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sur 506 notes
Explorant avec bonheur la noirceur des contes de la brousse, un porc-épic au service d'un sorcier.

Publié en 2006, couronné par le prix Renaudot, le sixième roman d'Alain Mabanckou se présentait malicieusement, dans un drôlatique prière d'insérer final, comme un "complément" du précédent, "Verre cassé", deuxième manuscrit communiqué à l'éditeur par L'escargot entêté, mythique patron du bar négropontain "Le crédit a voyagé", exécuteur testamentaire du défunt poète ivrogne Verre cassé.

Entièrement raconté, dans une longue phrase ponctuée uniquement de virgules, adressée sans reprendre son souffle à un baobab obstinément muet, par un porc-épic, ce roman est un flamboyant hommage au conte congolais, à l'imaginaire de la sorcellerie de la brousse, désertant les territoires urbains jusqu'alors chers à l'auteur pour ceux du mythe, des animaux "doubles nuisibles" affectés dès leur naissance à un petit d'homme destiné à la magie noire, aux querelles de sang, de lignée, de terrain ou de prestige qui dégénèrent alors en crimes, le sorcier "mangeant" ses adversaires avc l'aide de son tueur animal familier. Un rythme étonnant et curieusement enchanteur pour dire la noirceur de l'âme, fût-ce dans l'univers du conte traditionnel africain, et pour apprendre entre autres les mille moyens utilisés par un sorcier pour s'affranchir des lois humaines, et même de certains féticheurs bénéfiques, véritables enquêteurs du surnaturel aux pouvoirs parapsychiques surdéveloppés, qu'une simple noix de cola judicieusement placée peut toutefois suffire à berner...

Roman atypique chez Mabanckou, pourrait-on croire, il explore pourtant avec tendresse une autre facette de l'espace des mythes et des clichés - comme toujours discrètement subvertis - entourant son "petit Congo" natal.
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Mémoires de porc-épic est une véritable plongée dans des secrets de pratiques initiatiques africaines, pour ne pas des pratiques de sorcellerie, d'envoûtement et de domination à la fois nocturne et spirituelle ! Un sujet difficile à appréhender mais que l'écriture fluide et habile d'Alain Mabanckou rend accessible, on saisit la complicité de cette intrigue qui nous révèle la relation mystique qui peut exister entre un homme et un animal, ce qu'on pourrait appeler totem. Et ici, il s'agit du porc-epic...d'ailleurs c'est dans la mémoire du porc-épic, ce dont il se souvient que l'auteur va chercher son histoire...
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S'appuyant sur une légende, Mabanckou livre une fable vivante, drôle et malicieuse. Kibandi charge son son double animal d'éliminer les villageois qui se mettent sur sa route grâce à ces épines mortelles. Avec la verve qu'on lui connait, déjà présente dans l'excellent "Verre cassé", l'auteur s'amuse avec jubilation pour nous redonner le plaisir du conte, bourré d'imagination, d'humour, Alain Mabanckou confirme si besoin était, un talent de narration inventif et épatant. Une des grande voix de la littérature africaine, justement récompensé par le Prix Renaudot.

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Mabanckou, avec tendresse, se moque et amuse ; si le début est un peu difficile, on finit par se laisser prendre et on n'interrompt plus sa lecture, captivé par ce conte oral. Quelques énormités nous indiquent que le texte n'a d'innocence que l'apparence et il faudra bien un jour où l'autre le relire pour le comprendre mieux. En attendant, c'est une échappatoire plaisante et un enchaînement de sourires enchanteurs.
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Avec ce conte africain, Alain Mabanckou bouleverse le conte en lui-même en nous bousculant dans le fond et la forme.

Il faut oublier la forme très perturbante (aucune phrase n'est faite), pour pouvoir apprécier à sa juste valeur le fond de ce livre.

A travers ce conte, cette fable, l'auteur aborde de nombreuses notions sous couvert de la métaphore : L Histoire, les Mythologies, la Sociologie, ... mais il est surtout philosophique.
L'homme est au centre du parcours initiatique de ce porc-épic, dans son côté le plus sombre.

Mon conseil : ne vous arrêtez pas à la forme, vous ne serez pas déçu !

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Une narration de fantaisie africaine. C'est une histoire simple et presque enfantine avec quelques éléments vraiment amusants. Malheureusement, j'ai peu aimé le livre pour le reste, malgré son originalité. le style de l'écriture est un peu fatigant. le récit consiste en un monologue ininterrompu. En effet, c'est une succession de phrases qui sont seulement séparées par virgules. Les phrases n'ont pas une lettre capitale au début ou un point à la fin. C'est comme une histoire orale racontée sans pause. Je pourrais m'imaginer que ça ressemble peut-être la façon traditionnelle africaine de raconter des histoires, mais je trouve un récit présenté comme ça peu attirant. le livre a gagné le Prix Renaudot en 2006.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Un vieux porc-épic raconte à un baobab géant sa vie de "double nuisible" et nous voilà embarqués dans une Afrique savoureuse et terrible. Dans une langue sans majuscule et sans point - comme à l'oral - Alain Mabanckou nous fait osciller entre sourires, coeur serré et philosophie, car l'animal - ce porc-épic (épique !) - est cultivé et riche d'une vie ample et lourde à la fois.
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Un conte mené d'un train d'enfer par de longues phrases sans ponctuation autre que des virgules, lesquelles segmentent les paragraphes en courtes propositions. Comme on l'attend des fables et du réalisme fantastique, tout est possible dans ce dialogue moqueur entre un porc-épic maléfique et un baobab muet. le principe est résumé p 71 : « faites-moi confiance, je suis comme un sourd qui court à perdre haleine, il enchaînait de suite et si vous voyez un sourd courir, mes petits, ne vous posez pas de questions, suivez-le car il n'a pas entendu de danger, il l'a vu ».
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Que penser de l'idée que nous avons un double, bénéfique ou nuisible? c'est assez terrifiant. Et s'il est nuisible, l'idée que nous puissions obtenir de lui tout ce que l'on veut, la possibilité de nous débarrasser de tous ceux qui nous gênent, pourrait nous mener loin!!! C'est à peine croyable, et c'est pourtant les mémoires d'un double nuisible, un porc-épic, qui sont racontées dans ce livre.

Des mythes fondateurs de la culture africaine sont ici repris dans ce récit à la première personne d'un porc-épic en mal de confidences, qui se confie à... un baobab.

Le récit est enlevé, pétillant, et la ponctuation...déroutante. En effet, le narrateur qui s'exprime dans la bouche de ce porc-épic n'utilise que la virgule. Pas de point, donc pas de majuscule en début de paragraphe ou de chapitre. Nous n'avons à faire qu'à une seule phrase, fluide, d'un bout à l'autre du récit.
Cet animal prend ses distances avec son maître, analyse le monde qui l'entoure, philosophe sur les hommes et sur la vie, c'est à se demander ce que nos animaux de compagnie pensent de nous !
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donc je ne suis qu'un animal, commence à dire avec coquetterie un porc épic, dont l'histoire, puisque c'est lui qui parle , va nous prouver le contraire. Il est en réalité le double d'un homme, il a été choisi pour aider un petit initié depuis son enfance. Être le double d'un homme, c'est en avoir les pouvoirs occultes. Et le porc épic, dont nous n'apprendrons le nom qu'à la fin du conte, lit la Bible comme son maitre, et le traduit à sa sauce : Jésus comme une sorte « d'errant charismatique, revenu du Royaume des morts comme quelqu'un qui se réveillait d'une petite sieste de rien du tout ». Il parle, avec l'humour unique de Mabanckou, comme Descartes : « si je pensais, c'est que j'existais », comme Rabelais, en le détournant, « le rire n'est pas le propre de l'homme », et comme Montaigne « j'étais lui, il était moi ». Il cite La Fontaine et son rat des villes et son rat des champs.
Nous rions bien sûr de cette fable pétillante d'intelligence, qui se moque des ethnologues, supposés être dans leur pays « des sans abri, ou venant poser des antennes paraboliques afin de surveiller les gens ». Et pourtant, rien de plus près de la culture africaine que ces Mémoires. En Afrique Noire, certains sorciers font le bien, soignent, ont des pouvoirs pour le faire, sauvent des enfants, donnent de l'argent aux paralytiques, aux aveugles et aux mendiants (ironie déguisée de Mabanckou quant à nos valeurs capitalo- altruistes ?) et puis il y en a d'autres qui utilisent leurs pouvoirs en s'associant à un animal, pour faire le mal. Mabanckou le congolais nous dévoile tout une culture africaine où les fantômes existent, où la mort n'est jamais naturelle, où donc il faut toujours chercher l'assassin et venger le mort, où les sorciers nuisibles se regroupent la nuit en assemblée, et doivent « donner » un de leur proches, soeur ou fille, neveu ou frère pour qu'il soit « mangé » c'est-à-dire que son âme disparaisse. Les jumeaux sont aussi investis d'un pouvoir particulier, peut être par leur caractère double.
Donc le porc épic qui interprète la Bible, et donc n'est pas qu'un animal, juge les cousins germains des singes, les hommes, qui préfèrent marcher sur deux pattes juste pour montrer aux animaux qu'ils leur sont supérieurs. Il est d'ailleurs lié à un homme, doit lui obéir et accomplir ses mauvais coups parce qu'il est un double nuisible, l'exécuteur des basses oeuvres d'un sorcier lui même nuisible, devenu nuisible malgré lui. Pourquoi un sorcier tue t il par l'intermédiaire de son double animal? pour des raisons concrètes, la jalousie, la colère, l'envie, l'humiliation, le manque de respect, jamais pour le plaisir du mal dit Mabanckou. Et pourtant, bien que ne pouvant rien faire, le porc épic juge l'assassinat de trop fomenté par son maitre, et ne partage plus ses convictions.
Car il a eu le temps de se cultiver, cet animal, il nous livre sa vision hilarante de la littérature mondiale : Garcia Marquez, Cervantes, Edgar Allan Poe, Faulkner, Hemingway, Sepulveda, avec chacun leurs rapports avec des animaux.
C'est drôle, ce livre de mémoires écrites par un porc épic, par les noms donnés au sorcier « Tombé -Essouba, (qui signifie en lingala : qu'il n'y ait plus de doute) au maitre du petit porc épic, Kibandit (en lingala : bandit et qui se comprend aussi en français), par ses sarcasmes vis-à-vis des éléphants, pas les seuls à avoir une bonne mémoire, ni à avoir des cimetières, et puis ils sont affublés de trompes inconfortables, les pauvres.
Le premier chapitre commence par un « donc » en minuscule, et il n'y a aucune autre ponctuation que la virgule dans tout le roman. Avec humour, dans l'annexe, Mabanckou critique cette obstination de l'auteur (!) à n'employer que la virgule comme seul signe de ponctuation, ce qui en a retardé l'édition !
Le porc épic, ayant survécu à la mort de son maitre, alors qu'il aurait dû le suivre dans la mort, songe à rencontrer une bonne femelle, pour faire des enfants, partager le plaisir « et plus si affinités ». Meetic chez les animaux !
Cette fable n'est compréhensible qu'à la condition de ne pas s'arrêter à la représentation matérielle des choses. Car en Afrique Noire le monde occulte, bon ou mauvais, existe au même titre que le réel visible. Et, entre temps, Mabanckou nous offre une pure jubilation sur la différence des cultures et la suprématie très contestable des hommes sur les animaux.
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