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Martin Kaltenecker (Traducteur)Herta Blaukopf (Éditeur scientifique)
EAN : 9782877120180
219 pages
Bernard Coutaz (20/04/1990)
4/5   2 notes
Résumé :
Autant Mahler a "reconnu" et admiré Strauss, surtout celui de Salomé, autant Strauss, lui, n'a jamais compris grand chose au génie de Mahler.
Et les différences, les contrastes, les antinomies sont justement ce qui rend fascinant le long dialogue de Mahler avec Strauss.
Dans les réactions souvent violentes de Mahler à l'égard de Strauss et de son épouse, on ne discerne jamais le moindre ressentiment caché, mais plutôt une déception, une tristesse de se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quatre étoiles, deux pour Mahler et deux pour Strauss, et pour ce livre qui n'intéressera que les fervents adeptes de l'un ou de l'autre, voire même des deux.Littérairement parlant, d'un point de vue stylistique, cette correspondance n'a guère d'intérêt. Musicalement, c'est une toute autre histoire, quand ces lettres échangées entre 1888 et 1911, cessant fatalement à la mort de Mahler, nous sont un témoignage très concret sur la vie musicale principalement viennoise avec pour toile de fond un monde qui s'achève. Moins de cinq ans séparent les deux hommes, et Mahler (l'ainé) mourant laissera presque 40 ans à Strauss devant lui. Mahler/Strauss, c'est un peu comme Debussy/Ravel, Schubert/Schumann, des couples déclarés ennemis par les musicologues paresseux. Il est vrai que beaucoup de choses les séparent : origines, tempérament... Par ailleurs, dans la postface, on nous précise que cette diabolique d'Alma Mahler a tout fait pour déformer l'image des relations entre les deux, pour la postérité. Soit, laissons Alma vivre sa vie et endosser toutes les fautes. Ceux qui liront ces lettres y trouveront un témoignage de solidarité entre collègues chef-d'orchestres et compositeurs s'épaulant pour faire vivre leurs oeuvres et leurs conceptions musicales dans le lac aux requins viennois. Essayant d'être objective (cela m'est difficile), il me parait notable que Mahler a plus cru en Strauss compositeur que le contraire. Strauss est un peu plus souple et ne rechigne pas aux concessions pour assouvir sa grande ambition. Mahler, non moins ambitieux, est d'une intransigeance maladive qui lui coûtera son poste de Chef à Vienne. Strauss lucide a senti le vent tourner et comme l'illustrent mes deux citations préférera parfois se passer des services de Mahler pour assurer sa route. Mais il acceptera souvent de bonne grâce de diriger les oeuvres de Gustav et supportera les exigences inouïes de celui-ci. Mahler est plus visionnaire décelant dans "Salomé" de Strauss un chef-d'oeuvre qui passera le temps. Il est plus démonstratif dans sa correspondance, tout en restant très concret et pratique. Strauss est plus mondain . On ne sent pas vraiment une amitié profonde, davantage un respect et un front commun contre l'adversité. de plus, les deux hommes étaient fatalement très occupés et n'avaient que peu d'occasions de rencontres physiques.
Je me suis demandée comment aurait pu évoluer leur relation si Mahler avait vécu davantage. Sa musique n'a connu le succès véritablement qu'au début des années 60. Strauss dans sa longue vie a pu connaître la satisfaction de se sentir compris de ses contemporains.
Au final, cette correspondance, si elle n'est pas passionnante, nous montre une fois de plus que la postérité aime bien simplifier les vérités humaines et historiques. Celles-ci sont souvent plus complexes ou ambigues. Pourtant, ici, ultime paradoxe, c'est plutôt la simplicité d'un échange de créateurs partageant une même passion qui me reste en mémoire. C'est plutôt rassurant.
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Richard Strauss à Gustav Mahler
Berlin,le 15 mars 1906

Cher ami,
(...)
Je n'ai donné mon accord qu'avec réticence et à contre-coeur, il est dur pour moi de vous enlever ainsi la première viennoise, mais finalement, avec les énormes difficultés que vous devez rencontrer, un grand succès de "Salomé" avec ceux de Bratislava me paraît presque le seul moyen d'empêcher les cercles en question à la cour de faire obstacle à son entrée à la Hofoper.
J'espère que vous ne m'en voulez pas malgré tout ; si cela était le cas, je révoquerais ma décision aujourd'hui même ; mais surtout, ne posez pas la question de confiance à cause de "Salomé" ! Nous avons trop besoin d'un artiste qui ait votre énergie, votre génie, vos opinions à la place que vous occupez, pour que vous risquiez quoique ce soit à cause de "Salomé" ! Cela marchera malgré tout en fin de compte !
Merci mille fois encore pour tout et recevez, ainsi que votre femme, les amitiés de votre toujours dévoué
Richard Strauss
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Gustav Mahler à Richard Strauss

Vienne, le 02 octobre 1905

(A propos de "Salomé")

(...) Et maintenant, cher Strauss, je ne puis omettre de vous parler de l'impression exaltante que me fait l'oeuvre quand je la relis ! C'est absolument votre sommet jusqu'ici ! J'affirme que rien de ce que vous avez fait jusqu'ici ne peut lui être comparé. Je ne fais pas de longs discours, vous le savez, moins pour vous encore que pour d'autres. Mais cette fois-ci, je ressens le désir de vous l'exprimer. Chaque note est à sa place ! Je le savais depuis longtemps déjà : vous êtes né pour le théâtre ! J'avoue que vous m'avez fait comprendre seulement par votre musique l'oeuvre de Wilde. J'espère pouvoir assister à la première à Dresde. - Dites-moi en un mot si mon plan de campagne vous convient. Je vous donne ma parole que j'emploierai tous les moyens et que je n'aurai de cesse de défendre ce chef-d'oeuvre original et incomparable.
En toute hâte et amicalement
votre
Gustav Mahler
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