David Lodge, né en 1935 à Brockley dans le sud de Londres, est un universitaire spécialiste de littérature et un écrivain britannique. En 1987, il abandonne l'université, avec le titre de Professeur honoraire, afin de se consacrer entièrement à l'écriture, mais aussi en raison d'un problème d'audition et des conséquences de la politique de
Margaret Thatcher. Auteur d'une oeuvre importante comprenant essais critiques et romans,
La Chute du British Museum, son troisième roman, est paru en France en 1991.
Si le bouquin est sorti chez nous en 1991, il date en fait de 1965, époque à laquelle se déroule à deux ou trois ans près, au vu des références citées (Beatles,
Vatican II) cette histoire improbable. Adam Appleby, notre héros de 25 ans, allocataire d'une bourse de recherche, prépare depuis deux ans sa thèse de doctorat sur « la structure des phrases longues dans trois romans anglais modernes ». Quatre ans auparavant, il a épousé Barbara et ils ont déjà trois enfants, Clare, Dominic, Edouard. Tous deux catholiques, ils appliquent en effet les règles de l'Église concernant le contrôle des naissances, sans résultat probant apparemment, au grand dam d'Adam.
Le roman se déroule sur une seule journée, riche en pérégrinations et aventures aussi farfelues qu'imprévues, durant laquelle Adam endurera les affres de l'angoisse à l'idée que Barbara soit à nouveau enceinte, tremblera de ne pouvoir trouver un job lui assurant des revenus complémentaires, résistera tant bien que mal aux assauts sexuels d'une jeune fille en échange d'un manuscrit rare d'un obscure écrivain pouvant lui ouvrir les portes d'une certaine renommée, sera impliqué dans le non-incendie de la bibliothèque du British Museum et j'en passe…
Roman typique de
David Lodge, un universitaire dans son milieu naturel et ses rivalités internes, des problématiques d'époque – ici la contraception et les catholiques – le tout traité en mode humoristique en utilisant la cocasserie, les pastiches ou les parodies. Parodies que l'auteur s'est vu obliger de préciser dans la préface car passées inaperçues dans les premiers tirages ; si effectivement, certains passages du roman font immanquablement penser à Kafka ou Joyce, d'autres pouvaient nous échapper. A ce propos, je ne suis pas certain que le finale, cette longue phrase de six pages et sans ponctuation – flagrant pastiche d'
Ulysse de
James Joyce – soit ce qui soit le mieux réussi dans ce roman, non pas dans le sens de l'imitation qui est parfaite mais dans le fait qu'elle rompt par là-même, avec la tonalité de l'humour général du livre. Finir sur du Joyce, un bouquin de Lodge, laisse le lecteur sur sa faim…
Un roman néanmoins jubilatoire et souriant, même si on eut aimé que le sillon principal, la position de l'Eglise face à la contraception, soit creusé un peu plus encore car c'est là que
David Lodge est le plus drôle.