Ce livre s'avère difficile pour différentes raisons. Je vais tenter de m'expliquer.
Tout d'abord, il y a l'histoire. Cette lecture n'est pas une lecture légère. Elle est tout le contraire. Ainsi, il s'avère pénible de lire les horreurs commises par les nazis durant un été magnifique, car au Canada, nous avons une sublime température. Et oui, si vous ne le savez pas, ce roman présente les confidences d'un haut-gradé SS, Maximilien Aue, durant un sombre moment de notre Histoire. Ce dernier est un intellectuel, docteur en droit, amoureux de la musique de Rameau et Couperin, il est un admirateur, entre autres,
De Stendhal. Très tôt, il joint le Parti national-socialiste. Ensuite, il devient un officier SS. Ce dernier, comme il le mentionne dès l'incipit, nous raconte sa vérité.
«Frères humains. Laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé. On n'est pas votre frère, rétorquerez-vous, et on ne veut pas le savoir. Et c'est bien vrai qu'il s'agit d'une sombre histoire, mais édifiante aussi, un véritable conte moral, je vous l'assure. Ça risque d'être un peu long, après tout il s'est passé beaucoup de choses, mais si ça se trouve vous n'êtes pas trop pressés, avec un peu de chance vous avez le temps. Et puis ça vous concerne : vous verrez bien que ça vous concerne.»
Par ailleurs, nous suivons ses traces durant son parcours de SS exterminateur de Juifs sous l'Allemagne nazie. le lecteur est plongé dans les atrocités des camps de concentration et est amené à côtoyer des montres nazis comme Himmler et Eichmann et même Hitler!
Ensuite, il y a le narrateur. Je n'ai pas réussi à m'attacher à lui. Je n'ai rien ressenti pour ce dernier durant les 900 pages de cette brique.
Alors pourquoi avoir persisté dans cette lecture? Même si cette histoire est terrible car le personnage principal apparaît comme un bourreau, un désaxé sexuel, un psychopathe, j'ai voulu tenter de comprendre les raisons motivant la folie des hommes ou des femmes durant cette période. J'ai désiré entendre une voix, pour me faire une idée sur les actes insensés des hommes et des femmes de cette période, pour essayer de percer l'innommable. Car des descriptions horribles se déroulant pendant plusieurs pages, il y en a. Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de difficultés à poursuivre. J'ai voulu abandonner à plusieurs reprises, car je ne suis pas une grande lectrice de ce genre. Mais, il y a des lectures que je juge nécessaires et le roman de
Jonathan Littell en fait partie. À la fin, lorsque j'ai lu la dernière ligne, j'étais fière de moi, contente d'avoir suivi les traces de Maximilien Aue, rêvant peut-être comme ses homologues, même s'ils sont dans l'erreur, d'un monde meilleur. L'écrivain a travaillé sans aucun doute très fort pour écrire ce livre. Ses descriptions sont crédibles, ses connaissances de cette période apparaissent immenses. Il fallait oser et il l'a fait. En ce sens, je lui lève mon chapeau.
De plus, son livre renvoie une pièce d'
Eschyle.
Selon Wikipédia :
«Le titre
Les Bienveillantes renvoie à une tragédie d'
Eschyle,
Les Euménides. Les Érinyes étaient des divinités vengeresses qui persécutaient les hommes coupables de crimes, en particulier d'homicides contre un membre de sa famille. Oreste, obéissant à l'oracle de Delphes lui demandant de venger son père
Agamemnon, tue en effet sa mère Clytemnestre, et se voit poursuivi par les Érinyes ; mais la déesse Athéna plaide en sa faveur et les Érinyes se changent, pour Oreste, en Euménides, c'est-à-dire en Bienveillantes.»
Tout le livre se construit autour de ce mythe. Max est persécuté par deux policiers (figures des Érinyes) durant le livre, car il est soupçonné d'avoir tué son beau-père et sa mère. Par ailleurs, il a eu des relations incestueuses avec sa soeur, le grand amour de sa vie. Des enfants sont-ils nés de cette union ? Nous ne le savons pas.
Mais encore, la construction du roman est en 7 parties renvoyant à la musique. Selon encore une fois Wikipédia :
«Le récit est divisé en sept parties qui évoquent la musique et les danses du xviiie siècle (toccata, allemande I et II, courante, sarabande, menuet en rondeaux, air, gigue) et suivent la chronologie morbide de la guerre sur le front de l'Est, de la Shoah par balles en 1941 aux camps d'extermination des Juifs en passant par la bataille de Stalingrad pour s'achever à la chute de Berlin en 1945.»
Donc, je ne peux que vous encourager à lire ce récit malgré tout. Il faut parfois prendre des risques, sortir de sa zone de confort et c'est ce que j'ai fait. J'ai lu ce roman en un mois ayant comme personnage principal un anti-héros et il va rester longtemps dans ma mémoire.
L'avez-vous lu? Que pensez-vous de mon opinion?
Bien à vous,
Madame lit
Lien :
https://madamelit.ca/2020/08..