Le Printemps prochain

Cette bande dessinée raconte la vie de la tante de l'auteure, une femme mariée à l'âge de 20 ans avec un homme taciturne, et qui aura la vie monotone d'une femme au foyer chinoise, enfermée entre ses quatre murs.
D'ailleurs elle n'est souvent représentée que comme une silhouette floue.
Bien que se passant actuellement, cette histoire nous montre une femme qui a fait un mariage arrangé et qui n'a eu d'autres occupations dans sa vie que les taches ménagères, sa seule bouffée d'oxygène consiste à étendre le linge sur le toit, c'est dire la pauvreté de sa vie sociale.
Mais une fois par an, à l'occasion du Nouvel An, elle reçoit toute sa famille et elle semble alors s'animer. Elle va préparer des repas succulents pour les membres de sa famille et cela la met en joie, bien qu'elle reste une fois encore en retrait des festivités.
Les couleurs sont douces, comme délavées, à l'image de cette femme qui semble s'effacer au fur et à mesure du temps. Les seules touches de couleurs vivent apparaissent au moment du printemps, pendant que la famille est réunie.
J'ai trouvé très touchante cette histoire délicate, mais elle est infiniment triste.
Je remercie Babelio et les éditions Ça et là pour cet envoi.

Effacée dans le mariage, la tante de l'autrice se fond dans le décor délavé de l'album. La douceur cache la solitude résignée de celle qui se réalise dans le bonheur des repas de famille. Elle est une ombre tels les graphismes que l'on découvre à chaque page, des lignes vagues, tantôt grises, tantôt colorées. L'ensemble est poétique et lent rythmé par les saisons dont on sent le souffle par la fenêtre – une vive inspiration de cette femme en perpétuelle attente.
Cet album est le travail de fin d'études de l'autrice à l'Académie des Arts de Chine. Il a été récompensé par plusieurs prix. Je l'ai trouvé délicat et, même si la qualité des graphismes m'a semblé très inégale, j'ai été émue par la tristesse dont est emprunte chaque planche. L'autrice partage les traditions du mariage et le rôle d'une épouse qu'elle oppose délicatement à ses propres souhaits d'émancipation. À découvrir.

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A travers cette bande dessinée, Liu Yun ne rend pas hommage à sa tante mais nous fait plutôt prendre conscience de son existence, qu'on a oublié. 

La tante a d'abord été mariée jeune, et puis elle a disparu, dissimulée derrière son mari, sa routine et ses obligations familiales. 
Pourtant c'est à elle que l'on doit le bon déroulé de la vie quotidienne, des réunions de famille et des nombreux repas qui l'accompagnent. Comme un simple ustensile de cuisine, elle est devenue partie intégrante du décor. Et c'est ainsi que la tante s'est estompée. 

Dessinée en opposition au groupe et surtout aux hommes, elle est seule, dos aux autres qui ne prêtent plus attention à sa présence discrète. 

Dans le chapitre final, Liu Yun choisit de lui rendre sa voix et la laisse s'exprimer. Les couleurs, plutôt absentes du reste des chapitres prennent le dessus ici et le monde reprend vie sous le regard de la tante. 
Elle marche, elle regarde le monde et observe les fleurs et toutes ces choses qui disparaissent en hiver pour revenir toute neuve au printemps. Et elle s'interroge alors sur sa possibilité à elle de revenir, sans se laisser disparaître. Aura-t-elle l'occasion de laisser bourgeonner la vie qui sommeille en elle au printemps prochain...?

Merci à Babelio et aux éditions Cà et là pour l'envoi de ce livre.

C'est un roman graphique, travail de fin d'étude de l'autrice, devenue illustratrice, qui montre la vie terne et discrète de sa tante dans un village de la campagne chinoise. Cela me fait penser aux oeuvres de Mo Yan, si ce n'est que nous ne sommes plus à l'époque de Mao, mais de nos jours. Peu de choses ont changé ! Les femmes sont toujours enfermées dans les tâches ménagères, repas, lessive, retrouvailles familiales… tout repose sur les épaules fragiles de la tante, mais qui la voit ? Pas les hommes, en tout cas qui restent à fumer autour de la table.
Étendre le linge sur le toit lui apporte la seule petite ouverture sur l'air frais.

Les illustrations, qui semblent faites au pochoir, montrent un univers flou, voilé, en noir et blanc. La couleur apparaît à peine, quand le mariage n'est encore qu'un espoir de joie. Mais la voilà présente quand, après un triste hiver, seulement marqué par la fête du nouvel an, le printemps revient enfin. Il n'avait pas disparu, et elle, va-t-elle un jour revenir à la vie ?

Un ouvrage émouvant, tristounet, mais qui vaut la peine d'être découvert.

Hommage poétique et évanescent

Le printemps prochain est un roman graphique mélancolique par ses teintes et son ambiance, avec un style diffus qui évoque le souvenir.

Dans son ouvrage Liu Yun parle de sa tante, de son mariage arrangé, de sa vie contrainte et isolée dans la campagne chinoise. La fête du printemps - joliment mis en avant - est le seul évènement qui permet à cette tante rendue insignifiante, d'être entourée et de pouvoir se sentir un peu plus vivante. Malgré tout, on constate que son rôle est peu valorisé et sa présence presque ignorée.

Un doux et triste album, à l'image de la tante de Liu Yun, plus tout à fait oubliée du coup.