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3,83

sur 77 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connaissais l'excellence de ken Liu sur la forme courte grâce à la brillante novella « L'homme qui mit fin à l'Histoire » et au sublime recueil de nouvelles « la ménagerie de papier ». J'étais donc curieuse de savoir ce que l'auteur pouvait proposer sur un format long. Et long, son premier roman l'est. « La grâce des rois » pèse plus de 830 pages et il s'agit du 1er tome d'une trilogie. C'est avec une impatience teintée d'un peu d'appréhension que je me suis attaquée à cette brique. J'étais persuadée que « la grâce des rois » serait bon mais je pensais qu'il ne pouvait pas être aussi génial que ses autres ouvrages. Je me trompais, « La grâce des rois » est tout simplement magique. En très peu d'oeuvres Liu est entré dans mon panthéon personnel.

« La grâce des rois » est un roman de fantasy historique qui s'inspire de la guerre qui opposa le Royaume de Chu et le Royaume de Han, environ 200 ans avant JC, et qui se conclut sur l'avènement de la dynastie Han. Certains personnages du roman ont des traits communs avec les figures historiques réelles et l'auteur reprend certains événements marquants de ce conflit au long cours. Il s'agit donc d'une relecture de l'Histoire. Si le côté fantasy est assez léger, il est néanmoins essentiel au roman et lui apporte une tonalité particulière. « La grâce des rois » ressemble à ces chroniques de batailles qui enjolivent la réalité. Si ce n'est la forme, cela évoque un peu une chanson de geste.
J'ai vibré tout au long de ma lecture. Il y a des batailles épiques, des complots, du romantisme, de petites touches surnaturelles et aussi des engins volants et même . C'est pour ce dernier ingrédient que Liu a facétieusement parlé de silkpunk pour évoquer son roman. Attention, si cet aspect a une importance décisive dans le roman, il est peu présent. « La grâce des rois » est avant tout une très belle fantasy historique. J'ai retrouvé avec bonheur l'écriture de Liu, fine et teintée de poésie.
L'auteur donne vie à des personnages très charismatiques. J'ai aimé tous les personnages, difficile de choisir son camp dans le conflit qui oppose les deux héros tant ils sont, chacun à leur façon, attachants. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Qu'ils traversent furtivement le récit ou qu'ils soient longuement présents, ils sont tous intéressants et bien caractérisés, parfois en quelques lignes.
Le récit est très bien menée et alterne avec brio les impressionnantes batailles, les intrigues de cour et les passages plus contemplatifs. Malgré la multiplicité des personnages et la densité de l'intrigue, on n'est jamais perdu. Je n'ai même pas eu besoin une seule fois de me référer à la liste de personnages en début d'ouvrage.
Cette fresque martiale grandiose se double d'une intéressante réflexion sur la manière d'exercer le pouvoir et sur l'art de la guerre. L'auteur évite tout simplisme, ne donne pas d'opinion toute faite et invite subtilement le lecteur à réfléchir sur le sujet.

Ken Liu est décidément outrageusement doué. « La grâce des rois » est une lecture enchanteresse, une réussite à tous les niveaux : l'intrigue est une superbe relecture historique, les personnages sont magnifiques, l'écriture toujours aussi séduisante, les différents ingrédients parfaitement dosés, la réflexion intéressante… Tout simplement magique !

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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans une Fantasy à l'imaginaire chinois fascinante et entraînante. L'intrigue, certes, prend son temps à démarrer posant ainsi de nombreux personnages et un monde dense et complexe et qui m'a demandé de revenir quelquefois sur la carte ou le lexique des personnages. Cela pourra en bloquer certains, mais ça ne m'a pas dérangé tant ce démarrage, malgré c'est vrai une certaine lenteur, m'a paru fluide et intéressant. Par la suite Ken Liu m'a offert un récit épique remplie de complots, d'intrigues politique et de batailles héroïques. L'univers est l'un des gros points forts du roman se révélant dense, complexe, originale dans son imaginaire et nous proposant un monde Silkpunk (moins de magie et de la technologie) même si la magie n'est pas non plus en reste avec dieux et sorcellerie. le côté extrême-orient permet aussi d'offrir quelque chose de différent. Les personnages sont charismatiques, efficaces, percutants et marquent assez facilement le lecteur je trouve. On pourrait regretter par contre un léger manque de personnages féminins marquant dans les deux premiers tiers du roman, même si certaines se dégagent vraiment dans le dernier tiers et devraient avoir une grande importance par la suite. le récit propose aussi quelques réflexions intéressant que ce soit sur la notion d'égalité, de pouvoir ou d'idéal. Certes quelques longueurs se font ressentir ici ou là et quelques aspects ainsi qu'un personnage m'ont paru amener trop brusquement, mais franchement rien de dérangeant tant j'ai été emporté. La plume de l'auteur est maîtrisée, fluide, soignée et vivant avec une légère pointe d'humour et de cynisme. Je lirai la suite avec grand plaisir.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Je suis éblouie par la fluidité du récit. C'est une histoire avec de multiples personnages qui se passe dans une série de pays différents, avec des alliances mouvantes ô combien et jamais on ne perd le fil. le roman a pourtant une structure épisodique qui introduit les personnages au fur et à mesure de leur apparition avec des flash-back qui nous expliquent comment ils en sont arrivés là. Mais le fil directeur n'est jamais perdu de vue.

Le récit a une dimension épique par les combats, les enjeux, par les personnages aussi, tels Mata Zyndu, le guerrier extraordinaire, supra-humain, par la présence des dieux qui interviennent dans les actions des hommes. Epique façon Iliade plutôt que le trône de fer, en mettant l'accent sur un type de personnage plutôt que sur l'intériorité du dit personnage, par l'usage des symboles explicitement détaillés, et certainement par l'intrigue et ses multiples guerres et batailles.

Tout au long du roman, Ken Liu attire notre attention sur la notion de performance. C'est un motif qui vaut analogie pour la manière dont le récit est présenté - comme une performance des acteurs sur scène. Kuni et d'autres font la remarque qu'eux-mêmes ou ceux dont ils parlent jouent un rôle (père, mère, noble, général, empereur) - jusqu'à ce que parfois il n'y ait plus de distance entre le rôle et l'acteur.

Mata et Kuni sont les deux pôles jumeaux autour desquels tourne le roman alors que, d'abord individuellement, puis ensemble, ils se trouvent en opposition ouverte avec l'empereur puis en conflit l'un avec l'autre à propos des buts et des méthodes à utiliser. Kuni remarque que "Mata est celui qui pense que le passé était parfait, mais je pense que nous devons perfectionner le présent pour l'avenir… Tandis qu'il désire restaurer le monde dans un état qui n'a jamais existé, je désire l'amener à un état que l'on n'a encore jamais vu". C'est ce conflit qui est le moteur de la deuxième partie du roman, au-delà de l'opposition traditionnelle du début - un soulèvement contre un empereur injuste. Un empereur dont l'héritage est d'ailleurs réévalué plus tard , y compris par ceux qui ont les meilleures raisons de le mépriser : une leçon pour ceux qui arrivent au pouvoir, sur la complexité des individus comme de l'histoire humaine.

En conclusion, j'ai tout aimé dans ce roman, des personnages au world-building (cette Chine hors la Chine), du caractère épique à la véracité des situations : Ken Liu en état de grâce.
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Clairement la Grâce des Rois ne remportera pas la palme du roman épique de l'année, ni le trophée du cycle le plus high fantasy. Avec ses chapitres plutôt découpés comme des chroniques racontées à la 3ième personne du singulier, son bestiaire fantastique où l'on ne trouve que de gigantesques baleines au front ornées d'appendice de licorne, un setting franchement déjà vu, on pourrait vite (trop vite) conclure sans même avoir commencé qu'il y a peu d'intérêt à se lancer dans cette trilogie

c'était sans compter sur l'univers: Imaginez vous un monde composé d'iles dont l'une serait principale, le tout découpé en 7 états: ok rien de bien nouveau sous le soleil levant. Mais plutôt qu'une atmosphère moyen-ageuse à la Tdf qu'on a lu et relu un millier de fois, c'est un vent sino-japonisant, qui ne tombe jamais dans le cliché contrairement à la trilogie de l'Empire, qui souffle sur ces terres, et dont les airs sont parsemés d'engins volants.

et l'histoire alors, avec des mises en situation parfois marrantes, souvent tristes, mais toujours originale et plein de rebondissement (les 2 premiers chapitres donnent déjà le ton de l'ensemble).

Mais la véritable force de ce premier tome ce sont ses personnages, humains ou divins; leurs destinées, souvent tragiques mais pas que, et leur background toujours original et intéressant, même pour les personnages de second plan. Par contre, je n'ai jamais eu autant de mal à mémoriser leurs noms (sauf Kikomi :wub: ) tant ils sont "speciaux" et sans cohérence géographique. Sur ce point la aussi l'auteur à éviter les clichés et vous ne croiserez pas de Tchang-Li ou de Wong-Shou sur les Iles de Dara.
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Il s'agit du premier tome d'une trilogie. Arrivé à la fin (très vite pour ma part), on a presque le goût amer que tout ceci n'était qu'une introduction pour le vrai spectacle. Mon enthousiasme est donc à mettre au conditionnel de la suite.
Si vous avez lu La Ménagerie de Papier, recueil de nouvelles de Ken Liu foisonnant d'idées, autant en science-fiction qu'en littérature blanche, mais toujours au service de l'imaginaire, oubliez-le. Ici, il se met à la fantasy, et montre sa malléabilité en réservant les effets de style à quelques aphorismes et poèmes ponctuels. Il met son style au service d'une lecture longue qu'il veut rapide. Ce que l'on retrouve de la Ménagerie de Papier, c'est peut-être la modestie avec laquelle il présente ses idées les plus intelligentes, qui peuvent presque passer sous notre nez comme des banalités.

On oscille donc entre le classicisme le plus jouissif et l'originalité propre à toute fantasy maligne. Ken Liu nous ballade sur une carte géographique pas très grande, assez simpliste et fonctionnelle finalement, où chaque montagne semble conçue pour être difficile à arpenter sauf pour ses natifs, chaque gros fleuve fait pour faire frontière, chaque île faite pour accueillir une petite société et une identité particulière. Pendant une vingtaine d'années, alliances, batailles, trahisons s'enchaînent à une vitesse assez impressionnante même pour qui est aguerri à la fantasy. En quelques huit cents pages, c'est cinq intégrales de Game of Thrones qui passent. Les choses sont toujours décrites dans leur globalité, la description d'une ville entière se cantonne parfois à un simple paragraphe, un siège de cinq mois prend un chapitre de cinq pages. Ce rythme peut dérouter, ou lasser, ce qui aurait dû être mon cas car j'aime qu'on s'attarde sur les choses importantes. Seuls les dialogues font parfois l'objet de scènes plus détaillées où le rythme reprend son souffle. Mais il ressort de ce trop plein une richesse et une densité qui en fait a stimulé mon avidité pour la suite. C'est donc ce qu'on peut appeler une lecture fleuve. Chargée, ellipsée, mais fluide.

On pourrait dire simple et efficace. Mais tout ce fatras déjà vu de luttes de pouvoir est agrémenté de plein de jolies trouvailles comme les plantes, la fumée de Risana, l'approche de la culture à travers le personnage de Luan Zya, les animaux inventés comme les crubènes, les double pupilles de Mata Zyndu, les aérostats, plein de chose passionnantes viennent nourrir le cerveau déjà emporté dans le flot de l'Histoire. Avec un grand H car c'est une vraie vision de l'Histoire humaine qui nous est offerte. Les rapports de pouvoir, les relations entre leaders sont largement plausibles, sans aucune notion de lutte entre bien et mal. le doute aux causes défendues et à l'avenir de la rébellion est permanent, chaque retournement est aussi inattendu qu'obligatoire, un peu comme dans L Histoire, ce que beaucoup d'auteurs visent sans toujours y parvenir.
Autre exemple de l'intelligence de la narration : vous avez au début du livre deux cartes géographiques dont (attention anti-spoil) une seule carte sera explorée durant tout le tome. Astuce extrêmement intelligente car porteuse d'attentes. N'ayez pas peur, le livre ne nous laisse pas non plus dans un cliffhanger.

Petit reproche, certains personnages et villes ont des noms semblables. Heureusement, il y a un annuaire des personnages auquel se référer en cas de doute. Ils sont nombreux, peuvent parfois ne durer qu'une dizaine de pages. Encore une fois, c'est à la fois jouissif et frustrant de passer si vite sur les événements. La rapidité empêche une réelle profondeur des personnages secondaires. Mata Zyndu, un des principaux plutôt fascinant, est finalement assez simpliste.

Il est dommage que l'éditeur ait voulu estampiller ce roman d'une étiquette vendeuse. La quatrième de couverture annonce l'invention d'un nouveau genre, le silk-punk. Ce terme prend son sens car l'auteur nous informe au début avoir été très inspiré par dynastie Han, qui régna en Chine au troisième siècle avant JC, la soie est effectivement présente et on a bien un univers cohérent avec sa couleur propre. Mais Jack Vance, Franck Herbert et Dune, Alain Damasio et sa Horde du Contrevent, nombreux sont les livres-univers qui pourraient prétendre avoir inventé un genre. Un coup de pub qui fait du tort finalement à ce bon roman de fantasy, car on pourrait s'attendre à encore plus. Mais l'attente des tomes deux et trois lui laisse le bénéfice du doute.

Bref, beaucoup de choses pour pinailler une fois le livre fermé. Mais en cours de route, il n'y a rien de mieux pour s'oublier et laisser l'horloge tourner bien trop vite pendant que les années passent à travers les pages. Très grande immersion, j'étais à deux doigts de l'arrêt de travail.
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