Ce petit livre offre une introduction aux sciences sociales sous un angle empirique attractif. 15 courts chapitres abordent de grandes questions volontiers débattues ou traitées par jugement lapidaire au café du coin.
En une dizaine de pages sur chacun des quinze sujets, les auteurs proposent un tour succinct des recherches académiques récentes. Ce sont autant d'invitations à exercer et entretenir un sens critique nécessaire.
L'ouvrage propose une réflexion qui cherche à élever le niveau, tout en restant accessible.
Des illustrations parfois décapantes du dessinateur Mix et Remix donnent rendez-vous à la·au lectrice·teur dans chacun des chapitres.
Outre la question titre, voici quelques thématiques du livre:
Peut-on tout dire au nom de la liberté d'expression?
Les citoyens sont-ils trop bêtes pour voter?
Peut-on changer la société en manifestant?
Les femmes sont-elles des hommes politiques comme les autres?
Bonne lecture, intéressante et instructive.
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Toutes les contributions ont en commun la volonté de se confronter aux questions qui fâchent et qui suscitent régulièrement des débats publics.
Le premier chapitre de Damian Raess aborde la thématique de l’effet de l’immigration sur le marché du travail. Il contribue à démystifier l’idée que les étrangers volent le travail ou abaissent les conditions de travail des autochtones, un mythe qui a la vie dure.
Dans le deuxième chapitre, Noémi Michel aborde, quant à elle, une question épineuse qui a récemment occupé le devant de la scène médiatique, à savoir la liberté d’expression et ses limites, et elle soutient l’idée qu’on ne peut pas tout dire dans l’espace public, même lorsqu’on invoque ce principe universel.
Dans le troisième chapitre, qui aborde la question de la domination mondiale, Stephan Davidshofer montre, n’en déplaise aux complotistes, qu’on ne peut pas véritablement répondre à cette question.
Dans sa contribution, Alessandro Nai discute la question de savoir si les citoyens sont trop bêtes pour voter. Il montre que même si les citoyens ne sont pas tous compétents en matière de politique, ils sont toutefois aptes à voter correctement.
Le chapitre suivant traite de la question de la surveillance. Nicolas Tavaglione y défend l’idée que Big Brother n’est pas notre meilleur ami et exhorte le lecteur à davantage de vigilance.
Dans le sixième chapitre, Nina Eggert pose la question de savoir s’il est utile de sortir dans la rue pour manifester. En bref, elle montre que les mouvements sociaux peuvent avoir un impact politique et social non négligeable.
Le septième chapitre de Laurent Tischler s’intéresse aux inégalités sociales d’un point de vue normatif. Dans ce cadre, l’auteur aborde la question de la responsabilité individuelle et de ses limites.
Le chapitre d’Alexandra Feddersen et d’Anouk Lloren se demande, ensuite, si les femmes sont des hommes politiques comme les autres. En s’appuyant sur une vaste littérature empirique, ces deux auteures montrent que les femmes détiennent des préférences politiques spécifiques. Toutefois, dans les faits, elles adoptent presque toujours des comportements similaires à ceux de leurs collègues masculins.
Dans sa contribution, Bertrand Cassegrain s’attaque à la question de l’individualisme et de ses conséquences pour notre société. Il défend l’argument selon lequel l’individualisme est une condition nécessaire au vivre-ensemble, car il permet de respecter les choix de vie et les différences de chacun.
Dans le dixième chapitre, Jasmine Lorenzini traite de la problématique du chômage des jeunes. En se basant sur le vécu quotidien des jeunes chômeurs, elle déconstruit le mythe selon lequel ceux-ci seraient oisifs et profiteraient des aides sociales allouées par l’État.
Dans leur contribution, Roy Gava et Nino Landerer s’intéressent, quant à eux, au pouvoir que détiennent les médias et les politiques dans la définition des problèmes publics. À travers de nombreux exemples, ils montrent comment les politicien·ne·s parviennent ou non à s’approprier la logique médiatique.
Le chapitre douze traite de la problématique des fonctionnaires et de leur motivation au travail. À l’aide de nombreuses études empiriques, Simon Anderfuhren-Biget montre que les employés du secteur public sont loin d’être paresseux et qu’ils sont fiers d’œuvrer pour le bien public.
Amal Tawfik se penche, dans sa contribution, sur la problématique de la classe moyenne. Il met en évidence qu’il n’existe pas, à proprement parler, de classe moyenne bien que plusieurs partis revendiquent la représentation de ses intérêts.
Francesca Piccin s’attelle, ensuite, à comprendre les causes et les conséquences de l’aide humanitaire. Sa lecture nuancée nous permet d’entrevoir en quoi l’aide humanitaire peut parfois s’avérer une nouvelle forme de colonialisme.
Pour finir, la contribution d’Elia Pusterla s’intéresse, quant à elle, à la crise de confiance des citoyens envers les élites et les institutions politiques. Dans ce cadre, il discute le lien qui existe entre les politiciens et leurs promesses.
p. 13-15