AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 2559 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les bienveillantes” est un ouvrage colossal. La documentation que l'auteur a du consulté est énorme, et j'ai apprécié les passages sur la mise en oeuvre et l'exécution de la "Shoah par balles" au début de l'invasion de l'URSS ainsi que ceux sur l'enfer de Stalingrad. le personnage principal Maximilian Aue est culturellement bien plus français qu'allemand, et il est à tout point de vue très éloigné tant de l'allemand moyen que du nazi moyen.
J'admets tout à fait ce qu'a expliqué l'auteur lui-même : "Un nazi sociologiquement crédible n'aurait jamais pu s'exprimer comme mon narrateur. Ce dernier n'aurait jamais été en mesure d'apporter cet éclairage sur les hommes qui l'entourent. (...) Il n'y a pas de roman possible si l'on campe sur le seul registre de la vraisemblance. La vérité romanesque est d'un autre ordre que la vérité historique."
Mais je trouve beaucoup plus gênant, ce qu'implique le discours tenu par ce roman : puisque le héros du livre, présenté comme modèle du Nazi, est un personnage border line (enfance traumatisée, relations incestuelles avec sa soeur, homosexuel avec des fantasmes pervers, assassin de son meilleur ami, de son beau-père et de sa mère), il faut se rassurer : les Nazis étaient des détraqués, des anormaux, des psychopathes. Nous, les gens normaux, n'aurions pas (ré)agis comme lui ni comme eux. Raisonnement fort dangereux et fallacieux.
Reste que le style est excellent, l'écriture est parfois pesante (il y a de quoi !), mais souvent vive, précise et sur un rythme effréné qui permet de venir sans trop de peine à bout de cet énorme pavé.
Commenter  J’apprécie          161
La période de la Seconde Guerre Mondiale a été abordée dans la littérature à de nombreuses reprises, que ce soit sous forme de fictions, de documentaires ou d'essais. On peut citer parmi les oeuvres les plus connues, Si c'est un homme de Primo Levi, le silence de la mer de Vercors ou encore le Journal d'Anne Franck. S'inscrivant, quant à lui, dans la lignée des romans s'intéressant plus particulièrement au personnage de l'officier SS, Les bienveillantes de Jonathan Littell n'est pas sans rappeler le très bon roman La mort est mon métier de Robert Merle. Publié en 2006, il reçoit la même année, le grand prix de l'académie française mais aussi le prix Goncourt et remporte un franc succès auprès des lecteurs. Néanmoins il essuie certaines critiques négatives qui lui reprochent le manque de crédibilité du narrateur, le manque de modernité et la faiblesse du style mais aussi des problèmes éthiques liés au risque de voir le lecteur se complaire dans la violence et de développer de l'empathie pour le narrateur, un officier SS. Quel groupe de lecteurs ai-je rejoint? Celui des convaincus ou celui des désappointés?

Prenons tout d'abord l'objet en main. Ce qui frappe c'est son poids et son nombre de pages…1400 pages dans la version poche. Et oui ce roman est long, trèeeees long. Cela pourrait légitimement suffire à en décourager plus d'un surtout qu'au nombre de pages, se rajoute une mise en page très dense, peu de marges, peu de sauts de ligne, une police d'écriture petite, pas de chapitres mais uniquement des parties très longues. Bref ça ne donne pas forcément envie et quitte à s'infliger un gros pavé on a vite fait de se tourner vers une intégrale de Game of Thrones… Mais n'oublions pas, il est souvent nécessaire d'ôter l'emballage pour pouvoir apprécier pleinement la chose convoitée…ou pas.

Revenons sur le style qui a été décrié par certains critiques. Pour son premier roman, on peut dire que Jonathan Littell manie la plume avec brio. Certes l'auteur ne réinvente rien mais il fait preuve d'une grande maîtrise de la langue. Il réussit à entraîner le lecteur dans le récit très cru de cet officier SS, à le suivre dans le « tour du monde » de ce conflit mondial, alors qu'au final, sur les 1400 pages on dénombre peu d'actions. Une étrange force emporte le lecteur dans ce tourbillon de violence et d'horreur. J'ai toutefois ressenti un certain ennui et une lassitude dans les passages où le narrateur se trouve dans le Caucase et en Hongrie. L'auteur ne ménage pas le lecteur en utilisant abondamment un langage cru et dérangeant tout en alternant avec un langage on pointe l'érudition. Il n'est pas toujours facilement de suivre l'auteur quant il s'adonne à cet « étalage de savoir ». Il me reviens en mémoire notamment, un passage dans le Caucase, où Maximilien Aue, le narrateur, à une longue discussion avec un professeur qui porte sur les différentes langues et ethnies du territoire sur lequel ils se trouvent…pas très loin de tomber dans le bon vieux ouvrage universitaire…L'utilisation de mots et termes allemands tout au long du récit peu déstabiliser et égarer parfois; il aurait été judicieux d'intégrer des notes de bas de page ou un lexique plus conséquent que celui présent dans la version de poche, afin de guider le lecteur.

La richesse de la documentation est selon moi, le point fort de ce roman. Il foisonne de détails historiques, de descriptions de lieux et de personnages: on sent que l'auteur a abattu un travail colossal de recherches documentaires en amont de son oeuvre. Ça ne fait qu'accentuer la crédibilité du récit. Ainsi on nous apprendre des tonnes d'informations sur cette période, certaines complètement inconnues pour ma part. J'ai trouvé certains passages passionnants et cela m'a même donné envie d'approfondir les connaissances ainsi acquises. le roman va au delà des connaissances que l'on aurait pu avoir acquises lors de la scolarité, qui malheureusement faute de temps, ne fait que survoler cette période et délaisse certains faits.

Jonathan Littell fait le choix de mettre en scène une palette de personnages fictifs mais aussi et surtout réels comme Hitler (bien sûr…), Albert Speer, Heinrich Himmler, Adolf Eichmann, Reinhard Heydrich ou encore Rudolf Hoss (le narrateur de la mort est mon métier). M. Aue rencontre TOUS ces personnages, il peut trop « facile » à mon sens… Cela aurait-il être possible dans la réalité? Je ne pense pas…un petit manque de crédibilité sur ce point… En ce qui concerne les personnages fictifs, c'est assez difficile de s'y attacher, peu d'émotions s'en dégagent et la plupart « passe vite » dans le champ du narrateur. Relative exception, le personnage de Thomas, un officier SS comme M. Aue, on peut même dire son seul ami? qui l'aidera à de nombreuses reprises et le suivra jusqu'à la fin du roman…

Le point qui a très certainement posé des difficultés à de nombreux lecteurs sont les scènes de scatologie, de sexe et d'inceste qui ponctue le récit…L'avant dernière partie intitulée « Air » en est l'apothéose…En effet l'auteur ne ménage pas son lecteur, il provoque, il dérange. Mais à mon sens cela va de pair avec le personnage de Maximilien Aue: torturé par son amour pour sa soeur, une haine envers sa mère, une homosexualité cachée, un trouble de l'identité. Je ne m'aventurai pas sur un terrain que je ne maîtrise pas mais il ferait indéniablement un bon cas d'analyse psychanalytique.

De nombreuses questions sont soulevées dans Les bienveillantes notamment sur le mal: doit-on faire le mal par devoir? Est ce légitime? Faire le mal pour la « bonne cause » n'est-il pas en fin de compte faire le bien? le roman aborde également les questions sur l'antisémitisme et sur ce concept de race supérieure, sur l'inceste, l'homosexualité et bien autres choses…



La maîtrise de l'écriture, les thèmes abordés, l'énorme travail de documentation ainsi que les nombreuses connaissances apportés sur ce conflit, fait des bienveillantes, un Grand roman. Certes, ce n'est pas une lecture facile de par la violence qui s'en dégage mais aussi par la densité du texte et parfois les « dérapages » d'érudition. C'est une lecture exigeante mais vraiment pas insurmontable, il faut juste prendre son temps…Bref c'est un roman vraiment passionnant pour tout ceux qui souhaitent en savoir davantage sur ce conflit mondial mais c'est également un roman qui offre une occasion presque inédite d'observer la cruauté et la bêtise humaine à travers les yeux d'un Hauptsturmfuhrer…
Lien : https://uneplumesurunparchem..
Commenter  J’apprécie          152
Il y a eu tant de critiques sur ce livre que j'ai hésité à en ajouter une autre, si tard après sa parution (qui a fait un si grand bruit). Ce roman-fleuve m'a laissé des impressions contrastées. Son sujet est énorme: il ne s'agit pas seulement du destin d'un homme, mais aussi de la vie et de la mort dans un conflit sans merci (la seconde guerre mondiale), et plus généralement de la nature humaine, si étonnante, si ambigüe - et si cruelle, dès qu'elle en a la possibilité. Il y a bien un souffle extraordinaire dans ce récit immense, qui s'ordonne autour du personnage principal, pour lequel on n'a pas d'empathie, mais qui est campé d'une manière inoubliable. L'auteur montre une ambition et une maturité hors du commun, recréant comme un démiurge le monde dément du troisième Reich, multipliant les morceaux de bravoure, conduisant le lecteur d'horreurs en horreurs. J'ai été estomaqué pendant une bonne partie du livre, mais… j'ai parfois trouvé que "trop, c'est trop". A ces moments-là, je trouvais que J. Littell en faisait des tonnes. Alors, mon intérêt retombait brutalement et je regardais sournoisement combien de pages il me restait à lire pour finir ce pavé. Et puis, après avoir laissé le roman "en jachère" pendant quelques jours, je finissais par reprendre la lecture et, à nouveau, je me laissais prendre à la gorge par cette folle histoire et par son "héros" sulfureux. C'est pourquoi mon avis reste globalement positif et je pense sincèrement que, malgré ses défauts, "Les Bienveillantes" ont bien mérité le prix Goncourt.
Commenter  J’apprécie          150
Les bienveillantes est une sorte de “rise and fall du IIIème Reich”, vécu à travers les destinées de Maximilien Aue, directeur d'usine de dentelle en France, et accessoirement ex officier SS, revenu de la guerre vide et amer. Ce personnage, cynique et froid, spectateur de lui-même, et vivant les atrocités de la guerre comme curieux d'une expérience scientifique, est le narrateur inquiétant et halluciné d'une époque barbare. Sorte de témoin privilégié de la Grande Histoire, il est dépêché sur le front russe, en Ukraine, il y décrit les exécutions de masse, leurs ratés et le lent processus qui conduira à l'élaboration scientifique et rationnelle de la solution finale. Il progresse dans la hiérarchie, favorisé par les événements, les rencontres, la chance aussi, et découvre progressivement les arcanes du pouvoir Nazis. de Stalingrad à Auschwitz en passant par Berlin, le roman, en l'espace de 1400 pages (édition folio), balaye, en un large spectre, les différentes facettes de cette période, dans toute son horreur et sa démesure, avec toujours en toile de fond la réflexion sur la chaîne des responsabilités dans les crimes à vastes échelles, perpétrés par un ensemble d'individualités consciencieuses et obéissantes. Ce roman foisonnant et riche met en scène les personnalités saillantes du régime nazis et de la collaboration des pays occupés. A ce titre on peut qualifier l'oeuvre de somme littéraire. Plus discutable est le choix d'un narrateur complètement déséquilibré, narcissique et déviant sexuel, alors que par ailleurs Jonathan Littell montre bien que les bourreaux étaient très probablement, en grande majorité, des bons pères de famille, scrupuleux et méticuleux dans la tache qui leur était attribuée. Ainsi on ne nous épargne pas les épisodes hallucinatoires, obscènes et fangeux décrit avec une certaine forme de complaisance. C'est à mon avis un point de vue discutable; le roman aurai gagné en horreur, en réalisme et en suggestivité, en adoptant un ton administratif, plus froid et clinique comme dans La mort est mon métier de Robert Merle. Les Bienveillantes est un récit très bien documenté, on sent que l'écrivain a lu ses illustres prédécesseurs comme Malaparte, Speer ou Grossman; néanmoins placer ce roman sous l'égide de Vie et Destin ou d'Eschyle comme le fait la quatrième de couverture me semble exagéré, je peux énumérer une demi-douzaine d'oeuvres ayant trait à cette période, qui m'ont paru bien supérieures du simple point vue littéraire. le style du roman est simple, un peu vulgaire, le recours à l'analepse dans le cours du récit est néanmoins intéressant et ajoute de la profondeur au récit.
Commenter  J’apprécie          151
1400 pages? Même pas peur. Sur du papier quasi-bible? Toujours pas peur. de nombreuses pages sans paragraphes ? Euh... Ouais faut voir.... Et bien j'ai vu, j'en ai pris plein la gueule et je ne regrette pas.
Un roman écrit par une journaliste, c'est bien documenté et fidèle à la réalité mais cela reste un roman. Celui d'un jeune homme intelligent mais en inadéquation avec la vie sociale (de petits problèmes d'inceste, jamais bons et une homosexualité inavouable à l'époque), deux éléments qui l'amèneront à faire une "brillante carrière" au sein des SS (comprenez: efficace et détaché), deux éléments qui le pousse à ce long monologue intérieur qui se déroule sous nos yeux.
Faire parler un "nouveau SS" est un procédé deja utilisé. Mais, ici, il ne s'agit pas "seulement" (gros gros guillemets) de parler de l'horreur du nazisme et de son système, mais aussi de celle tapie au sein de chaque homme, celle d'une folie que la solitude ne peut faire qu'empirer. Un roman historique et psychologique, âmes sensibles s'abstenir.
Commenter  J’apprécie          140
Voici un livre qui patientait depuis de nombreuses années ; sans doute par rapport au sujet mais aussi par rapport à l'ampleur, de la lecture à entreprendre. En effet, 894 pages en grand format, bien remplies. Cette période de confinement était donc propice, pour le sortir de ma pile à lire. Ce fut une lecture ardue sur une dizaine de jours mais aussi une satisfaction. Je me trouve même un peu orphelin maintenant !
Cette lecture est très ambivalente avec une chronologie morbide de la guerre et l'histoire personnelle et familiale du narrateur.
Certains passages sont effrayants, même détestables.
L'intérêt pour moi, ce fût de vivre cette guerre du côté des nazis, d'en avoir une autre perception, d'essayer de comprendre cette folie. Je peux dire que l'auteur m'a convaincu. Il a fait un travail remarquable.
En ce qui concerne l'histoire personnelle du narrateur, qui permettait de sortir du contexte, je reste un peu plus perplexe. Il m'a fallu faire des recherches pour apprendre que le titre « Les Bienveillantes » renvoie à l'Orestie, d'Eschyle et que c'est une réécriture du mythe. J'aurai au moins appris cela !
Commenter  J’apprécie          110
Cette épopée raconte le parcours d'un SS durant la seconde guerre mondiale. Nous le suivons "pleinement", c'est-à-dire que nous avons accès à toutes ses pensées, même lorsqu'il assiste aux massacres des juifs ou encore lorsqu'il perpètre lui-même des actes cruels. Pour le narrateur, le but de ce roman est de se dédouaner de sa responsabilité et d'expliquer que ses actes ne sont pas ceux d'un homme malade mais ceux d'un homme comme tout le monde, pris dans la tourmente de la guerre. Évidemment, il est difficile de s'en convaincre...
Commenter  J’apprécie          110
Lire "Les bienveillantes", de Jonathan LITTEL (chez Gallimard, 2006), c'est entrer en folies.

Folie d'abord, de s'attaquer à 900 pages qui retracent, selon le point de vue d'un officier SS allemand, le long chemin qui a conduit tant d'hommes à suivre l'idéal social- nationalisme et permis tant d'atrocités, de violences et de dénis de la personne humaine durant cette seconde guerre mondial. (Ceci dit en passant, cette « seconde » risque d'être la deuxième tant la bêtise humaine est encore capable d'en générer une troisième!) Les 900 pages sont d'autant plus folles à mes yeux de lecteur francophone qu'elles sont truffées de vocabulaire allemand et que le détour par le glossaire m'a semblé insupportable.

Mais, faisant abstraction de cette lecture quelque peu ardue, j'ai plongé dedans et j'ai été accroché, pris par les tentacules de la folie la plus raisonnable et stupide qu'il m'a été donné de rencontrer dans mes lectures.
Folie raisonnable d'un homme, représentatif de tant d'autres, qui accepte comme correcte l'idée du bienfondé d'une idéologie, le national - socialisme. Dans sa logique, poursuivre l'idéal socialiste est le moyen de rendre, enfin, au peuple, le pouvoir de décider de ce qui est bien et bon pour lui. Raisonnable, bien sûr ! Mais voilà, comme il est impossible de demander, effectivement, l'avis à chacun, il semble juste de s'en référer à ce que dit celui qui est sensé les représenter tous, Hitler! Folie plus déraisonnable, bien sûr!
D'autant plus déraisonnable que cet idéal croit, en même temps, à la suprématie d'une race, et donc, en toute logique, veut exterminer tous ceux qui ne sont pas de purs allemands?

Mais la logique du Dr Aue, le héros de cette histoire fictive (mais, probablement très représentative de ce qui se passait dans la tête de bien des acteurs du drame nazi) est de croire au discours ambiant considéré comme correct et donc de centrer sa vie sur cette volonté d'agir pour que cette suprématie allemande triomphe! Raisonnable … quoique, la mise en oeuvre de l'extermination juive ne sera donc jamais abordée par lui en termes d'humanité. Seuls les buts d'efficacité, de productivité, de soutien logistique à la cause arienne seront pris en compte! Pure folie !
Folie encore ( à moins que ce ne soit une méthode géniale de manipulation des consciences!) que cette segmentation des tâches et responsabilités dans la grande chaîne de destruction massive de "tout impur, nuisible, inutile ou malveillant"!! Chacun n'est responsable que d'un aspect et, même fautif ou manquant d'humanité, il peut se sentir juste devant les fautes "bien plus énormes" que d'autres commettent en amont ou en aval de son "poste de travail"! Folie au combien efficace pour engendrer des génocides... Ce livre met parfaitement au jour cette manière d'agir, façon qui se double d'une évidente rivalité entre les protagonistes d'un même camp, les envies génératrices de coup bas, les courses à la gloire productrices de tant d'excès au-delà même d'une stricte application des consignes déjà tellement déviantes et meurtrières!
Pour ajouter un zeste de folie supplémentaire, l'auteur fera de son héros, un homosexuel complètement déjanté ce qui obligera le lecteur consciencieux à se taper une vingtaine de pages de fantasmes sexuels assez peu utiles, à mes yeux, à la compréhension du parcours de ce Dr Aue. Ce dernier ira jusqu'au bout de sa logique, violent, destructeur, sans âme véritable ... jusqu'au bout donc de la déraison!
Ce livre est lourd (pas seulement par ses 900 pages), il est noir, violent, pauvre en humanité et triste miroir de ce que peuvent être les hommes lorsqu'ils sont opportunistes, indifférents et enfermés dans une logique dépourvue d'humanité! Ce livre fait peur! Comment sentir, voir venir ces courants extrémistes et y résister? Comment ne pas succomber au politiquement correct distillé par des petits chefs, des propagandistes, des puissants et des graines de dictateurs ou de fanatiques?
Un livre que j'ai aimé par l'espace de réflexion qu'il ouvre. Un livre qui nous renvoie au miroir de nos consciences... Nous, "en ces temps-là", quelle aurait été notre logique ? Qu'aurions-nous suivi comme idéologie ?
Commenter  J’apprécie          114

Je me suis dans ce roman fleuve. Un peu à reculons, entre le thème et l'épaisseur du livre...

Mais j'ai dévoré ce livre. Une histoire effroyable, on se met à revivre une époque glaçante. le livre tellement bien écrit, qu'on s'y voit - j'ai lu ce livre en étant plongé dans l'époque, les batailles, les executions... Bref une force narrative incroyable.

Quelques passages un peu plus étonnant ou l'on suit les divagations du personnage central. Mais c'est presque reposant, car la lecture de ce roman reste éprouvante par sa description glaçante d'une réalité.
Commenter  J’apprécie          100
Ce livre s'avère difficile pour différentes raisons. Je vais tenter de m'expliquer.

Tout d'abord, il y a l'histoire. Cette lecture n'est pas une lecture légère. Elle est tout le contraire. Ainsi, il s'avère pénible de lire les horreurs commises par les nazis durant un été magnifique, car au Canada, nous avons une sublime température. Et oui, si vous ne le savez pas, ce roman présente les confidences d'un haut-gradé SS, Maximilien Aue, durant un sombre moment de notre Histoire. Ce dernier est un intellectuel, docteur en droit, amoureux de la musique de Rameau et Couperin, il est un admirateur, entre autres, De Stendhal. Très tôt, il joint le Parti national-socialiste. Ensuite, il devient un officier SS. Ce dernier, comme il le mentionne dès l'incipit, nous raconte sa vérité.

«Frères humains. Laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé. On n'est pas votre frère, rétorquerez-vous, et on ne veut pas le savoir. Et c'est bien vrai qu'il s'agit d'une sombre histoire, mais édifiante aussi, un véritable conte moral, je vous l'assure. Ça risque d'être un peu long, après tout il s'est passé beaucoup de choses, mais si ça se trouve vous n'êtes pas trop pressés, avec un peu de chance vous avez le temps. Et puis ça vous concerne : vous verrez bien que ça vous concerne.»
Par ailleurs, nous suivons ses traces durant son parcours de SS exterminateur de Juifs sous l'Allemagne nazie. le lecteur est plongé dans les atrocités des camps de concentration et est amené à côtoyer des montres nazis comme Himmler et Eichmann et même Hitler!

Ensuite, il y a le narrateur. Je n'ai pas réussi à m'attacher à lui. Je n'ai rien ressenti pour ce dernier durant les 900 pages de cette brique.

Alors pourquoi avoir persisté dans cette lecture? Même si cette histoire est terrible car le personnage principal apparaît comme un bourreau, un désaxé sexuel, un psychopathe, j'ai voulu tenter de comprendre les raisons motivant la folie des hommes ou des femmes durant cette période. J'ai désiré entendre une voix, pour me faire une idée sur les actes insensés des hommes et des femmes de cette période, pour essayer de percer l'innommable. Car des descriptions horribles se déroulant pendant plusieurs pages, il y en a. Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de difficultés à poursuivre. J'ai voulu abandonner à plusieurs reprises, car je ne suis pas une grande lectrice de ce genre. Mais, il y a des lectures que je juge nécessaires et le roman de Jonathan Littell en fait partie. À la fin, lorsque j'ai lu la dernière ligne, j'étais fière de moi, contente d'avoir suivi les traces de Maximilien Aue, rêvant peut-être comme ses homologues, même s'ils sont dans l'erreur, d'un monde meilleur. L'écrivain a travaillé sans aucun doute très fort pour écrire ce livre. Ses descriptions sont crédibles, ses connaissances de cette période apparaissent immenses. Il fallait oser et il l'a fait. En ce sens, je lui lève mon chapeau.

De plus, son livre renvoie une pièce d'Eschyle.

Selon Wikipédia :

«Le titre Les Bienveillantes renvoie à une tragédie d'Eschyle, Les Euménides. Les Érinyes étaient des divinités vengeresses qui persécutaient les hommes coupables de crimes, en particulier d'homicides contre un membre de sa famille. Oreste, obéissant à l'oracle de Delphes lui demandant de venger son père Agamemnon, tue en effet sa mère Clytemnestre, et se voit poursuivi par les Érinyes ; mais la déesse Athéna plaide en sa faveur et les Érinyes se changent, pour Oreste, en Euménides, c'est-à-dire en Bienveillantes.»

Tout le livre se construit autour de ce mythe. Max est persécuté par deux policiers (figures des Érinyes) durant le livre, car il est soupçonné d'avoir tué son beau-père et sa mère. Par ailleurs, il a eu des relations incestueuses avec sa soeur, le grand amour de sa vie. Des enfants sont-ils nés de cette union ? Nous ne le savons pas.

Mais encore, la construction du roman est en 7 parties renvoyant à la musique. Selon encore une fois Wikipédia :

«Le récit est divisé en sept parties qui évoquent la musique et les danses du xviiie siècle (toccata, allemande I et II, courante, sarabande, menuet en rondeaux, air, gigue) et suivent la chronologie morbide de la guerre sur le front de l'Est, de la Shoah par balles en 1941 aux camps d'extermination des Juifs en passant par la bataille de Stalingrad pour s'achever à la chute de Berlin en 1945.»

Donc, je ne peux que vous encourager à lire ce récit malgré tout. Il faut parfois prendre des risques, sortir de sa zone de confort et c'est ce que j'ai fait. J'ai lu ce roman en un mois ayant comme personnage principal un anti-héros et il va rester longtemps dans ma mémoire.

L'avez-vous lu? Que pensez-vous de mon opinion?

Bien à vous,

Madame lit
Lien : https://madamelit.ca/2020/08..
Commenter  J’apprécie          103




Lecteurs (8009) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3194 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}