AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 545 notes
Le coin de paradis sur terre serait-il le Lubéron ? C'est le prologue de ce livre surprenant, magique et plein d'originalité qui nous en fournit la preuve : Dieu en a voulu ainsi et avec l'aide des quatre éléments, il a donné cette petite touche finale à son travail de création en donnant naissance à cette fabuleuse région.
Mais revenons ensuite aux temps actuels, dans ce petit coin provençal. Un orage et ses grosses gouttes faisant dégringoler un mur de pierre chez le voisin amène notre narrateur vers l'improvisation de fouilles archéologiques.
Alors qu'il désirait tout recouvrir pour garder jalousement son lopin de terre, monsieur Sécaillat se prend au jeu et fébrilement joue à l'archéologue clandestin avec son voisin. Sirotant souvent un petit café, croquant des sandwichs en guise de déjeuner sur le chantier, les deux compères déblayent, remontent les seaux de terre soigneusement tamisée et mettent délicatement de côté des tessons de poterie. Acharnés, se liant d'amitié au fond de ce trou creusé jour après jour, les deux fouilleurs atteignent ultimement un vestige taillé et gravé par la main de l'homme dans la roche du pays : un visage de femme-calcaire au regard fixe qui peut de nouveau contempler le bleu du ciel et dont la bouche déverse une eau tiède chargée en fer.
Mais les contingences de notre société actuelle s'appliquent aussi à fixer des règles sur les découvertes d'un autre temps…

Le Hussard est aussi là, félin observateur et nonchalant, avec ses pattes noires qui tranchent sur son pelage tout blanc, comme s'il avait enfilé des bottes. Il quémande ses repas. Gâté par madame Sécaillat le voilà qui boude ensuite ses vulgaires croquettes. Il nous accompagne au fil du récit et semble connaître le chemin qui mène à l'épilogue.

Traversant les saisons bien marquées, les quatre éléments montrent à visage découvert toutes leurs puissances. Ils ont façonné ce coin et occupent la place depuis des millénaires. L'auteur nous les révèle dans l'éclat du calcaire, les ocres de la terre, les sources qui valent de l'or et les caprices du mistral, ce vent fada que l'homme redoute tant.
Il nous fait arpenter ces lieux traversés par le souffle du Maître-Vent ; la caillasse du mont Ventoux, les crues de la rivière Calavon d'Apt, la beauté des monts du Vaucluse avec ses buis fournis et ses chênes majestueux, le plateau d'Albion, les combes de ce Colorado provençal.

Bigarré comme l'Arlequin, ce premier roman picore dans les contes transmis par les aïeux et nous livre toute une facette pittoresque de la Provence, se jouant du temps et de la rationalité.
Il nous emmène vers les légendes qui donnent toutes leurs significations aux reliefs accidentés et aux couleurs particulières de ce pays. Les ocres de Provence sont entachées de sang et un terrible chagrin d'amour forma la combe de Lourmarin.
Mais attention, ce n'est pas du tout un salmigondis de légendes dont l'auteur se fait écho. Non, il déploie un talent indéniable pour imbriquer celles-ci dans le présent du narrateur car elles s'infiltrent dans ses rêves, dans des paroles susurrées par la femme-calcaire et des visions qui lui apparaissent au fond de l'eau tiédasse de la source. Sont-elles qu'illusions ? le présent fait démentir cette hypothèse.

Cette farandole de contes régionaux, rebattus par les gens du cru pour endormir les enfants, ne fait pas non plus oublier les traditions qui se perpétuent comme les treize desserts sur la table de Noël, le blé à faire germer sur son lit de coton pour la Sainte Barbe, le feu de la Saint Jean. Les dictons et petits mots provençaux qui parsèment la narration moderne, enlevée et dynamique de ce roman sont autant de sonorités qui chatouillent les oreilles. Même la faune s'invite, celle d'hier se confondant avec celle d'aujourd'hui qu'il faut préserver comme le Circaète Jean-le-Blanc.

Cette lecture a réveillé ma mémoire, elle a fait ressurgir mes souvenirs de séjours dans cette magnifique région. L'auteur a eu l'intelligence de ne pas tomber dans le chauvinisme en décrivant objectivement ce Lubéron avec ses atouts et ses défauts. Certains passages, sur les oiseaux du jardin notamment, dénotent un vécu certain. L'ensemble de ce roman parlera à un public d'initiés et le régalera mais je comprends qu'il puisse laisser de marbre des lecteurs n'ayant jamais eu le bonheur de parcourir cette région.

Pour ce tout premier roman, Olivier Mak-Bouchard nous sert un très bon cocktail savamment équilibré entre mythes de Provence et intrigue contemporaine très proche du quotidien.
Commenter  J’apprécie          3310
Je serais un peu moins enthousiaste que bons nombres de critiques avant moi. ce fut une agréable lecture mais je n'en garderai que très peu de souvenirs.
Pour les amoureux de légendes, de Provence, du Lubéron, ce livre doit leurs parler beaucoup plus.
Je dois bien avouer que la fin m'a laissée sur ma faim et que j'ai refermé ce livre avec un goût de trop peu.
Commenter  J’apprécie          50
Je vais faire très court, la majorité des critiques étant très justes, très bien vues.
Oui, c'est une petite merveille : dépaysant pour celles et ceux qui ne connaissent pas le Luberon, (avec le vocabulaire régional, expliqué, rassurez-vous:: le cagnard ; le baou ; dégun ; estoufadou ; l'aïgo boulido) une belle aventure d'archéologues amateurs, et surtout un magnifique hymne poétique.

J'ai pris un plaisir ENORME à le lire, et je vous invite à le partager.
Commenter  J’apprécie          122
Olivier Mak-Bouchard offre dans ce premier roman une découverte des légendes provençales autour de ce vent capricieux, de ce vent enfant qu'est le Mistral. le récit s'ouvre sur la découverte par le narrateur et son voisin, Monsieur Sécaillat de vestiges archéologiques. Défiant les lois, ils vont procéder à des fouilles clandestines et faire une découverte qui va changer la vie de notre narrateur. du moins c'est la première partie de ce roman où se distillent certaines légendes et certains mythes. Mais peu à peu les frontières s'effacent, le vent du Mistral emporte tout et dans ses facéties mélangent la réalité et les légendes provençales. Une chèvre d'or, un loup, Hannibal, Vintur, tour à tour toutes ces figures légendaires et mythiques prennent vie dans ce récit où le merveilleux côtoie et se mélange au réel pour le plus grand plaisir du lecteur.

Le lecteur est averti : « A ce stade de l'histoire, le lecteur peut décider de s'arrêter : il aura alors lu un joli conte de Noël provençal, ce qui n'est déjà pas donné à tout le monde. Mais s'il choisit de continuer sa lecture, il faut le mettre en garde. Il doit se rappeler que les légendes, si elles sont racontées pour faire rêver, introduire une part de mystère dans un monde terne, sont aussi racontées pour expliquer l'incompréhensible, démêler l'indémêlable. Il devra garder à l'esprit que toutes les légendes, sans exception, ont un fond de vérité… » J'ai choisi de continuer et j'ai pris un réel plaisir à me perdre dans cet « indémêlable », à laisser le merveilleux prendre le pas sur le réel, à trouver dans ces contes de Provence une vérité.

En résumé : ce roman est inventif, délicieux et en même temps un véritable voyage dans ces terres ocres, bousculé par l'enfant facétieux, le Mistral, s'offre au lecteur qui ouvrira ce récit !
Commenter  J’apprécie          50
Quel beau conte fantastique !
Un début qui décousu (avec, pour entrée en matière, la Création du Monde, au 7ème jour) et Dieu créé le Mistral, un vent qui soufflera selon la règle 3-6-9 (découvrir la signification que tout provençal connaît parfaitement).
A partir de là, se mettent en place des histoires et des légendes qui se mélangent pour qu'on s'aperçoive que tout était lié :
Le dieu Calcaire (Ventur), les Albiques (premier peuple résidant sur le Ventoux), la femme dont tombe amoureux Ventur, l'enfant (très turbulent déjà dans son ventre) qu'elle met au monde en mourant à l'acouchement, le chagrin de Ventur.
Tout est tramé autour de poteries et d'une source découvertes par l'auteur et son voisin.
Aller au bout de cette fresque est impératif si l'on veut en comprendre la symbolique.
Se laisser emporter !
Commenter  J’apprécie          10
Le Dit du Mistral est réclamé par les critiques de Giono et Bosco.
Je n'ai pas trouvé la touche de Jean le Bleu dans ce livre au demeurant très réussit. N'ayant jamais lu de Bosco, cela me donne envie de m'y plonger, même si je me méfie des relations souvent commerciales trouvées par certains...
Passés ces préliminaires, voici ce que j'ai pensé du livre: C'est bien écrit, c'est fluide, c'est franc, c'est frais.
Cela se lit vite, avec attention et une belle intensité, sans le lâcher trop, l'intrigue bien que simple et sans fioriture, passionne. On se demande où Olivier Mak-Bouchard veut nous emmener, et on le suit avec plaisir sur les sentiers du Luberon qu'il semble bien connaître !
L'auteur est énigmatique, méconnu (pour le moment), vauclusien semble-t-il, talentueux sûrement !
Peut-être écluse-t-il un chouïa trop les différentes légendes de la Provence, mais c'est fait avec talent, et cela en apprendre un paquet à ceux qui, à l'inverse de lui, n'y sont pas nés !
La narration est assez simple, rien de trop, le récit sobre, les personnages bien construits, par petites touches et le final à l'image des contes locaux, pas forcément joyeux ni tragique, mais entre les deux...

Un chouette premier livre, bien mené ! A lire !
Commenter  J’apprécie          50
Tout commence avec deux voisins qui, après un orage, trouvent des débris de poteries gauloises dans un de leurs champs. Pendant plusieurs semaines, ils vont creuser et faire revivre des débris millénaires. Leurs vies vont en être complètement chamboulées.

Voici un livre très original. L'auteur nous embarque dans un voyage fabuleux mélangeant récit, mythes et légendes provençales.
On y apprend la création du Luberon, l'histoire du Mont Ventoux, père du maitre-vent le Mistral.
On y redécouvre la chèvre de Monsieur Seguin et l'arrivée d'Hannibal et ses éléphants en terre de Provence, avant la traversée des Alpes.

Un livre pas comme les autres qu'il faut prendre le temps de savourer. On s'imagine au coin du feu écoutant les aïeux raconter les croyances de leur temps. La nature est le personnage principal aussi attachante que les deux voisins.

Mis à part quelques longueurs sur la fin, j'ai trouvé ce livre parfait. Un très bel objet à la couverture soignée et une véritable bulle hors du temps à glisser sous le sapin.

Vous aimez les romans mélangeant récit et mythe ?

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          70
Que voilà un premier roman réjouissant, qui mêle avec drôlerie et subtilité le conte et le réel. Rajoutez à cela un vent têtu et brutal, le Mistral, qui « dure trois, six ou neuf jours », et vous comprendrez qu'on ne peut sortir qu'ébouriffé et un peu sonné de cette lecture.

Le point de départ est un incident banal : un violent orage a emporté un muret dans un verger de cerisiers et voilà que son propriétaire et le narrateur son voisin vont creuser et mettre à jour des vestiges archéologiques. Peu enclin à voir des archéologues débouler sur son terrain, le vieux paysan accepte tout de même de poursuivre les fouilles clandestines. Ce qu'ils vont découvrir va les mener bien loin jusqu'aux origines de la région, ce Lubéron pétri d'histoire et de légendes. La source que les deux voisins découvrent, semble avoir des vertus miraculeuses, un peu fontaine de jouvence, un peu hallucinogène, à moins que ce ne soit le soleil qui, en tapant sur le ciboulot de nos deux découvreurs, ne leur fasse prendre des vessies pour des lanternes et des pierres pour une déesse païenne.
Ces découvertes sont prétexte à des recherches historiques, et c'est là que se dévoile le talent du romancier qui devient conteur ou historien pour les besoins de l'histoire.
Olivier Mak-Bouchard connait bien sa Provence et le Lubéron, il nous ouvre les portes d'un pays façonné par l'histoire des peuples qui l'ont habité. C'est aussi le « gipoutoun », ce pays fantastique tissé de légendes. On apprend à connaitre le Ventoux, ce géant de calcaire qui règne sur la région, on croise aussi Hannibal qui, avec son armée et ses éléphants, a traversé le pays.
Au fil des pages s'invite le Hussard, ce chat silencieux, un peu « Arlésienne » et qui apparait selon son bon vouloir. N'oublions pas la faune qui peuple les collines et les falaises, comme le circaète Jean-Le-Blanc ou le loup. Leur histoire s'entremêle avec celle des bêtes des contes comme la chèvre de Seguin ou encore la » cabro d'or » gardienne du trésor d'Abderrahmane.

« le dit du Mistral » nous ramène aux contes de notre enfance, il est aussi imprégné des odeurs de la Provence et balayé de Mistral. Un roman de grand vent pour les amoureux des légendes, ceux qui n'ont pas peur de suivre des sentiers mystérieux.
Et puis on ne peut évoquer ce roman sans parler de la langue. Chaque chapitre s'ouvre sur une citation d'un natif comme Giono ou Mistral ou bien d'un visiteur tombé en amour comme Pétrarque. Il y a aussi tous ces proverbes et ces mots en provençal semés dans le texte et qui lui donnent l'accent et cette saveur inimitable. Les découvrir, les faire rouler sur la langue, c'est comme déguster les treize desserts du réveillon du Noël provençal.
Pour parachever ce voyage, on retrouve, sous les rabats de la couverture, une carte de l'auteur, et le croquis de ces lieux chargés d'histoire et de mystère.

Alors, même si ce roman n'a pas les vertus d'une fontaine de jouvence, il a le pouvoir de nous replonger dans les histoires et les contes de l'enfance.
J'ai vraiment aimé la verve de l'écriture et ce mélange subtil des genres. Un roman aussi inventif et plaisant, ça fait du bien !

Commenter  J’apprécie          522
C'est un Olympe provençal en bleu cyan et orange sanguine ; noir et blanc de couleurs complémentaires pour l'équilibre du monde.
Les couleurs de la Provence, l'azur de l'eau si rare et de l'air au cieux si purs, l'orangé de l'ocre et des flammes dévastatrices ; cercle chromatique des quatre éléments à l'origine du monde.
C'est le centre de l'univers, une terre aux origines du monde, un Eden dont la clé se cache derrière le regard d'une femme.

Une déesse de pierre mise à jour d'un linceul de pierre, un visage calcaire dont le regard énigmatique cache la source de la vie quand du sourire jaillit une source de vie, or liquide, en un murmure imperceptible.
Est-elle la fille ainée de l'Océan et des Ténèbres, personnification du Styx, rempart lacustre du Lubéron ; baignant dans un bassin souterrain renfermant les mystères du monde depuis ses origines ?
Son eau est une armure pour quiconque y est baptisé, tel le narrateur, Achille des temps modernes, devenu invulnérable quand il y est immergé.
Qui par ses chuchotements cherchera à percer le mystère de ce Sphinx minéral, psalmodiant des légendes ancestrales pour démêler l'indémêlable, expliquer l'inexplicable.

Par ces textes semés par le vent depuis la nuit des temps, l'homme établit des passerelles entre les ères, entre les êtres. Des traits d'union sous forme d'incantations ritualisées, comme ciment d'une communauté.

Par ces textes transmis d'un autre temps par un souffle furieux, un homme remonte le temps en quête de sens.
Par ses textes, portés par un tourbillon divin, Olivier Mak-Bouchard nous livre les secrets de la terre provençale, berceau d'une humanité qui se souvient.
Les mots d'un voyage aux origines éparpillés tel les tessons d'une poterie ayant traversés les âges, découverts dans un jardin provençal.
Prêts à livrer leurs secrets.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
C'est l'histoire d'une aventure archéologique clandestine, vécue à la fois comme une enquête et comme un rêve. La première partie du roman est concrète, c'est celle de la mise à jour des vestiges. On gratte la terre, on se salit les mains, on époussète, on travaille avec minutie pour La découvrir, Elle, la plus belle des pièces, celle dont je ne vous dirai rien. La seconde est plus surnaturelle, c'est celle de la résurgence des légendes.

Alors si vous souhaitez passer quelques heures en Provence, entre figures du passé et sources revigorantes, n'hésitez surtout pas. Ce roman offre de très belles pages. Les mots en provençal s'imbriquent naturellement dans le texte. Et certains ont fait écho en moi, qui ai vécu dans le sud-est de la France pendant un petit moment… Leur musicalité a eu un petit goût de nostalgie. Les citations à chaque début de chapitre de Giono, Daudet, Bosco et autres donnent le ton, éveillent nos sens. Et la fin du roman boucle parfaitement bien cette aventure parfois rocambolesque mais toujours distrayante.

On est dépaysé, et pourtant en France. L'auteur nous conte une superbe histoire où l'on ne peut démêler le vrai du faux. Il faut accepter de partir avec lui sur les chemins du mystère, de tendre l'oreille au souffle du Mistral, de quitter notre monde trop réel et aujourd'hui bien triste, de suivre Hannibal avec ses éléphants ou encore de comprendre ce qu'a pu ressentir le dieu calcaire Vintur.

Personnellement, quand on me prend par la main de la sorte, j'accepte de me propulser dans une parenthèse hors du temps, je succombe, pieds et poings liés, je succombe et me délecte sans voir les passages moins ceci ou plus cela, je passe outre parce que l'ensemble est délicieux.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (1040) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3246 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}