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3,7

sur 1091 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bon,ce livre,mon libraire me l'a mis hier dans les mains et,ce soir,je viens de tourner la dernière page.J'ai oublié qu'il faisait très beau,qu'il fallait tondre,faire des courses...Je suis resté avec les Chastaing,je les ai accompagnés dans leur lente mais inexorable descente aux enfers.
Ce roman est tout simplement diabolique .Les personnages se délitent au cours du récit,les masques tombent et l'on va de surprise en surprise.Le point de départ,c'est une famille aisée,apparemment sûre de sa 'force",aux règles bien établies et acceptées de tous les membres,une famille du paraître .Tout se déroule normalement,banalement,et la vie pourrait s'écouler ainsi jusqu'à la fin des temps si un maudit requin ne venait bouleverser ce bel agencement en faisant du beau Thadee un handicapé à vie.Et,à partir de là, plus rien ne sera comme avant,le bel équilibre familial va céder sous la bourrasque comme un château de cartes.Un tsunami va emporter les Chastaing,leurs proches et nous avec..
Parler de cette histoire est délicat car tout se dévoile page après page sous nos yeux,à travers les témoignages des différents protagonistes et chaque personnage,à tour de rôle dévoile une nature qu'on était loin d'imaginer.La famille quitte le paraître et laisse sortir son "être " et ça "décoiffe"!!!
C'est dur,cru,inquiétant ,stressant,prenant,on veut savoir et,je crois l'avoir lu dans certaines critiques,envoûtant au point que le lecteur ne peut se résoudre à abandonner,même pour un temps,ces personnages pour le moins complexes , troublants,terribles...
Pour moi,c'est du grand art,un livre vraiment puissant.
Un petit bémol,j'habite en Limousin,et,ici,le surf,bon,on sait ce que c'est,bien sûr ,mais...de loin.Surtout quand on a mon âge. Alors,les termes techniques....
Ah,oui,C'était pour me permettre de reprendre mon souffle?Et puis,maintenant le Limousin,c'est la Nouvelle Aquitaine et Biarritz,c'est la Nouvelle Aquitaine aussi....J'ai compris,lundi j'achète une planche....et je pars .
Je vous invite à me suivre,vous allez adorer.
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Parfois, l'on me demande : « Pourquoi écrivez-vous sur Babelio ? » Eh bien, la réponse est simple : pour parler de livres comme celui-ci, pour les faire connaître, pour me calmer un peu aussi car lorsque l'enthousiasme me gagne, c'est terrible, je rebats les oreilles de tout être vivant passant à ma portée pour le convaincre de se procurer au plus vite ledit bouquin, puis j'achève le malheureux en lui demandant sans arrêt : « Alors, t'en es où? », brûlant d'en discuter, voire vicieusement d'en révéler la fin.
Bref, les copains ! Coups de klaxon, grands mouvements des bras, agitation des drapeaux, STOP !!! Arrêtez-vous là et courez acheter ce roman qui m'a littéralement happée mais happée de chez happée. C'est simple, j'ai tout lâché : les copies, les courses, le ménage, j'allais dire les balades mais c'était pour faire genre car je n'en fais jamais.
Bref : j'ai a-d-o-r-é ce livre...
Alors, de quoi ça parle ?
J'en frémis encore rien qu'en rassemblant mes idées pour tenter de vous en parler… je crois d'ailleurs que mon article va être nul car mon enthousiasme m'empêche de réfléchir correctement. Reprenons-nous !
Nous sommes à Biarritz chez les Chastaing. Une espèce de famille bourgeoise idéale comme on en voit dans les publicités : le père Jérôme est pharmacien, la mère Mylène a fait des études de pharma mais n'a jamais exercé. Non, elle a préféré s'occuper de sa progéniture : deux magnifiques garçons, grands, athlétiques, bronzés, intelligents, doués pour les études , bref, des demi-dieux, surtout l'aîné que la mère adule. Ce dernier se nomme Thadée, le plus jeune c'est Zachée. Et puis, on aurait presque tendance à l'oublier, mais ces beaux mâles ont une petite soeur : Ysé, qui vit un peu dans son coin, bricole, colorie, fait des colliers d'insectes , des mosaïques abstraites dont tout le monde se moque. Et pourtant, elle est là, voit tout, observe tout, entend tout, comprend tout. Elle n'a l'air de rien comme ça, mais elle est d'une maturité et d'une lucidité surprenantes.
Que fait-on quand on est un ado et qu'on habite Biarritz ? Je vous le donne en mille : on fait du surf, on vole, on glisse, on court après La Vague, THE Rouleau, enfin bref je ne sais pas comment ça s'appelle tous ces trucs- là, parce que des termes techniques, il y en a ! C'est vraiment tout un monde ! En tout cas, l'aîné, Thadée, le dieu de la glisse, s'est offert un petit séjour de quelques mois sous le soleil de la Réunion pour surfer dans des endroits idylliques. Son frère Zachée l'a rejoint pour des vacances. L'eau, le ciel, la mer et nos deux beautés mâles glissant sur les flots… Waouh, restons sur terre !
Quand le téléphone se met à sonner dans la jolie maison biarrote, Mylène est bien loin de s'imaginer ce que Zachée va lui dire… et pour cause : Thadée, le demi-dieu, le roi-soleil, le fils adoré de sa mère, s'est fait bouffer par un requin.
Stop, je n'en dirai pas plus,
Je vous laisse imaginer le raz de marée qui va balayer la gentille vie des Chastaing...
Parce qu'au fond, ce terrible événement va mettre à jour le fond du tréfonds de chacun des protagonistes qui prendront la parole successivement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne va pas être joli, joli. La belle façade va progressivement se lézarder jusqu'à...
Qui sont en réalité ces gens-là, cette famille idéale, symbole de la réussite, ces beaux enfants que tous les parents souhaiteraient avoir ? Les masques vont tomber un à un. Chacun va tour à tour se dévoiler, ôter son masque et c'est terrible. Plus que ça encore. Une vraie tragédie. La tension est insoutenable, on sent que le pire n'a pas été atteint, qu'il est imminent, qu'il va leur éclater à la figure et que ça va faire mal, très mal. C'est une vague XXL qui va balayer toute cette petite famille où règne l'harmonie. Dur de dire sans dire, il faudra qu'on en reparle quand vous l'aurez lu !
En tout cas, madame Rebecca Lighieri ou Emmanuelle Bayamack-Tam, je ne sais pas trop comment vous voulez que l'on vous appelle, en tout cas, disais-je, chapeau bas, très bas même : cette histoire d'une force incroyable, ces personnages fouillés et si crédibles et cette écriture superbe qui coule, tiens, une vraie vague de surf, on est comme porté… et ce don d'observation que vous avez, c'est remarquable : vous savez ce qu'est un ado, ça c'est sûr ! Et tout ce qui concerne le surf : êtes-vous allée à Biarritz passer quelques vacances avec un bloc-notes à la main ? L'effet de réel est saisissant et c'est la raison pour laquelle votre récit nous entraîne avec lui et devient impossible à lâcher. Un vrai thriller... J'avais beau me dire à une heure avancée de la nuit : j'arrête, eh bien, mes yeux continuaient tout seuls le chapitre suivant !
Allez, c'est dix mille fois mieux que tout ce que je viens de vous dire et je ne peux vous donner qu'un seul conseil : LISEZ-LE ! (Si vous n'aimez pas, je rembourse… heu, non, je plaisante!)

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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C'est un titre bien innocent pour un livre qui ne l'est pas du tout. Au contraire, il est dérangeant, bizarre et effrayant. Et passionnant, surtout !

On pourrait dire que c'est une histoire de surf, de requins et de famille qui déraille suite au handicap soudain de l'un des siens.

Mais, à mon sens, c'est surtout l'histoire d'une famille de psychopathes, au sens propre ou au figuré : ils ont des secrets aussi inavouables que leurs noms sont improbables.

Ils quittent progressivement l'océan et ses vagues magnifiques pour s'enfoncer dans une fange immonde et trouble de malveillance, d'indifférence et de mensonge.

Et peut-être que nous sommes exactement comme eux, tant nous sommes intrigués et curieux en les regardant se débattre et se noyer...
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Au départ, j'ai acheté le roman grâce au bandeau “Du Stephen King à la française”. Surprenant comme bandeau, non ? Forcément, il a suscité mon intérêt.
Les cent premières pages du roman ont été compliquées. Je voyais mal où l'auteure voulait nous emmener. On suit Mylène Chastaing (mère de Thadée, Zachée et Ysé) partie rejoindre ses deux fils à La Réunion après que Thadée se soit fait manger la jambe par un requin lors d'une session de surf. Mylène est plus qu'agaçante. Elle considère ses fils comme les 8èmes merveilles du monde, elle critique constamment tout et tout le monde et ne peut s'empêcher de faire des remarques désobligeantes. Mais l'écriture de Rebecca Lighieri (aka Emmanuelle Bayamack-Tam) est addictive et on tourne les pages sans s'en rendre compte. Puis on passe au point de vue du père, Jérôme. Il nous raconte son quotidien et sa vie de famille pendant que Mylène et ses fils sont encore à La Réunion. Il est seul avec Ysé, sa fille de douze ans aux centres d'intérêt très éloignés des fillettes de son âge (les reptiles, les insectes, etc.). Ensuite, on virevolte entre les points de vue des fils, de la copine de Zachée, Cindy, et d'autres personnages. On comprend peu à peu que cette famille biarrote bourgeoise n'est pas aussi parfaite qu'elle le prétend. Chacun a ses vices et ses défauts qui salissent peu à peu l'image lisse des Chastaing. Et puis il y a le drame, finalement annoncé depuis plusieurs années, et la traque que mène Ysé seule, délaissée par le reste de sa famille.
Oui, vraiment, du Stephen King à la française et une psychologie des personnages très poussée ! Tout en subtilité, Rebecca Lighieri nous emmène dans les profondeurs les plus sombres d'une famille et nous rappelle qu'on ne connait jamais vraiment les gens. Un roman au génie glaçant où l'auteure n'hésite pas à malmener ses personnages (et son lectorat !) pour surprendre. Mais un bon roman est un roman qui suscite des émotions...

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Je pense ne pas avoir été et ne toujours pas être dans cette équipe. Celle de ces gars qui font tourner les têtes de celles et ceux qui les frôlent. Accident dans le continuum espace-temps, anomalie qui perturbe l'écoulement du flux tellement leur présence est irréfutable. Comme l'éléphant de Vialatte. Toujours stupéfiant à observer, comme l'arrivée d'un félin dans un documentaire animalier

Thadée (qui signifie "courageux", "donné par dieu", "nourri à la mamelle" oui, oui, ça fait beaucoup pour un si petit prénom, c'est du 3 en 1) et Zachée (voulant dire "pur et innocent"), eux, sont deux jeunes hommes à qui la vie semble avoir souri démesurément. Peut-être un peu trop, glissant vers le rictus inquiétant, la balafre hideuse.

La beauté, ce luxe naturel. Cette noblesse sans titre qui surgit au milieu des êtres sans que l'on ne sache vraiment pourquoi ni comment, ils l'ont. On les observe donc, jouir de cette facilité qu'elle peut donner dans certaines circonstances comme un lubrifiant social très élaboré. Coupe-file qui fait gagner du temps et épargne les efforts inutiles.

Ces deux frères glissent donc dans la vie comme une goutte d'eau sur un tissu hydrophobe : avec aisance et sans accrocs. Dieux bouclés, ils font la fierté de leurs parents et par dessus tout de Mylène, leur mère. On peut dire qu'elle frôle le gâtisme tant elle les admire, les bade, leur pardonne tout.

Même l'inexcusable.

Un évènement violent va venir briser cet équilibre familial et labourer les chairs, taillader le quotidien, faire saigner les apparences en logeant ses morceaux acérés dans la graisse d'un bonheur bien plus fragile que l'on ne pouvait le penser.

Cette péripétie arrive très tôt dans le roman, page 14.

Tonnerre éclatant dans un ciel paisible, tout le train-train va dérailler bien gentiment. L'aquarelle va inexorablement baver dans un Rorschach perturbant où tout le monde verra ses démons se matérialiser dans une mêlée humide.

Rebecca Lighieri, l'alias d'Emmanuelle Bayamack-Tam, excelle dans la peinture de l'adolescence et de la violence : ses tensions, ses fêlures et surtout le passage à l'acte qui couve en son sein et dont elle s'est faite une spécialité. Potion bouillonnante sous le couvercle des métamorphoses physiques, marmite frémissante. C'est un moment de vérité où le précipité des passions et des émotions peut se révéler hautement instable. On comprend que cela intéresse autant un écrivain.

Après ma lecture d"Il est des hommes qui se perdront toujours", je note qu'elle persiste dans cette direction suivant la trajectoire de personnages dans leur jeune vingtaine qui viennent à peine de s'extirper de la lessiveuse automatique qu'est cette période mais qui en gardent les stigmates.

L'adolescence n'est pas cette frontière absolue que tout le monde franchit uniformément, complètement et au même moment. Il y a des adolescents attardés, des adultes trop verts et des primeurs poussés trop vite (je pense ici à Ysé la benjamine de la famille)

Thadée et Zachée se lancent donc dans la vie, boucliers, casques et lances à la main. Héros d'une Iliade sans remparts de pierre mais où les murailles sont faites d'eau. Car oui, ces deux frères vivent, mangent et dorment surf, ce qui les mènera des plages du pays Basque à celles de la Réunion puis du Portugal.

Avertissement, vous allez devoir un peu vous plonger dans le lexique de ce sport car beaucoup de termes sont utilisés dans le récit et ils ne peuvent pas tous être compris uniquement par le contexte. En ce qui me concerne, j'adore découvrir de nouveaux mots, donc ça ne m'a pas du tout gêné.

Rebecca Lighieri a, de son propre aveu, mangé des heures de vidéos de surf et lu beaucoup de magazines pour s'acclimater à ce vocabulaire et l'incorporer à sa recette. Elle s'est également inspirée de faits-divers réels et notamment de l'histoire d'Éric Dargent dit "le surfeur d'argent".

Par d'assez courts chapitres, chaque personnage majeur de l'histoire va prendre la parole, livrant sa vérité et écornant un peu plus à chaque fois la belle photo de famille. En un cercle excentrique, de la famille nucléaire aux personnes extérieures. Exception faite de la petite soeur, Ysé (déesse) la cadette, dont la prise de parole vient terminer le récit.

Cette entorse s'explique selon moi par le caractère assez atypique de cette jeune fille et sa position dans cette famille : excentrique. Très justement.

Encore une fois, j'ai vraiment détesté certains personnages/narrateurs comme cela avait déjà été le cas dans ma précédente lecture de RL. Je m'en accommode et cela devient un attendu presque. Je pressens ce moment où je vais être percuté dans mes valeurs et ça commence à me plaire. Je gaine, mains derrière la tête, dans la perspective du crochet bas. Et je dois dire que je n'ai pas été déçu, encore une fois.

RL révèle peut-être chez moi un fond masochiste que j'avais découvert lors de ma première et dernière lecture de Guillaume Musso. Mais elle appuie dessus de tout son poids et...j'aime bien ça on dirait...quand c'est bien fait. (pizza aux anchois, table 3 pour Guillaume. T'as capté...)

De l'aveu de Rebecca Lighieri, ce roman est une autopsie de la pulsion : comment des jeunes gens parviennent à gérer cette force noire qui nous travaille tous et toutes, et comment d'autres y échouent lamentablement ou ne luttent même pas, pour certains d'entre eux.

Et je pense que c'est cette ombre portée que l'on traque partout sous la surface de ce récit, que l'on sent. Cette menace qui peut à tout moment surgir et briser les os, les vies, les vernis. Elle fait voir sa masse obscure puis disparaît comme elle est venue, laissant un goût de sang dans la bouche.

Le vrai risque c'est celui-là et c'est pour cela que l'évènenement qui arrive au début du roman n'est qu'un leurre ou une mèche à étincelles qui détourne l'attention. Les explosifs sont ici d'un tout autre ordre.

C'est bien trouvé de la part de RL de brouiller ainsi les pistes et de nous faire prendre l'ombre pour la proie.

Le surf vient mettre tout cela en exergue, par contraste : activité de plein air, de soleil, de communion avec les éléments, il véhicule une image très saine, pleine d'équilibre qui tranche tout à fait avec la noirceur qui se dégage de certains personnages et qui vient ternir l'image idyllique. (C'est RL qui le dit hein...je reprends juste)

On retrouve un sous-texte biblique également avec les prénoms de ces deux garçons et la référence explicite à un épisode vétérotestamentaire très connu. L'auteur semble ainsi jouer au dieu vengeur et courroucé qui exige un sacrifice sanglant et qui sème un chaos dramatique d'une main leste.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui a refermé ses mâchoires sur moi sans ménagement, tirant sur mon frêle temps libre et l'emportant par gros morceaux sanguinolents. le terme happé est tout à fait à propos. Je me suis vu en grappiller des phrases, grattant quelques lignes, fébrilement, avant de partir au boulot le matin. Je ne sais qui du livre ou du lecteur ne voulait plus lâcher sa prise...

Seule la fin et son changement de ton assez inattendu ne m'ont pas paru nécessaires. Une touche de fantastique qui nuit au reste. Certains critiques ont parlé de Stephen King...le clown présent dans l'histoire n'est pas suffisant pour évoquer "le roi" selon moi. Restons sérieux.

Cela reste un bon livre dont je me souviendrais mais pas pour ces raisons et cette référence indue.

Rebecca Lighieri a une plume énergique, brutale, qui va à l'essence, quitte à jouer avec elle sans concession et frôler l'incendie. Ça commence à me plaire et me taraude agréablement la boîte à certitudes. C'est déjà bien suffisant.

Je suis toujours étonné par sa rudesse envers ses personnages dans ses interviews. Ainsi de Zachée qu'elle ne trouve pas intéressant et qui de toute façon n'a aucun mérite...Ouch. Coup de tête, balayette.

A nouveau, je m'étonne devant certains mots d'argots que je n'ai jamais entendu. Mais je prends de l'âge, je ne suis pas infaillible et je sais que selon notre situation géographique, il y a des mots qui ne franchissent pas certaines régions.

Enfin bon, si quelqu'un a déjà entendu le terme "star-star" auparavant, je veux bien qu'il me le dise dans les commentaires...ça me fout un coup de vieux...un peu comme la crème anti-cernes que j'ai reçu à mon anniversaire.

Dernier verre avant la route, j'ai apprécié cette "buanderie" que l'on retrouve dans cette maison et où beaucoup de choses se passent. Lieu mal défini. En sous-sol, souvent, chtonien, mais où l'eau, la vapeur ont aussi leurs places. Espace de stockage, de repli, caverne primordiale. On peut y fumer en soumsoum alors qu'on a officiellement arrêté à la mort de tonton André. Il y a 4 ans. Surtout, on peut y écouter les bruits primordiaux de la maison. Son pouls. J'aurais adoré avoir une buanderie. Bref, je vous laisse découvrir ce que l'on y fait chez les Chastaing.

Bonne lecture.


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Sous le pseudo de Rebecca Lighieri, Emmanuelle Bayamack-Tam nous offre encore une fois un roman surprenant. J'avais beaucoup aimé «Arcadie». Je n'ai pas été déçue par celui-ci, dans ma PAL depuis longtemps.

Nous sommes à Biarritz, au coeur d'une famille aisée. Mylène et Jérôme ont trois enfants. Les deux aînés ont la vingtaine, ils sont beaux, intelligents, excellents surfers et adulés par leur mère. Thadée, le fils chéri, est suivi de près par Zachée. La plus petite, Ysée, a 10 ans. Introvertie et solitaire, elle est surdouée et très lucide.

Thadée a pris une année sabbatique pour surfer à la Réunion. Zachée et sa copine, Cindy, l'ont rejoint au surf camp. Quand Thadée se fait mutiler la jambe par une attaque de requin, c'est toute la famille qui en est bouleversée.

Ce roman choral nous fait rentrer dans la tête de chacun des membres de cette famille. On passe de la lumière à l'ombre, très rapidement. Sous des airs de perfection, chacun a ses perversions, ses jalousies, sa lâcheté et cette famille est plus que dysfonctionnelle.

J'ai vraiment accroché à ce livre, même s'il est malsain et dérangeant. Je l'ai lu très rapidement. L'adoration sans borne de Mylène pour ses garçons et sa suffisance bourgeoise sont au début pénibles mais l'on passe d'un personnage à l'autre et l'on comprend mieux.

Chacun raconte sa version des faits et l'autrice avance petit à petit ses pions et resserre son intrigue.

La dernière partie est différente, le fameux «Stephen King à la française» promis sur le bandeau. Même si c'est vu à hauteur d'enfant via le point de vue d'Ysée, j'ai trouvé ces éléments fantastiques un peu tirés par les cheveux...

Mais ça reste un très bon roman noir, à suspens, envoûtant, très sensuel et plein de contrastes. Je l'ai lu avec beaucoup de plaisir et j'ai aimé retrouver le style de Bayamack-Tam.

Je recommande cette lecture inclassable.

Tu l'as lu ? Il t'a plu ? As-tu déjà lu des romans de cette autrice ?
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Rebecca Lighieri est le pseudonyme d'Emmanuelle Bayamack-Tam, qui nous propose avec Les Garçons de l'Été un roman choral d'une rare intensité.

Le titre et la couverture me promettaient une ambiance « sea sex and sun ». Certes le roman est très bien documenté sur la pratique du surf, ses codes, la fraternité mâtinée de rivalité qui réunit les surfers, le vocabulaire d'initiés pour parler vagues, figures, technique. Certes la mer, le sexe et le soleil sont au rendez-vous, mais aussi l'orgueil, la jalousie, le mensonge, les faux-semblants, la dissimulation, la malveillance, la haine, la vengeance implacable. Vous l'aurez compris, j'ai été surprise, mais pas du tout déçue !

Les Chastaing ont « tout pour être heureux » : une jolie maison, un quotidien confortable et bien huilé, une vie de couple épanouie (incluant une maîtresse régulière pour Monsieur), trois magnifiques enfants aux prénoms recherchés. Ysé, la benjamine, solitaire mais d'une maturité déconcertante, a des passe-temps peu communs. Ses aînés, Thadée et Zachée, sont deux demi-dieux solaires, athlétiques, magnétiques, adulés par tous.
Est-ce ce « trop » de perfection qui attire sur cette famille « bien sous tous rapports » les foudres d'un Dieu vengeur et jaloux décidé à leur faire payer leurs péchés d'orgueil et de fierté ?

Passionnés de surf, les deux frères partent chercher la vague à la Réunion, mais « tout part en vrille » le jour où Thadée se fait arracher la jambe par un requin.
Au fil des pages le bonheur insolent se délite, les eaux calmes et limpides se muent en un raz de marée qui renverse le bel équilibre familial. Les masques tombent, un à un, et la vérité se dévoile page après page, entraînant les Chastaing dans une lente et inexorable descente aux enfers.

Ce roman est UNE MERVEILLE, ce roman est GENIAL. Il est dérangeant, inquiétant, effrayant, passionnant, envoûtant. Un « page-turner » qui, telle une vague puissante nous emporte, le souffle court, jusqu'à la dernière page.

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C'est un livre franchement noir qui s'avance dans la lumière aveuglante du plein soleil sur les corps parfaits. Son titre sublime, "Les Garçons de l'été", aidé par la si belle couverture Folio, déclenche des images irrésistibles de bains de mer, de bouches avides et de peaux bronzés. Pourtant c'est vers une attaque de requin que nous sommes dirigés dès les premières pages, à la suite de quoi Thadée, le surfeur attaqué, sera amputé : le récit va donc s'intéresser à ce que cette amputation déclenche - ou révèle - au sein de sa famille parfaite.
L'auteure commet ici sa première méchanceté, son premier coup de génie : elle va s'ingénier à pourrir son titre de l'intérieur. Oui, il s'agit bien de deux frères surfeurs surdoués, sublimement beaux, bronzés et aimés, mais leur histoire tirerait plutôt vers les turpitudes d'Abel et Caïn que vers la coolitude de The Endless Summer. Très vite, elle nous entraîne au large de la morale. Au début, avec humour: la scène où Mimi, la mère, observe son fils cadet faire l'amour sur la plage, en pleine nuit, jouant comme un jeune animal avec sa compagne Cindy, est à ce titre l'une des plus belles scènes érotiques que j'aie pu lire, déjouant le piège du glauque avec une liberté qui éclabousse.
Puis de manière de plus en plus dérangeante, jusqu'à l'insoutenable - j'avoue que j'ai un peu décroché sur la fin, lassée de cette noirceur: mais doit-on en vouloir à l'auteure de jouer le jeu du roman noir avec cette pureté ?
Ce que je trouve fantastique dans ce roman, c'est cette énergie sauvage qui le sous-tend de bout en bout, dans le récit de la joie des débuts, puis de l'envers de la joie, dans le grossissement épique de certaines scènes qui confinent au mythe, dans l'écriture percussive gonflée au plaisir d'écrire. Cette force de vie enlève le récit au-dessus du glauque triste facile auquel les péripéties finales semblaient pourtant nous condamner.
"Les Garçons de l'été" est écrit de cette manière dense et rapide des surfeurs au creux des vagues; il en a aussi la nécrose putride des chairs dévorées.
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Ce roman a eu beaucoup de succès auprès des blogueurs et sur les réseaux sociaux. Je crois n'avoir remarqué aucun avis négatif le concernant, j'ai donc voulu me faire ma propre opinion.

Une famille bourgeoise modèle: deux beaux et brillants garçons qui adorent le surf, une petite soeur surdouée, une mère aimante et très présente et un père qui fait tout pour que ses proches ne manquent de rien. Quand un des deux frères se fait mutiler par un requin, l'équilibre de cette famille en apparence parfaite est sérieusement ébranlé.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi addictif. La parole est donnée à tour de rôle à tous les membres de la famille. Chacun donne son point de vue, ils ont tous des secrets qui sont révélés au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. J'ai beaucoup aimé ce roman choral qui nous plonge dans l'intimité vraie des personnages, dans leurs mensonges réciproques et dans l'apparence qu'ils se donnent. Si je devais émettre une petite réserve, elle concernerait la fin que j'ai trouvée un peu trop rocambolesque. Ceci dit cela ne m'a pas empêchée de passer un très bon moment de lecture.

Un thriller psychologique absolument palpitant que j'ai dévoré.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Aujourd'hui 5 avril, c'est la sortie de nombreux romans, c'est aussi celle des garçons de l'été… Par chance, mes filles sont encore trop petites pour les rencontrer. Mais lorsqu'elles auront vingt ans, je leur dirai de se méfier de ces deux jeunes hommes, là bas sur la plage, beaux comme des princes et qui surfent comme des Dieux.

Si moi-même j'enfante un jour de deux garçons comme Thadée et Zachée, si grands, si blonds, si charismatiques, peut-être deviendrai-je cette maman supérieure, à l'image de Mylène, de celles qui se sentent sur-puissantes car entourée de mâles parfaits.

Mon mari sera fier mais malgré lui un peu jaloux. Après leur naissance, il attendra de retrouver un peu de mon admiration à son égard, vainement car mon attention sera tournée totalement vers mes fils. Alors il trouvera une maîtresse plus chaleureuse et sa virilité comblée le déculpabilisera, il se persuadera que l'adultère équilibre sa vie et sauve notre famille. Je ne verrai rien, je passerai mon temps à emmener mes fils partout et leur confectionner des plats savoureux. Moi je ne mangerai rien, car la génitrice de mâles se doit d'avoir un corps impeccable. Il me semblera avoir le contrôle de tout.

Mes fils grandiront et deviendront de sublimes jeunes hommes, nous habiterons Biarritz et ils découvriront le surf à dix ans. Malgré moi je laisserai la compétition s'installer entre eux, car avec son père nous voudrons les pousser vers le haut, nous les penserons complices et inséparables.

Leurs cheveux seront blondis par le sel, et leur peau constamment hâlée. Malgré la peur de l'accident je les autoriserai à prendre leur planche et partir à La Réunion.

Pétrie d'amour, je penserai que l'éducation que je leur donne est la meilleure, je ne devinerai pas à quel point ma vanité maternelle est un poison que j'instille dans les veines de Thadée. Oui, j'aurai un fils préféré, il aura toujours été tellement beau. Zachée n'est pas jaloux, il est plus simple, sa petite amie moins sophistiquée que Jasmine, celle de son frère.

Débordant de fierté, j'irai même à en oublier ma petite dernière, Ysé. Non non elle ne s'ennuiera pas, elle sera une enfant lunaire vivant dans son monde, elle dessinera toute la journée et collectionnera les carapaces de scarabées et les peaux de lézards.

Et puis un jour, je recevrai un coup de téléphone de Zach. Làs-bas, à La Réunion, un de mes fils se sera fait attaquer par un requin.

Cet épisode révèlera les fêlures de notre famille, comme le grain de sable manquant à son rouage : mon mari transposera sur sa culpabilité adultérine, mon fils amputé ne supportera plus la vie, il enviera son frère entier, son frère sans prothèse et sans moignon, son frère toujours sur la vague. L'ambiance à la maison sombrera, le drame surviendra et je deviendrai folle.

Mon avis :

Les garçons de l'été est un roman polyphonique envoûtant, chaque membre de la famille apporte un regard aiguisé sur sa place dans la fratrie. Surf, handicap, trahisons, les sujets abondent et s'imbriquent avec brio.

Ce thriller psychologique moderne revisite les premiers chapitres bibliques, jette le trouble sur Abel et Caïn et emmêle nos certitudes. Si le regard de la petite soeur, Ysé, s'apparente au modérateur de l'histoire, de morale ici il n'en est pas question, rien ne semble pouvoir sauver la famille de ses péchés capitaux, bien plus dangereux que les requins de l'île de la Réunion.

Lien : https://agathethebook.com/20..
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