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EAN : 9782354570132
192 pages
Editions Demopolis (18/09/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
Bruno Latour nous invite à découvrir Le Public fantôme, publié par Walter Lippmann en 1925, auquel John Dewey s’était hâté de répondre par le Public et ses Problèmes. Le Public fantôme, c’est chacun d’entre nous, citoyens plongés dans une obscurité profonde lorsqu’il s’agit de nous mêler de politique.
En politique selon Lippmann, il y a d’abord des objets de dispute, des imbroglios, des illusions. Mais Lippmann ne cède rien de l’idéal démocratique. Sa concept... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
J'ai essayé d'imaginer comment le citoyen parfait pourrait être inventé. Certains disent qu'il devrait naître de la rencontre des gênes adéquats et, dans les pages des livres écrits par Madison Grant, Lothrop Stoddard et autres eugénistes, j'ai lu des prescriptions relatives aux bons choix maritaux permettant de produire une catégorie de citoyens de premier ordre. N'étant pas biologiste, je garde un esprit ouvert concernant cette question, même si je sais que la certitude sur la façon d'augmenter l'aptitude des êtres humains croît, dans l'ensemble, à l'inverse de la réputation scientifique de l'auteur. C'est en conséquence, logiquement, vers l'éducation que l'on se tourne ensuite, dans la mesure où l'éducation a fourni la thèse du dernier chapitre de tout livre optimiste sur la démocratie écrit ces cent cinquante dernières années. Même Robert Michels, rejetant de manière sévère et intransigeante le sentimentalisme, affirme dans ses « considérations finales » que « c'est à la pédagogie sociale qu'incombe la grande mission d'élever le niveau des masses, afin de les mettre à même de s'opposer, dans les limites du possible, aux tendances oligarchiques » de l'action collective8 . J'ai donc lu quelques-uns des nouveaux manuels de référence utilisés pour inculquer la citoyenneté dans les écoles et universités. Après les avoir lus, je ne vois pas comment quiconque pourrait ne pas en arriver à la conclusion que l'homme doit avoir l'appétit d'un encyclopédiste et un temps infini devant lui. On n'attend certes plus de lui qu'il se rappelle le salaire exact d'un secrétaire de comté et la durée de la fonction d'un juge d'instruction. L'instruction civique lui apprend les problèmes relatifs au gouvernement et non les détails de structure. Dans un manuel de cinq cents pages vigoureuses et concises, que j'ai lues, on lui parle des problèmes de la ville, des problèmes de l'Etat, des problèmes nationaux, des problèmes internationaux, des problèmes des entreprises, des problèmes syndicaux, des problèmes de transport, des problèmes bancaires, des problèmes ruraux, des problèmes de l'agriculture, et ainsi de suite ad infinitum. Dans les onze pages consacrées aux problèmes de la ville, douze sous-problèmes sont décrits.
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Le citoyen, dans la sphère privée, a aujourd'hui tendance à se considérer comme un spectateur sourd assis dans la rangée de derrière, qui devrait se concentrer sur les mystères, au-dehors, mais ne parvient pas vraiment à rester éveillé. Il sait qu'il est d'une manière ou d'une autre affecté par ce qui se passe. Les règles et les règlements, en permanence, les impôts, chaque année et les guerres, de temps à autre, lui rappellent qu'il est emporté par le tourbillon des circonstances. Ces affaires publiques ne sont pourtant en aucune façon ses affaires. Elles sont en très large partie invisibles. Elles sont gérées, pour autant qu'elles le soient, dans des centres lointains, derrière les scènes, par des pouvoirs sans nom. En tant que personne privée, il n'est jamais sûr de ce qui se passe, de qui s'en charge, ou vers où on l'entraîne. Aucun journal ne rend compte de l'environnement du citoyen de telle façon qu'il puisse se l'approprier ; aucune école ne lui a appris comment le concevoir ; ses idéaux, souvent, sont en porte-à-faux avec cet environnement, et écouter des discours, exprimer des opinions et voter ne lui semblent pas permettre de le gouverner. Il vit dans un monde qu'il ne peut pas voir, qu'il ne comprend pas et qu'il n'est pas à même de maîtriser.
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Vidéo de Bruno Latour
Mardi 31 mai 2016, Bruno Latour, philosophe et sociologue des sciences, auteur de Face à Gaïa a été présent sur le plateau des Mardis des Bernardins. L'occasion pour la Lettre de la recherche de vous avoir proposé un entretien avec celui qui à travers les sciences, les techniques, l'économie, l'esthétique et la théologie pensait l'introduction des êtres de la Terre dans le processus politique.
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