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Les multiples ramifications de cette fable écologique de SF chinoise m'auront permis pendant des heures et des heures de cheminer. Ce livre est une forêt touffue et luxuriante. Certaines feuilles m'auront caressée, quelques branches m'auront griffée en me sortant de ma zone de confort. Je ne m'y suis jamais perdue malgré sa densité, la complexité de ses méandres. Certaines clairières auront su apporter des moments de respiration bienvenus car parfois le chemin s'est avéré être long.
La panoplie des couleurs rencontrées fut vaste : le timide vert tendre de l'espoir, le kaki foncé du militaire, le vert généreux du message écologique, le brun de la terre convoitée, le rouge flamboyant des soleils couchants, le bleu profond permanent d'un ciel virtuel stratosphérique, le noir mystérieux du ciel la nuit, ouverture sur cet espace si menaçant, le blanc scintillant des étoiles et des vaisseaux…mais aussi le rose pur de l'amour et de la beauté, sans doute la couleur la plus claire du roman par pétales oniriques et idéalistes posés ça et là sur les sentiers. Car oui globalement le roman est plutôt sombre.

Après « le problème des trois corps », je n'ai pu m'empêcher d'enchainer aussitôt avec ce tome 2 de la trilogie du chinois Cixin Liu, « La forêt sombre ». La structure narrative est assez différente du tome 1 et peut déstabiliser au début du livre car l'alternance des voix par chapitre du 1er tome, qui a le don de bien rythmer la lecture, laisse place cette fois à de longs chapitres dans lesquels s'entremêlent les vécus et pensées des différents protagonistes. J'ai compris peu à peu cependant que le déroulé des chapitres constituait un compte à rebours. A chaque chapitre nous avançons un peu plus dans le futur vers le RDV ultime. Une fois ce processus compris, la lecture en devient vraiment passionnante. Et quelle profondeur, quelle intelligence ce scénario !! Les questionnements associés sont épatants et ne manque pas d'imagination, d'originalité et de crédibilité. de poésie parfois aussi tant dans la description des paysages que dans les réflexions humanistes de l'auteur.
De poésie spatiale notamment : « Les deux tiers du Soleil avaient maintenant déjà sombré derrière l'horizon, le tiers restant ne semblait plus être qu'un objet lumineux incrusté sur la Terre. Sous les rayons du crépuscule, les océans ressemblaient à des miroirs lisses, à moitié bleu foncé et à moitié orangés, tandis que les nuages, gorgés de soleil, avaient l'aspect de plumes roses ».

Restons avec l'image apaisante de cette forêt et imaginez à l'intérieur une communauté, mélange d'espèces, certaines plus puissantes que d'autres. Un ennemi extérieur vient à la menacer dans un futur assez lointain. Cet ennemi, très différent de la communauté, possède des pensées complètement transparentes, lui ne connait pas la ruse, la machination ou le mensonge. Cette société ennemie, plus évoluée technologiquement, peut comprendre le langage de l'espèce sylvestre, lire à une vitesse ultra-rapide des textes imprimés et toutes sortes d'informations contenues dans des supports de stockage. Ses yeux sont en effet partout, invisibles mais bien présents entre tous les interstices. Elle n'est en revanche pas capable de déchiffrer les pensées de la communauté, pas en mesure de comprendre la ruse, le détournement, ne connaissant pas la différence entre penser et dire : le contenu de leur communication exprime leur pensée véritable. Chaque être reste ainsi un mystère. Pour tenter d'élaborer un plan de défense, la communauté a alors l'idée de tenter de s'appuyer sur son trait caractéristique dans laquelle elle excelle depuis toujours : les non-dits, les secrets, la ruse, le mensonge. Quatre « Colmateurs » sont ainsi désignés. Ils seront « à l'image de ces ermites orientaux des temps anciens qui méditaient silencieusement devant des murs ». Durant les processus de mise en oeuvre de leurs plans, les pensées et les comportements des Colmateurs devront induire en erreur ce monde extérieur, ils devront soigneusement faire usage de déguisements, de mensonges, de fausses pistes, et ce quoi qu'il en coute et sans justification. Ces stratégies devront non seulement tromper l'ennemi, mais le monde entier avec lui.

Voilà une partie de l'intrigue qui génère, vous le devinez, des situations cocasses, depuis les rivalités entre Colmateurs, l'impossibilité de communication (chaque parole prononcée par un Colmateur est-elle destinée à cacher quelque chose ?) ou encore les dépenses fastueuses et superflues, tout étant bon sous prétexte que cela fasse partie « du plan des Colmateurs ». Ils feront l'objet peu à peu d'un culte de la part de la communauté qui voit en eux des sauveurs…mais c'est sans compter l'arrivée de Fissureurs…

Je ne dévoile que cette brique, parmi tant et tant d'autres, de ce space opera, et vous aurez compris bien entendu que la communauté évoquée est celle de l'espèce humaine. J'ai apprécié cette idée des Colmateurs, elle est surprenante : se baser sur ce défaut si présent, la ruse et les secrets, le mensonge, sources de tant de conflits et d'incompréhensions, pour en faire une force face à un ennemi commun. Quant à la forêt ce n'est pas celle que nous connaissons, vous aurez la chance de découvrir, au deux tiers du livre, une forêt aux allures futuristes (qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs de prime abord un blockbuster écologique aux beaux êtres bleus…), voire une forêt cosmique dans "laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil" et une menace pour les autres.

J'ai particulièrement aimé toutes les questions qui émergent d'un tel scénario de menace, questions sociétales et écologiques d'une part : est-il opportun de continuer d'avoir des enfants si nous disparaissons dans quatre siècles, sachant que nous ne savons pas, dans notre société actuelle, ce que nous serons dans quelques centaines d'années…cette menace en est-elle vraiment une à l'aune du réchauffement climatique et de ses conséquences à moyen terme ? Doit-on s'inquiéter pour sa descendance ou devons-nous, comme nous le vivons actuellement, le vivre comme une menace lointaine donc incertaine et se réjouir simplement de pouvoir se prolonger sur une dizaine de générations ? Dans ce contexte de menace, doit-on protéger l'environnement ? Si la Terre devient un jardin, est-ce que ça ne revient pas à la préserver pour les envahisseurs futurs ?

Mais aussi, et surtout, les questions et tensions géopolitiques qui ne manquent pas d'ores et déjà de se poser : Doit-on « s'évader », si oui comment ? Qui en priorité ? Devons-nous mettre en commun les technologies afin que pays riches et pays pauvres soient sur un même pied d'égalité dans ce plan d'évasion? « L'inégalité devant la survie est la plus grande des inégalités. Les individus ou les nations qu'on obligerait à rester ne pourront pas attendre patiemment la mort en voyant leurs congénères emprunter le chemin de la survie. Deux camps s'affronteraient de plus en plus violemment et plongeraient le monde dans le chaos, et personne ne pourrait plus sortir ».

Les réflexions sur la stratégie militaire sont riches et passionnantes : est-ce le niveau de développement technologique qui importe avant tout et qui détermine la victoire, ou alors la foi et l'honneur des soldats sont-ils les ingrédients prépondérants à tout combat à venir, en plus face à un ennemi a priori plus fort ? le plan de bataille doit-il se construire sur la base du seul progrès technologique et des ordres ou mérite-t-il une réflexion plus subtile et poussée fondée sur l'humain, l'esprit et l'initiative individuelle dans un conflit ? Dans quelles conditions spirituelles et mentales sont et seront les forces de l'armée spatiale ?

Un roman somptueux mais exigeant, ardu si on le lit négligemment. Vous risqueriez alors de tomber dans un nid de ronces et de racines vous empêchant d'avancer. Cette fable sociétale et écologique nécessite de s'aventurer vraiment dedans, machette à la main, de prendre le temps. Alors seulement l'épopée au sein de cette forêt vous permettra d'en capter toutes les odeurs et les bruits, de percevoir tous les détails, de la voir dans son ensemble dans toute sa majesté, et d'en mesurer les différentes profondeurs. Notons quelques longueurs, longueurs nécessaires cependant, concernant la science (neuroscience, astronomie, physique), véritable âme du livre, amenée avec beaucoup de pédagogie et de réalisme.

Le futur de l'humanité proposé par Cixin Liu m'a laissée songeuse, rêveuse, glacée par moment. C'est à la fois troublant de réalisme et complètement original. Je ressors de cette aventure hors norme, ébouriffée, l'âme poinçonnée à la beauté et aux prédictions de la SF, réellement épatée par le talent de l'auteur, avec des traces qui à mon avis ne sont pas prêtes de s'effacer, notamment une maxime : « Donner de la vie au temps lorsqu'on ne peut plus donner de temps à la vie, donner de la civilisation aux jours lorsqu'on ne peut plus donner de jours à la civilisation ».
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Si vous avez lu le Problème à Trois Corps, vous brûlez sans doute de savoir comment l'humanité va se débrouiller face aux menaces qui se profilent à l'horizon ! Les quelques siècles de sursis qui restent suffiront-ils pour prévenir la catastrophe ? Une longue partie d'échecs s'annonce, avec pour enjeu le destin de l'humanité…

« le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même. »

Ce deuxième tome développe une vertigineuse expérience de pensée. Que ferions-nous face à la menace existentielle d'une invasion de la Terre ? Liu Cixin explore de manière fascinante les dilemmes d'action collective déclenchés par cette perspective. Je n'en dis pas plus sur leur nature ni sur la métaphore de la forêt sombre pour ne pas divulgâcher. Mais sachez que l'auteur jongle magistralement entre sciences physiques, réflexion philosophique et questionnements moraux et sociaux pour imaginer les réponses humaines. Et cela fournit un terreau romanesque sidérant. Ce n'est pas spécialement réjouissant, mais intellectuellement très stimulant et vraiment crédible (l'implacabilité des prophéties autoréalisatrices, l'arrogance et la naïveté des humains, les difficultés de coordonner leur réponse…).

Si les débuts du roman m'ont semblé un peu laborieux – la panique déclenchée par la crise imminente n'aide pas à trouver ses repères parmi la foule de personnages et de lieux – le roman devient véritablement captivant à partir de la mise en place du programme « Colmateurs ». Ce dernier donne une dimension personnelle à cette fresque développée à très grande échelle. On essaie de percer à jour le point de vue et le plan de chacun des Colmateurs, on suit anxieusement leur trajectoire et le déroulement des choses et c'est très, très prenant.

Les descriptions sont toujours grandioses, l'univers toujours aussi original, les personnages fascinants.

Une fable science-fictionnelle dont on ne se défait pas facilement, bientôt adaptée en série par Netflix !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Après un premier tome qui m'avait enchantée malgré de nombreux aspects trop scientifiques et trop complexes, j'étais impatiente de poursuivre cette aventure.
Difficile de faire une critique de ce roman sans divulgacher quant au premier tome, alors je vais essayer de rester très succincte quant à l'intrigue.

*
Cixin Liu a appliqué le paradoxe de Fermi au concept de la forêt sombre, ce qui explique le très beau titre de ce livre.

« Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s'étendre, tandis que la quantité totale de matière dans L Univers reste constante. »

D'après cette théorie, toutes les formes de vie désirent rester vivantes. La seule alternative possible est alors de détruire toutes les autres espèces rencontrées avant que celles-ci n'aient la même idée.
L'auteur compare l'univers à une sombre forêt dans laquelle chaque civilisation est un chasseur qui se déplace silencieusement parmi les branches des arbres et élimine toute présence avant de devenir lui-même une proie.

« L'Univers est une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil. Il glisse entre les arbres comme un spectre, relève légèrement les branches qui lui barrent la route, il s'efforce de ne pas faire de bruit avec ses pas. Il retient même sa respiration. Il doit être prudent, car la forêt est pleine d'autres chasseurs comme lui. S'il remarque une autre créature vivante – un autre chasseur, un ange ou un démon, un bébé sans défense ou un vieillard boiteux, une magnifique jeune fille ou un splendide jeune homme, il n'a qu'un seul choix : ouvrir le feu et l'éliminer. Dans cette forêt, l'enfer c'est les autres. Une éternelle menace. Chaque créature qui dévoile son existence est très vite anéantie. Voici la cartographie de la société cosmique. C'est la réponse au paradoxe de Fermi. »

*
Dans ce deuxième volume de la trilogie de Cixin Liu, « La forêt sombre » examine les quatre siècles dont dispose l'humanité avant l'invasion de la Terre par la flotte Trisolarienne. L'intrigue est donc principalement centrée sur la préparation de l'invasion extraterrestre.

Mais les Trisolariens ont un avantage majeur, leur technologie est beaucoup plus avancée que la notre. Grâce à des « intellectrons » qui ont infiltré les communications du monde entier, ils sont capables d'intercepter toutes les conversations, et de connaître toutes les décisions stratégiques envisagées par les humains pour les combattre. Seules, les pensées humaines restent un secret.
Face à la transparence de notre monde, les humains décident alors de lancer le programme « Colmateur » en sélectionnant quatre hommes, dotés d'une intelligence fine et retorse, pour élaborer en secret, chacun de leur côté, un plan audacieux, en vue de la prochaine bataille contre les Trisolariens.
Trois d'entre eux sont des hommes d'État ou des scientifiques reconnus, mais le quatrième est un parfait inconnu. Il se nomme Luo Ji, et contre toute attente, cet astronome et sociologue chinois va être propulsé au centre de l'intrigue, alors qu'il est effacé et indolent.

Ainsi, l'arc dramatique passe essentiellement par les quatre Colmateurs. L'intrigue devient une gigantesque partie de poker où tous les coups sont permis, le bluff, la dissimulation et le mensonge étant essentiels pour emporter la partie. Certaines stratégies élaborées font froids dans le dos.

*
« La forêt sombre » est un récit plutôt sombre. Liu Cixin profite de l'invasion future la Terre pour dresser un portrait psychologique, politique et sociologique des hommes, lorsqu'ils sont confrontés à un danger ultime, ici, rien de moins que l'extinction de la race humaine.
L'auteur exploite certaines attitudes humaines avec beaucoup d'ingéniosité, comme le défaitisme, et considère leurs capacités d'agir pour le meilleur comme pour le pire.

« le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même. »

*
L'écriture est toujours aussi riche. Certains chapitres sont vraiment magnifiques, comme par exemple, le prologue avec le voyage de la fourmi. Etonnant.
Mais « La forêt sombre » est un récit totalement différent de son prédécesseur, par son approche narrative, par sa dimension plus futuriste.

Tout d'abord, il devient plus accessible : les aspects scientifiques sont moins complexes à comprendre et surtout, beaucoup moins présents. Malgré cela, il fourmille d'excellentes idées, aussi ingénieuses que stupéfiantes.

Il est aussi palpitant car il se déploie sur plusieurs siècles. Grâce au sommeil cryogénique, les protagonistes principaux font des bonds dans le temps, nous permettant de les retrouver pour la bataille finale, quatre siècles plus tard.

« La route du temps couleur de plomb s'ouvrait lentement devant eux sans qu'ils puissent distinguer l'autre bout, rendu flou par le brouillard de l'avenir, dans lequel ils ne parvenaient à voir chatoyer que des flammes et la lueur du sang. Jamais la nature éphémère de la vie humaine ne les avait autant fait souffrir. Leurs coeurs s'envolèrent par-delà la voûte du temps pour rejoindre la dixième génération de leurs descendants et s'abîmer avec eux dans le sang et le feu de l'espace glacial, là où se rassembleraient au jour dernier les âmes de tous les soldats. »

Le monde a alors bien changé au moment du réveil des Colmateurs et nous découvrons une humanité qui s'est adaptée aux stratégies de survie face à l'invasion, au paysage géopolitique en mutation, à la dégradation de l'environnement, aux changements climatiques,... L'auteur en profite alors pour dresser le portrait d'un monde futuriste très différent du notre, développant des aspects sociaux, économiques, gouvernementaux, technologiques.

C'est aussi un grand récit épique qui prend de l'envergure tant au niveau du temps que de l'espace, adoptant des allures de voyage dans l'espace. Les scènes d'action sont assez peu présentes, mais les batailles spatiales et la rencontre entre les terriens et les Trisolariens sont particulièrement incroyables et jubilatoires.

Il est enfin d'une grande intelligence et d'une grande finesse quant aux stratégies élaborées par les Colmateurs. Tout est fait pour tromper l'ennemi, elles sont donc obscures autant pour les Trisolariens que pour le lecteur. Ainsi, chacun des plans de défense de la Terre ne se dévoile qu'au tout dernier moment et crée de véritables surprises lorsque les intentions de certains personnages nous sont révélées.

*
Mais, j'ai aussi quelques regrets.

Le développement des personnages principaux, exclusivement masculins (c'est dommage) est plus important mais reste encore insuffisamment développé d'après moi. Les protagonistes sont là dans un but bien précis, ne servant qu'à mettre en valeur l'intrigue et les stratégies de défense mises en place.
Cependant, cela ne m'a pas vraiment dérangée car l'intrigue est suffisamment complexe et prenante pour que l'on ne s'y attache pas.

Malgré tout, deux personnages sortent du lot.
Luo Ji, le personnage principal de ce livre, capte l'attention. Au premier abord, il n'apparaît pas particulièrement sympathique, de par son comportement plutôt flegmatique et égocentrique. Mais il m'a intriguée par ses décisions surprenantes, parfois insensées.
Au contraire, le personnage de Shi Qiang, déjà rencontré dans le premier tome, est plaisant. Cet officier de défense planétaire met une touche d'humour et de gaieté par son esprit rusé et débrouillard, son attitude ouverte, honnête et efficace.

Mon plus grand regret est certainement l'absence des Trisolariens dans ce volume. Ce que j'avais particulièrement aimé dans « le problème à trois corps », c'était ma rencontre avec ces extraterrestres. J'avais été captivée par la description de leur civilisation décadente et du jeu des trois corps.
Ici, toute la trame de l'histoire est focalisée sur leur arrivée sur Terre, mais ils sont totalement absents du récit.

*
Dans « La forêt sombre », l'auteur chinois de science-fiction plusieurs fois primé, excelle à construire un univers unique et original, une intrigue dense et imprévisible d'où foisonnent des idées vraiment extraordinaires, mais aussi parfois très complexes.

L'histoire peut paraître assez énigmatique au moment de la lecture mais, lorsque l'on referme ce livre et qu'on le regarde à la lumière de toutes les révélations qu'il contient, on ne peut qu'être impressionné par la conclusion.
Après un tel dénouement et malgré le nombre de pages ahurissant, je suis maintenant impatiente de lire le troisième et dernier volume de ce magnifique récit épique.
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Ground control to Major Tom... (c'est quand même mieux que "the final countsdown" des Suédois permanentés).
Deuxième tome de la trilogie SF de Liu Cixin, "La forêt sombre" nous fait partager l'angoisse des Terriens amenés à affronter une invasion de Trisolariens... dans 400 ans. Tandis que certains entrent en hibernation, d'autres élaborent des plans pour sauver l'humanité. Mais le plus grand danger ne vient-il pas de la Terre elle-même, et de ses habitants enclins au défaitisme puis confrontés à une catastrophe écologique ? Et puis, pourquoi s'inquiéter de ce qui arrivera dans 400 ans ?

Je poursuis ma découverte de l'univers complexe de Liu Cixin, dont la lecture nécessite une attention soutenue, tant il mêle avec aisance science et philosophie à son histoire d'extra-terrestres et de vaisseaux spatiaux. Dans ce deuxième tome, on retrouve certains personnages déjà croisés dans "Le problème à trois corps", et on a un aperçu de ce que pourrait être notre civilisation dans deux siècles -version chinoise.
Impossible de trop en dire sans spoiler, mais une fois encore, je suis admirative de la façon dont les auteurs de SF parviennent à créer, avec autant de détails, des mondes imaginaires qui paraissent si réels. La faute, certainement, à cette dose d'humanité qu'ils injectent dans leurs personnages et qui nous les rend si proches, quel que soit le contexte dans lequel ils évoluent. Toutefois, je ne me suis pas attachée aux protagonistes de Liu Cixin, un peu trop "bruts" dans leurs raisonnements et attitudes pour l'Européenne que je suis. Mais découvrir la culture chinoise de cette façon reste une expérience très enrichissante.
Certains lecteurs ont perçu de la poésie dans ce roman ; j'ai été plutôt happée par sa noirceur romantique, mais ce n'est qu'une histoire de sensibilité.

Il n'empêche que j'ai hâte de lire le troisième volet et de connaître le fin mot de l'histoire. Et même si je ne suis pas une experte en science-fiction, cette trilogie sort du lot par sa finesse, son inventivité, sa réflexion : on est vraiment dans le haut-de-gamme du genre, et malgré l'effort qu'elle requiert, cette oeuvre mérite vraiment d'être lue par tout amateur de SF -et même de littérature tout-court, tant elle nous interroge sur nous-mêmes.
Can you hear me, Major Tom ?
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J'étais vraiment impatiente de me lancer dans le deuxième tome de cette trilogie de SF chinoise. Malheureusement, mon enthousiasme est descendu de quelques crans.

La flotte trisolarienne est en route pour la Terre et le peuple terrien a quatre siècles pour s'y préparer.

« Que peut bien valoir le monde dans quatre siècles par comparaison à ma vie d'aujourd'hui? » C'est assez actuel comme réflexion, genre est-ce qu'il y aura encore de la vie sur Terre dans 100 ans ? Beaucoup de gens s'en fichent, vu que de toute façon ils ne seront plus là.

L'évasionnisme est une option envisagée… mais qui partirait ? Qui resterait ? le débat est vraiment intéressant (cfr. p. 70 sur l'inégalité devant la survie).

L'histoire tourne autour de nouveaux visages dont Luo Ji, le « cosmosociologue-colmateur ». Je l'ai trouvé difficile à cerner, comme à peu près tous les autres personnages (sauf peut-être Shi Qiang ?). J'ai préféré Zhang Beihai car il m'a surprise plus que les autres. Je pense que ce problème de personnages est dû au fait que pour garder le secret sur ce qu'il se passe vraiment ils restent fermés au lecteur. du moins, c'est mon impression.

Qui sont les Colmateurs ? Quelle est leur mission ? Pour les contrer l'OTT (l'Organisation Terre-Trisolaris) a envoyé des Fissureurs. À quoi va bien pouvoir servir l'invention de l'hibernation ou du poinçonnage mental ?

L'intrigue est complexe (mais pas dénuée de sens) et alourdie par la longueur du texte. Que c'est long, que certains passages sont ennuyeux ! Oui, il y a la Bataille Sombre (un excellent passage) mais dans l'ensemble cela manque de dynamisme.

Le suspense sera probablement plus palpable dans le troisième tome. Sauf que je connais déjà la fin vu que j'ai eu la brillante idée de lire un article qui m'a tout révélé en une phrase >_<

La traduction est excellente et j'ai beaucoup aimé les idées développées autour de la survie de l'espèce humaine et sur ce que signifie « la forêt sombre ».

La fin de ce deuxième tome est un peu irréelle…

En conclusion, c'est un très bon roman mais trop long. Cela étant dit, je vais plus que probablement lire la suite ^_^ (sortie prévue en octobre).




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La plus grande partie de poker de l'humanité.

La flotte trisolarienne est en route pour prendre possession de la Terre. L'humanité a 400 ans devant elle avant de voir arriver ces envahisseurs. Bloquée par les Intellectrons qui empêchent l'humanité de réaliser des progrès en physique et espionnent la Terre pour s'assurer de l'inefficacité de la défense terrienne, l'avenir de l'humanité apparaît sombre.
Pour tenter de contrer l'invasion trisolarienne, les autorités nomment quatre Colmateurs parmi les êtres humains les plus aptes à utiliser la seule arme de l'humanité contre cette civilisation : la ruse, le mensonge et les non-dits.
L'un d'entre eux, Luo Ji, astronome et sociologue chinois, guidé par une ancienne protagoniste du problème à trois corps, s'oriente vers la cosmosociologie, nouvelle science qui vise à étudier les caractéristiques d'une hypersociété formée par l'ensemble des civilisations du cosmos, selon deux fondements : « Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s'étendre, tandis que la quantité totale de matière dans l'univers reste constante. »
Soit une course pour la survie parmi les civilisations.
Persuadé de l'inefficacité de toute action, Luo Ji, personnage pessimiste et indolent, se retranche dans une maison isolée, au coeur de la nature et décide de vivre la fin des temps le plus confortablement possible. Rattrapé par la réalité, il va devenir le dernier espoir de l'humanité.

L'intrigue est donc principalement centrée sur la préparation de l'invasion extraterrestre.
Au delà de l'aspect course contre la montre pour la survie et un foisonnement d'idées technologiques et de stratégies de guerre, j'ai aimé le récit dans sa dimension philosophique.
Liu Cixin invente un avenir à l'homme dans lequel tous les possibles prennent forme. L'effondrement de notre civilisation à l'annonce de la destruction prochaine, les tentatives de maintien de l'ordre par les gouvernements, la survie de l'humanité en jeu et les capacités de l'homme à s'adapter aux situations même les plus dramatiques sont les thèmes majeurs de ce roman.

Liu Cixin nous décrit notre civilisation 200 ans après notre ère.
On retrouve tous les clichés de la SF au niveau technologies du futur, c'est sans grande originalité de ce côté là, hormis l'idée du retour aux cavernes nourries à la technologie la plus high-tech.
Le mental et les stratégies fomentées par les Colmateurs révèlent un incroyable instinct de survie et des capacités à utiliser les sciences pour l'alimenter. L'auteur explore entre autres les neurosciences, l'astronomie, la physique.
L'auteur pose aussi la question des limites de la démocratie : en temps de crise est-ce que la démocratie est le meilleur régime politique ? le lecteur averti n'oubliera pas que le récit est raconté du point de vue d'un auteur soumis à un régime politique assez éloigné de nos principes démocratiques.
Il n'en demeure pas moins que le récit s'attache beaucoup à décortiquer et à analyser nos sociétés.

Le face-à-face entre les Trisolariens et les Humains s'annonce dès lors des plus intéressants.
Quelle civilisation va l'emporter face à l'autre ? Et si tout se jouait sur un coup de poker extraordinaire ?
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J'étais ressortie très enthousiaste du premier tome de cette trilogie de science-fiction chinoise, du fait d'une excellente intrigue et d'une écriture de qualité, et j'avais hâte de lire le second volume.
J'ai été époustouflée par ce second tome que j'ai trouvé encore plus addictif que le premier.
Dans le premier volume, nous faisions connaissance avec une brochette de personnages, lesquels allaient être confrontés à un contact avec une civilisation extra-terrestre.
Dans ce second volume, il ne s'agit plus d'un simple échange, mais d'une rencontre programmée, on sait que les Trisolariens arriveront sur terre dans 400 ans.
Mais ce qu'on ne connaît pas, ce sont leurs intentions, bonnes ou mauvaises ?
Viendront-ils dans le but de rencontrer les humains afin de s'apporter mutuellement des bienfaits ou arriveront-ils tels des conquérants afin de détrousser la terre de ses ressources ?
Là est toute la question, et les protagonistes vont avoir quatre siècles pour parer à toutes les éventualités.
Quatre « Colmateurs » vont être désignés à travers le monde afin de trouver une solution au cas où les Trisolariens seraient de vulgaires envahisseurs.
Vous ne connaissez pas grand-chose au monde de la science, de l'astronomie ou de la physique quantique ?
Aucune importance, la plupart des théories mentionnées sont expliquées très simplement, et ce qui est plus complexe et reste un peu flou pour tous ceux qui n'ont pas suivi d'études scientifiques (dont je fais partie) ne gêne en rien la compréhension globale de l'histoire.
J'ai adoré le mélange de science-fiction, de théories scientifiques, de questionnements philosophiques sur le sens de notre vie.
Je vais de ce pas me jeter sur le troisième et dernier tome de cette excellente trilogie.
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Je ne m'étais pas pris une telle claque depuis Hypérion. Cela remonte à des lustres. C'est en partie de ma faute, j'ai beaucoup moins lu sur une longue période chargée pour moi sur le plan familial.

Ce livre est génialissime, le chef d'oeuvre qui mérite 6 étoiles sur 5, dans le cercle très fermé des livres qui dépassent - et de très loin - les plafonds fixés dans les notations (certes subjectives). Ce sont des livres qui m'émerveillent page après page, à la lecture et la compréhension fluides, sans oublier matière à réflexion et quelques notes poétiques. Au-delà de la simple littérature : des livres qui semblent se connecter à mon cerveau pour répondre, un peu comme l'ADN délivre son message à un brin d'ARN messager.

Il faut évidemment lire ces 700 pages après le premier tome, qui ne faisait que dans les 500 pages. A lire de préférence dans la foulée les uns des autres et par paquets mini de 40-50 pages par jour pour rester immergé.
C'est de la hard SF mais les explications sont parfaites et limpides. On comprend quasiment tout aisément. Certaines propositions ne sont pas forcément réalistes à notre niveau de connaissances (utilisation du Soleil comme amplificateur, intrication quantique permettant de transmettre des informations). Mais c'est le postulat de la science-fiction.

Ce livre présente un scénario exceptionnel. Des situations étonnantes génèrent des mystères qui se dénouent avec habileté à différents moments. C'est magnifique. Sans divulguer trop, la vision du futur 200 ans en avant est tout à fait réaliste - heureusement aidée par un opportun blocage de l'avancée de certaines technologies, qui évite d'avoir à trop extrapoler dans tous les domaines. Les passages qui se déroulent dans l'espace sont des monuments du genre.

Mais l'intérêt de ce livre est l'analyse humaine des événements, le fameux "et que se passerait-il si ?" ; il y a une véritable étude sociologique qui tient la route et je crois que c'est ce qui nous conduit à rester accrochés à ce livre-humanité.

Une lecture bonheur. Je dois vous laisser pour attaquer la suite et fin, plus de 900 pages.

Ah oui, une dernière chose. Je me suis demandé ce que pouvait être cette "forêt sombre" et la science qui nous est exposée à ce sujet est, là aussi, magistrale. Si l'auteur a raison, cela fait froid dans le dos.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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Je viens de refermer "La Forêt sombre" de Liu Cixin... et ma première question c'est de me demander ce que va apporter un tome 3 ? Franchement, "La Forêt sombre" apporte toutes les réponses au Problème à trois corps... alors comment ce diable d'auteur parviendra-t-il à maintenir l'intérêt sur "La Mort immortelle" ? C'est vrai que le titre à lui seul est déjà intriguant mais est-ce que ce sera suffisant ?

Je ne dirai rien sur l'intrigue de "La Forêt sombre" ! le 4ème de couverture est suffisamment bavard et il n'y a aucun intérêt à en révéler d'avantage. Tout ce que je veux bien en dire, c'est que Liu Cixin endort notre méfiance de lecteur.rice et qu'il va nous réveiller en même temps que l'humanité face à la menace trisolarienne avec un grand coup de pied au c... !

Bref ! J'avais adoré "Le problème à trois corps" mais là c'est un immense coup de coeur pour "La Forêt sombre" !

Du coup, je suis super impatiente de découvrir ce que cache "La Mort immortelle"... En même temps quand on meurt c'est pour toujours, non ? Ou pas ? Je crois que je déteste Liu Cixin autant que je l'aime ! MDR
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Premier constat alors que mes yeux se posent sur les petites lignes serrées aux pages fines de mon exemplaire de poche de la collection Babel, chez Actes Sud, je n'ai plus 20 ans, et une loupe ne serait pas de trop. Je ne pourrais pas m'aider en "cassant le dos du livre ": expression barbare! Mais qui dénote le summum de l'appropriation de l'objet livre, tout comme les annotations en marge... Sauf que celui-ci n'est pas à moi! Gageons donc que Liu Cixin parviendra à me faire oublier mon inconfort de lecture de ce petit pavé de 11x17cm, que j'attends en plus de lire depuis des mois, séduite par le tome 1 "Le problème à trois corps".
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Ca commence on ne peut mieux, avec un prologue aguicheur à souhait où l'on retrouve quelques repères du tome 1 avec notamment les personnages de Ye Wenjie et Evans. La présence d'une fourmi, seul témoin d'une scène qui sera le socle de la suite des évènements, me rappelle de suite ce que j'aime chez cet auteur, entre autres choses, sa façon de considérer le vivant dans son ensemble avec la même curiosité et le même attrait. J'aime le "pas de côté" (je pense avoir lue cette expression dans certains de tes billets, Chrystèle ;) ) que représente ce point de vue d'une fourmi, si bien rendu (car pourrait-on vraiment savoir ce qui se passe dans la tête d'une fourmi...) entre les préoccupations qui lui sont propres et cette observation désintéressée de deux créatures humaines recueillies et échangeant devant la tombe qu'elle explore, avec ses sens et ses buts de fourmi.
C'est à regret que je dois admettre que ces "pas de côté" vont devenir à mon goût trop rares par la suite.
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Il y en a quelques uns cependant, je pense par exemple à cette réflexion sur le travail littéraire qui atteint son paroxysme lorsque le personnage échappe à son auteur, réflexion qui se poursuit en filigrane tout au long du livre au travers de la relation entre Luo Ji et Zhuang Yan. J'avais déjà posté cette citation:
"_Rong, j'avais toujours cru que les personnages des romans étaient sous le contrôle de leur auteur, qu'il pouvait les façonner comme il l'entendait, qu'il pouvait les faire agir comme il le voulait, comme un dieu avec ses créatures.
_Tu te trompais! Bai Rong se leva et arpenta la pièce. Maintenant tu le sais. C'est toute la différence entre quelqu'un qui écrit et quelqu'un qui fait de la littérature. L'acte suprême de la création littéraire, c'est lorsque les personnages romanesques nés des pensées de l'écrivain prennent vie, lorsque ce dernier perd tout contrôle sur eux, qu'il n'est même plus capable de prédire leurs prochaines actions. Il ne fait que les suivre, curieux, scrutant comme un voyeur les détails les plus infimes de leurs existences, puis il les archive par l'écriture pour en faire un canon."
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Des touches colorées et disparates ces "pas de côté" ou décalages fabriquent une trame riche, colorée et dépaysante.
de celles que j'avais déjà pu apprécier dans le tome 1 au travers d'un mélange de style historique, avec la révolution culturelle chinoise, polar, avec cette énigme autour de la disparition de scientifiques et fantastique avec ce jeu virtuel déjanté et dépaysant. J'ai d'ailleurs bien cru le voir renaître ce jeu des trois corps:
"Quelque part dans l'océan tumultueux des informations de l'Internet se trouvait un recoin perdu et, dans ce recoin, un autre recoin encore plus perdu, et dans le recoin de ce recoin, le recoin d'un recoin, et au plus profond de ce recoin, un monde virtuel ressuscita."
Hélas il restera un vestige peu exploité, dans ce tome, du tome 1. Il est tout juste la grotte virtuelle, sombre et secrète, où l'on tente par moments de conspirer contre les humains, sans en découvrir davantage sur Trisolaris...Trisolaris, le grand absent du Tome 2! J'étais pourtant très curieuse d'en savoir davantage sur cette civilisation :
"EVANS: A quoi peut ressembler une société dont les pensées sont complètement transparentes? A quelle culture peut-elle donner naissance? A quelle pensée politique? Aucune ruse, aucune machination." Suis-je ainsi mise en appétit dans le prologue...Mais...Ce sera tout, le tome 2 n'est résolument tourné que vers la civilisation humaine et ses possibilités de réagir, de fuir, ou encore de se montrer défaitiste face à l'invasion extra-terrestre; et je vais être un peu frustrée de la tournure assez unie-directionnelle que prend le roman.
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En effet la terrible situation ne fait désormais plus aucun doute: les jours de l'humanité sont comptés avant l'invasion des trisolariens dont le dessein de nous exterminer n'est inconnu pour personne. Nous sommes immergés dès le point final de ce beau prologue dans la catastrophe de façon concrète. Les chapitres qui suivent ont tous pour titre "la grande crise", à l'an 3, 8, 12, 20, puis 205, 208, et enfin 213; nous parcourons ainsi plus de 200 ans de notre civilisation, dans une sorte de décompte assez oppressant du temps qui passe par rapport à l'avancée de la flotte trisolarienne, qui devrait mettre en tout quatre siècle à arriver sur Terre. Ainsi, au chapitre "An 208", la flotte ne se situe "plus qu'à" 2,07 années lumières de son but.
Hé bien, il n'y a pas de quoi rire, ni rêver, n'est-ce-pas.
Liu Cixin prend tout ça très au sérieux et au premier degré.
Il va falloir se défendre.
Il va falloir sauver l'Humanité, et pourquoi pas à l'initiative d'un chinois, d'ailleurs, y'en a marre des américains, what a fuck.
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La plus grosse part du livre est ainsi donnée à notre défense. Notre belle flotte spatiale, nos vaisseaux, nos militaires, nos prouesses techniques, pourtant parasitées par les intellectrons adverses paraît-il! On se demande ce qu'il en serait sans ce sabotage. En effet nous sommes tout de même capables de grimper dans l'espace par des ascenseurs spatiaux, ou rester en hibernation pour des siècles, pour ne citer que quelques petits exemples, et il se passe des choses vraiment dingues, en particuliers dans la 3ème partie du livre (absolument jouissive au début), au troisième siècle de notre ère de crise.
Les aspects techniques très poussés ont freiné mon intérêt, en particuliers dans le quart central du livre. Je me suis dis que j'avais affaire à de la "hard science" bien plus que dans le tome 1, et ce n'est pas ce que je préfère. Surtout qu'à la vue du dénouement tout ce déferlement scientifique et technologique ne me paraît pas forcément légitime, disons que l'on va se chauffer les neurones (déjà que j'ai perdu 2 dixièmes de vue à chaque oeil) sur moultes facettes de notre défense mais qu'elles seront loin d'être toutes efficaces (ce qui est ceci dit réaliste).
Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûre d'avoir compris le final, défaut de concentration ou neurones défaillantes, je ne sais pas. Une forêt d'arbres un peu trop épineux, sans doute, avec quelques clairières qui m'ont manqué pour reprendre mon souffle?? Et un GR un peu mieux indiqué aussi, ça n'aurait pas été du luxe, je me suis souvent retrouvée en voie sans issue.
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Je suis un peu maso, ou j'aime trop Liu, je ne sais pas, en tout cas je pourrais mettre ces livres en partance pour mon île déserte, je trouverais peut-être quelques clés à la relecture. Je ne parviens toujours pas à comprendre comment Luo Ji a pu être désigné colmateur, par exemple. Et tout à l'inverse, je me dis aussi que j'aurais préféré continuer à imaginer la suite de "Le problème à trois corps". En tout cas, à vérifier avec le tome 3, mais il semblerait que j'ai plus un penchant pour Liu Cixin version courte "terre errante" demeurant un très gros coup de coeur :)

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