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EAN : 9782907888868
256 pages
Sepia (01/04/1996)
4/5   3 notes
Résumé :
Sur une île du Cap-vert, les habitants essaient de suivre les caprices du temps pour survivre : les pluies sont rares et, surtout, ce maudit vent qui vient des côtes d'Afrique brûle tout sur son passage.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans l'éventail de la littérature capverdienne traduite en français, ce roman incarne l'emblème de l'île de Santo Antão, la plus verte et mystérieuse, souvent couverte de brume, remplie de contes et de légendes…
Mais rien de merveilleux ici, au contraire : une chronique de la difficile vie d'agriculteur, arrachant à la terre sèche le peu qu'elle puisse donner, attendant la pluie comme un improbable Godot : ces haricots et ce maïs, doit-on les semer ou bien finir par les manger ?

Le roman se divise en deux parties, d'abord parmi les paysans de la Ribeira do Norte, leur vie de tous les jours, pleine de doutes malgré les espérances, avec ces conversations sur le temps qu'il fait revêtant une réelle importance, où chaque membre de la famille apporte sa pierre à l'édifice de la survie.
On suivra ensuite un fils renégat, parti vivre dans les montagnes caché parmi les pierres, détroussant masqué les rares voyageurs encore chargés de vivres, et les étranges rapports humains qui pourront lui advenir.

C'est très triste, tout simplement.
La vie d'avant le « confort moderne » avait ici, à Santo Antão, un caractère beaucoup plus tragique.

La reforestation des montagnes a aussi permis de réduire considérablement les effets délétères de ce vent chargé de sable venant du Grand Désert, loin là-bas sur le Continent ; cette Terre finalement étrangère pour nous autres insulaires, hybridation physique et mentale avec la lointaine Europe, l'Afrique étant au moins aussi étrangère.
Pourtant cette illusion de modernité, de sécurité, ne devrait pas faire oublier la perte de cultures et de savoirs anciens aujourd'hui à l'oeuvre. le béton remplace partout la pierre, et les architectes — comme une majorité de ce que devrait être « l'élite » intellectuelle du pays — feraient rougir de honte un troupeau d'ânes bâtés.

La littérature capverdienne n'est aujourd'hui plus qu'un souvenir.
il reste bien quelques oeuvres anciennes à traduire : les écrivains ne servent plus qu'à illustrer les billets de banques (bien qu'on les remplace par d'autres artistes à mesure que l'on modernise leur impression) ou à nommer les écoles, un livre ne servant forcément qu'à étudier ou à prier.
Elle a pourtant connu son heure de gloire…
Les éditions Sépia ont fortement contribué à sa diffusion (ainsi que Chandeigne et Actes Sud époque Hubert Nyssen ) ; ce petit laïus à l'occasion de la lecture de son dernier roman traduit…
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Roman publié en 1960 qui décrit la dureté de la vie de ces paysans pauvres du Cap Vert soumis à tous les caprices de la météo, et surtout, surtout à ce vent d'est.
Vent terrible qui apporte la sécheresse, la désolation et la famine.
Dans cette société pauvre dans laquelle les familles vivent isolées dans des cabanes plus que des maisons à proprement parler, et pour lesquelles chaque goutte d'eau, chaque grain de maïs est un trésor.
Lorsque la récolte est prospère on pense même à envoyer un enfant ou deux à l'école, il est toujours bon d'avoir chez soi quelqu'un qui sait un peu lire.
Mais lorsque le vent d'est assèche tout et que les champs ne sont plus qu'une croute sans vie, alors très vite, la misère et la famine reprennent le dessus et la mort rôde s'emparant déjà des plus jeunes et des plus faibles.
La violence devient omniprésente, et les affamés n'hésitent pas à aller piller leurs voisins, les coups pleuvent, les pierres volent, les couteaux sortent de leurs fourreaux, rien ne peut arrêter un homme qui cherche à assouvir sa faim.
Quand la pire des tragédies devient un superbe livre, les victimes du vent d'est elles se comptent par milliers.
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Un très bon livre d'un auteur du Cap-Vert. Nous suivons quelques paysans de San Antonio face à la sécheresse, les inondations, enfin tous les malheurs qui peuvent s'abattre sur les paysans. La vie n'est pas facile, même pour les sages et prévoyants. Et la violence peut vite survenir.

Un excellent portrait de cette société paysanne, les personnages sont bien campés, les mécanismes en jeu bien décrits, un côté tragédie annoncée et inévitable très efficace. C'est à mon sens moins subtile que Nuit de vent, dans lequel on voit un panorama de la société plus complexe et plus poétique à la fois, mais cela reste vraiment une bonne lecture.

Le Cap-Vert mérite d'être découvert littérairement.
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Que de misère tout au long de ce roman !

On suit la vie de plusieurs familles de paysans du Cap-Vert dont l'avenir dépend entièrement de la météo et de leur observation du ciel. Et cette météo est toujours excessive : absence de pluie, sécheresse, inondations soudaines, vents violents, froid glacial… Les conséquences sont catastrophiques : dégâts matériels, disparus, morts, venue de criquets, famine…

L'auteur fait de beaux portraits de cette société cap-verdienne liée à la terre. Les personnages ont tous des réactions différentes face à la misère. Il y a tout de même un côté tragique où on accepte son destin contre lequel on ne peut rien puisqu'il est lié à la volonté de Dieu. Ceux qui se révoltent le font par la violence, les conditions extrêmes faisant aussi ressortir le pire chez l'être humain.

Le roman est très joliment construit. En dépit de la vie dure, du travail épuisant, de la pauvreté et de la misère qui font se replier chacun sur lui-même ou sa famille, cette solitude est brisée par la puissante interdépendance de tous les personnages que seul le lecteur peut constater.

Malgré un début que j'ai trouvé un peu lent, ce livre est une très belle découverte.

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Mon avis
Des paysans, braves, vaillants, face au destin. Face aux aléas de la vie. du temps. Ainsi va la vie sur une île du Cap-Vert. le destin de différentes familles, plus ou moins bien loties face au redoutable vent d'est qui ne consume pas que les plantes, mais aussi les humains, leur vie, leur destin. Manuel Lopes nous campe une belle galerie de portraits. de destins. D'hommes et de femmes. En attente de la fin de ce malheur qui les frappe. Qu'auriez-vous fait à leur place? Quel aurait été votre comportement face à l'innommable? Face à ce malheur qui les frappe, l'humain se révèle. Pas forcément sous ses meilleurs jours.
Les victimes du vent d'est est un roman très fort. Très dur. Très humain. Si humain!! Des hommes et des femmes qui ont l'habitude du malheur. Des hommes et des femmes qui sont arrivés au bout de l'espérance. Qui ne trouvent plus beaucoup de solutions de survie. Dès lors, les caractères se révèlent. Certains subissent. D'autres deviennent tyranniques. Quelques-uns restent sereins.
Dans les victimes du vent d'est, la destinée de ces hommes et de ces femmes représente le destin du Cap-Vert et de ses habitants. Un pays qui reste debout face à la pauvreté et qui continue d'aller de l'avant. En effet, sur cette île de Sao Antaõ, même arrivés au bout du désespoir suprême, les iliens continuent à espérer. Un meilleur destin. de nouvelles pluies. Une nouvelle vie. Malgré l'absence des autres: les victimes du vent d'est...
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