(...), elle se mettait à fouiller, quête perdue et vaine d'une chose dont finalement elle n'était plus très sûre qu'elle existât vraiment. Etait-ce un fantôme qu'elle poursuivait ? N'avait-elle pas depuis longtemps retourné jusqu'au moindre recoin de cette vieille ferme ? Ne fouillait-elle pas encore et toujours les mêmes endroits, alors qu'elle savait fort bien qu'il était improbable que ce qu'elle cherchait s'y fût entretemps matérialisé ?
Dimanche 22 décembre 1996
En ce qui me concerne, l'écriture a de toute façon atteint son but : écrire contraint à la précision. Des souvenirs incertains ont retrouvé leurs contours, leurs vraies couleurs. J'ai été obligée de faire l'effort de me souvenir. Et ça m'a permis de me réconcilier. Avec moi, avec ma vie, avec le destin. j'ai pardonné aux hommes, et surtout, je me suis pardonné à moi-même. c'était quelque chose qui me tenait beaucoup à coeur, et j'y suis parvenue. Pourtant...
Prologue
Yorkshire, décembre 1980
Et on peut tout bonnement s'en tenir à la vérité. Elle est dure, parfois elle fait mal, mais au moins c'est la vérité.
Prologue
Yorkshire, décembre 1980
J'ai écrit l'histoire de ma vie. Quatre cent pages, soigneusement tapées à la machine. Toute ma vie sur papier. Enfin, presque toute ma vie.
Prologue
Yorkshire, décembre 1980
Laura a cinquante quatre ans mais son visage reflète toujours ses terreurs de petite fille. Et maintenant elle ne changera plus. Elle a été traumatisée par ce qu'elle a vécu pendant la guerre, quand elle était enfant. A l'époque, on connaissait mal la façon de traiter les blessures d'ordre psychologique. On misait sur le fait que les choses s'arrangeraient d'elles-mêmes, seulement il arrivait que, justement, elles ne s'arrangent pas.
Prologue
Yorkshire, décembre 1980
Les cris affamés des oiseaux résonnent dans l'air et une pluie froide mouille le visage des marcheurs chaudement emmitouflés qui vont par les chemins boueux, leurs souvenirs de soleil et de chaleur enfouis au fond d'eux-mêmes comme un précieux trésor.
Prologue
Yorkshire, décembre 1980
La vie est peu encline à exaucer les vœux les plus chers.
Aucun homme n’a encore été capable de fournir le moindre argument susceptible de justifier que les femmes ne possèdent pas le droit d’intervenir directement dans les affaires politiques !
Les femmes ne discutent pas politique avec les hommes parce que les hommes ne les écouteraient pas trois minutes. Les femmes ne disent rien parce qu’elles n’ont pas droit à la parole et qu’elles le savent. En déduire une incapacité des femmes à s’occuper de politique, voire une incapacité à avoir des opinions sensées sur des problèmes d’ordre général, pour ma part, je tiens cela, et le mot est faible, pour une infamie.
La politique n’est pas une affaire de femmes.