problème que Déborah Lévy soulève, c'est le fait que cet homme, à aucun moment, n'avait envisagé que cette jeune fille puisse avoir quoi que ce soit à dire, qu'elle n'ait rien d'autre à faire que de l'écouter. Qui est le personnage principal et qui est le personnage secondaire ? Ce n'est pas toujours évident, et, surtout, ce n'est pas un état de fait, les rôles peuvent être inversés à tout moment ... peu importe le prix que cela puisse coûter.

🌟 Récit personnel, témoignage du fracas que cause un divorce à un âge où la vie ne devrait être qu'un « long fleuve tranquille », Déborah Lévy livre son expérience, son traumatisme, car oui, rompre (de son homme, de sa vie) réveille des douleurs enfouies, des cicatrices encore à vif, et c'est, à l'image de son déménagement, quitter une zone de confort pour une vie en travaux, dont les fondations sont à refaire de fond en comble.

Quel est le prix à payer pour être une femme libre ?

Certes, il faut se battre, il faut survivre plutôt que vivre, penser à ses filles plutôt qu'à soi, écrire devient nécessaire pour continuer, il n'y a plus de pause, plus d'insouciance, plus d'innocence.

Et les oiseaux.

Grands absents qui se manifestent, virtuellement ou réellement, alors qu'ils n'étaient plus entrés dans sa vie depuis longtemps. Porteurs de souvenirs, d'espoirs ou de menaces, ils sont un message. Un fil rouge.

Tout quitter n'est pas simple.

On se retrouve seul, on se laisse aller au gré des rencontres, des bienveillances et des hostilités, mais toujours les liens se tissent, imprévisibles, fascinants et inattendus. Pour redevenir le personnage central de sa propre vie, pour enfin être vu, être regardé, pour pouvoir affronter l'avenir, qu'il soit blanc immaculé, jaune d'espoir, ou houleux comme un « ciel à l'anglaise ».
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Après son divorce Deborah Levy s'installe avec ses deux filles dans un appartement vétuste du nord de Londres : l'évier est bouché, la chaudière ne fonctionne pas et il n'y a pas de pièce où elle puisse s'installer tranquillement pour écrire. Heureusement son amie Celia lui prête son cabanon de jardin pour en faire son bureau. A 50 ans l'autrice prend conscience qu'elle a consacré sa vie de femme mariée au bonheur des siens et une grande partie de son énergie créative au bonheur des siens, tâche peu valorisée socialement :

« Arracher le papier peint de ce conte de fées qu'est la maison familiale où le bonheur des hommes et des enfants ont été prioritaires, c'est trouver en dessous une femme épuisée, qui ne reçoit ni remerciements ni amour et qu'on néglige ».

C'est l'occasion pour elle de réfléchir aux relations entre les hommes et les femmes, à l'habitude qu'ont les hommes de se considérer comme le personnage principal dans une relation, aux images de la féminité. Je trouve ces réflexions pertinentes et intéressantes.

Enfin, pour être passée par une situation similaire avec mon père, je suis émue de ce qu'elle dit de sa relation à sa mère au moment de la maladie et de la mort de celle-ci.

Après Ce que je ne veux pas savoir, j'ai apprécié ce deuxième tome des souvenirs de Deborah Levy. C'est joliment écrit et tout en douceur, lu avec plaisir en une journée de pluie.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ce petit livre est le second d'une trilogie autobiographique. Je n'ai pas lu le premier et je pense que cela n'enlève rien au propos. On plonge, en direct avec l'auteure dans le récit de sa transformation, suite à son divorce. La force du livre est d'aborder la réflexion par le concret : le nouvel appartement plein d'inconvénients, la fierté et la difficulté de l'autonomie nécessaire, la joie que procure un vélo électrique, le regard des autres, les rencontres qui nourrissent et qui aident. le point de vue de l'auteure sur elle-même, légèrement distancié, est plein d'humour. Cette phase de réapprentissage, de réappropriation de soi-même n'est pas facile mais pour autant, l'énergie est là et le désir d'être soi plus fort que tout. Un joli moment de lecture.
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Dans ce court récit, l'auteure partage un épisode banal de sa vie : son divorce à l'âge de 50 ans, quand elle décide de quitter son mari et la vie qu'elle a construite avec lui et pour leurs filles. Elle quitte la maison familiale pour se trouver un appartement qui deviendra le cocon de sa nouvelle existence. Cette séparation va être pour elle l'occasion de s'interroger sur le rôle du mariage, de la femme épouse et mère, et sur les rôles qui lui sont dévolus par la société. Car, comme elle l'indique, divorcer c'est aussi quitter un cadre social, une norme.

J'ai aimé le style de l'auteure, intimiste et féministe. J'ai la voir retrouver son autonomie, sa liberté et y prendre un grand plaisir. J'ai adoré notamment l'épisode du cabanon au fond du jardin d'une amie, qui deviendra son refuge d'auteure. Cette liberté a un coût, celui d'un confort matériel mais également la sécurité d'une vie qui se conforme à la norme. Pourtant, le plaisir de retrouver la liberté de vivre pour elle, de s'organiser comme bon lui semble... semble bien en valoir le prix.

Si j'ai aimé ce texte, c'est aussi parce qu'il me parle et fait en partie écho à ma vie. A celle des femmes en général aussi sans doute, de celles qui perdent leur nom et parfois jusqu'à leur identité pour devenir "la femme de...". Des femmes qui se mettent à la disposition de leur foyer et de leur famille, du mari comme des enfants, au point parfois de ne plus se sentir chez elles dans leur propre maison. Deborah Levy évoque comment la femme doit être à l'écoute de son mari et disponible pour lui à chaque instant, combien elle peut lui servir de faire-valoir sans jamais avoir l'espace suffisant pour pouvoir s'exprimer elle-même.

Il est aussi beaucoup questions des hommes dans ce texte, des maris et des pères. Et ils sont loin d'avoir le beau rôle, sans doute son divorce y est-il pour quelque chose. Mais je pense que Deborah Levy nous offre un regard pragmatique et féministe sur la famille. J'ai écouté récemment une émission de France Culture, La critique, où le coût de la vie était évoqué. Comme l'évoque l'un des intervenants, je pense que le fait d'être une lectrice, femme, conjointe et mère, aide certainement à se sentir en empathie avec le récit et à partager le ressenti de l'auteure. L'un des journalistes s'agace de ce féminisme archaïque, dépassé selon lui... Pour ma part, je dirai que ce que l'auteure décrit dans ces quelques pages est loin d'être dépassé et que, pour ma part, beaucoup de passages m'ont parlé. le chemin de l'émancipation est encore long.

J'ai trouvé que ce texte était un bel hommage aux femmes et aux mères. Deborah Levy sait parler de son rôle de mère, en creux pour ne plus être celle qui se sacrifie pour ses enfants. Elle parle aussi de manière très touchante de sa propre mère et de toutes ces mères qui vivent pour les autres. Elle évoque le parcours de sa mère qui a lutté pour la défense des droits de l'homme en Afrique du Sud, qui a dû renoncer à faire des études parce que "personne n'a cru bon de lui dire qu'elle était très douée" et parce que les femmes à cette époque n'étaient pas censées faire des études mais se marier, avoir des enfants et trouver un petit boulot "insignifiant qui ne déboucherait pas sur une véritable carrière". Quelle femme ne serait pas sensible à ce texte ?

Une belle biographie inspirante ! Dans un style limpide, touchant et souriant, un beau moment de partage. le tout assaisonné de références littéraires qui m'ont encore donné envie de lire : Emily Dickinson, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, James Baldwin ou George Orwell...
A lire, et à offrir !
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Voilà un beau cadeau que l'on m'a fait. Voilà un beau cadeau que Deborah Levy nous fait. Elle nous offre son style, alerte, percutant, loin des mièvreries autofictionnées. Elle nous livre ses réflexions de femme battante toujours en empathie avec les autres, hommes ou femmes. Elle nous livre les réflexions de femmes écrivaines qui l'ont marquée et qui m'ont marquée.
Entre autres le chapitre 13 "la voie lactée" m'a particulièrement touchée. Elle parle à sa mère (qu'elle a accompagnée dans la mort). Elle est dans un magasin où elle voit des boucles d'oreille en forme de chouette (animal préféré de sa mère). Elle dit "je veux acheter ces boucles pour maman". Puis réalise et dit "Oh non non non non", mot de Hamlet. Puis répète et écrit : "le chagrin n'a pas de siècle".
Je retiendrai aussi son humour qui la sauve toujours du désarroi.
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