AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 445 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deborah Levy raconte sa vie, La Vie. Elle débute son livre avec une citation d'Orson Welles qui dit qu'une fin heureuse dépend où l'on arrête l'histoire. En faites ça dépend de ce qu'on considère comme « Fin ». Car tout a une fin, tout s'use. L'éternité dont on rêve pour nos vies, nos sentiments, nos pensées n'existent qu'utopiquement et les «  Happy Ends » ne se trouvent que dans les livres et les films. le problème comment affronter cette usure de quelque chose dans laquelle on y a passé une vie ? Comment ou peut-on changer de carapace ? Levy raconte sa propre expérience douloureuse mais finalement probablement bénéfique pour elle. Un changement radical à la cinquantaine, dont elle paiera le prix fort pour sa liberté (“Freedom is never free. Anyone who has struggled to be free knows how much it costs.”*).
L'intérêt du livre de Levy vient de sa perception subtile de ce changement qu'elle arrive à nous exprimer à travers les détails de son quotidien, comme son exemple d'Elle en chemise de nuit en soie noir avec une épaisse veste de facteur en coton bleue passée par dessus pour se tenir chaud en train d'essayer de réparer la tuyauterie de la salle de bain glacée dans son appartement communautaire de Londres. Un contraste vestimentaire qu'elle trouve ambiguë, homme / femme ? Et qu'elle pousse encore plus loin avec ses pantoufles fourrées que sa fille appelle « pantoufles de shaman »......psychanalyse maison.
C'est une féministe qui supporte mal tout mâle imbu de lui-même( macho et autres catégories ), même son meilleur ami y passe. Elle critique aussi souvent toute personne non sociétale ou sociétale, mais le premier le vivant mal, le second le vivant hypocritement ou superficiellement. Mais elle reconnaît aussi que sans tous les désagréments de la vie qu'elle voudrait en théorie éviter, elle n'aurait pas de matériel pour écrire . Eh oui les écrivaines aussi sont des humains comme vous et moi, pleines de contradictions. Elle a choisi « la liberté » mais finalement je ne suis pas sûr qu'elle soit convaincue elle même de que c'est cette liberté et où ça la mènerait (“The destination was to head towards a freer life. That is a vague destination, no one knows what it looks like when we get there.”). Réfléchir, agir, lire, écrire ne change pas grand chose à notre destin de mortel, mais peuvent nous aider sûrement à mieux vivre. Déborah Lévy a écrit un livre sincère qui n'a pas de « Happy End ».

« Life is only worth living because we hope it will get better and we'll all get home safely. »***








*La Liberté n'est jamais gratis. Quiconque qui s'est battu pour sa liberté en connaît le prix.
**Le but était d'avoir une vie plus libre. C'est une destination vague, personne ne sait à quoi cela ressemble une fois qu'on y arrive.
***La vie ne vaut la peine d'être vécu seulement si on pense qu'elle s'améliorera, et quand rentrera sain et sauf .
Commenter  J’apprécie          929
"Le coût de la vie" m'a été conseillé par ma bibliothécaire et j'ai d'emblée aimé le chant de cette écriture poétique. L'écriture est vraiment agréable et il est facile de se laisser bercer par ces mots choisis.
Deborah Levy nous raconte sa vie à Londres où elle décide de refaire sa vie après avoir quitté son mari. Des réflexions sur le féminisme viennent ponctuer son récit. Comment vivre libre ? Comment se réinventer une vie nouvelle ? c'est le coût de la vie.
La part faite aux hommes n'est pas toujours très belle. Elle pointe leur côté nombrilisme, ceux qui ne nomment jamais la femme par son prénom mais uniquement par sa situation, son statut, ceux qui ne savent pas regarder. Mais ce n'est pas un acharnement contre les hommes, elle montre également le côté mesquin de certaines femmes comme cette voisine Jean qui ne cesse de la harceler pour une place de vélo.
Ce petit livre est un manifeste pour la liberté et l'amour écrit avec intelligence, fraîcheur et humour. C'est une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          550
Suite de l'autobiographie de Deborah Levy. ..

Anutant Ce que je ne veux pas savoir m'avait paru peu attachant et dénué d'intérêt , autant le coût de la vie, malgré son titre désastreux, m'a touchée et motivée.

Une vision très personnelle et féministe de l'accession à l'independance, à travers cette" chambre à soi" où l'écrivain s'installe apres avoir quitté sa terre natale pour aller vivre en Angleterre. Deborah Levy troque son statut de femme mariée et de mère de famille pour celui d'écrivain célibataire, et se consacre à la création et à l'écriture ce qui n'est pas un boulot de tout repos..

Toujours ce part pris de privilégier, au récit construit et circonstancié, l'anecdote mineure qui prend un relief particulier d'avoir été ainsi montée en épingle et qui éclaire singulièrement un parcours volontairement elliptique. Mais cette fois le procédé ne m'a pas gênée ! J'y étais habituée ou il était moins artificiel, je ne sais.

J'ai été particulièrement touchée par les pages consacrées aux relations de l'écrivain avec sa mère, si différente d'elle, avec laquelle elle semblait avoir de vraies divergences intellectuelles et affectives, et dont elle se rapproche à l'occasion de la maladie qui va l'emporter.

Cette autobiographie pose assez justement - et avec une fine ironie- le problème de l'autonomie matérielle et pratique de ces amazones qui veulent assumer leur indépendance vis à vis de la gent masculine .. .et qui ne savent pas déboucher un évier ou percer une cloison.. (J'en fais la cuisante expérience même si je SAIS maintenant déboucher un évier! Mais je passerais volontiers un stage de formation au bricolage "outillé" qui me jette dans des abîmes de perplexité et d'effroi!)

Pas la révélation littéraire qu'elle semble avoir été pour certains , mais finalement une autobiographie courte, pertinente, alerte.

À mon humble avis, mieux vaut commencer par le tome deux que voici , moins déconcertant et décousu que le premier...

Ou peut-être, comme Jack Palmer devant son pilier de parking enfumé de cannabis, est-ce une simple question d'accoutumance...
Commenter  J’apprécie          472
Je n'ai pas lu le premier volet de cette autobiographie de Deborah Levy, mais peu importe, on entre facilement dans l'intimité de cette femme de cinquante ans qui, après son divorce, retrouve une certaine liberté pour se consacrer à la création littéraire et autobiographique.

Pas facile de recommencer sa vie. Deborah Levy emménage avec ses filles adolescentes dans l'appartement étroit et froid d'un immeuble vétuste. Elle repeint les murs en jaune
« Pour cette nouvelle vie, je m'efforcerais de vivre dans une environnement coloré »
Celia, son amis libraire, vient à son aide en lui prêtant son cabanon de bois dans son jardin afin de lui permettre d'écrire en toute sérénité.
Il lui faut réinventer sa vie sans homme, passer de l'état de femme mariée et de mère à celle de célibataire. Comment s'assumer sans un mari ?
« Se désengager de l'amour revient à vivre une vie dénuée de risques. A quoi bon vivre dans ce cas ? »
Elle achète un vélo électrique qui lui permet de sillonner la ville. Peu-à-peu, elle trouve ses marques dans l'indépendance qui est la sienne.
De belles pages aussi sur la relation avec sa mère et le deuil après la mort de celle-ci.
A travers les petites anecdotes de son quotidien, elle partage avec nous ses réflexions sur la féminité, l'indépendance d'une femme, le tout nourri des lectures de ses écrivains préférées :
Emily Dickinson, Marguerite Duras, Martin Heidegger
Ces évènements de la vie quotidienne donnent du relief à sa métamorphose et à son travail de création littéraire
Malgré quelques longueurs dans les détails anecdotiques qui pourraient perdre le lecteur, j'ai aimé la pertinence, la sincérité, l'humour parfois de cette autobiographie.
Commenter  J’apprécie          380
« Quant à moi, j'ai des choses à faire en ce monde… »

Le coût de la vie est le deuxième tome des mémoires ou plutôt je préfère, du carnet de souvenirs de Deborah Levy – traduit par Céline Leroy -, lu après Ce que je ne veux pas savoir et tout autant apprécié pour la justesse et la profondeur de ce chemin de vie.

Si les lieux rythmaient le précédent, c'est ici le parcours qui fait sens. Celui d'une femme déracinée ayant un jour choisi de rompre avec le modèle patriarcal tracé, ayant choisi de l'assumer, en ayant parfois – souvent – payé le prix, mais ne regrettant rien de ces choix de liberté.

C'est probablement cette fierté du parcours assumé qui fait de ce livre un recueil empreint d'une nostalgie joyeuse, où la fulgurance d'un détail revenu en mémoire déclenche la larme ou le sourire. Car oui, on sourit avec Déborah qui affronte seule le monde et la brume anglaise perchée sur son vélo, et se bat pour être tout sauf la femme qu'on attend qu'elle soit.

Et dans ce combat féministe, elle n'est pas seule : Marguerite, Émily, Simone, Virignia et tant d'autres, sans oublier la bienveillance planante de sa mère disparue, lui donnent la force et le courage d'emprunter l'autre chemin de vie, le plus ardu.

À travers ces deux petits recueils et dans un style d'une grande élégance, Deborah Levy inspirera ou confortera tous celles et ceux qui s'interrogent sur leurs choix de liberté. Nous tous donc.
Commenter  J’apprécie          350
Le coût de la vie, le volet qui suit Ce que je ne veux pas savoir , Deborah Levy traverse une période particulièrement sombre : séparation avec son mari (elle compare son mariage à un naufrage mais écrit que si elle rejoint le bateau, elle se noiera aussi), maladie grave de sa mère et décès.

Sa réflexion autour du rôle de la femme dans la société s'appuyant sur celles développées par Simone de Beauvoir et Marguerite Duras est particulièrement intéressante.
Désormais seule avec l'une de ses filles, elle réalise l'écart entre la liberté telle qu'elle l'imaginait et telle qu'elle l'éprouve finalement, confrontée aux factures, aux dépenses et à un rythme de vie épuisant.

Au sein d'un même paragraphe, elle manie avec aisance les ruptures de tonalité, passant de l'humour à l'émotion. J'ai été particulièrement touchée par deux scènes liées à sa mère : celle de la glace à l'eau qu'elle lui achète dans une épicerie turque avant chaque visite à l'hôpital et celle des boucles d'oreille en forme de chouettes.

"Tu as toujours adoré les chouettes. Tu sais que quelques jours après ta mort je regardais les articles d'un grand magasin sur Oxford Street et j'ai vu une paire de boucles d'oreilles en forme de chouette avec des yeux en verre de couleur verte. J'ai été saisie d'une joie inexplicable. Je vais acheter ces boucles pour maman."

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          290

C'est l'histoire d'une femme qui au lieu de voir sombrer son mariage, décide qu'elle ne coulera pas , elle.
Ce qui pourrait ressembler à une histoire banale devient par la grâce de l'autrice(et d'une belle traduction) un texte solaire, nostalgique peut-être mais pas triste.
Cette femme reprendra de la force en pédalant sur les chemins anglais brumeux, son vélo lui garantit une liberté bien méritée, et la possibilité de penser à ses filles, d'affronter le décès de sa mère . Elle se réfère à Simone de Beauvoir, à Marguerite Duras :il faut aller de l'avant.
Une belle écriture, une profondeur d'esprit , la bienveillance font de ce texte un beau Prix Femina Etranger 2020.
Commenter  J’apprécie          220
"La liberté n'est jamais libre. Quiconque s'est battu pour être libre sait ce qu'il en coûte. (p27)"

Je n'ai pas respecté l'ordre chronologique des écrits de Deborah Levy, ayant préféré le thème de celui-ci pour la découvrir, la reconstruction à la cinquantaine après un divorce, car le thème m'attirait plus car plus positif. Je préférais la construction à l'effondrement, à l'après plutôt qu'à l'avant.....  Ce que je ne veux pas savoir, le premier volet de ce triptyque qui aborde la période du divorce en lui-même et que je compte en lire ainsi que le troisième opus pas encore paru. 

Il y a des séries de thèmes dans la vie de lectrice et le carnet d'or de Doris Lessing, ma précédente lecture, abordait déjà le sujet d'une écrivaine qui doit se lancer dans l'aventure d'une vie solo après une séparation. Ici la narratrice se retrouve avec deux filles dont une à l'université, à 50 ans, quand certains idéaux sont abandonnés parce que confrontée à la réalité de la vie et de ses écueils et devant reprendre son travail d'écriture alors que l'esprit et le contexte sont chamboulés.

J'avais lu par le passé un ouvrage d'Annie Dillard, En vivant, En écrivant, qui m'avait fortement marquée (et que je vous recommande vivement) et l'écriture de Deborah Levy m'a rappelé ce récit avec une écriture douce, parfois ironique, voire critique,  qui aborde, avec sérénité et réalisme, à la fois son nouvel environnement, son organisation pratique mais également un tour d'horizon sociétal et personnel sur les comportements à l'aulne de sa nouvelle condition.

On y retrouve le thème (une fois de plus, merci Virginia Woolf) de l'importance d'un lieu d'écriture, pas toujours très confortable, mais un lieu qui n'appartient qu'à soi,  ici un cabanon sans confort, entouré de végétation, sous un pommier, où elle peut laisser libre cours à son travail et à ses pensées, à ses observations sur le monde qui l'entoure qu'il soit humain ou végétal. Elle était en plein naufrage après la fin d'un mariage qu'elle croyait inébranlable, elle va se découvrir que l'on peut avoir deux visages, deux personnalités,  telles ces chenilles à deux têtes, celle attendue, vue ou voulue par les autres et l'autre plus vraie, sans filtre, qui se révèle au fil des mots, l'une s'efface et laisse place à l'autre, celle qui entre dans la lumière. Cela ressemble presque à un travail de deuil.

Par de courts chapitres où l'on sent que chaque mot compte et que la signification de l'ensemble a été pesée, analysée, elle nous raconte des bribes de son quotidien, de ses rapports à certains objets, au langage utilisé autour d'elle, au comportement entre hommes et femmes et leurs significations. J'ai particulièrement été interpellé par les personnes ne donnant pas le nom de ceux dont ils parlent mais aussi au rapport à sa mère, même une fois disparue.

"Nous ne voulons pas de mères qui portent le regard au-delà de nous, qui désirent être ailleurs. Nous avons besoin qu'elles soient de ce monde,  pleines de vitalité, capables, entièrement présentes pour répondre à nos besoins."
"Me suis-je moquée de ma rêveuse de mère pour ensuite l'insulter parce qu'elle n'avait pas de rêves ? (p104)"

Rupture, départ, construction, pas à pas l'édifice prend forme, après un enterrement et grâce à la phrase d'un homme éploré :

"J'ai l'impression que vous seriez plus heureuse si vous trouviez une autre façon de vivre. (p20)"

Deborah Levy avec sobriété raconte une vie mise en morceaux, en cartons, qu'il va falloir déballer pour en faire l'inventaire, comment elle va devoir prendre en charge des réparations, vivre dans l'inconfort, affirmer son nouveau rôle, s'équiper d'un vélo électrique pour adoucir les côtes comme elle va adoucir ses blessures, ses rapports aux autres. Petit à petit, avec un travail d'introspection et d'observation, elle va reprendre pied, s'appuyer sur ses souvenirs, compter sur ses amis fidèles ou des rencontres fortuites pour remettre chaque objet ou émotion à sa juste place.

Pas de révolution ni de guerre, juste une analyse et un transcription d'un moment de vie, d'un rapport entre sexes, de la place de chacun, du rôle à tenir ou revendiqué :

"Si on évalue la réussite d'un homme à l'aune de sa capacité à éradiquer les femmes (à la maison, au travail, au lit), ce serait une grande victoire que d'être un raté dans ce domaine. (p99)"

"Quand notre père fait ce qu'il a à faire dans le monde, nous comprenons que c'est son dû. Si notre mère fait ce qu'elle a à faire dans le monde, nous avons l'impression qu'elle nous abandonne(p105)"

Un court récit dans lequel beaucoup de femmes pourront se retrouver, à lire ou relire dans les moments de doute, de changement, de questionnement, pour entendre des mots qui apaiseront ses blessures, qui ne guériront pas forcément mais qui aideront à continuer, à avancer, à se retrouver. A garder à portée de main pour s'y replonger pour savoir ce qui fait le coût de la vie.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          210
Après Ce que je ne veux pas savoir, sans doute plus touchant mais tout aussi intime, Deborah Levy évoque la place d'une femme dans la société actuelle, son rôle de mère, d'épouse et, surtout, d'auteure. Elle rebondit sur le volet précédent de ce qui sera un triptyque, volet qui expliquait les racines de sa mélancolie, de son mal de vivre, et considère les opinions de divers(e)s artistes et écrivain(es) qu'elle admire (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/06/26/ce-que-je-ne-veux-pas-savoir-le-cout-de-la-vie-deborah-levy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          130
D'où vient le charme de ce livre ? de la fantaisie avec laquelle les remarques sont juxtaposées, triviales, profondes, pensées à voix haute, citations littéraires ? de ce que cela dit de la désorientation de l'auteure, plus secouée qu'elle ne veut bien le dire par un divorce et par le deuil de sa mère, elle qui sillonne pourtant Londres en tous sens sur son vélo électrique ? J'aime ce cheminement pudique à travers des bouts de vie auxquels elle cherche un sens en nous les racontant, cette étrangeté à elle-même qu'elle ne cherche pas à masquer.

Et puis, la vision des cacatoès émergeant du ciel brumeux de Londres est une pure merveille, mélangée comme cela à une discussion avec son ami malheureux en amour... de l'air de rien élevé au rang d'art !
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (1165) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}