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sur 192 notes
La Chasse aux communistes est ouverte à Hollywood en 1953. McCarthy, ses Beagles puritains et ses Setters ascétiques traquent faucilles et marteaux dans les boîtes à outil des scénaristes et acteurs. Chasse à la cour de la Galinette à paillettes. le seul rouge qui est autorisé par les comités de censure, c'est celui du sang versé par les faux indiens dans des westerns de série B.
Les grands studios étant jugés trop indépendants et réfractaires à une propagande trop apparente, l'armée, lassée du subliminal, charge deux agents, un accro aux courses et une jeune femme dopée aux grands principes, d'engager un producteur de navets, Larkin Moffat, pour réaliser un film de genre dopé au patriotisme. L'opération est financée par la mafia et une valise de deux millions de dollars est confiée à Moffat, avec la bénédiction d'un représentant de l'église, gardien de la morale dans la cité des anges, farouche apôtre des ligues de vertu catholique et amateur de jeunes acteurs. Pléonasme.
Le problème de ce Moffat, c'est qu'il est incontrôlable, ambitieux à outrance, pervers et d'une jalousie pathologique vis-à-vis de sa maîtresse, Didi, qu'il veut imposer en tête d'affiche.
Tout l'opération va déraper et révéler la face cachée d'Hollywood, l'exploitation des acteurs par le système, le despotisme des patrons des Majors, la comédie de la vraie vie où les gentils et les méchants boivent dans le même verre à la santé du rêve américain. Il n'y a pas un personnage pour rattraper l'autre, de la Pin-up arriviste gonflée à bloc au réalisateur maudit , du proxénète Siffrédien au sheriff raciste, ils barbottent gaiement dans leurs turpitudes.
Du stupre façon Ellroy à la violence Tarantinesque, le roman de Dominique Maison m'a impressionné par son rythme et sa mécanique irréversible. Tous les personnages de ce polar magistral traversent l'histoire comme un mec bourré qui veut quand même prendre sa voiture à la fin d'une soirée arrosée. Tout le monde sait que cela va mal finir mais le gars se sent invincible, porté par un destin, jusqu'au premier platane.
Dominique Maisons filme les coulisses, les décors en carton, les acteurs sans leur costume, en mêlant au générique, Errol Flynn, Clark Gable, Franck Sinatra et surtout l'irrésistible Hedy Lamarr, qui vole la vedette aux êtres de fiction du roman et tire la couverture à elle, au propre, au sale comme au figuré. Leur dernière séance. Les étoiles ne brillent que la nuit et ces stars désabusées entretiennent leur légende en multipliant les excès en fricotant avec des mafieux, attirés par la lumière. C'est l' «Hollywood Babylone » de Kenneth Anger.
Grand Roman noir backstage qui décortique le mythe hollywoodien et qui décrit cette volonté d'instrumentaliser la machine à rêve pour manipuler les masses. Un régal et un final apocalyptique.
Coupez ! C'est dans la boîte !



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Los Angeles 1953, Larkin Moffat, producteur de seconde zone dans l'industrie du cinéma, se cantonne dans des westerns où le principal acteur est un vieux comédien sur le déclin. Il est contacté par Chance Buckman et Annie Morrison des militaires. Leur mission est de produire et lui faire réaliser des films mettant en scène l'armée pour en faire la propagande et diffuser une image positive, destinée à séduire les jeunes susceptibles de s'engager, la société de production l'AFE - l'American Family Entertainment venant d'être créée à cet effet. L'occasion est trop belle pour Larkin, ambitieux et prêt à tout, qui se voit attribuer deux millions de dollars et y trouve l'opportunité de placer sa jeune maitresse Didi Brumelle dans le rôle principal. C'est sans compter avec Jack Dragna, un maffieux sur le retour qui finance le projet, et qui lui, souhaite imposer Liz Montgomery, sa protégée, dans le premier rôle féminin. de son côté le père Starace, bien introduit dans le milieu du cinéma, écume les réunions et les manifestations des producteurs et réalisateurs pour collecter des fonds destinés à financer ses actions de bienfaisance, mais dans cette époque baignée par le Maccarthysme, il n'est pas bon d'être homosexuel. C'est lors d'une de ces soirées que Jacinto, son jeune amant latino sympathise avec Liz et Didi, les deux femmes se sentant attirées l'une par l'autre. Les évènements vont se précipiter, le magot de deux millions devenant l'objet de tous les désirs.

Avant les diamants est une sorte de fresque noire et cynique du cinéma ou plutôt de ses dessous sordides où tous les coups sont permis entre promotions canapé, de plein gré ou sous contrainte, parties fines où drogues et stupéfiants coulent à flot, autant que l'alcool, photos compromettantes servant de moyens de chantages, élimination de starlette de façon sadique, tous les moyens les plus bas et cruels sont bons pour arriver à ses fins - obtenir un rôle ou la réalisation d'un film. Avant les diamants est donc une vision au vitriol de l'industrie américaine du cinéma, sous le joug des producteurs eux-mêmes pilotés par les agences gouvernementales - en tète l'armée - pour véhiculer le bien fondé d'une politique ou d'un style de vie, le tout sous censure du Maccarthysme.
Même si la galerie de personnages est bien incarnée, j'ai trouvé le récit très froid, un texte à charge qui probablement aborde des problématiques réelles mais qui m'a oppressée. Servi par une écriture au scalpel, le roman est épuisant dans la cruauté et le cynisme, avec des séquences de sadisme, des personnages bien dessinés mais peu sympathiques
Très noir et très crû.
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Hollywood, formidable instrument de propagande, un Panzer idéologique qui depuis que le cinéma existe inonde la planète. Los Angeles 1953. le gouvernement américain s'effraie, les pontes des studios réclament plus de liberté et un nouveau cinéma pointe le bout de nez.

L'armée est bien décidée à prendre le contrôle de toutes les séries B prochaines, pas question que de petits films indépendants sapent le moral de notre belle jeunesse.

Le major Chance Buckman et l'agent Annie Morrisson sont dépêchés pour mettre en chantier un premier film « indépendant », ils doivent trouver un producteur et un scénario, pour le financement, il y aura toujours un mafieux qui raclera ses fonds de tiroirs pour blanchir ses dollars dans la machine à rêves. On ne fait pas forcément des films pour créer des oeuvres d'art, mais plutôt pour pouvoir s'en acheter.

Un producteur sans scrupules qui s'imagine déjà jouer dans la cour des grands, des starlettes prêtes à tout, un curé amoureux, des flics très ripoux, des tueurs à gages et deux millions de dollars en cash : la triste mais fascinante comédie humaine peut commencer.Sexe, drogue, flingue et vitriol en vingt-quatre images secondes.

Dominique Maisons, en vrai cinéphile mordu- il nous l'avait déjà prouvé avec un précédent roman, nous livre un polar très noir traversé par tout ce qui a fait Hollywood dans l'après-guerre, un véritable name-dropping glamour et désenchanté.

Très documenté, « Avant les diamants » est une méticuleuse déconstruction du mythe Hollywoodien.

Le lecteur, pris par une écriture vive et haletante a parfois du mal à dénouer le vrai du faux. Mais si le mythe est plus romanesque et trash que la réalité, imprimons le mythe.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Silence,
On tourne...

Il arrive que l'on prenne une claque avec nos lectures.
Là, je viens d'en prendre une magistrale.
Je vais m'en relever, certes, mais quand même.
Cette gifle, je l'ai prise pas tant par le style de l'auteur qui est efficace, c'est indéniable, que par le sujet.
Ah ! Hollywood et son âge d'or.
J'en ai rêvé.
Ses stars, ses paillettes, ses fêtes, ses excès...
Mes rêves, Dominique Maisons les transforme en cauchemar.
Non, non,  je n'exagère pas.
Comment détruire un mythe en cinq cent pages.
Pour moi, il faut aborder Avant les diamants comme un film noir.
Vous savez, de ceux qu'on tournait dans les studios hollywoodiens dans les années 50. (1950, je précise pour ceux qui liront cette chronique dans trente ans...).
Donc, noir et blanc imposé. de toute façon, on n'imagine pas les acteurs, que l'on va croiser dans ce roman, en couleur, parce que vous allez en croiser, je vous le promets, d'Errol Flynn à Clark Gable ou de Kim Novak à Edie Lamarr et bien d'autres.

Moteur !

L'armée veut investir dans le cinéma indépendant, Hollywood est une poule aux oeufs d'or, et tout le monde veut sa part du gâteau. Les gens du milieu (Je parle des gens du cinéma) mais aussi, les gens du milieu (là,  je parle de la mafia). C'est d'ailleurs à ce milieu-là qu'un couple de militaire, en service commandé, va demander d'investir une grosse somme d'argent pour le tournage d'un film.
Une très grosse somme.
Qui fait des envieux.
Et là... ouverture de la cage aux fauves.
On lâche des lions, des loups, des hyènes... tout ce petit monde n'a plus rien d'humain.
Les rêves de grandeur, de gloire, de richesse, font tourner les têtes.
Au bal des ordures il y a foule.
Maisons va vous emmener dans un Hollywood que vous n'auriez jamais imaginé. Oh, bien sûr, on en a entendu des histoires, de drogues, d'alcools, d'orgies... mais là, noir, c'est noir.
Pour espérer réussir, il faut faire des sacrifices et donner de sa personne dans tous les sens du terme, s'abandonner au pire, perdre tout orgueil...
Derrière les images glamour que de larmes.
Au début, je suis rentré presque discrètement dans son histoire, il plante le décor, comme sur un plateau de tournage, il nous présente le casting et une fois que tout est en place... c'est là que vous prenez le premier coup. Déjà, ça fait mal parce que vous ne l'aviez pas vu venir, ensuite ça s'enchaîne jusqu'à une fin digne des meilleurs scénarios.
Tout ce qui se passe dans la deuxième partie du livre va vous laisser KO.
L'idée de génie de l'auteur, c'est aussi d'avoir mélangé, dans son récit, des personnages réels et célèbres et des personnages de fiction et d'avoir rendu tout ça crédible.
L'un des meilleurs romans noirs de l'année.
Ce livre ferait un film formidable.

Coupez !



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Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points.

Avec "avant les diamants", Dominique Maisons nous emmène dans l'univers impitoyable du Hollywood des années 1950. Tout en paillettes et en glamour, lorsque l'on gratte un peu le vernis de cette machine à rêver, on se retrouve très vite avec du sang noir sous les ongles.

Nous suivons tour à tour plusieurs personnages fictifs ou réels. Tout part de Larkin Moffat, un médiocre producteur très ambitieux, violent et machiste qui se fait approcher par deux agents de l'armée qui ont pour mission de promouvoir une Amérique conquérante, face à la menace bolchévique. L'idée est de faire passer cette propagande "en douceur", par le biais du cinéma indépendant. Moffat arrive à se faire financer par la mafia italienne qui lui prête 2 millions de dollars et rêve de faire de Didi, sa maîtresse, l'actrice principale du film...

Ce magot va être à l'origine de bien des convoitises. Chacun a des intérêts divergents mais tous ont des vues sur le pactole de Moffat et vont tout faire pour arriver à leurs fins. Sexe, violence, mensonge, tous les moyens sont bons. C'est vraiment pas joli, joli !

On y croise aussi beaucoup d'actrices et d'acteurs, comme Hedy Lamarr, Liz Montgomery, Errol Flynn, ainsi qu'un détective privé, quelques agents du FBI, un prêtre homosexuel, un flic archi-pourri... tous très réalistes, qu'ils aient existé ou non.

L'atmosphère est très noire, digne d'un Tarentino avec de gros flingues, la mafia, des bars sombres, des fêtes somptueuses, des dettes de jeux, le tout sur fond d'essais nucléaires et de Maccarthysme. Un monde d'hommes qui pue la testostérone. On se rend compte du machisme ambiant et de la violence systématique faite aux femmes. La communauté noire n'est pas en reste et commence à se battre pour ses droits civils.

J'ai beaucoup aimé ce "roman vrai", extrêmement bien documenté et mené tambour battant jusqu'à son dénouement. Dominique Maisons a le talent de très vite planter le décor grâce à son écriture extrêmement cinématographique qui colle au thème. Il dénoue les nombreux fils de son intrigue avec brio, en n'oubliant aucun de ses personnages.

Une belle découverte !

CLAP DE FIN

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L'éditeur a rajouté au titre sur le bandeau de couverture « le roman noir d'Hollywood ». Parfaite définition de ce livre. Un grand roman noir axé sur le milieu du cinéma en 1953. En pleine guerre froide et chasse aux « rouges », l'armée américaine entend peser encore plus sur l'image de l'action des États-Unis donnée au monde par l'usine à rêve hollywoodienne.

Les grands studios suivent déjà les recommandations morales du code Hays. La commission McCarthy traque les soutiens communistes, réels ou supposés : scénaristes, réalisateurs et acteurs. Mais, alors que les GI partent repousser le communisme en Corée, l'armée veut diffuser encore plus l'image du soldat combattant de la liberté.
Pour cela le bureau de liaison de l'armée à Los Angeles est chargé de soutenir en sous-main l'émergence d'un studio indépendant qui suivrait à la lettre les directives des militaires. le major Buckman, joueur invétéré, et Annie Morrison, l'agente qui lui a été adjointe – et qui ne le laisse pas indifférent, choisissent Larkin Moffat. Un producteur de films de série B, âpre au gain, sans surface financière et sans scrupules.
Pour trouver des financements pour leur nouveau poulain, les militaires se tournent vers le père Starace, à la tête de la ligue de vertu chrétienne, qui peut soutenir les films correspondant à leur idéal de la famille américaine.

Les personnages s'animent, se croisent, dans un milieu machiste, où quelques directeurs de studios font et défont les stars. le Hollywood de 1953 fait rêver les jeunes filles qui veulent succéder aux gloires de l'époque, mais les agences d'acteurs et les réalisateurs profitent de leur naïveté. L'argent circule, au profit de tous, notamment de la mafia, tendance Mickey Cohen, alors en prison. le récit montre les ambitions des uns et des autres, leurs compromissions et leurs faces cachées. Les images publiques doivent être parfaites, mais dans les arrières cours se déroulent des amours que la morale d'alors condamne. Certains trouvent leurs plaisirs dans des lupanars, d'autres dans des bouges des quartiers sud de Los Angeles. Addiction au sexe, aux stups ou aux jeux : this is Hollywood.

Dominique Maison bâtit son intrigue en mélangeant toutes ces caractéristiques qui font de ce début des années 50, une époque en cinémascope. Au fil du récit, le lecteur croise Errol Flynn, Franck Sinatra, poussé par la Mafia, John Wayne, à la démarche chaloupé comme dans ses westerns, Ronald Reagan, alors président… du syndicat des acteurs.

La plongée dans l'époque et dans le monde du cinéma est totale. Les détails et anecdotes foisonnent.

Au regard de la densité de l'ouvrage, les dernières pages déçoivent un peu. Maisons en fait trop. Seul un Tarantino pourrait aujourd'hui s'enflammer pour un tel final.

Remarquablement écrit, parfois très cru, Avant les diamants passionnera tout amateur de cinéma… et tout fan de ces polars à l'ambiance glauque où on croise un détective privé en imperméable, des policiers faisant justice à leur façon, ou un monsieur tout le monde coursant un agresseur pour les beaux yeux d'une pin-up vénéneuse.

Un bel hommage au cinéma et au roman noir.
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Je suis de retour de Los Angeles où j'ai passé 15 jours auprès de malfrats, de starlettes et de monstres sacrés (Hedy Lamarr, Errol Flynn, Robert Mitchum, Clark Gable..). Non, je ne divague pas, j'y étais ! J'y étais vraiment. Si vous voulez, vous aussi, vous téléporter à Hollywood, en 1953, lisez ce bouquin, le voyage dans le temps est assuré.
Plus sérieusement, Dominique Maisons a écrit là un super polar noir, très noir dans les coulisses pas très reluisantes d'Hollywood. Entre la pègre qui tenait tout ce petit monde en laisse, les ligues de vertus, les chasseurs de cocos et le FBI, le cinéma américain de l'époque était loin d'être indépendant. Ce corsetage des moeurs et des opinions ne pouvait mener qu'à l'excès en coulisses. Merveilleux terrain de jeu pour Dominique Maisons pour nous broder une intrigue digne de ce panier de crabes. Ça s'espionne, ça se vole, ça se tue avec un final complètement déglingué et sanguinolent.
On sent l'amoureux fou de cinéma qu'est Dominique Maisons et l'énorme travail de documentation que l'écriture de ce roman a dû nécessiter, ce qui n'alourdit absolument pas le rythme et l'intrigue, bien au contraire.
J'ai découvert des personnages réels absolument hallucinants (Audie Murphy, le soldat héros devenu acteur, Tallulah Bankhead, Ona Munson, Alla Nazimova) et les personnages fictifs ne sont pas en reste.
Et au milieu de tout ce linge sale, la star inconditionnelle, Hedy Lamarr, avant-gardiste et surdouée, #MeToo avant toutes les #MeToo, véritable héroïne de ce chouette polar. A lire.
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Quand vous visitez les maisons de Dominique, pas une ne ressemble à l'autre. Cet homme a un talent incroyable pour créer de l'espace, pour dépeindre l'environnement avec détail, et l'habiter comme s'il y avait toujours vécu.

Passées ou présentes, ses maisons sont des attractions, mais il faut se méfier des pièges qu'il y tend, car elles sont dangereuses. Nid intérieur, foyer enflammé, baraque lubrique, gourbi vieillot, il sait tout brosser. Et si ça sonne si vrai, c'est bien parce qu'il sait tout autant dessiner qu'exposer les occupants. Mention spéciale au Paris de 1900 dans On se souvient du nom des assassins, merveille sortie en 2016.

L'univers d'Hollywood semble le fasciner. Point de départ de son précédent roman, Tout le monde aime Bruce Willis, qui ne ressemblait pourtant pas à ce qu'il semblait être.

Il nous emmène, cette fois-ci, dans les coulisses de l'industrie de ce cinéma américain, et pas à n'importe quelle période : en 1953. Des acteurs et des réalisateurs devenus depuis mythes, qui se révèlent parasites, se nourrissent des autres en les suçant jusqu'à la moelle. de vrais vers luisants qui détruisent tout sur leur passage telles des mites, y compris eux-mêmes, par la quête d'une célébrité qui consume et rend fou.

Avant les diamants est une fiction avec de gros morceaux de réalité dedans. Parce que dans ce milieu-là, la réalité dépasse allègrement tout ce qu'on pourrait imaginer.

L'écrivain utilise donc de belles parts de ces personnalités, certaines en lambeau et à l'état de débris derrière leurs chatoyants habits de scène. Flynn, Gable, Monroe, et tant d'autres, traversent ces pages un peu comme des fantômes, leurs auras bien présentes.

Mais les coulisses d'Hollywood dans les années 50 sentent le sang, la crasse, le vice. Les vertus supposées du cinéma sont plutôt des verrues.

Un producteur de série B qui veut sa part du gâteau, des ligues de vertus (justement) qui gomment tout ce qui n'est pas de l'ordre des « bonnes moeurs » (alors que leurs membres sont loin de se soustraire à la tentation), des militaires qui ne pensent qu'à ce que l'image serve de propagande, des jeunes qui veulent devenir acteurs à n'importe quel prix (et le ticket d'entrée leur coûte très cher). le tout arrosé au vitriol par la mafia dont il faut se méfier à chaque seconde. Sous les projecteurs du maccarthysme qui fait ruer l'Amérique et ses citoyens comme des taureaux sur tout ce qui porte du rouge.

En pleine chasse aux sorcières, les apprentis sorciers du cinéma de la « grande » époque sont plus doués pour la débauche et le stupre que pour produire des chefs-d'oeuvre. le public n'est là que pour cracher au bassinet et être manipulé.

Avec Dominique Maisons, le mythe hollywoodien n'est pas écorné, il est déchiré en mille morceaux à coups de dents. Un bouge qui grouille d'histrions, dans une pantomime où le doigt d'honneur est bien plus fréquent que la main tendue.

Et pourtant, on sent la fascination que ce monde et ses acteurs produisent sur l'auteur. Les strass et les paillettes, même couvertes de substances visqueuses, font toujours leur effet.

Une fiction pleine de réalité, donc. Très documentée, où l'écrivain gratte la surface pour mettre à nu la vraie nature de cet univers (et ça fait froid dans le dos). C'est laid, mais c'est humain. Difficile de s'attacher à ces protagonistes, et pourtant certains deviennent touchants par leurs failles (même s'ils sont minoritaires).

Je vais vous avouer un secret. Alors que je suis admiratif des livres de l'auteur, le pari n'était pas gagné avec moi. Cette terre du milieu cinématographique ne fait pas partie de mes centres d'intérêts, et cette période historique pas davantage. Il partait donc avec un réel handicap, d'autant plus que c'est un pavé.

Je me suis pourtant immergé dans ce marécage, la pierre au cou, sans chercher à me débattre, les yeux grands ouverts. le spectacle en devient vite fascinant, avec un sale goût de vomi en bouche.

Parce que son talent lui a permis de construire un roman qui a la texture du vrai tout en étant une histoire. Et un roman noir ! Inclassable, sans aucun doute (comme souvent avec lui), mais noir assurément (à l'image de sa fin).

Avant les diamants est un livre à part, un solitaire souillé, qui désacralise une époque, dans ce cosmos d'étoiles noircies par les excès et la quête de pouvoir. Dominique Maisons est orfèvre en la matière, pour rendre infâme le glorieux. Il ne respecte donc rien, à part le lecteur, et c'est là aussi un de ses innombrables talents de conteur de l'ombre.
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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Une première de couverture avec Hedy Lammar, l'actrice la plus glamour des années 1953 à Hollywood : cette femme fatale qui représente le rêve américain !
C'était le temps du Maccarthisme, de la chasse aux communistes ou l'armée voulait investir dans le cinéma pour promouvoir l'image du Bien, les idéaux démocratiques et pacifiques des US.
C'était le temps ou l'église, gardienne de la morale étendait ses réseaux de charité, ses ligues de vertu et voulait contrôler la diffusion des films.
Enfin, c'était le temps, ou la mafia avec son "outfit "puissant voulait blanchir l'argent de la drogue, de la prostitution, des salles de jeux clandestines .
Et, pour ce faire, il fallait trouver un homme prêt à tout pour réussir et, un producteur qui accepte les volontés et les contraintes de ces 3 géants sans ébruiter leur participation !
Ce fut, Larkin Moffat, un producteur raté abonné aux séries B, un homme cruel, ambitieux, violent qui en plus, voulait donner un premier rôle à sa maîtresse Didi , et qui accepta d'entrer dans le jeu pour la coquette somme de deux millions de dollars !
Ce roman décrit le "backstage " de la vie Hollywoodienne
avec les patrons des Majors qui règnent en despotes, les acteurs exploités, les "vedettes" internationales accros aux drogues, à l'alcool , les starlettes qui se laissent violer, violenter, détruire pour arriver au sommet de la gloire ( ce n'est pas encore le mouvement "MeeToo" de 2017 ! ).
Le roman de Dominique Maisons est un " mix" de l'âpreté, du stupre de James Ellroy, de Littell, de Winslow et de la " folie" de Tarentino.
Et, comme attendu après le ratage : les 3 géants qui ont misé sur le producteur vont, avec quelques autres récalcitrants........vouloir la peau de Larkin Moffat !
Une fin apocalyptique digne des superproductions d' Hollywood ! Tous les ingrédients sont présents pour le dernier plan de tournage : Action, ça tourne !
Un roman noir, cynique avec des scènes violentes atroces, cruelles d'un grand réalisme agrémenté d' un langage très crû pour les descriptions. le rythme est puissant et soutenu pendant les 519 pages du récit !
"âmes sensibles" s'abstenir !
L.C : le polar d'octobre 2021.
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Quel régal !
Présenté comme le roman noir d'Hollywood, il comble toutes les attentes.
Des essais atomiques dans le désert à quelques encablures de scènes tournages à l'exploitation des starlettes, en passant par la corruption et la Mafia, ce roman nous entraîne dans les bas-fonds des studios de tournage tributaires et dirigés par l'État qui se sert du cinéma à des fins de propagande.
C'est dans cet univers à la James Ellroy que nous croisons des figures connues (Ah ! Clark Gable…) dans leur univers impitoyable…
Ça foisonne de personnages mais l'auteur les encadre suffisamment pour ne pas perdre ses lecteurs.
Le final est digne de Tarantino !
Bref, un bijou
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