Saisons en quête d’éternité
Automne
Automne ! L’entendez-vous sonner les biches
et les charrois ? L’entendez-vous galoper là, sur les
talus et les faux-plats ? Le voyez-vous repeindre en
vif, les bois usés, les champs fautifs ? Plus d’hiron-
delles ! Qu’avons-nous fait ? Chaque soir, dans les
parcs, sous la brise noctambule, l’eau pleure de
n’avoir pu lui résister. On se croirait en pays de
conquêtes où les couleurs auraient germé. Et ces
parfums qui chargent l’âme, ont-ils flambé seu-
lement pour nous ? Et nous voici un peu moins
neufs au mitan des chemins où rien ne tonne. La
vie est simple comme un bouchon de liège ou de
cristal, comme une histoire à tisser dans la pai-
sible ardeur des laines emplumées, quelque fruit
savoureux à la main.
Saisons en quête d’éternité
Été
Été et avoir été. Être été. Être étang et été. Tout
un programme, une déréliction, la quadrature
d’un cercle unilatéralement fou, la transhumance
fiévreuse d’un infiniment petit dans un infini-
ment vaste, le repeuplement de nos gaules et de
nos mémoires, la quête non élucidée d’un amour
cosmique pulsé par un désir organique et pro-
fond, l’acmé de vivre au sommet de la volupté, se
fondre dans le Grand Tout, se nimber du sperme
des planètes et du miel des étoiles, être Eté sous
toutes les coutures et, surtout, nue, très nue,
quand le moindre ourlet fait violence à la peau,
quand la moindre sangle est bretelle de soie sur
l’épaule du monde.