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3,72

sur 3898 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"Pour en finir avec Eddy Bellegueule" est un roman, qui décrit l'enfance et l'adolescence d'un jeune homme Eddy marquée par le rejet qu'il subit en raison de ses manières jugées efféminées dans un petit village de province.
Un rejet de la part des gens du village, de la part de sa famille. C'est un roman autobiographique, l'auteur Édouard Louis conservant son patronyme originel. On se situe dans les années 1990-2000.

Il décrit l'univers pauvre, où l'alcool, le chômage et la misère accompagnent la vie des individus, sans perspectives et condamnés à reproduire les mêmes schémas professionnels et sociaux.
Eddy essaiera de rentrer dans ces normes. C'est un échec. Il en prend la mesure et décide de changer de voie…
Un échec salutaire ?
Une deuxième partie par trop idyllique qui interroge sur les classes sociales et leur ouverture d'esprit respective. Son objectivité avec le poids du passé, du passif dans ce cas n'est pas facile à établir.
Des scènes difficiles qui suscitent des questions, des interrogations.
Si la lecture paraît empreinte d'une certaine authenticité, la prudence est de rigueur dans l'interprétation de ce type d'exercice littéraire.

Une réalité, une narration sans ambages qui veut saisir et qui saisit.
De ce point de vue…
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Edouard Louis a tiré un trait sur Eddy Bellegueule, il a pris sa revanche et on peut comprendre ses motivations à la lecture cette autofiction un peu ambigüe.
Car chez les Bellegueule, on est loin des Roses de Picardie de Montand, dont les protagonistes n'ont probablement jamais entendu parler : chez les Bellegueule, on passe le temps devant la télé, vu que de toute façon on n'a pas d'argent à dépenser ailleurs, on picole les uns chez les autres et on bouffe devant La Roue de la Fortune.
Edouard Louis-Bellegueule évoque une enfance marquée par la misère, le chômage, l'alcool, la vulgarité, la violence et l'inculture dans une commune très rurale de la Somme où le point de réunion des jeunes se situe dans un abribus… mais son plus gros problème, à Eddy, c'est cette tendance impossible à réprimer, à se comporter comme une fille : et ça, ça ne passe pas très bien ni chez ses parents, ni chez ses condisciples au collège ou au bourg, où homophobie se conjugue avec racisme, on n'est pas des tarlouzes chez les Bellegueule.
A mes yeux, l'exploit d'Edouard/Eddy a été de s'extraire de ce milieu prolétaire où la voie était tracée pour lui : usine, chômage, alcool et télé, une femme épousée trop tôt parce qu'enceinte à 17 ans et qui n'aura pas pu faire d'études, et une flopée de gosses qu'il faut nourrir et habiller tant bien que mal, on ne va pas en plus leur payer des études…
Car le village d'où vient Eddy n'est pas une exception en France, je connais des banlieues qui ont leur lot de personnes vivotant en marge de la société et de sa culture, l'alcool, la bêtise et la violence trouvent asile partout ! Mais quand on vit dans une grande ville ou en banlieue parisienne, il est peut-être plus facile, géographiquement parlant, d'aller voir ailleurs si on en éprouve le besoin, dans un village un peu paumé de la Somme, c'est une démarche difficile à tous points de vue.
Malgré quelques passages que j'espère exagérés (les séances de sodomie entre gamins de 10-12 ans, entre autres…), le contexte social dans lequel a vécu Eddy semble tout à fait vraisemblable et on comprend assez bien la rage, à 21 ans, d'un garçon qui a réussi à s'en extraire : ce que j'ai personnellement trouvé dommage, c'est l'absence de recul qui caractérise ce roman et la violence qu'il véhicule envers ses parents qui, sans doute, ont reçu ce livre en pleine gueule... Et pour cause, ils n'ont pas du comprendre... mais bon pour le moment, il n'est pas à l'ordre du jour de délivrer un permis d'engendrer.
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Je dois dire que j'ai découvert l'auteur à La Grande Librairie et que j'ai hésité car j'appréhendais la lecture de cet ouvrage que j'ai finalement acheté.
Mais comment aborder cette critique d'une façon sereine?
À la lecture on reçoit un grand coup de poing, comment ne pas être poursuivi par les scènes violentes, bouleversantes en plein 21°siècle?

On est révolté autant que fasciné, incrédule, devant ce témoignage cru, sombre, innommable d'un milieu rural dur,dans une pauvreté matérielle,mais surtout intellectuelle et culturelle, où l'alcoolisme, la haine de soi et de l'autre, les handicaps sociaux et physiques, l'absence de sentiments ont la part belle......
Le plus important c'est le rejet hallucinant,le dégoût, les coups, les crachats immondes, un enfer,quoi!!le portrait sans concession du milieu d'origine à tel point que l'on se demande si cela n'est pas une caricature?
La Bêtise, les préjugés, la redite idiote de certaines litanies toutes faites, le racisme , l'abrutissement devant une télévision allumée toute la journée, (un appareil quasiment dans toutes les pièces)!!!! , la honte, les humiliations continuelles, une espèce d'évidence quotidienne....
C'est un réquisitoire contre la Bêtise avec un grand "B" jusqu'à la toute fin où l'on découvre enfin le début de l'émancipation...
Ce livre coup de poing pose beaucoup de questions et nous interpelle:Comment échapper à la discrimination ?
Comment surmonter sa différence?
Comment chaque être peut - il inventer sa liberté?
Comment échapper à l'intolérance dans un milieu fermé ?
Un témoignage vraiment poignant, dérangeant, difficile de ne pas repenser cette lecture et relire plus tard, moins sous le coup de l'émotion? Peut -être?


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J'ai un avis assez mitigé sur cette lecture.
Je l'ai lu facilement, le style est fluide. le sujet pourrait m'intéresser réellement : un enfant, un adolescent qui cherche à fuir son homosexualité, à s'échapper de son milieu. Mais en réalité je suis restée extérieure à l'histoire d'Eddy. Je n'ai pas réussi à m'y attacher, à m'y intéresser. Je suis restée une lectrice "clinique", sans éprouver d'empathie. Et cela m'a gêné.
J'avais lu que l'auteur avait été très dur avec son père dans l'écriture du livre. Je n'ai pas ressenti tant de dureté que ça. Pour moi il essaie au contraire de comprendre parfois les raisons du comportement odieux de son père. Je l'ai en fait trouvé nuancé finalement.
Bref, cette lecture ne me marquera pas je pense. Et a priori, je n'irai pas vers un autre livre de l'auteur, par soucis de sensibilité.
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Ce "roman", je l'ai dévoré. Il m' a pourtant souvent gênée. Eddy Bellegueule devenu Edouard Louis raconte son enfance dans un milieu misérable, ouvrier du Nord de la France: la violence, les préjugés, la misère matérielle et culturelle, la méfiance vis à vis de la médecine, le manque d'hygiène, les valeurs dites viriles, les déterminismes, etc...et tout cela dans les années 1990-2000 puisque l'auteur est né en 1992. Même lorsqu'on vient d'un milieu modeste, on reste parfois interloqué car on a l'impression de lire une autobiographie (car c'en est une, l'auteur le dit lui-même), du début du XXème siècle.
Eddy découvre son homosexualité ce qui lui vaut un rejet de sa famille, de son entourage et des insultes et brimades au collège. Certains passages sont vraiment éprouvants. Il fait tout pour se conformer au modèle proposé par son entourage...en vain.
J'ai trouvé ce récit bien écrit, bien construit en abordant les thèmes sociologiques sous l'angle littéraire. Il joue sur différents niveaux de langage. Il a été mal perçu par sa famille et je le comprends, il ne pouvait en être autrement.Cela a même dû être extrêmement violent, pour sa mère notamment, qui a pu y voir ingratitude et mépris. Bien sûr Edouard Louis affirme qu'il s'agit d'un roman mais il met son vrai nom sur la couverture, a dit à plusieurs reprises qu'il s'agissait de lui. Il n'y a pas suffisamment de distance, à aucun moment on ne sent de la tendresse, des excuses éventuellement... On comprend qu'Eddy était malheureux, qu'il se sentait différent, qu'il ne partageait pas les valeurs, les goûts de son entourage et on pressent que vivant à Paris dans des milieux intellectuels et cultivés, il se sentira également décalé car l'enfance est fondatrice. La honte sexuelle sera remplacée par la honte sociale.
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Quand en finirons-nous avec le rejet de la différence? Dire qu'au Moyen-Age, on brûlait les roux juste parce qu'ils avaient les cheveux de la couleur du feu, et qu'on les croyait les fils du diable...
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Pour une fois et c'est assez rare, la quatrième de couverture résume parfaitement le contenu du livre : "insurrection et révolte contre mes parents, la pauvreté, ma classe sociale, son racisme, sa violence" et j'ajouterais ses préjugés, sa vulgarité et son inculture.
Le témoignage de l'auteur est à la fois poignant parce qu'il se livre avec sincérité et dérangeant parce que l'intimité glauque de sa famille est assez choquante.
Je suis à la fois pleine de compassion pour sa détresse et interrogative sur son parcours car il n'explique pas comment il a pu sortir de cet enfer familial, si ce n'est par son désir de fuite.
Au delà, le livre pose la question de la construction d'une personnalité, indépendamment des gènes et du contexte social qui, dans ce cas est calamiteux. En ce sens, cette confession est positive : il y a toujours une possibilité d'échapper à son conditionnement.
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J'ai eu du mal à en finir avec Eddy Bellegueule. Pour faire vite je l'ai trouvé assez mal écrit, bourré d'incohérences (dans la chronologie, les faits) et à la limite de la fabulation. J'avais lu sur le même sujet "Retour à Reims" de Didier Eribon (auquel il ne m'aura pas échappé qu'Edouard Louis dédie son livre) autrement plus percutant et émouvant.
Mais la question qui me taraude en fermant ce roman autobiographique est la suivante : pourquoi changer de nom M. Edouard Louis ? Pourquoi ne pas avoir craché à la gueule du monde bourgeois, celui que vous conspuez, ce prénom et ce nom, Eddy Bellegueule, qui attestent d'une naissance, d'une histoire ? Pourquoi - comme Jacques Derrida en son temps dont le véritable prénom est Jacky - avoir renié ces origines que dans le même temps vous prétendez défendre ? Il aurait fallu aller au bout de vos convictions afin d'entamer ces préjugés tenaces qui sous-entendent qu'on ne peut pas devenir écrivain quand on s'appelle Eddy Bellegueule. Une belle occasion manquée.
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Voilà un premier roman troublant tant sa composante autobiographique est évidente et tant il touche le lecteur par son authenticité et son réalisme. Un très beau roman qui nous parle de l'intérieur, d'un sujet encore trop souvent tabou : l'homosexualité.

Dans un style simple, sans fioriture et qui sonne toujours juste l'auteur y relate son enfance d'enfant "différent" et les rouages de la mise en place de l'homophobie parmi les gens simples, les "pauvres", ouvriers de son village, trop souvent enfermés dans leurs a-priori, leur vie sans avenir où chômage et alcoolisme guettent presque toujours au coin de la rue, comme ce sera le cas pour son père.
Rien n'est épargné au lecteur, ni les crachats, ni les insultes, ni les débordements familiaux, ni les scènes d'abus sexuels perpétrés par les plus grands et dont on l'accusera à tort d'être l'instigateur...

Eddy est différent parce qu'il n'aime pas le foot, pleure sans cesse, fait des manières, a peur du noir, joue à des jeux de filles et se met à aimer le théâtre...
Il voit bien que ce qu'il aime n'est pas la norme chez ses camarades.
Mais alors qu'il est petit, il s'interroge déjà sur cette homosexualité dont on l'affuble avant même de ressentir ses premiers émois amoureux pour les garçons.
Harcelé à l'école par les plus grands et obligé de s'en cacher pour ne pas répondre aux questions gênantes dont les adultes sont friands, il devient peu à peu le bouc émissaire de tout le village picard où il vit...

Cependant en famille comme au milieu de ses camarades, il faut montrer sa virilité avant tout et "être un dur"...
Eddy s'y emploiera mais n'y arrivera pas. Il subit alors la violence de son grand frère, alcoolique, et celle, parfois verbale de son père.
Et si au début alors qu'il est petit sa mère le défend toujours, plus tard elle ne saura plus comment aborder le sujet avec lui...ce qui se comprend.
Ce qu'il représente n'entre pas dans la culture familiale ni dans les normes dictées par son entourage mais cependant les siens sont fiers de sa réussite scolaire.

Son père tient des propos homophobes mais a défendu dans le passé, en douce, un homo sur le point de se faire casser la figure, un père qui "gueule" devant et qui, par derrière, est fier que son fiston réussisse si bien à l'école et fasse bien ses devoirs...un père sévère par devant mais qui raconte à tout le monde sa fierté d'avoir un fils comme lui.
Sa famille apparaît comme une famille pauvre mais digne qui sait lutter contre la sauvagerie extérieure et qui sait préserver l'intégrité familiale (et sans doute se préserver aussi du "qu'en-dira-t-on").
Mais le seul salut pour Eddy sera la fuite...


L'auteur Edouard Louis est un jeune sociologue. Il est spécialiste de Bourdieu. Il n'a donc eu aucun mal à mettre dans son roman de nombreux clichés concernant les classes sociales donc sans aucun doute à aggraver la situation dans certains cas ou à ne pas dire toute la vérité dans d'autres. Il ne raconte pas les faits de façon linéaire mais débute par les actes de violence qu'il a subi au collège, puis revient vers ses années d'enfance, pour finir lorsqu'il rentre au lycée à Amiens comme interne.

Certaines descriptions de son milieu social m'ont gêné. C'est un milieu où tout le monde travaille durement : les pères passent leur temps à l'usine et y laissent leur santé. Les mères arrêtent l'école très jeunes pour s'occuper de leurs nombreux enfants, qu'elles ont plus tôt que prévu, ce qui coupe court à la moindre ambition de leur part : impossible de changer de vie...

Quoi qu'il en soit, je sens derrière ce roman-témoignage, à quel point l'auteur aime ses parents et à quel point sa famille a compté pour lui.
Il a voulu accentuer le rôle du déterminisme social et cela a créé une polémique alors que pour moi c'est évident que ce qu'il a fui avant tout, c'est son milieu social, et le rejet dont il faisait l'objet dans la micro société formée par le village, mais pas ses parents.

L'auteur a le courage de témoigner de cette différence qui est encore aujourd'hui mal acceptée dans notre société quel que soit d'ailleurs le milieu social, et qui attise la violence.

Finalement c'est l'école qui le sauvera !
Mais aussi d'avoir pu dire et libérer des paroles qui ne sont jamais dites...

Une chronique plus complète sur le blog...
Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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C'est déchirant, très réaliste et effectivement j'ai ressenti souvent ce malaise... Est-on voyeur quand on lit une tel témoignage? si ce roman a pu aider Edouard Louis à mieux comprendre, donc à mieux vivre ces tiraillements, eh bien tant mieux!
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