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3,72

sur 3898 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
On a beaucoup parlé de ce livre, écrit par un jeune homme de 21 ans que l'on peut qualifier de "miraculé". Issu d'un milieu défavorisé, il est parvenu à sortir de l'engrenage infernal de la reproduction sociale. Il poursuit aujourd'hui de brillantes études à l'Ecole Normale Supérieure. Edouard Louis, (c'est le nom qu'il s'est attribué, abandonnant celui de sa naissance "Eddy Bellegueule"), ne cache pas que son roman est autobiographique et que le récit qu'il nous offre est celui de son enfance et adolescence.
Eddy est un enfant différent des autres, sensible et efféminé, dans un monde où un garçon se doit d'être "un dur" sous peine de passer pour "une tapette". Il se rend compte très vite, dans le regard des autres, de sa singularité. Il doit faire face à leurs moqueries, subir des persécutions (certaines scènes sont insoutenables). Eddy tente de ressembler aux autres, de nier son penchant pour les garçons, sans succès. le fossé avec les autres ne cesse de se creuser.
La famille d'Eddy est pauvre, financièrement et culturellement. Les seuls dérivatifs à leur vie de labeur sont la télévision et les soirées alcoolisées avec les voisins. Un logement plus que vétuste, des conditions de vie précaires, on peut parler de "sous-prolétariat". Edouard nous dresse un portrait de ses parents peu glorieux, mettant en avant leur inculture et leurs moyens intellectuels limités. C'est grâce à l'école qu'Eddy parvient à s'échapper de ce milieu, mais uniquement à l'adolescence.
Je dois dire que je sors mal à l'aise de cette écoute. Je comprends qu'Eddy ait voulu témoigner de sa souffrance. Son livre est percutant, il émeut, révolte et donne un coup de projecteur sur un milieu social dont on parle assez peu. Je ne conteste pas ses qualités littéraires. Au vu de son jeune âge, on ne peut qu'être admiratif de son travail d'écriture. Je pense par ailleurs que ce récit peut permettre à tout un chacun de mieux comprendre les difficultés rencontrées par ce type d'enfant. Je pense notamment aux enseignants.
Mais je ne peux pas m'empêcher de me mettre à la place des parents d'Eddy dont l'histoire et la vie intime sont dévoilés, décortiquées et analysées sans complaisance par leur propre fils. Eddy aurait peut-être dû attendre quelques années avant d'écrire cette autobiographie. Avec un peu de recul, il aurait peut-être dépassé le rejet de son milieu d'origine et présenté un récit plus apaisé, moins traumatisant pour sa famille, moins violent. Comment gèrera-t'il dans le temps, le séisme familial qu'il a créé et que les médias ont relayé plus que largement ?
Un autre point m'a dérangée. Les difficultés rencontrées par Eddy sont en grande partie liées à son orientation sexuelle. Or, l'homophobie n'est pas l'apanage des milieux défavorisés, ce que son récit pourrait laisser supposer. L'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs.
Quelques mots sur la version audio : le lecteur a su trouver le juste ton et adapter sa voix aux deux registres de langues utilisées par l'auteur (celle de son milieu d'origine et celle qu'il utilise aujourd'hui). Une interview de l'auteur constitue un bonus très appréciable.
Un texte qui ne peut laisser indifférent, qui soulève beaucoup de questions et se lit sous plusieurs angles différents.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Un récit touchant et troublant dont la fin m'échappe quand-même un peu. On aurait voulu en savoir plus sur l'intériorité de ce bonhomme quand-même. le narrateur-personnage est très passif tout au long du récit et il peut vous arriver, en tant que lecteur, d'avoir envie de le prendre par l'épaule et de lui demander ce qu'il ressent vraiment, ce qu'il compte faire, ce qu'il désire enfin ! Non pas d'agir, mais de dire, puisque c'est là le propos d'un livre. Il y a aussi cette essentialisation sur le sujet de la classe sociale qui est un peu gênante, bien rattrapée par toute la tendresse évidente du héros pour ce monde qui est envers lui si cruel. Tout ça pour dire que c'est un bon livre et que je suis curieux de lire autre chose d'Édouard Louis, ne serait-ce que pour mieux comprendre les motivations réelles de ce drôle d'exilé social.
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En finir avec Eddy Bellegueule.
Le foutre à l'eau.
L'écrire dans la buée.
Et puis l'effacer...

En finir avec cette part de soi qui a côtoyé et accepté comme des règles absolues la honte, la lâcheté, le racisme, l'homophobie... C'est pas qu'on est d'accord, tu vois. C'est pas ça. C'est que là-bas, bah t'es pas un homme si t'es pas comme tous les autres. Et tous les autres ils disent c'est degueulasse les pédés. Pis les arabes aussi. Dégueulasses.

En finir avec Eddy, c'est en finir avec ce gamin qui a toléré toutes les humiliations, comme lécher le crachat de ses bourreaux. Qui a menti, bien sûr qu'il aime les filles, jusqu'à en embrasser deux, jusqu'à en demander reconnaissance à sa famille, maman, papa, soyez fiers, je suis normal. Ah, lecteur sensible, s'abstenir. Combien de mots. Combien de situations. A vous déclencher de l'urticaire.

Tellement à dire.
La force de ce livre tient en grande partie, à mon avis, dans le contraste entre la narration et ce français approximatif, à la syntaxe bancale. Il romp le rythme, comme ça, brutalement, souvent au milieu d'une phrase.
Ce qui accentue inevitablement le propos. Souligne la violence des mots. C'est très intelligent.

Il a 21 ans, Édouard, quand son livre paraît.
21 ans.
Certains se sont choqués de cette lecture. Lui ont reproché son impudeur. Pour quelles raisons, ce n'est pas à moi d'en juger.
21 ans.
Et sur son courage ? Non ? Rien ?
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La forme : Edouard Louis sait écrire, de manière à la fois distanciée et rageuse. le fonds : était-il bien utile de livrer au public tout ce ressentiment. On peut évidemment penser à une forme de thérapie, mais bon, je reste gêné par cette approche trop névrotique à mon goût. En tout cas, c'est un texte marquant.
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Le décor, alcool, pauvreté, fratrie, est très bien rendu.
J'ai lu avec une certaine "nostalgie" (pas toujours de bon souvenirs, mais c'est la vie) et de ces discutions "d'adultes", sur le racisme,la politique,etc ...

Une histoire qui se passe encore à notre siècle, c'est le plus ahurissant et dramatique.

Écrivain à découvrir et à suivre.
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Edouard Louis nous livre avec cette autobiographie déguisée un regard dur et amère sur son enfance difficile dans un petit village de Picardie. Sans équivoque, l'auteur jette à la figure du monde son ressentiment pour sa famille et par extension son village et l'enfance qu'il a vécu. Il décrit avec force de détails glauques et de mots crus, la misère sociale, intellectuelle, sentimentale même qui règne au sein de sa famille, sans rien épargner au lecteur. Et lui, au milieu de tout ça, qui essaye de composer (ou pas) avec sa différence, ses "manières de fille", sa voix aiguë (trop pour un garçon). Pour lui, l'homophobie est partout : dans son village, dans sa famille, dans son école, sans qu'il puisse y échapper.
C'est une écriture qui se lit relativement facilement, même si parfois, emporté dans ses élans de colère et de critique, l'auteur se perd un peu. J'avoue ne pas avoir compris certains passages, voir même totalement décroché, pour m'y retrouver quelques pages plus loin. J'ai été jusqu'au bout de ce roman, surtout de savoir comment le petit Eddy Bellegueule allait pouvoir s'en sortir : il semble, au fur et à mesure des pages, s'enfoncer dans un tel marasme où tout va de mal en pire, qu'on ne sait pas s'il va s'en sortir. Malgré tout, le manque de recul latent reste gênant pour un livre qui n'est finalement qu'un long procès où les coupables sont mis au pilori, sans arguments ou témoins à décharge.
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Ce roman retrace l'enfance et l'adolescence d'Eddy Bellegueule, un jeune picard qui vit dans un petit village de campagne dans lequel il ne se sent pas du tout à sa place. En effet Eddy n'a absolument pas la même mentalité que les habitants du village ce que ces derniers ne comprennent pas et à cause de cela, lui mènent la vie très dure. Eddy est confronté à une perte totale de repères, ne se sent pas bien dans sa peau, se fait catégoriser d'homosexuel et ne comprend pas s'il s'agit d'une vérité ou non. Pour amoindrir le rejet des autres villageois, il se force à paraître comme ceux-ci mais ne tarde pas à comprendre que ce n'est pas dans sa nature. Bref il est totalement pommé bien qu'il soit très brillant dans ses études. Il rêve de partir de ce village dans lequel il se sent enfermé et rêve d'un avenir meilleur que ce qui l'attend comme tous les autres villageois. Ce qui est choquant dans ce roman c'est que l'histoire d'Eddy est d'actualité alors que les mentalités paraissent celles d'un autre temps. Il est très effrayant de se dire qu'il existe encore des gens qui pensent comme cela de nos jours. Eddy se fait lyncher, humilier, renier presque, par ses parents et par son entourage tout cela car ils manquent d'ouverture d'esprit. Edouard Louis est un auteur très prometteur, sa plume est sans fioritures. Parfois il utilise un langage très cru pour décrire comme si il s'agissait d'un témoignage, tout ce qu'il y a de malsain et de cruel dans la façon de penser des personnages. Il n'y a qu'une seule chose que je pourrais reprocher à ce roman, c'est qu'il tend parfois trop vers l'exagération dans les clichés ce qui n'est pas pour desservir les préjugés déjà véhiculés sur la Picardie. Etant moi même Picarde, ça a eu tendance à m'agacer à certains moments, mais bon comme pour toute chose, il faut prendre le recul nécessaire !
Cela reste un roman très marquant que je vous conseille à tous !
Lien : http://deliresetdeslivres.wo..
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Un être éminemment critique que cet Eddy qui crache sur tout et tout le monde sans jamais se remettre en question vraiment. Ce qui m'a profondément agacée tout du long. Il relève la moindre anicroche, pose en victime, sans jamais dire ni faire quoi que ce soit pour apprécier ce qui est positif dans sa vie ou tenter de changer ce qui ne l'est pas. Trop de noir et de blanc. Pas assez de gris. Dommage, parce qu'il reste malgré tout un excellent conteur, qui dépeint bien son univers ; on voit, on imagine, on y est, mais, puisqu'il faut bien le dire, il s'agit d'une esquisse. Cela manque de fond, de substance, de coeur, de profondeur. On ne s'attache pas à Eddy, on n'arrive pas à être triste, ni même désolé pour lui. Son regard clinique, critique platement, égoïstement ; tout est toujours ramené à lui, lui, lui. On en arrive presque à s'attacher davantage à ses bourreaux qu'à lui-même! Et à se sentir vil tout comme eux. Dommage! Un rendez-vous manqué...
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Un livre plutôt âpre,on se croirait dans les annees 50 dans quelque campagne éloignée de tout:de la civilisation,des manières les plus élémentaires,du bon sens,de la tolérance....rien ne nous est épargné,je me demande bien comment un enfant a l'idée(quasi saugrenue!)de vouloir sortir de ce milieu,comment peut-il arriver à en déduire qu'un autre monde existe quelque part et qu'il en fera partie un jour?
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Les avis sur ce livre sont très partagés: ceux qui ont apprécié et ceux qui n'ont pas du tout accroché. Pour ma part, j'ai lu ce « roman » presque d'une traite. J'ai profondément marquée par la souffrance qui émane de l'enfance d'Eddy, malgré des parents qui pensaient bien faire. Mais surtout cela raconte la reproduction sociale, la difficulté de s'extraire de certains milieux. On mesure l'immense parcours qu'a du parcourir Eddy Bellegueule pour devenir Edgar Louis.
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