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sur 3898 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après avoir entendu Edouard Louis en parler si brillamment dans La Grande Librairie, j'ai eu très envie de lire Combats et métamorphoses d'une femme. J'ai alors pensé qu'avant de lire qui était la mère, il serait bon de découvrir d'où venait le fils.
Après l'avoir entendu parler avec autant de délicatesse, je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne d'une enfance aussi laide. Je savais bien que la première partie de sa vie avait été rude, mais je pensais y trouver aussi les raisons de sa résilience. Or dans ces pages, tout n'est que violence.
Violence des mots : chez les Bellegueule, on bouffe, on ne mange pas, et quand on se dit qu'on s'aime, c'est comme un crachat, reçu en plein visage. Violence des actes : si la scène de viol subie à peine sorti de l'enfance est insoutenable, les coups et les humiliations que font subir à Eddy les deux garçons du collège le sont tout autant.
Violence de la honte, permanente et indélébile : honte d'être différent dans sa sexualité, honte d'être pauvre, mal habillé, de devoir prendre son bain dans l'eau salie par ses frères et soeurs ...
La lecture de ce livre est éprouvante. J'ai eu l'impression d'assister à un long vomissement comme si Eddy dégueulait son enfance dans ces pages pour mieux se purger avant la métamorphose.
J'ai néanmoins tourné les pages, jusqu'à la dernière. Une porte s'ouvre, le lycée, le théâtre, seules sorties possibles de ce bourbier infernal où j'ai cru voir, pourtant, un peu d'amour. Il y a une rustre fierté, tout de même, chez les parents, à voir ce fils si différent réussir. On lui achète une veste (de mauvais goût, mais l'intention y est), on lui dit qu'on l'aime (brutalement mais sincèrement quand même), et quand il s'enfuit, on va le chercher. C'est peut être là, aussi, dans ces attentions maladroites semées sur de mauvais pavés, qu'Edouard aura puisé la force de sa résilience ...
J'ai souffert en lisant ce livre mais je lirai, comme j'en avais l'intention, Combats et métamorphoses d'une femme, en espérant que l'auteur me donne à voir une vision plus nuancée et réconciliée, cette fois, avec ses racines et le prolétariat rural du Nord.
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"En finir avec Eddy Bellegueule" se résume par un accès de violence. La violence omniprésente dans les comportements, la violence raciste, la violence homophobe, la violence à l'intérieur d'une classe sociale et envers une classe sociale, la violence de la misère, la violence des apparences, la violence enfouie au fond de l'auteur après une vie à s'en prendre plein la tronche.

Édouard Louis crache ce qu'il a sans doute retenu trop longtemps. Ce qu'il nous décrit, il le décrit avec des mots crus, durs, qui peuvent paraitre choquant à certains.
Tout ce qu'il raconte caractérise une certaine catégorie de population. Ça peut paraître caricatural parfois mais ça ne l'est pas. Cette vérité est dure à entendre, à lire, parce qu'elle nous met mal à l'aise. Les mots employés par l'auteur mettent mal à l'aise.

Sociologiquement parlant, l'auteur dresse un portrait de la misère, d'une classe sociale dont la vie se résume à quelques km² et à sa famille, ses voisins. C'est d'une tristesse accablante parce qu'on voit bien que de génération en génération il est difficile de sortir la tête de l'eau, le paraître vous tirant vers le bas.
Et en même temps c'est un livre qui vous met mal à l'aise parce qu'on assiste à un règlement de compte familial et social qui nous met au coeur de l'intimité de tout un groupe d'individus. Toute cette exhibition humaine crée une sorte de voyeurisme dont on ne sait pas trop quoi faire.
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Le décor planté est sombre et violent : un village en Picardie, réunissant tous les clichés sur le Nord répandus à travers les reportages télés de bas-étage. La consanguinité, le chômage, le racisme, la déscolarisation, la pauvreté, l'alcoolisme, le manque d'hygiène, la méfiance envers la médecine. Et l'homophobie. Eddy Bellegueule, qui choisira plus tard le pseudonyme littéraire d'Edouard Louis, raconte le harcèlement subi en raison de son apparente homosexualité, maltraitance résultant tant des actes de ses "camarades" collégiens que du comportement de sa propre famille.

J'ai été prise d'un profond malaise à la lecture de ce récit autobiographique de la naissance d'une sexualité dans un milieu social extrêmement pauvre, qui fait état d'une misère à l'état brut, que l'auteur essaye d'ailleurs de retranscrire par l'insertion de discours directs de son entourage, au langage appauvri tant au niveau du vocabulaire que de la syntaxe. Ce qui m'a profondément gênée, c'est la vraisemblable absence de recul de ce jeune auteur sur cette épisode de sa vie et le dédain qui en découle envers la classe sociale de sa famille. Comment peut-on dénoncer une intolérance et un mépris pour finalement se comporter exactement de la même manière envers ses oppresseurs ? Une saveur de vengeance se dégage du roman, comme si l'auteur s'était emparé du pouvoir des mots, qu'il sait insaisissable par sa famille, pour les meurtrir à la hauteur de ses blessures d'enfance.

Une apparente réflexion sur le conditionnement par le milieu social qui aboutit malheureusement à une fracture acerbe, loin du merveilleux don des bons livres qui selon moi consiste à rendre meilleur tout lecteur.
Lien : https://chezlaurette.wixsite..
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Quand Édouard Louis a débarqué dans le paysage littéraire, c'était un beau gosse de 21 ans, voix grave, normalien qui cite Bourdieu dans toutes ses interviews. Son roman fortement autobiographique est un témoignage bouleversant et poignant.

« de mon enfance, je n'ai aucun souvenir heureux. » C'est la première phrase de ce livre qui retrace l'enfance d'Eddy, jusqu'au lycée ; cela donne le ton. Eddy Bellegueule voit le jour dans un trou de Picardie où les habitants vivent entre eux, le but est d'être « un dur », en gros un soulard macho. C'est la norme admise par tout le monde, hommes et femmes, et Eddy détone avec sa fragilité d'asthmatique, son dégout du foot, son air efféminé et sa voix aiguë ; même sa mère aimerait qu'il soit moins « spécial ». Isolé, rejeté par les autres, maltraité au collège pour son apparence de « pédé », le pauvre gamin tente à tout prix de rentrer dans la norme, d'intégrer le code social et de renier son attirance pour les hommes. le passage au lycée lui permet enfin de s'évader de son monde.

Certes, il y a le parcours d'Eddy qui montre la difficulté à être différent, à s'assumer, l'intolérance permanente. Mais ce parcours se déroule dans un milieu bien précis et sa description est un vrai réquisitoire. La misère économique et intellectuelle, le chômage, l'insalubrité des logements, l'emprise de la télé ou de l'alcool, le racisme… autant de paramètres dénoncés dans ce document qui offre une analyse sociale d'un prolétariat pourtant réel. Par moments, la dénonciation parait excessive, irréelle, et on a du mal a croire que cela se déroule dans les années 80-90, c'est tout bonnement glaçant.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Conseillé et loué par bon nombre de personnes de mon entourage, le premier roman d'Edouard Louis m'a laissé un sentiment mitigé.
Les pages dédiées à la description des mondes dans lesquels évolue Eddy Bellegueule et plus particulièrement celles relatant la misère sociale dont il est issu m'ont beaucoup touchée. Certaines anecdotes mettent en avant des réflexes de classe que l'on aurait parfois tendance à oublier, telle que celle où il relate que lorsqu'il a fréquenté le milieu bobo-intello parisien, l'un des premiers reproches qui lui ait été fait a été de parler trop fort, habitude de plouc qui déplaît dans les milieux friqués.
En revanche, un certain nombre de passages m'ont mise davantage mal à l'aise sans parvenir à en identifier la cause exacte. Je ne suis pas certaine que ce soit le côté trash de certains passages qui m'ait gênée, je miserai plutôt sur un sentiment de voyeurisme imposé…
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J'avoue être perturbée après la lecture de ce roman à succès; j'avais refusé de le lire à l'époque de sa sortie car j' avais le sentiment de l'avoir"déjà" lu , à entendre tous les extraits dans la presse ou sur les écrans TV .
C'est un livre court qui dépeint avec violence une classe sociale d'une région de France à travers le cri d'un jeune adolescent différent .
Je suis gênée par les descriptions sombres et froides avec lesquelles l'auteur dénonce le racisme , l'alcoolisme et la bêtise des êtres qui l'entoure : famille, amis , école, et ce sans compassion. Il ne pleure pas , n'hurle pas , ne se révolte pas ...il raconte son enfance.
Les mots et les situations s'enchainent sans émotion avec violence et haine, donnant au lecteur un sentiment de voyeurisme malsain.
Ce roman est un cri , oui mais un cri de haine.
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J'avais pas mal entendu parler de ce livre au moment de sa parution et j'étais curieuse de le découvrir par moi-même.
Eddy est né dans une famille qui a du mal à joindre les deux bouts, une famille dans laquelle la violence a plus de place que le langage châtié. de plus, Eddy, depuis tout petit, se déplace, se comporte et parle de façon « effeminée » et ça ne colle pas avec son environnement.
Il va essayer au fil des ans d'aller contre cette nature pour sembler plus « dur » mais il est précédé d'une réputation qui pousse les autres à se moquer de lui.
J'ai eu du mal à accrocher et à trouver le héros sympathique mais je l'ai lu comme un témoignage de la souffrance que peuvent ressentir les enfants en décalage avec leur milieu.
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J'ai du mal à définir si le premier livre d'Edouard Louis, "En finir avec Eddy Bellegueule" m'a plu ou pas. Il me laisse un sentiment diffus de malaise que je n'arrive pas à m'expliquer.
Dans ce récit autobiographique, l'auteur décrit son enfance et son environnement familial. Sa famille vit à la campagne en Picardie dans un grand dénuement. Très tôt, Édouard se sent différent des autres. Il déploie des efforts incommensurables pour se conformer au personnage type idéalisé par ses parents, c'est-à-dire, être un mec, être un dur...Or le jeune Édouard éprouve une attirance pour les hommes. Cela n'est pas tolérable dans son milieu. Il décrit parfaitement son mal être, cette dichotomie qui l'anime : d'un côté, tout faire pour ressembler à son père, son frère aîné ou ses cousins sensés incarner la virilité; de l'autre côté, s'assumer, être lui-même en osant exprimer sa sensibilité, sa féminité...
Le livre est terrible car l'auteur ne nous épargne pas et décrit, minutieusement, toutes les brimades, tous les sévices qu'il subit pendant son enfance.
Il permet de mesurer la force et la pugnacité qui lui ont été nécessaires pour s'extraire de son milieu familial. La progression dans l'échelle sociale reste un parcours du combattant. le récit d'Edouard Louis est un précieux témoignage.
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Edouard Louis m'a beaucoup touchée dans l'émission La grande Librairie ,à la suite de laquelle j'ai acheté le livre.C'est un bon livre bien écrit ,facile à lire,mais vraiment rien de particulier a mon avis.La pauvreté,l'analphabétisme,l'alcoolisme ,l'intolérance pour l'homosexualité sont encore présents partout en Europe y comprise la Suisse et l'Allemagne,Donc rien de particulier..En l'écoutant dans l'émission j'avais pensé qu'il avait vraiment eu des parents terribles,en faites ceux sont des pauvres gens dans la misère,qui ont fait ce qu'ils ont pu avec les moyens de bord.Le faites qu'il les rejette si fort je le donne a son trés jeune age.
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Chronique de la misère ordinaire serait un titre plus approprié, à mon sens !
J'ai envie de penser que cet écrit à la plume encrée au vitriol a aidé son auteur à en sortir, de cette misère sociale, mentale et intellectuelle. Mais l'utilisation de la violence - dans l'écriture- est-elle la meilleure stratégie ? On peut en douter.Au fil de cette lecture, j'ai eu l'occasion d'éprouver des sentiments très contradictoires : compassion et irritation pour ce jeune dont le seul tort est d'être homosexuel, apitoiement , colère et répulsion pour ces humains sans ambition, sans objectifs autres que boissons et autres substances plus ou moins addictives...
J'en ai fini avec Eddy Bellegueule : premier handicap et tout le reste est à la hauteur !
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