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3,72

sur 3901 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'avoue être perplexe à la lecture de ce livre.
D'un côté, il y a le Edouard Louis qui veut en finir avec Eddy Bellegueule
Et de l'autre, il y a Eddy qui tire à boulets rouges sur tout, sa famille, (à l'exception de son petit frère et de sa petite soeur) mais son père, sa mère, son grand frère et sa grande soeur en prennent pour leur grade, la grand-mère n'est pas épargnée non plus, les voisins, les « copains », et même la Picardie, tout y passe...
Je n'avais pas voulu le lire lors de sa sortie, à ce que j'en avais lu il me semblait plus être un brûlot qu'autre chose, mais je me suis dit qu'il fallait quand même que je fasse connaissance avec Eddy, c'est chose faite.
Et il ne nous épargne rien, sur les siens, sur la pauvreté, l'alcoolisme, le racisme, l'homophobie.
Au final, je l'ai quand même trouvé à la fois très glauque et très revanchard, dans le style moi j'ai fait des études, moi je m'en suis sorti, et vous vous restez dans votre milieu miséreux.
Je suis loin d'être convaincue.
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Édouard Louis est clairement déterminé à en finir avec son enfance et son adolescence. Dans ce récit suffocant, les scènes glauques s'enchaînent, sans laisser de temps de respiration : violence, alcoolisme, homophobie, racisme, harcèlement scolaire, inceste, bêtise crasse et crasse tout court, rien n'est épargné au lecteur, qui partage la suffocation et l'apnée, à défaut, peut-être, d'empathie.
Alors même que je suis tout à fait admirative du parcours de l'auteur, qui a dû ramer à contre-courant de déterminismes sociaux bien lourds, son texte m'a dérangée. Moins pour le malaise qu'il produit, que par son manichéisme : tout est à charge dans le portrait du milieu d'origine, en contraste avec une fascination un peu candide pour le milieu bourgeois qu'il aspire à rejoindre. Il y a quelque chose de très conformiste dans l'opposition systématique entre la classe sociale populaire dont il vient, qui n'est que violence, préjugés et abrutissement, et le portrait tout rose d'une bourgeoisie bienveillante, tolérante, ouverte. le contraste des mots, ceux, policés, riches, précis, d'Edouard aujourd'hui, en romain, et ceux de sa famille et de l'Eddy de son enfance, imprécis, à la syntaxe heurtée, en italique, n'est pas exempt d'un mépris de classe-récemment-acquise, dans un récit qui n'est que dureté, sans tendresse aucune pour les membres de sa famille, et où la distance prise n'est pas non plus sociologique, le récit à la première personne et l'affleurement d'une souffrance encore palpable obérant la distanciation d'une tonalité sociologique. Il ne reste ainsi qu'une distance virulente, qui pourtant manque de recul, que je mets au compte de la jeunesse de l'auteur qui n'a pas encore réglé les siens.
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L'histoire d'Eddy peine, car des enfants et adolescents qui comme lui sont sujets à la violence verbale et intime, il y en a probablement beaucoup autour de nous sans que l'on prête attention à leur souffrance. Le roman autobiographique d'Edouard Louis n'est pas une condamnation de ses parents et des personnes qu'il côtoyait au village, mais une mise à distance des comportements et attitudes homophobes, une tentative de dire l'absence d'ouverture, de sensibilité et de compassion, qui peuvent trouver un terreau fertile dans la misère, le manque de considération et de perspective dans la mise à l'écart et le repli sur soi, le chômage et l'échec scolaire.
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"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici".

récit boulversant
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Que ce que nous raconte Eddy Louis soit autobiographique ne semble ne faire aucun doute. Qu'il règle ses comptes avec une telle violence et aucun recul est un autre problème pour le lecteur qui plonge dans cet enfer.
Comment ne peut-on pas essayer de comprendre que l'entourage de l'auteur n'était pas dans une position culturelle et sociale pour comprendre son homosexualité ? Je le trouve un peu excessif et j'aurai aimé un peu d'humour au milieu de ce cloaque. Cela aurait montré une intelligence plutôt qu'un réglement de compte. Oui ces gens existent : homophobes, xénophobes, limités, vulgaires, égoïstes, laissant l'éducation de leurs enfants à d'autres et surtout préoccupés de toucher les allocations.
Quoiqu'il en soit c'est un bon roman et je ne suis pas surprise qu'il ait fait bouger le monde de l'édition. Pour son jeune âge, l'auteur a un vrai talent d'écrivain. Espérons qu'il l'utilisera pour nous raconter des histoires autres maintenant qu'il a vidé son sac;
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Apres deux mois d'attente à la bibliothèque enfin c'est mon tour. Je me lance alors dans un lecture impatiente.

L'HISTOIRE
Le récit autobiographique d'un jeune homme concernant sa jeunesse.
Dans un village Picard, règne l'alcoolisme, le travail sans avenir à l'usine, les filles enceintes à 17 ans, l'homophobie...
Eddy va être victime de cette violence.
Il nous parle de façon aérienne et sans insistances, de l'éducation merdique qu'il a reçu par des cassos décérébrés.
Son famille, la pauvreté, les brimades...
C'est moins sa difficulté à accepter, à faire accepter son homosexualité que le recit des brimades sociales.

Ca fait mal.
Ca secoue.
Mais ce n'est pas non plus une nouveauté extraordinaire que d'écrire sur sa jeunesse triste.
Pourquoi cette autobiographie a t elle tant fait parler d'elle alors ?

D'un autre coté cette façon de tout lâcher c'est troublant.
Comme s'il vidait son sac. Un grand déballage.
Une thérapie par la plume pour faire son deuil d'une jeunesse heureuse ?
Ou le désir de choquer et d'atteindre sa famille ?
Je ne me prononcerais pas car je ne connais pas ce mr Louis.

C'est bien écrit et la lucidité sans fards de ce récit vous glace.
Les interventions en italiques et les phrases à rallonges m'ont un peu agacées mais c'est propre à l'auteur et je m'y suis soumise avec un plaisir grandissant. D'un thème battu, rebattu, caressé, encensé, Edouard Louis nous fait un récit sans complaisance.
Un récit qui m'émeut et me pousse à me poser des questions concernants ces familles très démunies autant du coté financier qu'éducatif.
Me poser des questions. Je précise. Pas m'étonner. Je m'étonne plus de la réactions des lecteurs.
Peut être que si « En finir avec Eddy Bellegueule » a tant fait parler de lui, c'est parce qu'Eddy parle d'une France dérangeante que certains ne veulent pas voir...

Trois étoiles car c'est un récit honnête qui a le mérite de vous impliquer. Mais pas quatre ni cinq car je ne considère pas ce roman comme un «roman gifle».
Encore une fois un buzz exagéré (selon moi).

YI (UN TEMOIGNAGE)
Que les Picards et nordistes se rassurent. Je viens du Sud. Soleil, mer, cigales et...pauvreté, alcoolisme, violence, racisme.
Et oui ici aussi alors que tous croient à un beau paradis, y a l'envers du décor...
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Un livre assez déstabilisant, constat cru de la misère et bêtise sociale, de la souffrance qu'elle peut engendrer. de l'engrenage dans lequel ces personnes se trouvent et ne peuvent que très rarement en sortir.

Toutefois, le témoignage est d'autant plus étonnant car c'est le désir de vouloir absolument coller à ce milieu qui va générer la cassure.
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En finir avec Eddy Bellegueule, Est-ce roman ? Une autobiographie ?
J'aurais sans doute préféré que l'auteur de ce premier roman, par ailleurs particulièrement réussi, se décide entre l'un et l'autre. Mais peut-être cela aurait-il ajouté à la difficulté d'avoir été cet Eddy qu'il ne veut plus être ?
Car Eddy est un garçon pas comme les autres, et surtout pas comme en rêvait son père, dont c'est le premier enfant, sa mère ayant déjà deux autres enfants d'un précédent mariage. Eddy a des attitudes de fille et surtout des aspirations qu'il ne comprend pas, que son entourage ne comprend pas, dans cette région où les différences sont incompréhensibles et inadmissibles. Car cela ne peut pas se faire, d'avoir un fils homosexuel, dans ces villes où tout le monde se connait et s'épie.
Malgré tout j'ai lu ce livre très rapidement, car c'est sûr, on n'a pas du tout envie de le poser quand on l'a commencé ! C'est bien écrit. Les récits et les dialogues alternent et rendent le personnage encore plus présent. le langage, les expressions, les situations, l'enfer et la misère sociale des cités de Picardie sont décrits à la manière d'un Zola !! Toutes ces scènes qui font la vie : l'arrêt de bus, les jeux entre garçons, les premiers émois, les cours de récréation et les couloirs de l'école, les conflits entre les parents, le père à l'usine, la mère qui ne doit pas gagner plus d'argent que son mari, l'alcool toujours présent, et qui fait par exemple que le grand père battait sa femme, le chômage, le manque d'éducation. Tout y est ! On se croirait presque un autre siècle, et pourtant c'est si proche de nous !
Au milieu de cette misère et de cette violence, j'ai bien senti l'amour diffus et certainement malhabile de parents qui ne savent pas trop quel genre de fils ils ont enfanté. Mais des parents qui sont sans doute également trop pris par une vie à laquelle personne n'aspire pour comprendre et évoluer. Et le peu de compréhension qu'ils peuvent lui montrer, le peu de démonstrations d'amour qu'ils ont à donner
Je me suis demandé jusqu'où iraient ces deux garçons, qui lui font du mal dans les couloirs de l'école à chaque récré, mais aussi à quel moment Eddy allait réagir, et pourquoi les enseignants et surveillants ne voyaient rien !
Je trouve par moment Eddy bien dur avec cette famille qui l'a élevé à sa façon, fort mal et fort peu sans doute, mais certainement pas dans la haine. Même si j'imagine que ces différences ont dû être particulièrement difficiles à vivre. Mais elles sont aussi une part de ce qu'il est devenu. Cette incroyable plongée dans la misère humaine est parfois dérangeante et un peu difficile, mais c'est un roman intéressant malgré tout.

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Récit choc, dénonçant les souffrances subies durant son enfance du fait de sa différence, en finir avec Eddy Bellegueule est un récit d'adieu. Une façon pour l'auteur de régler ses comptes avec l'enfance et les préjugés dont il a fait l'objet des années durant.
Critiqué pour la force de ses propos, notamment à l'égard de son milieu social, Edouard Louis, prouve son talent d'écriture à travers une colère sèche, tournée vers son entourage, qui n'est pas sans questionner. Car Edouard Louis dit tout détester de son enfance : la télévision constamment allumée, la vulgarité joyeuse et le virilisme de ses proches poussé à l'extrême à rebours de ses attitudes délicates et de sa voix efféminée.
L'écriture est claire, concise, parfois sèche et toujours cinglante, elle incarne à elle seule l'extrême violence du propos de l'auteur. Un livre sans concessions, qui s'impose au lecteur, le tient par le col et l'entraine dans l'univers âpre et rêche d'Edouard Louis. Un livre brut mais qui marque par un propos sincère et l'important travail de recul que semble avoir fait l'auteur, pour regarder en face son double. Ce petit garçon qu'il était.
Lien : http://leblogdeyuko.wordpres..
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Avant de publier En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis avait déjà dirigé un ouvrage sur Pierre Bourdieu. On ne s'en étonne guère tant son premier roman sonne comme une analyse sociologique du déterminisme social. Règlerait-il ses comptes ? Son roman dérange, on ne peut s'empêcher de vouloir laisser la parole à la partie adverse. Certes, c'est un incompris. Il parle ici de l'homophobie ancrée dans les moeurs, de l'homosexualité qui dérange parce que c'est dégueulasse, contre nature. Ce sont les filles qui aiment les garçons ! On ne cherchera pas plus loin parce qu'encore une fois c'est comme ça et puis c'est tout. Dans le milieu duquel vient Edouard Louis, il n'y a pas de place pour le changement. On vit comme on a toujours vécu, on pense ce qu'on a toujours pensé. Mais on rêve aussi parfois ! Comme sa mère qui rêvait de le voir faire des études, lui qui travaillait si bien à l'école, qui rêvait à une vie meilleure pour lui.

Et c'est cela qui m'a dérangé dans ma lecture. On reçoit mille preuves que l'environnement dans lequel Eddy a grandi n'était pas idéal mais les preuves qu'il était aimé sont là aussi. J'aurais voulu le tirer par la manche pour lui faire prendre un peu de recul sur cette situation sur laquelle il crache. Il est impossible de donner un avis tranché sur ce roman poignant qui se lit d'une traite mais laisse un goût amer, un je-ne-sais-quoi qui met mal à l'aise, qui nous donne l'impression qu'on est resté trop longtemps sur le pas de la porte de la famille Bellegueule, qu'on aurait mieux fait de rentrer chez nous.
Lien : http://milleviesenune.com/en..
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