Une bien charmante lecture que ce roman de Françoise de Luca malgré la thématique de la guerre et de la Résistance.
On débute en 1930 alors que Liliane et Solange vivent une jeunesse agréable à
Châlons-en-Champagne. Solange est juive polonaise et ses parents confectionnent des chapeaux qu'ils revendent dans les marchés. Les deux jeunes filles ont une amitié très forte et s'entraident dans leur développement. Solange est plus délurée et Lili, qui ne se sent pas bien chez elle, est plutôt timide et timorée. Lili se prend d'affection pour la famille de Solange, qui lui semble plus normale et naturelle que la sienne. Et bien, qu'à cela ne tienne, la vie joue des tours, les loups vont entrer dans la ville et briser le rêve de nos deux héroïques jeunes filles.
« Nous passons notre temps à ne pas vouloir voir ce qui nous effraie. À ignorer ce que nous pressentons. À nous détourner des évidences. Moi, j'avais si peur d'envisager le départ de Solange que je refusais tout simplement de comprendre. »
Lili met du temps à comprendre les risques que constitue la guerre pour les juifs. Elle fera son possible pour ne pas perdre de vue son amie Solange car leur amitié, c'est à la vie, à la mort. Leurs tresses sont un symbole fort de la Résistance, car les cheveux tressés sont considérés comme une parure de guerrière.
« Notre manière de nous aimer, c'est mon bouclier. Et elle ajoute avec un clin d'oeil : – Et mon épée aussi. C'est ça l'amour; un bouclier et une épée. »
Ce roman m'a permis de comprendre l'importance du chapeau dans ces années de la Seconde guerre : un couvre-chef qui cache les cheveux malpropres mais surtout, un objet de dissimulation, un symbole d'action et de résistance. Ma grand-mère portait toujours un chapeau, je pense à elle qui a vécu ces années de privation au Québec. Ce roman est un hommage à l'amitié et un hymne aux souvenirs, qu'ils soient tristes ou joyeux, qui forgent notre destin.