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4,16

sur 3690 notes
Assez étonamment, j'étais passé à côté de cette dystopie lors de sa parution. Je l'ai découverte au hasard des listes de lectures scolaires de mon aîné. Et je ne regrette pas de l'avoir lu. Je pense que l'on peut ranger le passeur aux côtés de Farenheit 451 et des autres grands livres d'anticipation dystopique.

Jonas va avoir 12 ans. La société, via un Conseil des Sages, va lui attribuer un métier, c'est-à-dire une place dans la société. Il y a un peu d'angoisse, mais beaucoup de sérénité aussi. La population sait que le Conseil fait pour le mieux. Que le Conseil agit pour le bien collectif, pour l'intérêt commun. Il y a un sentiment de plénitude qui se dégage du début du roman. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, en quelque sorte. C'est la fausse impression que le lecteur peut avoir. Il apparaît peu à peu que la population a troqué beaucoup de choses contre ce sentiment de sécurité, contre cette absence de libre-arbitre. Et il en va de même pour le choix d'une compagne ou d'un compagnon (la question de l'homosexualité ne se pose absolument pas).

Le livre date de 1993, et en 2024 le règne de l'individualisme est sacré et domine assez largement la société. La question du collectif est encore centrale, mais se pose différemment de ce qui est présenté dans le roman de Lowry. C'est pour cela que cette solidarité imposée peut sembler salutaire de prime abord, même si la société tolère quelques écarts par rapport aux règles édictées. Des écarts minimes, dont on se dit qu'ils sont intentionnels, afin de laisser l'impression à la population qu'elle peut enfreindre les règles et décider par elle-même. C'est le cas pour le fait d'apprendre à rouler à bicyclette, même si l'âge pour recevoir un vélo est fixé par le Conseil. Exemple révélateur par son côté dérisoire et trivial.

Jonas se voit attribuer le rôle de Passeur. Il va devenir le gardien de la mémoire de la société. Car, vu que certaines situations et certains comportements ont été gommés, éradiqués, les gens n'ont plus l'expérience de certaines choses, ils ne se souviennent pas de choses non vécues. Les choses non vécues n'ont en fait aucun intérêt. Mais il y a une personne qui en est le détenteur. C'est le Passeur, un adulte qui va éduquer Jonas aux souvenirs disparus, à la mémoire collective "inutile". Je dis inutile car le Conseil ne fait que très rarement appel au Passeur pour prendre des décision. Comme si le passé et l'expérience n'avaient aucun intérêt. C'est en substance ce qui se passe actuellement dans nos sociétés.

La rencontre entre Jonas et le Passeur va produire une réaction humaine et alchimique qui ne sera pas sans conséquence, tant indviduelle que sociétale. Mais je vous le laisse découvrir, dans ce roman sensible et empathique, de façon à ce qu'il fasse son petit bout de chemin en vous comme il l'a fait en moi.

J'ajoute que, comme beaucoup de dystopies (et aussi à l'instar du IIIè Reich), la langue officielle, que d'autres auteurs ont appelé novlangue, est utilisée à dessein par le pouvoir pour masquer les pratiques inavouables. Dans l'Age de Crystal, on parle de Grand Carrousel. Victor Kemperer a analysé la langue du IIIè Reich dans Lingua Tertii Imperii, et on peut supposer sans trop s'engager que Loïs Lowry connaît cette rhétorique et la maîtrise. Je vous laisse donc imaginer ce que peut recouvrir le terme d'élargissement...
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Je n'ai jamais. lu un livre comme celui-ci. Il est singulier, révélateur, il nous offre le vrai visage de notre monde rempli d'émotions positives et négatives. Elles ont toutes leur importance. Ce livre est pour moi une vague d'émotion à l'état pur car il nous pousse à reprendre pleinement conscience des nôtres en acceptant nos "mauvais" souvenirs aussi dur soit-ils parfois. Car ils nous permettent d'être et de vivre, de comprendre et ... D'apprécier.
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Dans cet univers, tout est lisse, rien n'est excessif. Ni les paysages, ni les sentiments. Chaque vie est bien réglée, rythmée par des rituels et des cérémonies. Chaque année est marquée par une évolution, un prénom, un vêtement, une coiffure, un vélo. La cérémonie des douze-ans marque la fin de l'enfance et l'attribution d'un rôle dans cette société. En devenant le dépositaire de la mémoire de sa communauté, l'existence de Jonas bascule et il découvre l'envers du décor que lui seul peut connaître et recevoir des mains du Passeur, le dépositaire précédent. Dès lors son regard change et sa vie est bouleversée.
Ce roman devrait être un classique de la littérature jeunesse tant il est à la fois riche et facile d'accès. Chacun peut y trouver des résonances particulières. Les suites que lui ont donné l'autrice contribuent à en faire une partie d'un tout, mais sa fin ouverte laisse aussi des possibilités de relectures multiples.
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Lu en février, dans le cadre d'un défi lecture proposé en Sde. Je connaissais évidemment ce roman dystopique, figurant parmi les listes de nos 3e (la SF au programme de français).
J'ai été essentiellement happée par la première du récit, celle qui décrit la société aseptisée dans laquelle vit Jonas, sa famille et ses voisins. J'ai moins apprécié ensuite la direction prise par les événements, et complètement perdu le fil sur la fin que j'ai trouvée assez frustrante...
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Ce livre, je l'ai découvert au collège lorsqu'on apprenait ce qu'était les utopies et les dystopies, et il ne m'a jamais quitté malgré que ce soit un roman jeunesse. Jonas, emprunt d'une mission de la plus haute importance, dans une histoire qui pourrait s'apparenter au mythe de la caverne.
Quand le savoir isole, il peut aussi être l'objet de nombreuses nouvelles perspectives.
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LE PASSEUR BD *****
d'après Loïs Lowry

Ce roman dystopique adapté avec talent par Craig Russel nous décrit une société autoritaire , superstructurée où la vie est codifiée dans tous les détails.
La cellule familiale se compose de deux individus appairés par les autorités, de 2 enfants maximum (1mâle et une femelle) dont les prénoms leur sont également imposés ?
Rien n'est laissé au hasard , ils sont affectés chacun à des tâches particulières et ils sont punis au moindre manquement . S'ils naissent ou deviennent inutiles ils sont « déliés » c'est à dire supprimés et jetés aux rebuts. En réalité ils sont robotisés.
Jonas, le héros, est désigné comme le futur et unique « receveur de mémoire » qui va être initié dans sa tâche par l'ancien qui doit être remplacé.
Réticent et ignorant au départ, l'adolescent va découvrir des pans entiers de souvenirs provenant des temps anciens.
Lui qui vit dans une société en noir et blanc, uniformisée à l'extrême il va découvrir lors des expériences, une kyrielle de sensations (chaud, faim, froid, brûlure etc) désagréables mais aussi très plaisantes(un coucher de soleil, le parfum des fleurs, la douceur d'un vêtement…)
Il apprendra aussi ce qu'est la peur, l'amitié, le deuil, la perte, le chagrin , l'amour…
Il en viendra à la conclusion que ce monde oublié malgré ses douleurs et ses absurdités vaut la peine d'être connu .
Avec l'aide de son mentor, il parvient à s'échapper et il va à la recherche de la liberté

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« Une aventure humaine dans un monde débarrassé de ce qui fait son humanité : sa diversité ».

Tous sont formatés, et ne ressentent plus aucunes émotions. Pas de joie, de jalousie, d'émerveillement…

Mais Jonas, lui, va rapidement découvrir de nouvelles émotions et bien + encore.

Coup de coeur de jeunesse.
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Très bonne surprise que ce roman littérature jeunesse ! Dans cette dystopie, tout est fait pour que la vie des gens soit neutre, les émotions, lorsqu'elles sont ressenties, doivent tout de suite être extériorisées pour les évacuer, les rêves doivent de même être partagés. La différence est bannie comme tout ce qui pourrait donner du caractère à la vie. Chaque étape de l'enfance est millimétrée et à 12 ans, les enfants passent dans le monde adulte.
Dans ce contexte, Jonas va se voir attribuer un rôle particulier, celui de la mémoire.
C'est vraiment un super pitch pour parler avec les enfants de plein de sujets et de les faire réfléchir sur la nature humaine, la tolérance, les émotions, qu'elles soient positives comme négatives. de montrer qu'un monde "parfait", qui semble idéal, a toujours une face cachée et entraîne forcément des conséquences. J'ai beaucoup aimé la manière dont ce monde idéal devient petit à petit moins idéal. J'aurai aimé avoir un roman tel que celui-ci à étudier à l'école lorsque j'étais petite. Je suppose qu'il est devenu depuis un classique !
A lire, à tout âge.
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Comme d'autres l'ont déjà dit, ce qui est assez ironique à souligner en postant un tel avis (où je m'apprête moi aussi à faire dans la redite), c'est que le principal souci de ce roman, c'est que les thèmes, les personnages, les idées ont été vus maintes fois ailleurs et dans des romans d'un autre niveau littéraire.
Que ce soit la forme ou l'exécution, le récit m'a paru bien trop simple et sous ses dehors "philosophiques", on reste clairement à quai côté profondeur.
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