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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chez les Hayek, à côté des hommes dominants, les femmes restent le coeur battant de la famille, sa cheville ouvrière, le garant de sa tradition, le passeur de témoin d'une génération à une autre. Des femmes influentes qui souvent ont dû consentir à des mariages arrangés, renoncer à un grand amour, à un jeune homme trop pauvre aux yeux du père, pour épouser un homme qu'elles n'aimaient pas - ainsi Marie Hayek a accepté, sans broncher, son rôle de riche épouse installée avec une belle-sœur hostile dans une vaste villa entretenue par une nombreuse domesticité.

Mais là c'est encore le milieu des années cinquante, celui d'un monde, qui tourne encore assez bien, dominé par quelques familles chrétiennes. Comme les Hayek, fortunés, influents et paternalistes, qui ont su s'imposer dans la politique par des moyens pas toujours légaux. Quinze ans plus tard, les choses se gâtent quand Shankar Hayek et ses amis perdent les élections municipales, et que le soulèvement des camps palestiniens contribue à l'anarchie dans la région comme dans tout le pays. À la mort du patriarche, alors que les Hayek sombrent dans des querelles intestines, et que le pays s'enfonce dans la guerre civile, la famille continuera d'exister grâce à la résistance et au courage des femmes de la villa.

L'auteur nous invite avec Villa des femmes à un voyage dans le temps dans un Liban en perpétuel conflit. le récit est fluide, vivant et riche, foisonnant de beaux personnages, féminins surtout. Leurs destins emblématiques, contés par le talentueux Charif Majdalani, portent en eux l'histoire mouvementée de son pays, et c'est passionnant.
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Grandeur et décadence d'une grande famille libanaise.

Je demeure fidèle lectrice de Charif Majdalani, et continue à ne pas le regretter. A chaque roman, c'est le dépaysement assuré, dans l'intimité d'une société libanaise disparue, sur fond de tensions de territoires, de politique, de religion et d'alliances de gouvernance.

Milieu des années 60. le chauffeur du clan Hayek raconte...
Observateur privilégié et loyal de cette famille de notables, il raconte les us et coutumes d'un Liban en passe de disparaître. il connaît intimement les maîtres et les serviteurs, les ragots de mariage imposé, d'amoureux envolé. Il est le discret conteur au courant de toutes les affaires du domaine, double d'un patron paternaliste, maître incontesté en son royaume, de son usine, de sa famille et de ses domestiques.
Mais, la mort du chef de famille entame le déclin de l'opulence, laissant une maisonnée de femmes dépendantes d'un héritier peu scrupuleux et inconséquent. La ruine annoncée va faire exploser un volcan de rancoeurs et haines familiales, symbole d'un pays qui s'éclate en guerres intestines.

L'écriture est enveloppante, les phrases ondulent, longues et sinueuses. Une vraie langueur orientale. Cette écriture est aussi très littéraire (le subjonctif plus-que-parfait est un plaisir !). L'auteur nous immerge dans la nostalgie d'un pays de cocagne, dans le temps qui passe, les êtres qui disparaissent et la cruelle réalité de la guerre urbaine.

Émouvant, palpitant. Un souffle historique pour une chronique familiale intime.
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Beyrouth au cours des années soixante et soixante dix : grandeur et décadence d'une riche famille .

Skander Hayek est à la tête d'une affaire de négoce de tissus florissante lui assurant une fortune confortable qui vient asseoir sa notoriété dans la bonne société libanaise .

Dans sa villa vivent sa soeur Mado , retranchée dans ses appartements, sa femme Marie qui rêvait d'un autre destin et ses enfants , Noula l'ainé, jeune homme menant une vie de débauche, Hareth l'aventurier et Karine , une jeune fille belle et hautaine .

L'histoire nous est contée par Noula, le fidèle chauffeur , confident de la famille mais qui apporte en même temps un oeil extérieur au microcosme familial .

Au début du roman, du temps de la splendeur des Hayek , la villa des femmes apparait comme isolée du reste du monde, ce monde appartient surtout à l'homme fort , c'est lui qui règne et régente la vie de chacun .

Mais avec la mort brutale du patriarche qui précède de peu les événements conduisant à la guerre civile, l'harmonie aussi bien du peuple libanais comme celle de la famille, même si l'une et l'autre ne pouvait être que de façade , se brise .

Les décisions et les dépenses inconsidérées de l'ainé Noula qui se trouve derechef à la tête de l'entreprise familiale précipite la chute de l'empire alors que le cadet parti sur les routes mystérieuses de l'Asie est injoignable.

C'est au moment où tout sombre que les femmes abandonnent leurs dissensions et leurs ressentiments et font face pour lutter ensemble avec bravoure et intelligence donnant une belle leçon de vie et d'abnégation aux hommes .

Ecrivain que je ne connaissais pas mais qui mérite qu'on s'y intéresse .
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Liban fin des années 50 - Ayn Chir, banlieue de Beyrouth.

Noula, surnommé le « Requin à l'arack » ( eau de vie produite et consommée dans le Proche- Orient ),
est le narrateur interne, l' hakawati (celui qui raconte), mais aussi le chauffeur, le factotum, le confident du maître et surtout l'oeil qui voit et décrypte toutes ces petites choses intimes du quotidien , vision acérée qui perce bien des secrets. Il est le témoin des jours heureux et de ceux tempétueux, des heures de gloire, de prospérité, de paix, mais aussi, celles des déchirements, de la douleur, de la ruine, du cataclysme qui va s'abattre simultanément sur la famille et sur le pays.
Skandar Hayek (hayek : le tisserand) , chef de clan est un riche entrepreneur dans l'industrie du textile qui régente sa tribu
Trois enfants : l'aîné Noula, une « mauvaise graine » , coureur de jupons, incompétent, fat… le cadet Hareth, intellectuel , utopiste, baroudeur , et Karine , « petite fille de riche » dans toute sa superbe.
Il y a aussi sa femme Marie - un mariage de raison, elle était amoureuse d'un autre peu fortuné dont sa famille n'a pas voulu _ ,
sa soeur Mado, vieille fille acariâtre, laissée, il y a longtemps pour compte par un prétendant inconséquent .
Ces deux -là ne s'aiment pas, elles finiront par se haïr et cette exécration sera fatale pour la famille.
Les années passent…
Le second fils , en charge de négocier un contrat avec un Iranien producteur de coton, va saisir cette occasion pour prendre sa liberté et partir à la découverte des sites archéologiques en Jordanie où là aussi, la révolte gronde, d'aller plus loin encore , de jouer les aventuriers .

Requin à l'arack nous sert de guide dans cette mosaïque libanaise où se côtoient maronites, chiites, réfugiés palestiniens, en majorité sunnites qui vivent dans des camps . Les alliances douteuses, les rivalités entre factions se multiplient, se durcissent.
Bientôt, les esprits s'échauffent encore plus, des incidents éclatent, le parti Kateb jette de l'huile sur le feu, tout s'embrase, la guerre explose, concomitamment au coeur du clan et au Liban.
C'est dans ce contexte que Skandar Beyk meurt subitement. Et c'est la spirale infernale.
Noula va prendre les rênes de l'entreprise, mais les décisions inconséquentes qu'il prend (remplacement du parc des machines-outils, création d'une brasserie, dépenses dans son train de vie somptuaires) vont entraîner, petit à petit, puis de façon accélérer la ruine de sa famille. Sa mère, Marie essaiera d'intervenir en contactant son ancien amoureux richissime, désormais. Mais cette tentative sera funeste.

C'est un roman qui démarre comme un conte oriental, récit savoureux, dépaysant : plongeon dans un passé proche et lointain à la fois, paysages lumineux, fulgurance des parfums, intrigues et secrets familiaux , potinages… , puis, les choses se compliquent, le souffle de la spirale se renforce, la politique s'emmêle. Et là, il m'a fallu faire une pause, reprendre, chercher, vérifier, compulser pour trouver les éléments manquants relatifs à l'Histoire contemporaine du Proche Orient et du Liban en particulier (abstruse pour moi) , pour mieux rester au coeur de l'action, mieux comprendre « le pourquoi et le comment ».
Chercher à en savoir plus…
Fin du livre : envie de prolonger cette lecture par d'autres livres sur le même thème, envie d'aller plus loin, de cheminer plus longtemps au coeur de ce pays et de son histoire.
Si vous avez quelques titres à proposer… Avec mes remerciements pour votre aide !

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Très beau roman dont l'histoire suit une famille aisée libanaise sur plusieurs décennies. C'est la maison Hayek qui est la véritable héroïne de l'histoire, les personnages ne faisant que graviter autour d'elle et finissant toujours par y revenir. Une belle poésie nous enveloppe à travers la lecture de ce roman doux amer.
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Un beau voyage au Liban, où les femmes sont à l'honneur. Récit du point de vue du seul homme autorisé dans le sérail. Qui a donné sa vie à cette famille contrairement aux fils de sang. Ces femmes qui restent debout dans la tempête. J'ai bien aimé l'évocation des troubles qu'a connu le Liban à la fin des années 70, Par contre, j'ai été un peu déçue par la fin, qui m'a laissé sur ma faim.
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"Villa des femmes", Edition du Seuil, 2015, est le 5ème livre de l'auteur libanais Charif Majdalani. L'auteur s'est vu descerner le Grand Prix Giono 2015 pour son roman.
"Villa des femmes" raconte l'histoire de la famille Hayeck et plus particulièrement celle de Skandar, propiétaire d'une usine de textile. le narrateur, Noula, le chauffeur de la famille, nous parle de la période d'opulence et de prospérité, puis il nous rapporte le déclin suite à la mort de Skandar et des relation tendues entre sa femme Marie et sa soeur Mado, obligées de veiller sur la villa malgré leurs déférences. Ces deux dames sont en fait les deux faces d'une même monnaie, puisqu'elles sont toutes les deux victimes des considérations familiales. A ces deux figures féminines, s'ajoute celle de la fille indépendante et capable de s'affirmer et de faire preuve de responsabilité.
Les descendants mâles de la famille, se déchargent chacun à sa façon de la responsabilité qui leur est déchue. L'aîné accumule les mauvaises décisions et le plus jeune part à la découverte du monde. le déclin de la famille et les conflits entre les personnages font échos à la guerre qui bat son plein au Liban.
Le narrateur de "Villa des femmes" , "assis en haut du perron de la villa", écoute et découvre. Son poste est idéal puisqu'il est un entre-deux , pas à l'intérieur mais pas à l'extérieur non plus. Dans un roman où la dualité de l'espace entre extérieur et intérieur ( villa) de même qu'entre le haut ( appartements de Mado) et le bas ( les appartements de Marie et sa fille) , le chauffeur qui facilite le va et vient joue un rôle important. L'attitude de Noula se rapproche du voyeurisme et encore plus de "l'ouïrisme". Il reste jusqu'au bout avec ces femmes, il fantasme sur chacune d'elle sans jamais franchir le pas.
Noula est le chauffeur, donc le passeur qui rend les sorties des dames possibles, mais il est le passeur de toutes les histoires de la famille, et quand il ne peut pas raconter ce qu'il entend et voit , il devient narrateur par procuration et nous rapporte ce que Jamilé lui relate.
Cette Villa des femmes se trouve déjà dans "l'histoire de la grande maison" de Majdalani. Quand tous les hommes de la famille Nassar sont déportés, les femmes se trouvent obligées de garder la maison. Dans les deux romans, nous retrouvons aussi le fils dilapideur qui risque tout et ruine la famille, et ce sont bien sûr les mamans qui font le tour des créanciers ou qui sollicitent l'aide d'anciens amoureux pour tenter de sauver la situation.
Dans Villa des femmes, il y a aussi le fils cadet qui joue un rôle primordial puisque tous les habitants de la maison l'attendent comme on attend Godot, chacun à sa façon. En fin de compte, ce sauveur tellement espéré "arriva par l'allée sur son cheval et entra de nouveau dans (leur) vie, comme l'annonce Majdalani dans l'exergue du roman. Hareth devait effectuer ce long voyage si exotique qui semble à la limite irréel, un voyage initiatique qui va lui permettre, une fois prêt, de revenir revendiquer son bien. L'héritage des Hayeck se mérite.
Si Hareth n'avait pas effectué ce voyage, comment aurait-il pu se mesurer aux miliciens, défier, vaincre, gagner, puis régner en paix?
"Villa des femmes" est un livre qui se lit facilement, qui raconte la guerre tout comme il raconte les zizanies familiales. Mais entre l'Histoire de la grande maison et Villa des femmes, le dernier me laisse un peu sur ma faim en tant que lectrice. Je trouve que les personnages et leurs vécus sont plus approfondis dans le premier. Peut-être que cette impression vient du fait que l'Histoire de la grande maison est basée sur les possibles narratifs.
Quoi qu'il en soit, les deux romans sont à lire.

Rita Khawand Ghanem
Lien : https://unpeudetout2016.word..
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J'ai beaucoup apprécié ce roman dans lequel les tensions familiales prennent le pas sur la guerre civile du Liban dans les années 70, tant elles sont racontées avec passion et clairvoyance.
Le narrateur, Noula, se retrouve au service de la famille Hayek en tant que chauffeur, tout comme le fut naguère son propre père. Il raconte ainsi les joies et drames de la famille depuis l'intérieur, avec une curiosité naturelle et parfois un brin de voyeurisme (que voulez-vous, il est entouré de jolies femmes, c'est tentant!).
Cependant, après les années de splendeur dues au travail acharné dans le négoce du patriarche, voilà que les héritiers de celui-ci sont incapables de gérer le patrimoine familial comme il se doit. L'aîné mène une vie de débauche tout en ruinant la famille, le cadet est un aventurier errant aux quatre coins du monde, et la petite dernière, en tant que femme, n'a pas son mot à dire.
Marie, la belle épouse devenue veuve, va devoir affronter Mado, sa belle-soeur acariâtre, dans une lutte personnelle pour éviter que le navire n'échoue.
Mais c'est sans compter la guerre qui éclate et qui devient réelle le jour où les soldats s'installent dans le jardin même de la propriété. La réalité prend alors le dessus sur les petites luttes intestines du clan des Hayek...
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Non loin de Beyrouth, au Liban, vers la fin des années 60, une dynastie chrétienne doit sa renommée à sa réussite dans la fabrique de tissu.
L'histoire d'une dynastie portée par des hommes mais qui dresse néanmoins le portrait des trois femmes puissantes de cette maison. le récit se tisse au gré des querelles des femmes qui luttent pour maintenir à flot la propriété, la vie des fils, l'un aventurier, l'autre flambeur, les rires des domestiques et l'installation de la guerre civile...
Une saga familiale où la place des femmes en est l'essence même. Un récit, une aventure qui traverse les années sous le regard bienveillant et attentif du narrateur et chauffeur Noula.
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« Villa des femmes » restitue de façon romancée la vie d'une riche famille libanaise chrétienne, les Hayek, entre 1960 et 1975, tout d'abord une réussite totale due au patriarche, Skandar Hayek qui crée une usine textile puis une inexorable décadence en raison, d'une part, du contexte politique, d'autre part, de la vanité et de l'incompétence de l'héritier, Noula, qui ruine la famille.
Les personnages sont intéressants, qu'il s'agisse du pater familias Skandar, de sa veuve Marie ou de sa soeur la désagréable Mado, ou encore des deux fils, l'incompétent prétentieux Noula et Hareth, le cadet parti découvrir le monde.
Mais c'est finalement le narrateur qui retient le plus l'attention, témoin discret et attentif de la vie de ses maîtres, chauffeur, gardien, jardinier à l'occasion, Noula, dit Requin -à-l'arak, est assis dans son fauteuil et raconte ce qu'il voit. La vie d'une famille cossue du Moyen-Orient, avec ses petites bonnes, tout un personnel actif et silencieux, ses petites histoires qui viennent s'inscrire dans la grande car la guerre est omniprésente entre milices chrétiennes, groupes chiites d'une part et Palestiniens, OLP, Syriens d'autre part.
Ce qui me frappe c'est l'extrême fidélité de Noula le gardien, à ses maîtres et à la plus jeune, Karine, qu'il aime manifestement beaucoup. Cette fidélité, cette discrétion, ce courage pour les aider, les sauver aussi, il y a quelque chose de touchant et aussi d'un peu révoltant dans ce lien maître-domestique. Car à aucun moment on ne sent la réciprocité.
Le livre est probablement inspiré de faits réels, on y ressent la tension entre les quartiers de Ayn Chir (chrétien) et Hayy el-Bir (palestinien) ; on y vit les attaques aux armes de guerre contre les chrétiens (mais on n'entend pas trop parler des attaques contre les Palestiniens) ; les miliciens qui s'installent aux abords immédiats de la villa tenue par les femmes, leur impudence, voire le danger qu'ils représentent, attirés qu'ils sont par la présence féminine, tout cela peut parfaitement avoir réellement existé.

Un livre intéressant et bien écrit.
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