Éléments historiques intéressants, mais personnages peu attachants et intrigue inintéressante.
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Bien que ce soit un livre historique, j'aime l'aventure dans le moyen age
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Enfant farouche, Gilles avait grandi dans l’arrièrepays, à la limite de la misère. Sa carcasse malingre dissimulait un caractère impétueux. Son regard vif et espiègle faisait oublier ses hardes crottées. Il avait les cheveux bouclés, noirs et épais. Tête-de-Lou, l’appelait affectueusement sa mère. Gamin débrouillard mais solitaire, il s’arrachait pour la première fois à l’isolement de sa forêt.
Le jeune garçon avait dormi d’un trait jusqu’à ce que le chant matinal des fauvettes le réveille. Attiré par l’envol d’un faucon, son regard s’accrocha à cet oiseau superbe et fier qui déployait ses ailes immenses pour s’élancer dans l’infini bleu du ciel. Lui revint alors en mémoire l’image de sa mère emmenée captive par les hommes du seigneur. Les pleurs de ses sœurs, Agnès et Mathilde, résonnaient à son cœur.
Il se réveilla recroquevillé au pied d’une haute muraille, se frotta les yeux énergiquement et regarda autour de lui. À quelques pas tombait l’à-pic d’une falaise. Un lézard vif se faufila entre deux pierres. L’enfant se retourna vers le mur, leva les yeux et vit une tour hérissée de créneaux. Oui, il se souvenait: le castrum de Roqueblanche.
La veille, il s’était endormi là, fourbu après une longue journée de marche. Il était arrivé tard au bas de la colline que dominait la cité. Il l’avait gravie à pas prudents. Près de l’enceinte, il avait eu la mauvaise surprise de voir la porte fermée. La nuit tombait, épaisse et noire. Le château était énorme et menaçant, replié comme une bête prête à bondir. Inquiet, épuisé, il s’était laissé glisser le long de la pente qui longeait la muraille et avait fini par trouver une faille dans le rocher. Sans trop de difficultés, il avait réussi à l’atteindre et à s’y réfugier pour la nuit.
En l’an 1244, Montségur, petit village fortifié des Pyrénées, tombe aux mains des Français.
C’est la fin de la guerre impitoyable que se livrent depuis des années le Nord et le Midi.
C’est la victoire du roi de France, Louis IX, autrement appelé saint Louis, sur le comte de Toulouse et les seigneurs du Midi.
C’est la fin de l’hérésie cathare contre laquelle le pape Innocent III avait levé une véritable croisade et déclenché l’Inquisition.
C’est le déclin d’une culture qui s’exprimait en occitan et dont le cœur était Toulouse, alors troisième ville d’Europe, terre de liberté, de tolérance, des troubadours et de l’amour courtois.
C’est dans ce Midi médiéval, affaibli mais encore rebelle, que se situe cette histoire.
Quelques instants plus tard, les deux garçons se faufilaient à travers de nombreux étals sur lesquels se déployaient saucissons et jambons, fromages et caillés, herbes et racines. Il y avait là plus de couleurs et de senteurs que cet enfant des bois n’en avait jamais vu ni reniflé.
Marchant côte à côte, ils prirent la rue des Tonneliers, tournèrent à droite et s’engouffrèrent dans une ruelle sinueuse. Si étroite que Gilles pouvait à peine distinguer le ciel. De part et d’autre, les maisons aux étages en encorbellement semblaient se toucher. On y était au frais malgré la saison chaude. Mais mieux valait regarder ses pieds que de chercher à attraper le soleil.
Les étals avaient cédé la place à des boutiques aux portes grandes ouvertes. Gilles ne pouvait s’empêcher d’y jeter des coups d’œil furtifs. Cordonnier, tisserand, apothicaire, savetier, pellegantier, parcheminier et bien d’autres, chacun s’affairait avec ses odeurs et ses cris. Leur besogne envahissait parfois la rue, rendant le passage malaisé.