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Musée Maillol - Fondation Dina Vierny - Paris (Directeur de publication)
EAN : 9782711835423
236 pages
RMN - REUNION DES MUSEES NATIONAUX EDITIONS (01/11/1996)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Catalogue de la rétrospective consacrée à Morandi au musée Maillol du 6 décembre 1996 au 15 février 1997.
et sous le patronage de l'union latine ( textes liminaires signés par de nombreuses personnalités du monde politique et culturel italien ).

Une chronologie suivie d'un bibliographie et d'un recensement des expositions récentes consacrées à l’artiste clôt le catalogue.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Natura morta

J'aime Giorgio Morandi sans détour, il n'est trop paradoxalement par une forme de tropisme d'éléments de couleur introuvables de la nature qui me ramènent à lui -j'ai toujours été marqué par l'art italien, peut-être à cause d'un vieil oncle et de tantes italiens qui m'y attachent filialement, ils m'aimaient en personne et moi aussi je les aimais - il est venu à moi, autant que je me souvienne, par incidemment la lecture d'un magazine - probablement lié aux Arts que je lisais à l'époque et que je ne lis plus, car ils sont faibles et assez creux, pas comme les anciens où il y avait du fond -, il y a bien 1/4 de siècle, une photo, une légende .. je me souviens d'avoir découpé l'article et hop c'était dans la poche, comme un coup de foudre, une aubaine dont on verra le secret plus tard. Depuis je consulte régulièrement mes livres dédiés pour m'abreuver de son talent et je ne m'en lasse pas, et je ne vois pas le jour où je m'en lasserai ; il me semble que c'est un parti pris pour la vie que rien ne viendra altérer. Bien sûr que je ne dirais pas ça, avec la même facilité, pour mille blaireaux qui nous entourent !..

Je pense à lui quand je vois les pores blanc-nacré, jaune-citron, gris lumineux, perlé des champignons qui règnent en maître à l'automne dans la forêt , sorte d'hymne à la nature inégalable par la production de ces ocres éphémères quand les sols organiques se décomposent ; combien de fois ai-je eu envie de reproduire ces tons - il me suffit aujourd'hui de savoir que quelqu'un s'en charge bien mieux que je ne saurais le faire - ; quand je vois, c'est plus rare, la tranche argileuse du lit de la rivière , quand je vois des bibelots anciens dans les brocantes, des vieux bols, des siphons d'eau de seltz en verre d'un bleu incomparable rehaussés d'un bec en belle matière étamée, argentée, des vieux brocs à charbon un peu défoncés ou à eau émaillés qui décorent les jardins, utilisés en dernier usage pour y mettre des fleurs. Ce n'est pas Morandi aujourd'hui par je ne sais quelle alchimie qui me rappelle ces tons chauds, ocres sublimes observés dans la nature ou dans ces ustensiles, fabrication de la main de l'homme ; ce sont ces tons blanc-chaux, ocres sublimes qui me renvoient à Giorgio Morandi. Je ne m'interroge pas sur la représentation des objets de l'artiste qu'il réunit sur une table, en définit plus ou moins une composition pour créer une harmonie de tons et de volumes. C'est plus l'univers poétique, charnel, bigarré de l'artiste qui me fascine, celui de l'homme qui veut capter le beau, le sauver, le rendre éternel peut-être avant qu'il ne disparaisse ..

Assurément Giorgio menait une vie casanière, presque monastique, car il ne faut pas penser qu'il pliait ses gaules par mauvais temps, comme faisaient les impressionnistes qui se repliaient en atelier pour peindre des natures mortes. Lui il peignait des natures mortes toute l'année : Natura morta !

Ce qui me plaît chez Morandi aussi, il va sans dire, c'est qu'il a su imposer son style et étonner le monde entier avec ses natura morta. Sa cote a dépassé le million, il se hisse au rang des grosses pointures de l'Art moderne. Ce qui est vrai c'est que rien de plus qu'un Morandi pour ressembler à un autre Morandi, mais ce qui ne veut pas dire que chaque Morandi ne soit pas identifiable et distinct d'un autre ; si on est subjugué par sa facture, il faut prendre juste le temps d'observer,..
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Une rétrospective surtout quand il s'agit d'un tout grand artiste est toujours l'occasion de mieux saisir le mystère d'un parcours, et, en parcourant les grandes étapes d'une oeuvre, de découvrir la quête ...à l'oeuvre.

Ce qui est fascinant ici c'est de voir comment , parti d'une touche à la Cézanne - un magnifique autoportrait de 1925- et d' eaux-fortes extrêmement précises et structurées, le "peintre-moine" montre , s'il en fallait la preuve, qu'il connaissait ses gammes mais cherchait à s'en défaire pour mieux cerner le réel .

Ainsi, chaque medium, chaque thème l'entraîne vers une figuration de plus en plus évanescente, de plus en plus épurée.

De plus en plus concentrée au centre de la toile, pour les huiles, esquissée à traits brisés, tremblants, elliptiques et presque laborieux, pour les croquis, et jouant de la détrempe du papier et de la fusion des pigments, dans l'aquarelle, la figuration chez Morandi confine partout à la dissolution, à l'allusion, à la disparition.

Un univers fascinant, servi par les analyses pertinentes de la commissaire de l'exposition, Michela Scolaro.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Au bout de ce parcours, il y a une réalité qui ne se révèle pas à travers la mise au point, la concentration absolue du regard et de la volonté, mais plutôt dans la capacité d'allusion formelle, dans le rappel précis d'une dimension intuitive. Même si cette réalité reste hors de portée, malgré la réflexion et l'engagement assidu de toute une vie, les aquarelles ont réussi à conférer à la réalité la définition intense d'un mirage mouvant, mais décrit avec clarté. Dont la trame fragile à l'eau des aquarelles livre l'image la plus durable et la plus émouvante.
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Avec les années, Morandi réduit le nombre des objets qui finissent par instaurer un rapport inédit avec l'espace : la couleur du fond envahit une partie de la bouteille, après en avoir dissout partiellement le contour, se répand sur la toile à la place du couvercle, glisse comme une ombre dans l'embouchure du vase.
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On peut parler d'essence, en utilisant le vocabulaire idéaliste que, tout compte fait, Morandi utilisait , même si c'était avec une modestie revêche. Ou bien d'antique vérité, d'identité originaire des choses, qui se maintiennent malgré l'écoulement du temps, fortes d'une raison qui trouve, chez l'artiste, une résonance aussi singulière que précise, une compréhension intime et spontanée.
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Vidéo de Musée Maillol - Fondation Dina Vierny - Paris
Musée Maillol. La revanche des Etrusques.
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