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3,56

sur 160 notes
Le chagrin mêlé à la peur vrille le corps. Coll Coyle, après le noir de cette nuit agitée, assiste au lever du jour, le rouge qui prend place dans le ciel irlandais.

Ce sont ces deux couleurs, le noir et le rouge, qui teinteront chaque page de cette course contre la mort.

1832, au nord de l'Irlande, l'odeur de la terre mouillée.
Des larmes de rage et de désespoir puis le silence écrasant auprès du feu de tourbe avec sa femme, sa petite fille et sa mère. Coll doit raisonner le propriétaire terrien Hamilton, ce chien galeux d'Anglais, pour qu'il revienne sur cette décision d'expulsion injuste qui les frappe.
Mais sous le ciel qui déverse régulièrement toute son eau, l'explication se mue en tragédie avec le crâne d'Hamilton qui éclate contre un mur de pierre.
La fuite, dans les ténèbres, la fuite pour sa survie. Coll est pourchassé par le régisseur Faller, un homme brutal et sanguinaire, dénué de tout émotion si ce n'est un léger sourire lorsqu'il ôte la vie à ceux qui se trouvent sur son passage.

Tout est inquiétant dans ce roman, c'est un concentré de grisaille, un précipice de noirceur. Dès le début, l'atmosphère lourde d'injustice, de peur, de chagrin nous assaille. Elle se gorge également d'humidité avec les pluies qui font leur ballet incessant. C'est comme un voile opaque déposé par les cieux tourmentés.
L'auteur, par sa plume exaltée, imbrique nature et activité humaine. Il donne vie aux ruisseaux, au ciel capricieux, aux ramures des arbres, à la terre poussiéreuse ou gorgée d'eau. Il met en scène la lumière dorée ou la noirceur des ténèbres en maniant des phrases imagées précises et de toute beauté. Il sait faire jaillir le sommeil qui assomme, la faim qui tiraille l'estomac, la peur comme catalyseur de fuite.

Le chemin est lent mais implacable. La mort, sous plusieurs formes, colle aux pas de notre irlandais en cavale. Les maladies liées au XIXe siècle déciment et le sort des émigrants irlandais révolte.
Cette traque est éprouvante, noire d'injustice et de fatalité et rouge de sang versé. Mais pour la beauté de l'écriture et l'univers irlandais qui me fascine, j'aime les écrits de Paul Lynch, un auteur talentueux à la prose ténébreuse.
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On est loin de Michel Sardou et du Conemara ou du Taxi Mauve et des verdoyantes plaines irlandaises... En 1832 du coté d'Innishowen, la vie n'est pas très douce, et c'est un euphémisme, pour un métayer irlandais.
Coll Coyle, comme ses congénères, lutte au quotidien pour gagner sa pitance. Lorsqu'il doit affronte le maitre des lieux, la rencontre tourne mal, et Coll n'aura d'autre choix, au terme d'une périlleuse chasse à l'homme, de s'embarquer sur un navire à destination de l'Amérique.
Découpée en trois parties, la narration de ce roman est saisissante de noirceur : la misère d'une vie de métayers irlandais d'abord, pataugeant quotidiennement dans la boue sous des trombes d'eau, puis le (long) voyage transatlantique au cours duquel aucune avanie ne sera épargnée : la promiscuité, la saleté, la maladie, et la longueur d'un voyage périlleux et incertaine, l'Amérique enfin, et ses crève-la-faim embauchés pour une misère à construire la voie ferrée qui va traverser le pays... et tout du long la chasse à l'homme orchestrée par le féroce et dangereux Faller.
Alors oui, on est loin des verts pâturages et des troupeaux bucoliques, mais j'ai été scotchée par la beauté de cette écriture en dépit de sa noirceur.
Magnifique
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1832 - Matin humide, ciel rouge, en Irlande...un jour comme les autres, Coll Coyle vient de se lever. Il a appris son expulsion par le propriétaire des terres qu'il exploite. Il devra donc quitter la ferme qu'il occupe avec sa jeune femme enceinte et sa fille. Cherchant à en connaitre les raisons et voulant le faire revenir à de meilleurs sentiments, il va à la rencontre de Hamilton, son propriétaire et le tue accidentellement. Il est contraint de fuir pour ne pas tomber sous la vengeance de l'homme de main Faller, homme cruel et sans scrupule...
C'est le début d'une longue fuite qui lui fera traverser l'Irlande, ses tourbières, ses prairies, ses landes pelées...longue fuite dans laquelle il abandonne tout, sa maison, son épouse, son fils...sa vie...longue fuite avec Faller aux trousses, homme sadique ne reculant devant rien pour le retrouver...mais une fuite barrée par la mer.
Seule solution, pour échapper à la vengeance...s'embarquer vers le Nouveau Monde, vers cette Amérique où, personne ne le retrouvera.
Mais c'est sans compter avec la ruse et la ténacité de Faller, qui n'hésite devant rien, devant aucun meurtre pour tenter de retrouver et d'éliminer Coyle, y compris au delà des océans
Longue chasse à l'homme, longue traversée de près de 2 mois coupée de tempêtes, par la faim, la soif, les maladies, les décès suite au choléra, les bagarres sur ce bateau à voile, les nouveaux amis... Arrivée dans ce nouveau monde et travail de forçat pour construire la ligne de chemin de fer;
Heureusement, il peut dans sa poche, caresser le ruban de sa fille, qui lui permet dans les moments difficiles de s'appuyer sur sa famille, de rêver au temps passé, et de se promettre qu'il reviendra au pays...quand l'orage Faller sera passé
C'est sans compter sur la ténacité de cet homme, qui n'hésite pas à tuer ceux qui se trouvent sur son chemin, y compris ceux qui l'ont aidé
Magnifiques descriptions pleines de poésie des paysages irlandais, des scènes de vies mêmes banales, des sentiments humains, désir de vengeance, manque des siens, attachement à la terre....
Avec dans les rôles principaux, Robert Redford, Clint Eastwood ou Lee Marvin, et sur une musique envoûtante de Ennio Morricone, Sergio Leone en aurait fait l'un de ces films cultes des années 60...Projet impossible, Paul Lynch, jeune auteur irlandais a attendu 1977 pour venir au monde...
Dès ce premier roman, il a prouvé qu'il est un grand auteur...il l'a confirmé avec "Neige noire" que j'ai également fort apprécié.

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Dans ce premier roman, le jeune écrivain irlandais Paul Lynch fait preuve d'une qualité d'écriture absolument remarquable : un lyrisme sombre, une poésie, une puissance extraordinaire.

1832, du Donegal à la Pennsylvanie en passant par Derry - et une traversée terrible de l'Atlantique : c'est un destin bouleversé que nous fait vivre Paul Lynch ; celui de Coll Coyle, métayer expulsé avec sa famille par son riche propriétaire anglais. L'incident irréparable. La fuite en avant en forme de chasse à l'homme.

Dans l'ensemble ce livre m'a ravie. On y perçoit avec une acuité presque magique la vie de l'époque et certaines ambiances, par exemple le port populeux et l'attente avant l'embarquement - la traversée m'a énormément plu -, la différence de classe, la condition d'émigrant, la peur devant la maladie et la cruauté. L'instant où la vie bascule. La vie ne tient pas à grand-chose parfois, un rien nous mène à la chute, inexorable. Et en même temps la vie est terriblement tenace et fait feu de tout bois. J'ai beaucoup aimé l'épilogue.

Mais je ne suis pas en train de crier au chef d'oeuvre, car plusieurs choses m'ont agacée, chagrinée, voire déçue, durant ma lecture :
Dans la première moitié du roman, j'ai presque trouvé l'écriture « trop » travaillée, parfois au détriment de l'intrigue, qui se retrouve délayée, voire même carrément oubliée par moments, dans l'observation du grain d'un nuage ou de la rugosité d'une planche. Coyle manque de consistance et même hélas un peu de crédibilité.

Dans la suite, c'est le manque de vraisemblance qui m'a déçue à plusieurs reprises :
(Quelques illustrations nécessaires) *spoiler* Déjà, le fait que Faller et Macken traversent l'atlantique pour continuer leur traque, c'est à mon sens un peu tiré par les cheveux, mais passons, après tout pourquoi pas. Mais qu'ils rencontrent fraichement débarqués le seul ennemi que Coyle s'est fait sur le bateau, qu'ils arrivent à apprendre de lui qu'il connait Coyle, alors que le type en question est muet, et que pile la première fois que Coyle revient en ville il tombe justement sur le Muet alors que les tavernes semblent monnaie courante ? Là j'ai trouvé ça vraiment gros.
*attention, encore un spoil* Faller, sur le sol américain, tourne quasiment au psychopathe. Alors, vu ce qu'il fait et ce qu'il nous raconte, pourquoi ne s'est-il pas, avant de traverser l'Atlantique, vengé de la mort d'Hamilton en assassinant la femme et les enfants de Coyle ? Or nous savons qu'il ne l'a pas fait...
Tout cela a un peu gâché mon plaisir. Pourtant, dans cette deuxième moitié, Coyle a pris de l'épaisseur, et je me suis vraiment attachée à lui. L'amitié qu'il noue avec Cutter est formidable et j'ai beaucoup aimé leur périple américain, terrible.

Je dirais que ce livre est presque un chef d'oeuvre. Et c'est ce « presque » qui est assez frustrant : on en aurait voulu plus ! Néanmoins, ce qu'on a est de grande qualité. Ce roman est une belle lecture et un grand voyage ; je le conseille. Je lirai le deuxième roman de Paul Lynch (The black Snow) lorsqu'il sortira en français !
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Dans l'Irlande du 19ème siècle, Coll Coyle, un jeune fermier menacé d'une expulsion qu'il considère injuste, décide d'aller demander des explications au fils de son propriétaire. Dans un accès de colère, il le tue accidentellement. Pour éviter les représailles, Coll doit fuir, laissant derrière lui sa femme enceinte et sa fille. A ses basques, le terrible Faller, homme de main du domaine décidé coûte que coûte à venger son patron.

Le résumé de l'histoire pourrait tenir sur un timbre. Une histoire de fuite, en trois temps. D'abord la fuite à pied jusqu'au port de Derry. Puis la traversée de l'Atlantique dans des conditions abominables. Enfin la fuite en Pennsylvanie où Coll est embauché sur un chantier de chemin de fer, près de Philadelphie.

Un premier roman dense et prometteur. le seul gros souci est pour moi le manque de profondeur des personnages auxquels on a du mal à s'attacher. Pour le reste, la construction est imparable. Faisant se succéder des tableaux mettant successivement en scène la fuite et la traque, Paul Lynch joue sur l'opposition classique entre le bien et le mal. Faller incarne le mal absolu. Froid, cruel et déterminé, on se demande juste quelles sont ses réelles motivations (d'où le manque de profondeur). Quant à Coll, il reste une figure d'innocence malgré son crime, une proie cherchant désespérément à échapper à l'implacable chasseur ne perdant jamais sa trace.

On est donc face à une sorte de western américano-irlandais mâtiné de roman d'aventure à l'ancienne et de nature writing. Mais la singularité tient ici à la qualité de l'écriture, une écriture très visuelle, presque cinématographique avec par moments un registre lyrique où s'exprime la violence des hommes dans de somptueux décors magnifiés par d'amples descriptions. Finalement, on se demande si les éléments naturels ne sont pas les protagonistes principaux du récit, au détriment d'individus n'existant que par leurs actes et leurs sensations, en dehors de toute psychologie, et c'est presque dommage.

Il n'empêche, ce premier roman reste d'une redoutable efficacité et j'ai aimé son dénouement, certes pessimiste mais selon moi tellement lucide, prouvant, comme une évidence, que notre liberté n'est qu'illusoire et notre défaite finale inéluctable, quels que soient nos efforts.
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Ma deuxième rencontre littéraire avec Paul Lynch, dont j'ai fait la connaissance avec son deuxième roman, le sublime La neige noire. Je me suis procuré Un ciel rouge, le matin dès sa sortie, mais, contrairement à La neige noire, je ne me suis pas jetée dessus tout de suite, et le problème c'est qu'ensuite on en a trop parlé ! Quand tout le monde parle trop d'un livre, en quelque sorte ça m'en dégoûte. Je sais, c'est un peu étrange, mais j'ai l'esprit de contradiction ! Heureusement, La neige noire et la rencontre organisée par le Centre culturel irlandais en septembre dernier m'ont permis de ne pas passer à côté de cet écrivain de génie.

Que dire donc, sur ce roman dont tout le monde a déjà parlé ? Il y a pourtant matière à moudre parce que Paul Lynch n'est pas un auteur de roman à la sauce Harlequin, mais un écrivain complexe, dense, mais surtout un fabuleux conteur !! Il prend à contrepied les postmodernistes, obsédés par leurs théories littéraires sur le roman au point d'en oublier le contenu. Pour Lynch, l'histoire est primordiale (pour faire court : ce n'est pas Joyce - ou plus proche de nous, Eimear McBride) .

Notre homme est journaliste à Dublin (du moins il l'était avant que la crise fasse fermer boutique au journal pour lequel il travaillait et qu'il se consacre entièrement à l'écriture de ses romans). C'est un fait divers américain mis à jour par des chercheurs qui lui a donné l'idée d'écrire Un ciel rouge, le matin : les corps de 57 ouvriers irlandais qui travaillaient à la construction du chemin de fer de Pennsylvanie en 1832 ont été exhumés d'une tranchée. A l'époque, l'affaire avait été étouffée. Ils venaient tous de la péninsule d'Inishowen, dans le Donegal. de quoi débrider l'imagination déjà féconde de Paul Lynch, originaire qui plus est de ce comté irlandais !

Coll Coyle (quel nom !) un jeune métayer et sa famille vont être expulsés de la terre qu'ils exploitent. Coyle décide d'aller parlementer avec le fils du propriétaire, mais le tue accidentellement sur un coup de folie. Un acte malheureux de quelques secondes, qui va ébranler la vie de Coll à tout jamais. Il lui faudra fuir pour sauver sa peau, mise à prix par Faller, le contremaître qui doit sa légende à sa cruauté : on dit qu'il a torturé un cheval en lui attachant la langue avec une corde et tiré jusqu'à ce qu'il l'arrache à la racine... C'est une cavalcade au trip galop qui va mener le lecteur du far west irlandais qu'est le Donegal à la conquête de l'ouest américain.

Un roman très visuel, quasi cinématographique, où la nature occupe une place majeure, où chaque geste, chaque pas, chaque bruit, chaque silence, chaque animal, chaque lumière, chaque ombre, est décrit avec une précision presque obsessionnelle.
L'incipit donne le ton : "D'abord il n'y a que du noir dans le ciel, et ensuite vient le sang, la brèche de lumière matinale à l'extrémité du monde. Cette rougeur qui se répand fait pâlir la clarté des étoiles, les collines émergent de l'ombre et les nuages prennent consistance. La première averse de la journée descend d'un ciel taciturne et tire une mélodie de la terre. Les arbres se dépouillent de leur vêture d'obscurité, ils s'étirent, leurs doigts feuillus frémissant sous le vent, des flèches de lumière se propagent ici et là, cramoisies puis dorées. La pluie s'arrête, il entend les oiseaux s'éveiller. Ils clignent des yeux en secouant la tête, éparpillent leurs chants à travers le ciel. La vieille terre frissonnante se tourne lentement vers le soleil levant." Comment ne pas être subjugué par tant de poésie ? Moi je fonds ! Il y a du Proust chez Lynch !
"Coyle est assis, il écoute le matin. La rumeur sourde du vent, le bruit qui s'échappe du mur de pierre, plein d'une rage farouche et bourdonnante. Il cherche d'où vient le son, penché sur le mur, et découvre un creux obturé par le tissage d'une araignée, ses fils humides de rosée que la lumière argente. Une mouche s'y débat, empêtrée dans la toile piégeuse."

La poésie est dans chaque page. Pourtant cette histoire est d'une violence et d'une noirceur inouïes. C'est bien le paradoxe de la prose de Paul Lynch. Ecrire un drame (parce que l'histoire est tout sauf quelque chose de rose, gai et réjouissant) avec tant de poésie et de lyrisme. On se laisse embobiner et on ne décroche plus jusqu'au dernier mot. On souffre avec les ouvriers du rail que rejoint Coll, menés d'une main de fer par un Irlandais qui leur promet le Paradis mais c'est juste l'Enfer :
"Le soir, ils redescendaient au campement, laissant derrière eux la blessure béante de la terre creusée, ils arrivent affamés et le corps perclus de douleurs, mangent près du feu dans des gamelles en fer-blanc et s'abreuvent de whisky."
Très souvent la prose s'emballe : ça tire, ça flingue, les cadavres sanglants s'amoncellent. Il y a d'ailleurs beaucoup de sang versé, beaucoup plus que dans La neige noire, et un peu trop pour moi. Parfois on ne sait plus trop qui fait quoi quand ça se bagarre, je m'y suis parfois perdue, mais finalement peu importe.

Paul Lynch n'est pas un joyeux luron quand il écrit ses romans, ça c'est clair ! :) Mais quelle plume et quelle histoire ! Un petit bout de l'Histoire des Etats-Unis aussi avec la conquête de l'Ouest, la construction du chemin de fer par épidémie de choléra qui décimera la population. Il y a plein de "méchants" tout moches et tout.

Avec Paul Lynch dark is dark mais c'est très beau ! Un bel hommage aux victimes du mystérieux assassinat de 1832. A lire absolument !
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Une lecture tout en nuance. Un roman sublime qui mêle brutalité et poésie. Ce roman nous conte une histoire si pleine de mélancolie et de tristesse, mais le tout amené par une écriture douce, que l'on en ressort apaisé et serein. Un premier roman magnifique, qui nous présente un auteur de talent.

Un homme a tout perdu, sa vie, sa femme, ses enfants, sont travail, sa terre et même jusqu'à sa liberté. C'est le parcours d'un homme esseulé que l'on nous dresse. Un parcours compliqué, tumultueux. Un chemin qu'il n'avait pas demandé mais qu'il se voit forcé d'embarquer. L'auteur nous présente cette voie brisée. Cet homme qui part, abandonne tout pour sauver sa propre vie. Une course poursuite éreintante à travers les terres.

Ce roman, qui est le premier de l'auteur, nous montre déjà la puissance de son écriture. C'est une très belle découverte lorsqu'un auteur parvient à nous livrer un texte d'une telle force. On se sent emporté dans cette vie si compliquée, si triste. Pourtant en refermant ce roman, se sont des émotions douces qui me restent en mémoire. C'est un livre qui nous fait voyager, nous fait frissonner, nous énerve parfois. Car en peu de pages, il condense des sentiments intenses. On est avec Coyle, on est Coyle et on le suit, on vit dans ses pas, on parcourt ses épreuves, on se confronte à cette vie.

C'est une véritable chasse à l'homme qui nous emmènera de L'Irlande sauvage à l'Amérique profonde. du travail de la terre à la construction d'un pont. C'est doux, c'est beau, c'est fort. Un homme à la recherche de sa vie et de sa liberté perdue. Un homme prêt à tout pour pouvoir retrouver sa femme, sa terre.

Ce roman se lit comme un hymne à l'Irlande, un cri d'espoir qui résonne et nous emporte avec lui. Car tout au fond de cette lecture se dresse les paysages sauvages d'une terre oubliée. On nous présente un conte moderne, une tragédie et un western spaghetti. Un roman qui saura convaincre ses lecteurs.
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c'est beau l'Irlande, c'est une terre belle et âpre, mais il fut un temps où la vie y était rude, vraiment rude. la misère, la famine guettait au quatre coins des petites fermes de métayers. Ces familles de métayers totalement soumis au bon vouloir des riches propriétaires, parfois d'origine anglaise. Coll Coyle mène cette petite vie, faite de labeur, de misère, mais riche d'amour avec sa femme et sa petite fille. mais pour une raison inconnue ou obscure, il doit quitter les terres qu'il travaille jour après jour comme son père avant lui. s'en suit une descente aux enfers, une traque. coll coyle se voit contraint de fuir aux États-Unis, loin de sa petite-fille tant aimée.
l'écriture de Paul Lynch est très belle, très descriptive, que ce soit pour les beaux paysages du Donegal ou pour les atrocités. ce livre raconte certainement la vie de centaines irlandais, ayant fui la misère et l'injustice, pour retrouver... hum... la même chose?
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Roman grandiose d'une chasse à l'homme sur deux continents avec un méchant, Faller, à qui on peut presque attribuer un côté magique tant il est une incarnation du Mal avec des facultés physiques et intellectuelles immenses et développées uniquement pour répandre l'horreur et le malheur autour de lui et guidé par une haine inhumaine vis-à-vis de Coll, simple paysan qui a fait le mauvais geste au mauvais moment. C'est un suspense continu et de grande qualité sur plus de 280 pages. C'est dur comme du Cormac McCarthy, c'est raconté comme du James Carlos Blake. C'est simplement passionnant et époustouflant de classe ! Pas un chapitre, pas un paragraphe, pas une ligne pour reprendre son souffle. Trois parties pour trois lieux; tout d'abord l'Irlande déshéritée terre de ce drame parmi tant d'autres et pourtant les années de la grande famine sont encore à venir puis une seconde partie à fond de cale sur l'Atlantique avec des pages bouleversantes tant par le malheur qui frappe des gens qui en ont eu pourtant leur dose depuis la naissance et tant par la beauté des sentiments et la noblesse de certains comportements et agissements quand l'humanité tend à disparaître au profit de l'instinct de survie. Enfin, une troisième partie qui montre aux acteurs que leur Nouveau Monde tend à fonctionner comme l'ancien monde qu'ils ont fui et où la peine remplace très vite le rêve. La Cour des Miracles à l'échelle d'un continent !

Que l'Irlande miséreuse est belle sous la plume de Paul Lynch. Une plume magnifique, une histoire écrite avec le sang de toutes les victimes de l'animalité des maîtres en Irlande et des balbutiements de l'histoire dans la terre promise de tant d'Irlandais, l'Amérique…si réelle et si virtuelle , aimée et tant haïe et dont tant de mentalités et de comportements actuels sont l'héritage culturel de ses ancêtres européens et du souvenir des temps difficiles où la solidarité autour d'un clocher, d'une communauté ou d'un drapeau pouvait vous sauver la vie et vous protéger un peu de l'adversité.

Un vibrant hommage aux migrants irlandais et de manière générale à ces populations européennes considérées comme la lie de la société et qui ont su créer un grand pays devenu la plus grande puissance mondiale du XXème siècle, juste revanche sur ceux qui les avaient bannis et persécutés. Et quand on pense à la tragédie de ces migrants que peut-on dire de l'horreur vécue par ces populations d'Afrique enlevées loin de leurs vies et réduites à l'esclavage et qui ont contribué bien malgré eux à l'élaboration de l'empire.

Violent, cruel, terrifiant et surtout quelle plume!
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Lorsqu'il apprend que son propriétaire veut l'expulser, le paysan Coll Coyle tente de négocier avec le fils du maître, mais la rencontre s'envenime et le jeune homme perd la vie. Coll Coyle doit fuir, d'abord dans une Irlande qu'il ne connait pas, n'ayant jamais quitté ses terres, puis l'exil en bateau vers l'Amérique, durant un voyage harassant et dangereux. Arrivé sur la terre promise dont il n'avait pourtant jamais rêvée, il découvre un pays tout aussi inégalitaire et violent. Nostalgique de ses terres et de sa famille, il rêve de pouvoir refaire le voyage dans l'autre sens.
Mais Faller, homme de main de la victime, le traque jusqu'au bout du nouveau monde. Un homme cruel et violent qui prend plaisir à torturer et tuer. Si la lutte semble inégale, le paysan devenu ouvrier du chemin de fer continue d'user sa carcasse dans des travaux pénibles, croisant d'autres hères dans son genre, mais aussi d'exploiteurs de la misère humaine. Un roman historique et social qui se transforme peu à peu en un implacable western.
Paul Lynch dresse ici un portrait sombre de l'âme humaine, en suivant des miséreux qui tentent tant bien que mal de survivre dans un monde qui leur est hostile. Un roman âpre et beau à la fois.
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